Après leur création dans les années 80 et la sortie de deux albums, “Waiting For The Twilight” (1984) et “Power Of The Universe” (1985), le groupe français Nightmare s’est accordé un break durant une douzaine d’années, avant de s’offrir une seconde jeunesse en 1999. Ainsi, la formation grenobloise, s’est adaptée à la nouvelle donne “musicale” et a su saisir pleinement cette seconde chance. En effet, même si Nightmare a connu depuis moult changements (line-up, labels, producteurs) leur motivation a été telle, qu’ils ont toujours su proposer des albums de qualité ainsi que de belles prestations scéniques. A l’occasion de la sortie, il y a quelques mois maintenant, de leur dernier album “The Burden Of God”, il était grand temps pour l’équipe de RYL! de prendre la température du côté de Grenoble.
Bonjour et merci de nous accorder un peu de temps afin répondre à ces quelques questions. L’intro, de ce huitième opus, nous met un peu la puce à l’oreille et ainsi, semble plus proche d’un “Cosmovision” (2001), en référence à son orientation symphonique, à ses différents arrangements que d’un “Genetic Disorder” (2007) ou d’un “Insurrection” (2009). On a l’impression qu’à chaque album, Nightmare cherche à se réinventer, sans tomber dans le routinier : est-ce que “allez de l’avant” pourrait être votre leitmotiv ?
Yves Campion (basse) : Oui, il est clair qu’à chaque fois que nous abordons un nouvel album, nous pensons à aller de l’avant et surtout évoluer sans recopier l’album précédent pour ne pas déplaire à nos fans. L’idée de l’intro et plus généralement des arrangements de claviers et parties sympho n’était pas dans le but avoué de revenir à “Cosmovision” (que d’ailleurs AFM Records pour info va ressortir d’ici noël), tout s’est fait naturellement au fur et à mesure de la composition et avec notre producteur, Patrick Liotard…
Comment s’est passé le processus de création ? Quels ont été les rôles de chacun ? Y-a-t’il des thématiques que le groupe affectionne plus que d’autres ?
Y : Comme d’habitude, nous avons construit les titres avec des bases de riffs de guitares montées par Franck Milleliri… Chacun y a apporté sa pierre de la batterie au chant… La grosse différence par contre par rapport aux précédents studios et nous pensons que la méthode est plus efficace, nous avons attaqué les prises de chant en studio avec des guitares témoins et c’est comme ça que nous avons pu améliorer les titres et peaufiner les arrangements car les guitares définitives ont été enregistrées après le chant ! Du côté des thèmes, nous privilégions comem d’habitude des thèmes puissants qui collent au heavy metal mais cette fois-ci avec un accent sur la religion … des titres comme “The Burden Of God” et “The Preacher” en témoignent !
Des invités participent à cet album (Magali Luyten, Stéphane Buriez (Loudblast), Nathan Campion), comme cela avait déjà été le cas sur l’album “The Dominion Gate” où l’on pouvait noter la présence de Floor Janssen et Sanders Gommans d’After Forever ou encore Ricky Marx, l’ex-guitariste de Pretty Maids. Quand vous composez des titres comportant des guests, avez-vous à l’avance une idée bien précise de la personne en question ?
Y : Oui carrément ! Nous savons au moment où nous composons le titre en question quel “guest” pourrait apporter quelque chose de spécial ! Le duo de Jo et Magali par exemple sur “The Dominion Gate” est pour nous une réussite : c’est aussi vraiment intéressant d’avoir eu sur ce morceau une nana qui chante “avec des couilles” excusez-moi du terme ! Un chant commun “opéra” à la Nightwish n’aurait pas collé ! Nous soulignerons aussi le travail extraordinaire de Jonathan Ménard le claviériste de Veloce Hystoria qui a coloré l’album grâce à ses supers idées d’arrangements…
Après le départ de votre guitariste JC Jess, vous avez recruté, Matt Asselberghs, âgé d’une vingtaine d’années. Quels sont les critères à l’origine de ce choix ? Comment s’est passée son intégration ?
Y : Ça a été très très rapide car Matt est entré dans le groupe presque deux semaines avant l’entrée en studio. Nous avions auditionné d’autres guitaristes auparavant mais qui ne faisait pas l’affaire et notre manager de l’époque, Jeep, a eu la bonne idée de soumettre via Facebook, une audition, du coup nous avons eu beaucoup de candidatures et nous sommes tombés sur Matt qui a passé l’audition très rapidement et avec succès. Nous nous sommes donc pas trop posés de questions et nous n’avions aussi pas de temps… du coup Matt a eu la chance d’intégrer le groupe immédiatement… À ce jour, nous sommes contents de notre choix !
Cet album est donc l’occasion de retrouver Patrick Liotard (ex-chanteur/guitariste du groupe Grenoblois Presence), qui n’est pas un inconnu pour le groupe, puisqu’il avait déjà produit l’EP “Astral Deliverance”. Faire de nouveau appel à ses services, est-ce un peu une sorte de retour aux sources ?
