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POGO CAR CRASH CONTROL (31/03/25)

Avec Negative Skills, Pogo Car Crash Control revient avec un album plus direct, plus mélodique, et étonnamment lumineux. Si les guitares rugissent toujours, le groupe y explore de nouveaux horizons, tant musicaux que personnels. Enregistré à New York avec le producteur John Markson, ce quatrième album marque un tournant dans la façon d’être de Pogo : moins d’ironie potache, plus de nuances, et une envie assumée de toucher les gens. Rencontre avec Lola Frichet et Olivier Pernot , au lendemain de la sortie de ce disque qui pourrait bien redéfinir leur identité.

Déjà, comment vous vous sentez avec la sortie de ce nouvel album ?

Lola Frichet : C’est toujours un moment un peu particulier. Moi, je m’en suis carrément cassé la voix, tu vois ! On est plutôt fiers. À partir de maintenant, l’album ne nous appartient presque plus, c’est devenu un univers en soi.

Olivier Pernot : On commence à avoir les premiers retours, que ce soit de nos proches ou des gens qui nous suivent. C’est chouette de voir quels morceaux ils préfèrent, ceux qu’ils ont hâte de découvrir en live. Personnellement, je me sens plus léger.

L’un des éléments marquants autour de cet album, c’est que vous êtes partis à New York pour travailler avec un producteur. Vous seriez partis à Seattle, ça aurait sûrement fonctionné aussi vu le côté grunge du disque. Mais comment cette idée est-elle née ? Et comment vous avez vécu cette expérience ?

Olivier : À la base, on voulait faire quelque chose de différent. Injecter un peu de nouveauté, parce que nos deux premiers albums, qu’on adore, on les a faits avec le même ingénieur du son, Francis Caste. Il fait un travail génial. Mais on s’est demandé : est-ce qu’on va refaire un troisième album au même endroit, dans le même studio à Belleville, avec la même méthode ? On s’est dit que c’était peut-être le moment de faire un vrai changement. Et puis on n’avait jamais enregistré à l’étranger. Jamais fait d’album hors de France. On s’est dit que c’était l’occasion. J’aimais beaucoup le travail de John Markson depuis longtemps. On l’a contacté via Instagram, on lui a envoyé nos maquettes… et tout s’est enchaîné très naturellement. Il nous a répondu deux jours plus tard en mode : “Amazing, c’est super, j’adore, venez !” Alors on y est allés.

C’est vrai que pas mal d’artistes en France bossent avec Francis. Là, vous partez avec quelqu’un qui ne parle pas français, avec une autre culture musicale, une autre vision du métier de producteur. Qu’est-ce que ça a changé ?

Olivier : C’était marrant, parce qu’il regardait Nouvelle École : France sur Netflix. Il connaissait même Févé. Ils écoutaient un peu de rap français. J’ai été agréablement surpris par leur curiosité pour la musique européenne. John et Adam, les deux avec qui on a enregistré, avaient déjà tourné plusieurs fois en Europe, donc ils avaient des repères.

Lola : C’est la première fois qu’on laisse autant de liberté à un producteur. Si on a traversé l’Atlantique, ce n’était pas juste pour dire qu’on était à New York. C’était pour sa méthode à lui. On n’était pas là pour qu’il s’adapte à nous, mais pour qu’il nous guide. Il nous a apporté ce qu’on n’aurait pas imaginé tout seuls. On a suivi son processus de A à Z. C’est ça qui nous a permis de franchir un cap en termes de son. Bien sûr, si quelque chose ne nous convenait pas, on le disait. Mais plus on avançait, plus on ajoutait des couches – la batterie, les guitares – et on sentait qu’il nous emmenait quelque part. On a vraiment fait le bon choix.


Quel morceau représente le plus cette patte du producteur ?

Olivier : Je dirais “You Came To Me”, le premier morceau du disque. On y sent vraiment la touche de John Markson. Pour moi c’est un morceau taillé pour être écouté décapoté, sur la Route 66. C’est du gros rock, bien produit. C’est exactement pour ça qu’on est allés là-bas. Et on n’a pas été déçus.

