Mini Mansions c’est ce trio de feu emmené par Michael Shuman, bassiste de Queens Of The Stone Age, Tyler Parkford et Zach Dawes, tous deux musiciens de tournée pour Arctic Monkeys et The Last Shadow Puppets. Après un deuxième album salué par la critique et le public en 2015, le groupe revient cette année avec un EP, “Works Every Time”. L’occasion pour RockUrLife d’aller à la rencontre de Michael Shuman et de Tyler Parkford juste avant leur concert au Point Ephémère.
Salut les gars, bon retour à Paris. Quel est votre lien avec cette ville ?
Michael Shuman (chant/guitare/batterie) : C’est possiblement ma ville préférée au monde. C’est possiblement la plus belle ville du monde et c’est possiblement la ville avec les meilleurs fans au monde. C’est également possible que ce soit la ville qui renferme les meilleures productions d’art et les gens qui comprennent le plus l’art au monde. (Tyler mime une fellation) Je suis sérieux mec ! Dès que tu arrives ici, tu vois que le mec qui s’occupe des lumières sait exactement ce qu’il fait.
Tyler Parkford (batterie/claviers) : Et dans le même temps, ils s’en foutent un peu. Je veux dire, vous vous en foutez tous un peu. Pas dans le sens où vous ne prenez pas les choses au sérieux mais justement, vous ne prenez pas les choses trop au sérieux non plus.
Votre dernière fois à Paris était en première partie de Royal Blood. Quel sentiment cela vous procure de jouer votre propre concert en tête d’affiche à Paris ?
Tyler : Super !
Michael : On devait jouer notre propre concert avant mais nous avons dû l’annuler car c’était juste après le Bataclan. On a décidé de l’annuler car nous ne savions pas vraiment comment réagir à ce propos. Nous étions en Australie, nous devions voyager jusqu’à Paris mais nous avons décidé d’annuler le show. Mais nous sommes super heureux de revenir ici avec notre nouvel EP.
Parlons de cet EP alors. Vous revenez trois ans après votre dernière sortie avec un EP. C’est un peu frustrant.
Tyler : Ça l’est pour moi aussi, bienvenu au club ! (rires) Mais si la question est : “Pourquoi un EP ?” eh bien, tout d’abord, l’EP est le format classique je dois dire. Nous étions hyper excités par ces quelques chansons qui fonctionnent bien ensemble. C’est comme tu vois quand tu invites des gens pour ton mariage. Bon, tu as tes amis spéciaux que tu aimerais garder dans une pièce spéciale avec toi et les autres. Eh bien là c’est pareil ! Cet EP est comme un mini-album de quatre chansons qui vont bien ensemble. Et pas juste un bon single avec trois b-sides assez merdiques. Ce qui est la forme la plus répandue d’EP actuellement.
Michael : Oui, ces chansons sont fluides. Elles proposent un voyage, même s’il est court. C’est voulu. Il n’y a pas meilleur sentiment que de pousser les gens à rejouer ton EP encore et encore.
On a le sentiment que l’EP est la manière la plus efficace de sortir de la musique aujourd’hui.
Michael : Je pense que les gens sortent des EP parce que le public n’a désormais plus l’attention disponible que pour une chanson ou deux. C’est comme ça. J’aimerais que ce soit différent. J’aimerais qu’on soit tous capables de s’asseoir et d’écouter un album dans son intégralité.
Tyler : Baisser les lumières… Créer une ambiance…
Michael : Exactement. Et comme le dit Tyler, un EP est souvent un single et trois autres chansons nazes ou des remixes. C’est une manière facile de sortir de la musique.
Tyler : Les labels ne sont pas toujours certains de comment un nouveau groupe sonne. Donc un EP c’est la manière la plus simple de les tester. Ça a une connotation négative mais quelque part, tu peux t’en servir comme une toile, pour te présenter.
Cet EP est donc la première étape vers un nouvel album ?
Michael : Oh ! Tu veux savoir la vérité ?
Tyler : Mais non, il veut qu’on lui mente, il n’est pas prêt pour la vérité, tu ne pourras pas gérer la vérité mec.