Y : Tout d’abord Patrick est un ami et en plus c’est un producteur de grand talent. C’était un choix que nous voulions à un moment donné, sans cracher sur toutes nos expériences passées avec Terje Refsnes du Soundsuite Studio, Fredrik Nordstrom du Fredman ou Achim Khoeler, nous souhaitions travailler avec Patrick mais pas juste pour le chant et ce coup ci il a carrément produit l’album de A à Z… et je crois que nous avons bien fait de procéder ainsi. Il a agi comme un sixième musicien, c’est d’ailleurs pour cela que nous lui avons laissé composer deux titres : “Final Outcome” et “Afterlife”…
En plus d’être le producteur de cet album, quelle a été son implication dans le processus de création ? Est-ce la première fois qu’un producteur s’investit autant ? Si oui, pourquoi, maintenant ?
Y : Comme je le disais, nous voulions qu’il soit totalement impliqué dans les compos car nous sommes vraiment conscients de ce qu’il pouvait nous amener. Pourquoi maintenant ? Car nous avions pas eu l’occasion de le faire avant du fait des disponibilités de chacun et aussi des opportunités que nous avions de travailler avec soit Achim Koehler ou Fredrik Nordstrom, ce qui d’un point de vue commercial était aussi intéressant pour le groupe !
J’ai lu, et à juste titre, beaucoup de bonnes chroniques concernant ce nouvel opus et pour le plus grand plaisir des fans vous avez entamé la tournée promotionnelle en France (notamment à Colmar pour La Foire aux Vins et à Theix lors du Motocultor Festival 2012) et à l’étranger : quel bilan faites-vous de cette tournée ?
Y : Il s’agit de la première partie de la promo de l’album… nous avons pas mal de dates en 2013 qui sont en cours de montage. L’expérience de faire des concerts avec un groupe aussi culte que Crimson Glory a été un truc extraordinaire surtout pour moi qui suis un fan absolu de ce groupe… L’expérience aussi d’avoir fait notre premier concert en Suède au Rockstad Falun Festival a été aussi quelque chose de très positif en termes de retombées… Nous remercions aussi les fans français pour nous avoir vraiment soutenu au Motocultor et aussi le promoteur du festival, Yann, pour nous avoir programmé assez tard sur l’affiche, du coup l’impact n’a été que meilleur…
Vous avez su vous internationaliser très tôt (labels étrangers, chant en anglais), ce qui vous a donné l’opportunité de jouer rapidement à l’étranger (lors de différents festivals comme Wacken en 2000 ou Metal Meltdown Festival aux USA en 2002). Diriez-vous que, du coup, Nightmare est plus reconnu à l’étranger qu’en France ?
Y : C’est malheureusement un constat que nous devons faire et ce sont les faits ! Nous sommes à juste titre signés aujourd’hui par un agent allemand reconnu, Oliver Otto qui s’occupe aussi de Running Wild, Masterplan, Iron Savior… ce n’est pas un hasard ! Ça va encore accentué le fait que nous allons encore plus nous exporter mais que pouvons nous y faire ! ? Le jour où un promoteur français pigera le truc et nous mettra en première partie de Maiden au Parc ou de Judas Priest au Zénith De Paris, on ne crachera pas dessus !
A l’évidence la France n’est pas un pays empreint de ce qu’on pourrait appeler la culture “metal”. Même si des efforts sont faits, le genre reste en marge. D’après vous que manque-t-il ici pour faire évoluer les choses et enfin arriver à une reconnaissance ?
Y : Que les médias principaux (TV et autres…) comprennent que le metal qui ramène par exemple 110000 personnes au Hellfest a sa place plus que d’autres styles inutiles dont je ne citerai pas les noms pour ne pas m’attirer les foudres !
Tout au long de votre carrière, vous avez assez régulièrement changé de labels, de producteurs et même si ces choix semblaient cohérents avec vos aspirations du moment, avec le recul, changeriez-vous quelque chose ?
Y : Comme vous le dites, ces choix ont été cohérents avec nos aspirations du moment. Donc je dirai qu’il n’y a rien à changer !
Maintenant, si vous deviez donner des conseils à un jeune groupe souhaitant suivre vos pas, quels seraient-ils ?
Y : De ne pas se croire arrivé parce qu’il vient de réaliser son premier album ! De garder la tête froide, de bosser toujours bosser et de franchir les étapes pas à pas… Ensuite la foi en ce que l’on fait et la persévérance paye toujours ! En 2012, c’est plus compliqué car internet a fait un carnage chez les labels et le marché est bien plus dur qu’avant donc une bonne dose de courage aussi et un gros compte en banque !
Quels sont vos projets ? Envisagez-vous la sortie d’un DVD, par exemple ?
Y : Nos projets sont de continuer la promo de “The Burden Of God” en 2013… Nous avons pas mal de dates en cours de montage et des festivals sexy ! Ensuite on verra ! Nous devons encore un album à AFM Records ! Nous espérons aussi aller jouer dans des pays jamais encore visité par exemple le Brésil : notre agent y travaille !
Un grand merci au groupe pour avoir pris le temps de nous répondre.
En espérant que cette interview aura suscité l’intérêt de nombreux lecteurs de RYL, sachez que tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Nightmare sans jamais oser le demander se trouve sur leur site officiel : www.nightmare-metal.com