Korn est de retour avec son nouvel album Requiem. RockUrLife a pu échanger avec le guitariste Brian “Head” Welch pour en savoir un peu plus sur ce disque.
Brian “Head” Welch (guitare) : J’ai pu parler avec deux personnes de France aujourd’hui. Incroyable. J’aimerais pouvoir faire l’interview en français ! Ce serait génial parce que, comme tout le monde, j’adore la langue !
Plongeons-nous dans le nouvel album Requiem. Notre première question est : à qui s’adresse ce requiem ?
Brian : Nous espérions qu’il parle à un large groupe de personnes à travers le monde. Le sens de ce mot est une messe pour honorer les morts et nous pourrions prendre cela au sens littéral avec toutes les personnes qui ont perdu la vie, ces deux dernières années, ou cela pourrait être symbolique. Nous avons gardé ce nom Requiem pendant environ un an ou deux, nous voulions l’utiliser pour quelque chose. Et donc, je pense que c’était juste un titre qui faisait sens pour ce disque. Nous en sommes satisfaits. Et nous espérons que les gens ressentiront que nous y avons mis tout notre cœur.
Le disque commence par “Forgotten” avec son riff lourd et accrocheur, mais la première chose qui frappe vraiment est la façon dont Jonathan Davis chante sur cette chanson. C’est plus doux, plus vulnérable. Il y a une mélodie que nous n’avons pas l’habitude d’entendre. C’est aussi très stratifié, avec beaucoup de superposition. Tu peux nous en dire quelques mots ?
Brian : Jonathan Davis, évidemment, il adore chanter. Il a juste très bien travaillé avec notre producteur Chris (ndlr : Collier). Ils sont entrés et ils ont fait plusieurs couches et plusieurs mélodies. Sur tous les derniers disques de Korn, nous avons utilisé des claviers et du synthé. Pour celui-ci Jonathan a dit : “Sur ce disque, n’utilisons aucun synthé. Nous ferons toutes les couches avec des guitares et ma voix“. Et c’est donc ce qu’il a fait. Et j’aime vraiment ce qu’il a fait, avec les couches et très content du disque et de sa voix et, et j’espère que les fans l’apprécieront. Nous l’aimons tellement. Il y a de l’énergie, il y a des riffs lourds. Il y a de la mélodie, il y a une nouvelle vulnérabilité, je pense. C’est plus léger que le dernier disque en ce qui concerne le contenu. Le dernier disque était vraiment sombre. Il pleurait la perte d’un être cher. Ce disque est une progression naturelle, je pense, vers la prochaine étape où nous devons aller après le deuil.
On a l’impression que certaines chansons comme “Let The Dark Do The Rest” semblent plus aériennes, qu’elles suggèrent que la bataille entre la lumière et l’obscurité a pris une tournure différente avec ce disque ou la façon dont vous projetez vos propres luttes.
Brian : Avec une chanson comme “Let The Dark Do The Rest”, la musique et le refrain vous font vous sentir bien et tout, mais Jonathan ajoute toujours une touche de noirceur dans le tout. Il ne veut pas être trop léger. Ce qui est vraiment cool, c’est le pont de cette chanson. C’est très mélodique, oserais-je utiliser le mot “joli” pour décrire ce bridge. J’aime vraiment la façon dont il chante. Je me souviens que nous étions en studio, nous étions en train d’écrire la musique de “Let The Dark Do The Rest” et nous sommes arrivés à cette section de bridge. J’entendais quelque chose dans ma tête. Nous allons généralement sur un riff lourd, alors je me suis demandé et si nous faisions cela ? Et est-ce trop léger ? Jonathan a écouté ce gros passage ensoleillé et il a aimé. Ensuite nous avons ajouté ces guitares Bumblebee à la Korn, nous les appelons les guitares bourdonnantes, elles font un peu Pink Floyd. J’aime ce morceau et la manière dont il a été créé.
C’est différent de ce que vous faisiez dans le passé. Vous êtes allé explorer différents univers. Avec “Hopeless And Beaten”, vous êtes allés à la croisée du doom et du death metal. Comment vous sont venues ces idées ?
Brian : Nous sommes très fans de death metal et de doom metal et tout cela. Et Korn a commencé par vouloir mélanger différents genres de musique. C’est ce que voulait Jonathan et je lui accorde. Il est arrivé et a dit : “Écrivons un morceau vraiment doom“. Je me demandais si c’était pas un peu trop loin de Korn, mais ensuite nous avons commencé à l’écrire. Nous avons trouvé le refrain, il y a une mélodie cool dessus. C’est drôle que dans les chansons soient parmi les plus heavy du disque, on trouve les ponts et les refrains les plus mélodiques. Cela s’est bien mélangé. L’une de mes phrases préférées est sur cette chanson. C’est si simple, mais c’est tellement vrai. Elle dit : “Rien n’apaise la douleur, seul le temps peut l’apaiser“. Et c’est sur la chanson la plus heavy du disque. J’aime le fait que nous ne soyons pas restés trop heavy, que nous ayons expérimenté des mélodies.
C’est aussi un changement de rythme, car c’est lourd, mais c’est aussi assez lent avec l’ambiance doom. Et donc, il faut du temps pour développer ses riffs et pour, les explorer et le travail sur la voix est assez impressionnant.