Sur “You Came To Me”, qui ouvre l’album, il y a vraiment ce côté grand morceau fédérateur, mais très accessible. Et pourtant, on sent déjà beaucoup de choses dans la voix. On ne sait pas exactement ce que ça évoque… Il y a comme une résurgence du passé, une forme de confrontation. C’est fort !  Il y a plein d’émotions qui arrivent en même temps, mais dans un cadre qui reste familier. C’est un morceau qui enveloppe vraiment.

Olivier : Trop bien que tu l’aies ressenti comme ça. Et c’est vrai que je l’ai vraiment pensé autour de la voix. Aujourd’hui, je me considère plus comme un chanteur que comme un guitariste. Je ne travaille plus ma guitare de manière sérieuse depuis un bon moment, alors que la voix, d’album en album, je sens que je progresse. C’est devenu un vrai centre d’intérêt pour moi.

Lola : C’est clair, on parle souvent de la place de mon chant mais ta voix a passé un cap sur cet album. Moi, j’ai la voix flinguée, mais toi, tous les “You came to me“, tout ça, tu les balances avec une vraie intensité, presque avec du feu. Ce sont des choses qu’on n’avait pas avant, et qui fonctionnent beaucoup mieux aujourd’hui grâce à notre nouveau mix. Parce que maintenant, on laisse de la place aux voix.

Olivier : Avant, on devait presque crier pour s’imposer. Là, tu peux juste chuchoter un truc, et ça marche.


C’est ce qu’on a souligné dans notre chronique aussi : le travail sur les voix est vraiment marquant. Il y a un côté très théâtral par moments, avec des jeux de questions-réponses qui fonctionnent super bien. Et il y a beaucoup plus de nuances émotionnelles que dans vos précédents albums. Et à côté de ça, il y a une vraie maîtrise technique de la part des autres, notamment sur les guitares.

Olivier : Oui, carrément. J’ai très peu joué de guitare dessus, en fait. C’est Simon qui s’est occupé de quasiment tout.

Même les solos ?

Olivier : Oui, tous les solos, toutes les parties techniques. Moi, j’étais vraiment concentré sur les paroles, sur le mélange entre le français et l’anglais. J’étais focus là-dessus. Il y avait encore deux ou trois textes à finir en arrivant en studio. Et comme Simon maîtrisait déjà parfaitement tous les morceaux, je lui ai dit : “Vas-y, fais toutes les guitares.” De mon côté, j’avais déjà beaucoup joué sur les disques précédents, et aujourd’hui, ça m’intéresse moins. Mon énergie, je la mets dans la voix. Donc ouais, salut à toi, Simon, pour tout le taf !

Sur le travail des thématiques, il y a quelque chose d’assez intéressant. Tu citais “Shallow Time”, quand on lit le titre, on pourrait s’attendre à quelque chose de superficiel… et pourtant, on démarre direct avec un riff bien lourd. Ce contraste fonctionne vraiment bien. Comment vous avez travaillé ça ? Quelle place il reste aujourd’hui pour cet humour un peu satirique qu’on vous connaît ?

Olivier : C’est un ton qu’on avait déjà exploré. Et on retrouve encore ça sur deux-trois titres du disque, comme “Negative Skills” ou “Quelle est la diff ?”. On a gardé une part d’ironie, oui, mais avec ce disque, on avait surtout envie de toucher davantage les gens. Il y a une forme de nostalgie qui ressort aussi des mélodies, qu’on a voulu plus présentes, plus assumées.

Lola : C’est vrai qu’on a moins mis en avant le côté “blague” qu’on avait sur certains morceaux, sans jamais avoir été un “groupe à blagues“.

Olivier : Là, on est allés plus loin dans les sujets, avec une écriture plus directe. On a fait en sorte que même en anglais, ce soit accessible. On n’a pas cherché à faire des métaphores obscures ou des doubles lectures que personne ne comprendrait. “You Came To Me”, par exemple, c’est simple, c’est frontal. Il n’y a pas de second degré, juste une émotion qu’on voulait transmettre clairement. On avait vraiment envie de faire une musique qui parle aux gens. “10 Miles” ou “Comme toi”, elles ont un vrai côté émouvant. C’est pas quelque chose qu’on avait beaucoup exploré jusque-là. On n’a pas cherché à cacher cette mélancolie. Il y a une douceur un peu amère qu’on assume pleinement, et qu’on trouvait belle, sincèrement. C’était ça, l’objectif : toucher les gens.