Michael : La vérité c’est que nous écrivons un nouvel album oui. Mais nous ne sommes pas dans un processus d’écriture genre : “voici la chanson 1, puis la chanson 2…”. Non, nous écrivons énormément de musique, nous poussons nos idées à fond afin d’en tirer le meilleur et puis nous verrons ensuite ce qu’il en est.
Tyler : Nous fonctionnons de manière assez démocratique, ça prend énormément de temps.
Michael : C’est ce que j’aime dans ce groupe. Nous ne sommes pas un groupe mondialement connu mais nous sommes un groupe qui a un certain succès quand même. Et je pense que c’est parce que nous avons pour objectif de toujours faire ce qui est de mieux pour les chansons. Mais nous faisons tout ça en vivant dans des pays différents, en tournant avec des groupes différents. Donc nous n’avons pas autant de temps que nous aimerions avoir pour mener tout ça à bien. C’est compliqué de tous se retrouver dans une pièce et de jouer comme tous les groupes le font. Nous avons eu cette conversation juste après avoir eu la chance de jouer en tant que musiciens pour notre groupe préféré, Sparks. Nous étions à Glasgow pour un concert et nous avons un peu craqué. Nous avons parlé d’éventuellement arrêter le groupe ici car on se rendait compte que ça commençait à affecter notre amitié et donc nous nous disions : “peut-être que ça ne marche pas comme ça, on devrait peut-être arrêter”.
Tyler : C’est comme une relation longue distance. Ça peut marcher mais la plupart du temps, ça ne marche pas. Nous devions choisir l’un ou l’autre. Et puis l’EP est arrivé !
Michael : Nous nous sommes dit : “OK, nous allons avoir deux semaines en rentrant. Allons s’enfermer en studio et voir ce qu’il en sort.” Nous avions quelques démos que nous n’avions jamais vraiment terminées. Nous avons travaillé ensemble durant deux semaines et donc nous avons enregistré cet EP. Le résultat était bien meilleur que ce nous avions fait jusque-là. Je pense que ça a ravivé le feu en nous.
Aviez-vous cependant une idée précise de ce que vous vouliez faire avec cet EP ?
Tyler : J’imagine oui. Pour la version courte, nous voulions quelque chose qui illustre les zones les plus jusqu’au-boutiste de notre écriture. Donc nous avons toutes nos facettes les plus extrêmes sur cet EP. Nous voulions montrer aux gens un spectre de l’ensemble des choses que nous pouvons faire. Nous voulions un EP un peu bipolaire.
Michael : Il a tout à fait raison. C’est une relation bipolaire. Du point de vue des paroles, tout tourne autour de l’amour. Il y a donc un thème récurrent dans ces chansons. Mais il y a des hauts et des bas, comme dans une relation amoureuse. Nous ne sommes pas un groupe qui fait les mêmes chansons encore et encore. C’est chiant. Si nous voulions une carrière pleine de succès, c’est ce que nous ferions mais non. (rires)
On imagine que ça doit être un peu frustrant d’avoir ce groupe mais, comme vous êtes pas mal occupés avec vos autres groupes respectifs, vous n’avez pas vraiment le temps de vous en occupez autant que vous le souhaiteriez.
Tyler : Au début ça l’était oui. Ça nous a pris quelques temps de trouver notre rythme. Comme nous sommes tous auteurs, compositeurs, que nous produisions tout nous-même, tu veux être avec les membres de ton groupe non-stop et faire de la musique toute la journée et développer ton groupe autant que tu le veux. C’était frustrant pour nous tous au début. Mais maintenant je pense que nous considérons ce groupe comme un animal qui existe mais dont l’existence ne dépend pas forcément de notre présence à tous les trois tout le temps ensemble. C’est comme avoir un bébé mais sans baby-sitter. (rires)
Parlons maintenant de cette reprise de “A Girl Like You” (Edwyn Collins). C’est une chanson issue d’un film c’est ça ?
Michael : Oui, elle est issue du film “Empire Records”.
Tyler : Bam ! Ça t’en bouche un coin hein ?!