Brian : Tu as raison. Merci beaucoup. C’est ce que nous avions prévu de faire. Lorsque nous écrivons une chanson et que nous en avons un peu peur, cela finit généralement bien. C’est ce qui s’est passé sur cette chanson. Et c’est arrivé aussi sur “Got The Life”, l’un de nos plus gros hits. On s’est dit, qu’est-ce qu’on fait ? On ne peut pas faire une chanson comme cela. Nous sommes Korn, un groupe heavy, mais avec Jonathan qui crie pendant les couplets, cela marche. Nous aimons expérimenter, et Korn a expérimenté beaucoup avec des musiques électroniques différentes etc. J’aime plus expérimenter la musique heavy, je préfère aller dans cette direction. Ce n’est que moi. Mais je pense que c’est là où nous en sommes tous en ce moment. Parce que nous sommes tombés amoureux de notre son à nouveau.
C’est comme si vous réinventiez un peu votre son. Les chansons respirent plus, l’accent mis sur la mélodie est fort et l’équilibre entre les trucs lourds, les parties très sombres et les parties plus légères a pris une nouvelle tournure.
Brian : Merci, je suis d’accord avec toi. Je dois dire que j’aime bien les mélodies. J’aime tellement les mélodies. Je suis vraiment content de la direction dans laquelle nous sommes allés. Je pense que c’est un bon équilibre. Et j’aime le fait qu’il soit plus léger, plus mélodique et avec une partie des paroles. J’aime vraiment cela parce que nous en avons tous besoin. Nous n’avons pas besoin de tristesse et de malheur, nous avons besoin de quelque chose pour nous élever, avec ces temps fous.
On est complètement d’accord. Mais on vous a entendu dire que vous vous êtes inspiré de Tool. Un mot là dessus ?
Brian : J’ai l’impression que Tool est toujours une source d’inspiration pour tout le monde parce qu’ils sont si bons. Ces musiciens sont juste incroyables. Nous avons fait des trucs sur certains disques qui étaient du genre : “Est-ce que cela ressemble trop à Tool ?” C’est comme cela à chaque album, donc on doit faire attention car on a un son similaire.
Il y a un peu de Muse dans “My Confession”.
Brian : Nous aimons tellement Muse alors c’est un compliment. Ray (ndlr : Luzier) notre batteur plaisante toujours en disant que si nous devenons trop vieux et arrêtons de tourner, il rejoindra Muse. Je lui réponds : “oui, d’accord, tu rêves“. (rires)
Ce serait quelque chose d’inattendu ! Avec cette période sombre, nous avons probablement besoin d’albums plus légers, mais nous avons certainement besoin de musique live. Quelles sont les chances de vous voir sur scène dans les mois à venir ?
Brian : Oh, nous venons en mai à moins que nous ne puissions pas. Vous avez tellement besoin de concerts. Nous nous sommes un peu plus libres aux États-Unis et nous espérons venir jouer pour vous. Nous aimons tellement la France. Nous attendons juste de savoir si nous pouvons faire le Hellfest. J’espère que cela va aller. J’ai l’impression, dans mes tripes, que les choses vont bien se passer.
Nous aimerions vous voir vivre en France, c’est sûr. Avez-vous hâte de remonter sur scène avec ces nouvelles chansons ? C’est assez différent de ce que vous faisiez avant.
Brian : Nous sommes très impatients à l’idée de jouer ces nouvelles chansons. Nous jouons avec System Of A Down dans une semaine aux États-Unis et je n’ai pas encore répété avec Korn. Nous allons parler de quels nouveaux morceaux nous allons jouer. C’est très excitant. Nous avons hâte de venir en Europe et de jouer les nouvelles chansons. Je pense que nous allons jouer pas mal de ces chansons en live cette année, parce que nous les apprécions. C’est un équilibre sensible. Quand nous arrivons à un festival comme le Hellfest, beaucoup de gens veulent entendre les vieilles chansons. Mais les vrais fans veulent aussi entendre les nouvelles chansons. C’est un équilibre fou que nous devons trouver.
Avec les vieilles chansons, chaque fois que vous entendez la basse, c’est comme si votre corps commençait à bouger tout seul. Il y a quelque chose de si puissant et de si groovy. C’est aussi quelque chose dont nous avons besoin.
Brian : C’est une bonne, excellente description. Impressionnant. Donc, je pense que la meilleure chose à faire est d’essayer de faire comme cela : nous jouons les vieux titres bien connus puis nous en ajoutons une nouvelle, pour revenir ensuite à une ancienne. Nous allons les saupoudrer tout le long du set.
Sais-tu quelle chanson sortira en tant que nouveau single ?
Brian : Non, nous parlons de beaucoup de chansons. “Let The Dark Do The Rest” est géniale. “Worst Is On Its Way” est géniale. Je ne sais pas, il y en a deux autres aussi. Il y a le label, le groupe, le management, puis nous parlerons aux gens de la radio et pour leur demander laquelle aura le plus de succès. Tu dois impliquer tout le monde. Donc, nous devrions avoir cette information le mois prochain, en février.
Dernière question : nous sommes RockUrLife, alors qu’est-ce qui rock ta life ?
Brian : Tant de choses rock ma vie. Je ne veux pas donner la réponse évidente. Mais être de retour dans Korn ces dernières années, voyager et voir tous les fans comme cela, rock vraiment ma vie. On dit qu’on fait du rock pour les fans, mais en fait, ce sont eux qui rock ma vie. J’aime voir les fans, j’aime voir tant de gens nous apprécier après toutes ces années. Je n’aurais jamais pensé que nous continuerions à cinquante ans. Je pensais que Korn se serait séparé et qu’on serait des grand-pères. C’est donc ma réponse. Je ne sais pas si c’était trop évident, mais c’est ma réponse.
C’est bien aussi d’être grand-père et de continuer à faire vibrer la scène.
Brian : Oui, tu as raison, regarde les Rolling Stones ! S’il te plaît envoie tout mon amour à tout le monde en France.
Site web : kornofficial.com