Cela faisait trois ans que les Texans de Memphis May Fire n’avaient pas foulé les planches parisiennes. De retour avec “This Light I Hold”, c’est avec leur charismatique chanteur Matty Mullins que RockUrLife a eu le privilège de s’entretenir avant le concert à La Machine Du Moulin Rouge. L’occasion de revenir sur ce nouvel album et sur les à cotés philanthropiques de la vie du pétillant rouquin.
Salut Matty, ça fait un petit bout de temps que vous n’êtes pas venus à Paris, te souviens-tu de la dernière fois ?
Matty Mullins (chant/claviers) : Oui ! Je crois que c’était au Bataclan en 2013. C’était un super concert, comme d’habitude quand on joue à Paris. Je pense que le fait que nous ne puissions pas venir autant que nous le voudrions à Paris provoque le fait que les gens sont vraiment géniaux quand nous venons.
Tu sais certainement ce qui est arrivé au Bataclan l’an dernier.
Matty : Oui, c’est dégoutant de voir autant de violence mais je trouve que la réaction des Français a été incroyablement positive. Il y a eu une grosse envie de ne pas céder à la peur et le monde entier les a soutenu.
Peux-tu me raconter ton souvenir préféré à Paris ou en France ?
Matty : La première fois que nous avons joué à Paris c’était au Batofar, donc nous jouions sur un bateau ! Il n’y a qu’à Paris que nous pouvons jouer sur un bateau ! C’était une expérience incroyable. Mais j’adore également marcher dehors, me rendre au Sacré Coeur. C’est un endroit magique et extrêmement romantique. Les gens sont supers, c’est toujours un plaisir de venir ici.
Votre dernier album, “This Light I Hold”, est sorti il y a quelques mois. Quels ont été les premiers retours ?
Matty : Je trouve que nous avons les meilleurs retours possibles. Mais nous savions que c’est notre meilleur album. Nous avons pris du temps pour être sur que nous allions sortir le meilleur album possible et je crois que les gens ont été agréablement surpris lorsqu’il est sorti. Les gens sont tombés amoureux de l’album et c’est génial.
Pourquoi penses-tu que c’est votre meilleur album ?
Matty : On sort régulièrement des albums depuis quelques temps déjà et cette fois-ci, nous avons décidé de changer notre manière de procéder. On a pris un gros risque financier en ne tournant pas durant quatre mois pour s’isoler et écrire cet album. Nous voulions être sûrs que les chansons allaient sonner exactement comme nous le voulions avant même d’aller en studio. On a travaillé très dur dessus et c’est une représentation très fidèle de ce que nous sommes comme musiciens et comme personnes. C’est pour ça que les gens apprécient cet album.
L’artwork est plutôt froid et sombre mais les chansons sont pleines d’espoir. Pourquoi cette différence ?
Matty : Dans cet album les chansons vont du plus sombre vers la lumière. Les premières chansons sont très sombres et on commence à entrevoir l’espoir seulement au milieu de l’album. On voulait retranscrire ce sentiment quand tu te sens comme dans un tunnel et que tu commences à entrevoir la lumière.
Nous avons entendu que tu as écrit cet album avec l’idée que ne pas aller bien devait être accepté.
Matty : Oui, je pense qu’il faut accepter d’aller mal. Ca demande énormément de temps pour pas mal de gens de l’accepter car l’humain essaie souvent de fuir sa douleur. Mais je pense que si nous prenions le temps de nous confronter à notre douleur, nous en apprendrions beaucoup sur nous et que c’est dans ces moments là que nous grandissons le plus.
On peut trouver un certain écho à la fondation de ta femme, Beneath The Skin.
Matty : Oui c’est vrai ! On est sur la même longueur d’ondes avec ma femme mais attention, cet album n’est pas écrit pour faire la promo de sa fondation ! (rires) Elle et moi avons beaucoup d’affection pour les kids de la scène musicale. Donc oui, il y a un rapport.
Peux-tu m’en dire plus sur cette fondation ?
Matty : Beneath The Skin a été créée par ma femme il y a quelques années. C’est une association à but non lucratif. Il s’agit d’un programme d’accompagnement pour de jeunes adultes issus de la scène musicale que nous côtoyons. Ils ont une relation avec un mentor et quatre rendez-vous par mois et le but est d’aider les jeunes adultes à lever les yeux de leur téléphone et de les pousser à avoir de vraies conversations. Je pense que c’est le meilleur moyen de les aider. Elle fait vraiment un travail incroyable.
Jake d’August Burns Red a également une association dans le même style, Heart Support. Te sens-tu connecté à lui ?