© Nkruma

Et “10 Miles”, justement, apporte une vraie respiration dans l’album. Il y a un côté faussement naïf, mais hyper maîtrisé. Et ta voix, Lola, elle apporte une ambiance particulière, presque fragile.

Lola : “10 Miles”, c’est un morceau qu’on a composé sur place, à New York. Simon avait ce riff depuis un moment, mais on ne l’avait jamais exploité. Un soir, on s’est dit qu’il fallait absolument l’intégrer à l’album.  C’est pour ça qu’on y tient beaucoup tous les quatre : elle est née presque en studio. À un moment, on s’est même séparés en deux équipes : Simon et Louis sont allés dans un autre studio pour avancer dessus pendant que Lola et moi continuions le reste du disque.  Elle a vraiment ce petit truc spontané, ce moment de création pure… Et ouais, c’était beau, franchement. Ça nous ressemble bien.

C’est peut-être un morceau qui parlera un peu moins au public le plus jeune, mais perso, j’ai ressenti beaucoup de nostalgie en l’écoutant. Ça m’a rappelé les références musicales avec lesquelles j’ai grandi.

Olivier :  Tu penses à quoi, par exemple ?

Au début, t’as une vibe un peu Blur, puis ça part sur du Nirvana. Et ce côté assumé, c’est vraiment réussi.

Olivier : Je vais pas te mentir, c’était totalement assumé. On voulait que l’album dégage une vraie nostalgie des années 90-2000. D’une part parce que ce sont des images, des sons qui nous ont forgés. Et d’autre part, parce que toute la musique que j’aime vient de là. Les années 90 et 2000, c’est mon terreau musical. Je voulais qu’on fasse un disque qui reflète ça. Et je crois qu’on y est arrivé.


On sent que vous avez mis dans cet album ce que vous aimez vraiment, sans vous interdire quoi que ce soit. Ce qui fonctionne particulièrement bien, c’est le travail sur les transitions. Vous explorez plein de styles différents, avec des voix qui varient, des riffs qui changent d’ambiance… mais tout est plus fluide, plus maîtrisé qu’avant. On capte vraiment l’énergie que vous avez en live – qui est quand même assez folle – sans que ça parte dans tous les sens. C’est super bien équilibré.

Olivier : Merci, trop cool que tu ressentes ça !

Et dans les paroles, il y a aussi beaucoup de thématiques qui ressortent. Un morceau comme “Hatewatch”, par exemple, aborde un sujet très fort. Cette fascination pour le négatif, pour des contenus qu’on consomme même en les détestant, c’est un truc assez présent dans la société aujourd’hui.

Olivier : Oui, complètement. Le hatewatching, c’est un mot que je ne connaissais même pas avant ! C’est le fait d’aimer détester quelque chose, et de quand même le regarder. C’est un concept super fort… même si, ironiquement, c’est peut-être la chanson la plus simple du disque : il y a à peine quatre lignes de texte. 

Lola : Quatre lignes de refrain, quelques couplets… mais le morceau est ultra percutant. Il marche vraiment bien.

Olivier : C’est aussi le morceau préféré de Lola.


Lola : Non, pas du tout ! J’ai insisté pour qu’on le garde sur l’album, ça oui. Mais mon préféré, c’est “Shallow Time”. Bon, là je n’ai plus de voix, mais je trouve qu’il y a quelque chose de vraiment intense dans ce titre.

Olivier, tu as l’impression que la colère que tu exprimais avant a un peu changé avec cet album ?

Olivier : Oui, j’avais envie d’un ton plus léger, en fait. Pas “festif” dans le sens simpliste, mais d’un disque qui donne envie de bouger, d’être écouté en voiture, en allant en soirée. Je voulais quelque chose de plus lumineux. C’est pour ça qu’on est revenus vers des mélodies plus rock, moins metal. “Don’t Get Sore”, par exemple, est assez violent dans la forme, mais dans le fond, c’est un morceau positif. Je suis content qu’il passe sur OUÏ FM, parce qu’il a cette énergie, cette “banane” que je cherchais.

Et pourtant, tu termines l’album avec “J’ai grave le seum” ?

Olivier : Oui, bon… il y a quand même toujours un petit fond de “Mais pourquoi t’es si méchant ?” qui traîne quelque part. (rires)

Ce morceau est très réussi dans son côté punk/hardcore. Il est hargneux, agressif, mais super bien tenu. Tu peux me dire de quoi il parle ?

