RockUrLife est parti à la rencontre du groupe de hardcore franco-américain One Life All-In. Le quatuor, qui réunit des membres de The Spudmonsters, Seekers Of The Truth et Benighted, vient de sortir son EP “Letter Of Forgiveness”.
Bonjour, question d’actualité : comment se passe le confinement pour vous ?
Clément Ménart (guitare) : Le confinement se passe plutôt bien et on profite du temps disponible pour composer, travailler sur des nouveaux morceaux, en peaufiner/finaliser d’autres.
Personnellement, après plus de quarante jours de confinement, ça commence à faire long, et j’avoue avoir hâte de pouvoir sortir de nouveau, et reprendre une vie quasi-normale. Ce qui me manque le plus aujourd’hui ce sont les concerts. A priori, la reprise ne sera pas pour tout de suite. La situation est difficile pour tout le monde, mais d’autant plus difficile pour les salles de concerts, associations, orgas, petites structures, locaux de répètes. Quelques salles ont déjà fait des appels aux dons et au soutien (Brin de Zinc, Mondo Bizarro). J’espère que cette coupure ne signera pas leur fin et qu’on pourra compter sur tout le monde, tout le public et toute la scène au moment de la reprise/relance.
Vous venez de sortir un EP, “Letter Of Forgiveness”. Comment gérez-vous la frustration de ne pas pouvoir le défendre en live ?
Clem : Nous avons repoussé la sortie car “Letter Of Forgiveness” devait sortir initialement le 4 avril – jour où nous devions jouer au Day Of Hardcore à Angoulême. Nous avions également quelques dates prévues en mai que nous avons annulées et nous travaillons d’ores et déjà sur la reprogrammation de dates l’année prochaine. Nous attendons avec impatience de pouvoir remonter sur scène et partager notre musique avec le public. En attendant, cela laisse le temps aux lecteurs de RockUrLife d’écouter nos deux EP, d’apprendre nos morceaux/paroles pour être prêts à la reprise ?
Est-ce que ça vous dynamise côté composition pour nous sortir prochainement un album complet ?
Clem : Nous avons commencé à travailler sur l’album. Nous prévoyons au minimum dix morceaux et nous avons déjà sept/huit morceaux quasiment finalisés. C’est encore trop tôt pour dire quand nous pourrons rentrer en studio, mais on espère au plus vite pour une sortie en 2021.
Ce titre “Letter Of Forgiveness” interpelle. Qu’avez-vous à vous faire pardonner et auprès de qui ?
Clem : Don nous a proposé ce nom pour l’EP. Il s’agit de son morceau préféré pour lequel il a écrit un texte très personnel. Il s’agit d’une “lettre de pardon” pour toutes les erreurs de jeunesse et mauvais choix qu’il a pu faire.
Vous êtes un supergroupe de hardcore avec pas mal d’années d’expérience au compteur pour chacun d’entre vous. Qu’est-ce qui vous motive à continuer dans cette industrie ?
Clem : J’ai découvert le hardcore au milieu des années 90 pendant mon adolescence et le message de respect, tolérance, ouverture d’esprit, DIY, partage, unité m’a toujours beaucoup parlé. Même si ce message a quelque peu disparu avec le temps, c’est toujours des valeurs dans lesquelles je me retrouve aujourd’hui et je pense que je resterai toujours actif dans cette scène d’une manière ou d’une autre.
Qu’est-ce que le climat actuel vous inspire, qu’il soit environnemental, politique ou sociétal ?
Clem : A tous les niveaux, je trouve le climat plutôt inquiétant. L’Homme est selon moi de plus en plus égoïste et individualiste. Un monde où le “chacun pour soi” domine me fait peur et tous les choix que nous faisons (de manière individuelle) ont un impact sur toute la société et notre environnement.
Vos paroles sont à la fois engagées et positives. Quelle est la philosophie derrière ce parti pris ?
Clem : Toutes les paroles sont écrites par Don. Sans être particulièrement politiques, Don a déjà écrit des paroles engagées avec les Spuds. Mais dans One Life All-In, il fait le choix d’écrire des paroles personnelles. Pour ses textes, Don prend des cas concrets, des choses ou expériences qu’il a vécues. Don étant quelqu’un de très positif, c’est normal que cet aspect se retrouve dans ses paroles.