(Rires)
Michael : Ce film fait partie de notre adolescence dans les années 90. C’est un film sur les passionnés de musique qui sont dans un groupe et sur des acteurs qui travaillent dans un disquaire. Le film a une super bande originale. Cette chanson vient donc de là. Je sais que cette chanson a été un tube en Angleterre et en France mais aux États-Unis pas du tout par contre ! Nous voulions une reprise sur cet EP and nous avions pas mal d’idées. Mais une fois encore, cette chanson rentrait parfaitement dans la thématique de l’album et s’accouplait bien avec les autres titres de l’EP.
Mike de Royal Blood joue sur cette chanson c’est ça ?
Michael : Oui, c’est devenu un bon ami car nous avons tournée ensemble. On a ouvert pour Royal Blood avec Mini Mansions et ils ont ouvert pour Queens Of The Stone Age. Et dans cette chanson, il y a ce solo de guitare qui fait office de refrain en fait. Plutôt que d’avoir une guitare normale, nous avons décidé de nous réapproprier la chose. Donc Mike était en ville à L.A. Nous essayons de le convaincre d’y déménager d’ailleurs. Il a vraiment un son unique avec sa basse, reconnaissable entre mille. Et donc il était en ville et voilà ! C’est comme ça que toutes nos collaborations fonctionnent. Ce sont juste des amis, nous sommes au courant quand ils ne sont pas loin de nous quand nous enregistrons et c’est juste : “viens nous voir !”.
Ce ne sont donc pas des collaborations vraiment préméditées.
Michael : On réfléchit toujours à comment faire progresser nos chansons et qui nous pourrions inviter mais… c’est surtout quand nos amis sont en ville !
En tant que musicien, vous faites partie de formations que l’on pourrait considérer comme les nouveaux mastodontes de la scène rock internationale. Comment appréhendez-vous ce statut ?
Michael : Je me pince tous les jours. A chaque fois que nous avons l’opportunité de jouer dans des stades ou des arenas, nous nous disons : “c’est complètement fou”. Même enfant, je n’aurai jamais pu imaginer jouer dans de tels endroits avec mes musiciens favoris. C’est un trip !
Tyler : Les gens s’imaginent qu’il y a une sorte de communauté formée par les nouveaux grands groupes de rock. Mais en fait, ce sont juste surtout des gens très intéressants qui s’apprécient entre eux. On traine juste ensemble, il n’y a pas de compétition. Ce n’est pas non plus un club. C’est même drôle d’être ensemble comme ça.
Michael : Il s’agit juste d’un groupe de gens très ouverts d’esprit et extrêmement bosseurs. Nous avons les mêmes gouts en art, en musique, nous avons le même sens de l’humour. Quand tu as autant de points communs, c’est facile.
Tyler : C’est comme un site de rencontre ! Si tu coches tous les critères, ça va marcher pour toi. (rires)
Du coup, que pensez-vous du rock aujourd’hui ?
Michael : Eh bien, ce n’est pas comme si le rock était mort mais il a clairement disparu des radars mainstream. Tu peux encore trouver de supers groupes, mais ils ne sont plus mainstream et c’est naze. Regarde les festivals, je ne vois plus de groupes de rock du tout.
Mais à chaque fois que l’on a dit : “le rock est mort”, de nouveaux groupes arrivent et proposent quelque chose qui le ramène sur le devant de la scène.
Tyler : Oui mais je ne pense pas qu’on doive trop intellectualiser la chose. Le plus tu penses au rock n’roll, plus vite il meurt.
En parlant de ça, nous nous appelons “RockUrLife” du coup, qu’est ce qui rock votre life ?
Michael : Le fait d’être célibataire ! Je m’explique, j’ai toujours été un mec qui était plus ou moins dans des relations. Mais depuis ma dernière rupture, je prends du temps pour profiter de la vie juste par moi-même, pour voyager et expérimenter les choses seul et j’aime vraiment ça.
Tyler : Moi c’est “Wolfeinstein” sur Nintendo Switch !
Merci les gars !
Site web : minimansionsmusic.com