Olivier : En fait, c’est compliqué à répondre globalement. Pour cet album, je me suis autorisé à écrire des textes plus poétiques. Par exemple, dans “Don’t Get Sore”, je dis : “J’ai trouvé de l’or quand la neige vire noir.” Ça ne veut pas forcément dire quelque chose de précis, mais ça évoque une image. Je me suis détaché du sens brut, au profit de phrases plus suggestives, plus esthétiques. C’était une volonté de rendre l’écriture plus légère, moins terre-à-terre.


Chaque morceau propose une idée forte dans le titre mais on n’est pas happé par le sens littéral des mots dans les refrains. Ce qui est intéressant, c’est que le français ne dérange pas du tout. Ce n’est pas le message qui prime, mais l’émotion. Et finalement, on trouve ça plus puissant qu’un texte trop centré sur sa signification. C’est aussi une autre façon d’aborder la musique.

Olivier : C’est un truc que je pensais de notre musique depuis un moment. On avait cette force des punchlines bien claires, bêtes et méchantes parfois, très frontales. Mais à force, je trouvais que ça pouvait aussi retirer un peu de charme à l’ensemble. Je voulais aller vers quelque chose de plus… chatoyant.

Lola : Chatoyant, c’est le mot !

Olivier :  Par exemple, sur le début de “Shallow Time”, ça sonne immédiatement. Les gens ne vont pas forcément se demander : “Attends, c’est un morceau sur un SDF ?” Non. Ce n’est pas une chanson sur ça. Mais l’image, la sensation, elle est là. On est allés là où le son nous portait. Et je trouve que l’anglais nous a permis ça aussi : de vous libérer du sens pour aller chercher ce qui sonne, ce qui claque musicalement.


Et quelque part, on sent que le français, dans votre disque, il se rapproche de ça : de l’intention musicale, plus que d’un message à décoder.

Olivier : Oui, carrément. Cet album, il est beaucoup plus musical que revendicatif, contrairement à ce qu’on a pu faire avant. Là, on voulait vraiment faire… de la musique.

Et maintenant, quelles sont les prochaines étapes ? La tournée, on imagine ?

Lola : Oui, demain on part en résidence. Ensuite, on a une belle tournée qui arrive, cet été et à l’automne. Et surtout, on sera à La Cigale, à Paris, en novembre. On a super hâte de voir comment le public va réagir, de sentir ce qu’ils vont nous renvoyer. On espère des mosh pits, des pogos, cette énergie qu’on a mise dans l’album et qu’ils vont nous rendre.

Olivier : Là, c’est clairement la meilleure partie du boulot. Le disque est fini, il est sorti, et maintenant, tout ce qu’on a à faire, c’est jouer.

Il faut que ce soit un show de ouf, comme vous savez les faire !

Olivier : C’est ce qu’on préfère, de toute façon.

C’est clair. Vous êtes très bons en live, mais il y a aussi toute la partie visuelle : les clips, l’image… C’est quelque chose qui vous a toujours démarqués, avec des clips parfois décalés. Est-ce que c’est un aspect que vous avez autant travaillé cette fois, même si vous disiez qu’il y avait moins de satire ?

Lola : Oui, clairement. On a eu la chance d’être accompagnés pendant le voyage à New York par Nkrumah, qui a réalisé le clip de “Don’t Get Sore”. On a eu du temps, pendant l’enregistrement, pour réfléchir à ce qu’on voulait montrer, à l’image qu’on voulait donner. Il nous a suivis pendant 15 jours, et on a accumulé énormément de belles images. Je me souviens, sur le pont de Brooklyn, on s’est regardés et on s’est dit : “Il se passe un truc, là.” C’était un moment fort. Tu sens que ça devient une affiche, un clip… quelque chose de symbolique. On a vraiment eu le luxe de pouvoir penser à tout ça en parallèle du disque.


Olivier : Et récemment, on a sorti le clip de “Comme Toi”, réalisé par David. L’image est hyper léchée ! Et le décor c’est le bowling d’Ozoir-la-Ferrière ! Le bowling de mon enfance.

C’est vrai que vous avez cherché quelque chose de plus beau, plus soigné visuellement. Et ça se voit.

