Interviews

PHILIP SELWAY (06/02/15)

English version

Juste avant son concert à La Maroquinerie, Philip Selway nous a accueilli en coulisses pour répondre à quelques questions. Celui que l’on connait surtout pour son rôle de batteur au sein de Radiohead nous livre les secrets de fabrication de son album solo.

Première question : comment tu te sens ? Content, nerveux avant le concert de ce soir ?

Philip Selway : Je dirais que la semaine dernière, quand on répétait, j’étais nerveux. Mais on a déjà joué à Amsterdam, Berlin et Hambourg et les concerts se sont très bien passés ! Je pense qu’à chaque fois, avant de monter sur scène, tu es un peu sur les nerfs, et tu en as besoin, mais en fait je suis très content de notre son et de nos performances. On a hâte d’être au concert.

Tu présentes ton nouvel album “Weatherhouse“, et on a remarqué beaucoup d’émotions et d’influences différentes.

P : Oui tout à fait. Emotionnellement, et au niveau des paroles, ça a l’air de venir de plein d’endroits différents. Le disque a son nom “Weatherhouse”* intégré en lui. C’était difficile de trouver quelque chose qui englobe tout ce qu’il contient. Et celui là était plutôt bien. Parce qu’il y a beaucoup de temps** différents, que ce soit pour les différentes émotions ou pour la musique.

Notes de traduction :

* “Weatherhouse” désigne un chalet météo. C’est un petit appareil en forme de chalet en bois contenant deux figurines (un homme et une femme) et qui affiche le temps qu’il fait (sec ou humide). A l’intérieur, un fil réagit à l’humidité et fait sortir la femme par temps sec ou l’homme par temps humide. Ca ressemble à ceci.

** En référence au chalet météo, Philip Selway parle ici de “temps” comme de différentes “météos”, différentes atmosphères émotionnelles et musicales.

On a vu que tu avais décidé du nom avec la personne qui a fait l’artwork.

P : Oui, un ami à moi, Ted Dewan, quelqu’un de très intelligent, de très créatif. Je lui ai montré des enregistrements et il m’a dit ce qu’il en pensait. C’était très intéressant de voir comment il répondait. Parce que quand tu travailles sur quelque chose pendant un moment tu te fais une idée assez fixe de ce que ça devrait être. Et le fait d’avoir vraiment quelqu’un qui réagit à ce que tu fais, c’est vraiment intéressant. Tu obtiens une vision globale. Donc il a fait cette sculpture qui est devenue la couverture. Il est allé dans une décharge et a trouvé plein de petites pièces et il les a fixé ensemble pour faire ce petit chalet météo. Il ne fonctionne pas mais ça y ressemble beaucoup. L’artwork est une partie très importante dans la fabrication de l’album, mais c’est aussi important pour moi parce que ça résume bien de quoi il s’agit.

 

 

Y a-t-il quelque chose dont tu es particulièrement fier ou satisfait sur cet album ?

P : Ca change de jour en jour, je crois. J’ai mis longtemps à écrire les paroles. Il y a des morceaux sur l’album qui ont été très difficiles à écrire. Mais finalement, ils reprennent très bien ce que je voulais dire depuis longtemps. Les paroles de “Don’t Go Now”, je suis content de comment ça a abouti. Le dernier morceau de l’album, “Turning It Inside Out”, ça a été un cauchemar à écrire. Je savais que je voulais que ce soit le dernier morceau et je me disais “il faut que ce soit positif” et du coup je travaillais dans cet objectif là. Je n’avais toujours pas les paroles à 16h le jour où je devais enregistrer. Je me disais “oh mon dieu” mais tu finis par écouter où le son doit aller. Et le morceau s’est mis en place, ça a été très plaisant.

 

 

On dirait que tu as vraiment trouvé quelque chose, comparé à ton précédent album “Familial”.

P : Oui. Je suis très fier de ce que j’ai fait sur “Familial”. Je crois que j’avais trouvé quelque chose avec celui là, c’était ma voix pour chanter qu’il fallait que je mette en place pour ce disque. Mais pour “Weatherhouse” je travaillais en ayant confiance, puisque j’avais déjà fait ça. Et la musique est devenue bien plus riche. Les paroles aussi je pense. C’est un album plus travaillé.

Il y a un artiste qui t’a plu récemment ?

P : Il y a un album qui m’a marqué quand j’ai écris “Weatherhouse”, c’est l’album solo de Mark Hollis. Je pense pas qu’on puisse entendre d’influence directe sur l’album, mais je l’ai beaucoup écouté. J’adore la façon dont il a travaillé sur la musique en tant qu’espace. C’est tout ça qui est présent, même si c’est pas mal caché. C’est toute cette histoire d’arrangements vocaux et ces superbes atmosphères.

Pour parler du reste de ta vie, tu as recommencé à travailler avec Radiohead pour le prochain album, comment ça se passe ?

P : Bien ! On essaye de s’habituer à refaire de la musique ensemble. C’est très stimulant ! Parce qu’on a pas été ensemble depuis longtemps, à cause de nos projets respectifs. On a travaillé exclusivement ensemble pendant à peu près vingt ans. Et c’est génial parce qu’on a construit quelque chose de très particulier. Mais tu t’enracines facilement dans tes façons de faire. C’est très sain de sortir de ça pour construire d’autres choses, d’autres relations, et d’autres relations musicales.

Dernière question, on s’appelle “RockUrLife”, qu’est ce qui rock ta vie, Philip ?

P : (Rires) Comment ma vie rock ? En fait, je crois que c’est tout ce qui consiste à te mettre dans des situations où tu es un peu hors de ta zone de confort. C’est un peu ce que j’ai toujours fait. C’est ce que j’ai fait avec Radiohead. C’est ce que j’ai fait en dehors, et dans la vie en général. Et ouais, c’est cette poussée d’adrenaline que tu as quand tu commences quelque chose et que tu te dis “oh j’ai aucune idée de ce que je suis en train de faire” (rires) mais tu trouves un moyen de t’en sortir !

 

 

Site web : philipselway.com