Matty : Oui, j’adore Jake c’est un très bon ami mais nous avons énormément en commun. Mais ces deux associations sont malgré tout différentes. Le programme de ma femme a pour but d’aider les gens en face à face alors que Heart Support se passe bien plus sur Internet. Ma femme cherche à aider les jeunes à décrocher de leur téléphone et à les pousser à s’intégrer dans la société.
Penses-tu que vous pourriez travailler ensemble ?
Matty : Je pense que toutes les associations de ce genre peuvent s’entraider et c’est magnifique. Peut-être qu’un jour nous aiderons Heart Support ou qu’ils nous apporteront leur aide, ce serait super.
Cet album a une couleur bien plus rock que metal, se rapprochant d’un groupe comme Papa Roach parfois et, surprise, Jacoby est en featuring sur la chanson éponyme ! Comment s’est déroulé cette collaboration ?
Matty : J’ai rencontré Jacoby il y a quelques années au Revolver Golden Gods Awards et nous sommes tout de suite devenus amis. C’est un mec super. Quand j’ai fini d’écrire les paroles de cette chanson, il m’est apparu évident qu’il était mec idéal pour cette chanson. Donc on l’a convié et ça l’a de suite fait ! Le fait que l’album ait une couleur plus rock est juste une évolution naturelle de notre son je crois. On avait vraiment envie de dire : “voici ce que nous sommes maintenant”.
La vidéo pour ce clip est géniale, ça a dû couter pas mal d’argent ?
Matty : Oui, c’était un gros budget pour sur. Mais c’était incroyablement fun de faire ça, on remercie vraiment le label de nous avoir accordé une telle somme !
Y’a t’il des groupes dont vous vouliez vous inspirer pour cet album ?
Matty : Pas vraiment non. Mais par exemple, Kellen est un gros fan de Sevendust donc j’imagine que ça l’influence d’une certaine manière. Pour ma part je n’écoute pas vraiment de metal mais je suis très heureux de la façon dont l’album sonne.
Nous croyons savoir que tu viens tout juste de terminer ton deuxième album solo ?
Matty : Oui ! Ce n’est un secret pour personne que j’ai changé de label pour ce projet. Ma carrière solo a un certain succès sur les radios chrétiennes aux Etats-Unis. C’est un projet unique, relié à la musique avec laquelle j’ai grandi et qui est toujours très importante à mes yeux. C’est totalement l’opposé de ce que je fais avec Memphis mais c’est très important pour moi.
The Devil Wears Prada et vous êtes catégorisés comme groupes dits “chrétiens”. Qu’est-ce que tu penses de tout ça ?
Matty : Je pense qu’on nous catégorise comme ça car j’ai dit croire en Dieu. Mais nous ne sommes pas un groupe à définir comme chrétien. Je ne pense d’ailleurs pas qu’un groupe puisse être qualifié de chrétien. Nous sommes cinq personnes différentes avec cinq opinions différents et cinq points de vue différents. C’est mon point vue qui prédomine dans ce groupe puisque j’écris les paroles mais je ne peux pas parler pour les autres gars du groupe. Donc je ne pense pas que nous soyons un groupe chrétien.
Pourquoi penses-tu que les groupes dits “chrétiens” ont mauvaise réputation ?
Matty : Je pense que c’est parce que quand des groupes comme Underoath ou Dead Poetic ont commencé à avoir du succès, tout le monde les a vu comme des groupes chrétiens et a voulu du coup mettre Jesus un étendard et sortir de la musique. Mais il est assez évident que quand tu joues de la musique dans laquelle tu ne crois pas, ça ne fonctionnera pas. Voilà pourquoi je ne nous considère pas comme un groupe chrétien. Je suis croyant, ma Foi est la chose la plus importante de ma vie, je pourrai t’en parler toute la journée. Mais je ne veux pas être labellisé selon ce critère.
Est-ce que tu écoutes de la musique chrétienne ?
Matty : J’écoute des radios chrétiennes quand je suis chez moi oui, mais c’est un choix de ma part. Mon projet solo est dans ce style parce que c’est la musique avec laquelle j’ai grandi mais je ne force pas les gens à y adhérer. Il faut accepter que certains vont aimer et d’autres non.
Notre site internet s’appelle “RockUrLife “du coup, qu’est ce qui rock ta life ?
Matty : Ma femme. Elle est tout le temps géniale, elle rock ma life en permanence. Ma ville aussi, Nashville dans le Tennessee et toute ma communauté d’amis rock ma life.
Site web : thislightihold.com