Cette rengaine positive se retrouve également dans le nom du groupe, qui renvoie déjà cette idée d’énergie, de pas de temps à perdre et de tout donner. Est-ce votre mantra dans la vie ?
Clem : Oui complètement. Au départ, nous voulions appeler le groupe “One Life One Chance”. One Life One Chance est une expression/association utilisée par Toby Morse de H20 et du coup nous avons choisi de modifier le nom en One Life All-In qui garde la même idée. One Life All-In est un peu notre “Carpe Diem” à nous. C’est un message positif et fort – tout faire pour remplir au mieux notre vie et nous donner à 100% dans nos projets. C’est notamment ce que nous essayons de faire avec OLAI.
Est-ce que le fait que vous soyez un groupe franco-américain amène des débats ou des échanges enrichis sur les différents sujets que vous traitez ?
Clem : Pas vraiment. Lorsque nous avons des projets ou questions autour du groupe, nous partageons tous ensemble et nous mettons d’accord.
Musicalement, on sent que vous cherchez à surprendre l’auditeur, un peu à l’image de Faith No More. Il y a des marqueurs classiques du genre avec une d’autres influences bien digérées. Est-ce comme ça que vous voyez les choses ?
Clem : De mon point de vue, ce n’est pas volontaire, mais cela peut s’expliquer par le fait que nous écoutons tous beaucoup de musiques dans des styles différents. Faith No More est d’ailleurs une influence commune dans le groupe et cela fait plaisir de voir écrit le nom de One Life All-In à côté d’un tel groupe. Merci!
Pour parler de la composition, au départ Franco propose un riff ou deux, et on se retrouve pour l’enregistrer. A ce moment, souvent “j’entends” une mélodie, on l’essaye et on travaille dessus. Des fois on trouve ça bien et on garde et d’autres fois on n’aime pas et on le jette. Le squelette du morceau est assez spontané et la base du morceau est la plupart du temps assez rapide à composer. En quelques heures on a le squelette. Ensuite nous prenons du temps à travailler sur les enchaînements, les longueurs et l’ordonnancement des parties. Comme dans n’importe quel groupe tout le monde a son mot à dire. Si quelqu’un n’aime pas un riff ou une mélodie, on le retravaille jusqu’à ce que tout le monde soit satisfait du morceau. Il nous est d’ailleurs déjà arrivé de refaire un morceau de zéro parce que nous n’en étions pas satisfaits. On ne se met aucune limite, ni aucune pression : on essaye tout ce qu’on veut essayer.
Votre batteur, Kevin, est l’un des meilleurs batteurs de la scène et son travail sur l’EP est remarquable. Est-ce que son engagement a boosté le niveau des morceaux ?
Clem : C’est une vraie chance d’avoir Kevin parmi nous. Kevin a joué avec de grands noms français et internationaux – Lofofora, Nostromo, Black Bomb A, Benighted, Abbath, Sepultura, Decapitated. Il a une grande expérience de la scène et du studio, et il a surtout un niveau, une technique et une mémoire incroyables. Au-delà de ça, c’est quelqu’un de très gentil, d’ouvert d’esprit avec beaucoup d’humour et qui n’a jamais un mot plus haut que l’autre. Je suis très content que la musique et One Life All-In nous aient rassemblé.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la pochette de l’EP qui ferait un très joli tatouage ?
Clem : C’est le tatoueur, artiste et ami de Don, Dave Quiggle qui a fait le visuel. Dave Quiggle a notamment travaillé pour des grands groupes comme les Foo Fighters, Queens Of The Stone Age, mais aussi beaucoup de groupes de hardcore : Comeback Kid, XDisicpleX, Morning Again, Evergreen Terrace, Shockwave, Sick Of it All, Shai Hulud, et il a aussi joué dans les groupes de No Innocent Victime, XDiscipleX.
Pour finir, question traditionnelle : notre webzine s’appelle RockUrLife, qu’est-ce qui rock ta life, Clem ?
Clem : La culture au sens large du terme – lecture, musique, cinéma. Et aujourd’hui avoir la chance de pouvoir les partager avec mes deux enfants.
Site web : facebook.com/onelifeallin