Olivier : Peut-être qu’avant, on faisait une musique assez intense mais qu’on présentait de manière très légère, sans se prendre au sérieux. Aujourd’hui, c’est presque l’inverse : on fait une musique plus légère, plus cool dans le fond, mais on la présente de façon plus stylée, plus affirmée. On est moins dans la blague. Avant, on avait l’habitude de se déguiser, de jouer dans nos propres clips – et ça nous faisait vraiment marrer. Mais là, c’est notre quatrième album. On grandit, on évolue. Ce n’est pas qu’on devient chiants… enfin peut-être, hein ! (rires)

Un album un peu différent, donc une image un peu différente aussi. Et puis quand vous faites un changement, vous le faites à fond ! Cette année, vous avez tout misé sur les cheveux, non ?

Lola : Le budget coupe de cheveux, ouais ! Franchement, Olivier a tellement attiré l’attention là-dessus… Les gens ont plus parlé de sa coupe que de moi qui chante. J’étais là, tranquille, et la star du clip, c’était lui !


Simon et Louis ne sont pas en reste non plus. Sur les affiches de la tournée, on ne sait pas si on est face à un groupe de hair metal ou à un casting de manga cyberpunk.

Olivier : En tournée, il y a même un humoriste connu – je sais plus son nom – qui a filmé Louis à son insu. Il s’est foutu de sa gueule en story. Il l’a appelé “un genre d’animal“, genre panthère rose ! (rires)

C’est très assumé, donc ? Ça vous a pas vexés ?

Lola : Pas du tout. Et c’est marrant parce que dans pas mal de chroniques, on a lu : “le nouvel album de Pogo est aussi nouveau que leurs coupes de cheveux !” Ça montre à quel point l’image marque. La première fois que j’ai vu passer l’affiche de tournée, moi-même je me suis dit : “Mais c’est qui ce groupe ?” (rires)

Olivier : C’est vrai qu’à nos débuts, on voulait être les plus naturels possible dans nos photos de presse, dans notre image. Aujourd’hui, on assume plus le fait davoir un look. Et ça nous amuse, en vrai.

Lola : Simon est clairement le plus extravagant de nous quatre. Il s’est imposé avec son style et, sans rien nous imposer, il nous a fait réfléchir. On apporte tous quelque chose au groupe, et pas seulement dans la musique. Simon, sur l’image, les fringues, il est juste lui-même. Et on s’est dit : “Pourquoi pas, en fait ?” Ça passe aussi par là. On ne cherche pas à jouer un rôle ou à ressembler à quelqu’un d’autre, mais si on peut souligner un aspect de nous qui parle aux gens, alors let’s go. Il n’y a pas d’interdit.

Et en même temps, vous avez commencé très jeunes. On vous a vus évoluer. Vous vous êtes découverts à travers la musique, mais maintenant vous avez tous aussi des projets perso. Comment vous arrivez à garder cette cohésion ? Parce que ce qu’on entend dans l’album, c’est vraiment un groupe très uni.

Olivier : Pogo, ça reste notre priorité numéro un. Pour tout le monde. C’est la musique qui nous fait le plus kiffer. On ne considère pas vraiment Pogo comme un travail. C’est plus une envie profonde. Nos projets persos à côté, ce serait plutôt du taf, du boulot au sens classique. Le but, c’est d’être assez à l’aise pour que Pogo reste au centre.

Lola : Et puis on a conscience d’avoir cette chance. On voit d’autres groupes de potes qui ne tiennent pas sur la durée. Nous, on sait que ça fonctionne, mais c’est aussi grâce au taf. Ce n’est pas que de la magie ou de la “bonne vibe“. C’est du boulot. On a de plus en plus de public, et ce serait dommage de se reposer sur nos acquis. On veut aller plus loin. Cet album, on sent qu’il peut nous ouvrir encore plus de portes. Alors si on ne le met pas au centre, ce serait un peu stupide. On a de la chance, mais on sait aussi pourquoi ça marche. On se donne à fond, et on est fiers du travail accompli.

Et ça s’entend. Le travail technique est impressionnant. La basse est hyper présente, la batterie a pris une claque de puissance. Les riffs sont super inspirés, les solos claquent. La section rythmique tient tout le truc, et elle sait créer cette tension, ce sentiment d’urgence qu’on ressent sur certains morceaux. Pour moi, c’est ça, l’essence du rock. Et encore plus quand on flirte avec le punk hardcore. Franchement, bravo. Ça se ressent.

Olivier : Trop bien, merci. C’est beaucoup de travail technique, mais aussi beaucoup de travail humain derrière. Des conversations, des débats… C’est important de ne pas négliger ça. Tout ne fonctionne pas simplement parce que c’est bien écrit ou que ça sonne bien. Il y a toujours des échanges, et c’est ça qui fait qu’un album tient debout.

© Nkruma

Les débats chez Pogo, ça ressemble à quoi ?

Olivier : Principalement à la répète… mais aussi dans le van, en tournée. Ça peut prendre plein de formes différentes. C’est vrai. Et puis il y a toutes les décisions à prendre, et ce qui est chouette, c’est qu’on sent que chacun a sa place. Vous êtes quatre, et chaque voix compte. Aucune décision n’est prise sans que tout le monde soit d’accord.

Lola : Et puis, pour la composition, la répétition aide beaucoup. Ce que j’aime bien dans notre façon de bosser, c’est qu’on parle peu… on essaie. J’ai vu tellement de projets où les gens parlent, parlent, mais ne jouent jamais. Ça me rend folle.

Olivier : Et au final… ça ne joue pas. Nous, chez Pogo, quand on n’est pas d’accord, on essaye, on enregistre, on réécoute. Et souvent, il se passe un truc. Je ne regrette jamais cette méthode. Parfois, j’arrive avec un morceau que je ne veux absolument pas voir modifié. Je me dis que je vais défendre chaque note… Et finalement, on essaye autre chose, et je me rends compte que c’est mieux. Il faut juste garder l’esprit ouvert. J’ai beaucoup travaillé là-dessus.  Avant, j’étais plus rigide. Maintenant, je suis plus dans l’écoute, plus ouvert aux modifs. L’album devient alors une vraie œuvre collective, de plus en plus collective même. Et c’est hyper cool.

Le titre de l’album, Negative Skills, peut s’interpréter de plein de façons différentes. Ça peut être des compétences “négatives” ou “inavouables“. C’est quoi vos negative skills, à vous ?

Olivier : On se croirait en entretien d’embauche ! Et c’est exactement ça qu’on cherchait avec le titre. 

Lola : Allez, je suis trop travailleuse… (rires) Je suis trop concentrée…

Olivier : (rires) Les vraies compétences négatives ? C’est une bonne question… On devrait peut-être la préparer pour les prochaines interviews. 

Lola : Mais si je dois répondre franchement : oui, c’est un peu une forme d’aliénation. Comme c’est notre passion, on ne s’arrête jamais. Il n’y a pas un jour où je ne pense pas au groupe. Même les jours off. C’est une obsession. Moi, je suis obsédée par le groupe. Et c’est ça, le “problème” !

Olivier : Sinon, ma vraie compétence négative, c’est que je suis hyper tête en l’air. Alors oui, je pense constamment à des compos, à des idées artistiques… mais j’oublie tout ! En tournée, c’est l’enfer. Une fois, j’ai oublié mon pédalboard juste avant de prendre un avion pour le Québec. Grosse galère pour tout le monde. Au début, je laissais carrément un jean par salle de concert ! Et je mets des Levi’s… donc ça commence à coûter cher, cette histoire et je vais finir en slip ! (rires)

Et celles des deux autres alors ?

Olivier : Ah, ils vont râler si on les balance…

Ils sont parfaits, c’est ça ?

Olivier : Exactement. Trop gentils. Trop carrés. Trop en rythme ! (rires)

Dernière question, rituelle chez RockUrLife : qu’est-ce qui rock votre life ? 

Lola : Moi, j’aime le surf. Quand j’ai le temps, je vais surfer. Donc je dirais : le surf, ça rock ma life.

Olivier : Moi aussi, je surfe avec Lola.( rires)

Lola : On assume. C’est vrai qu’on se détend souvent en allant surfer. Quand on passe à l’île d’Oléron voir des potes, on fait toujours un petit détour. Même pendant la tournée, on a réussi à caser ça.

© Nkruma


Site web : pogocarcrashcontrol.store

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Marion Dupont
Engagée dans la lutte contre le changement climatique le jour, passionnée de Rock et de Metal le soir !