De passage dans la capitale seulement pour une journée promo, nous avons rencontré Leigh Kakaty, chanteur du groupe américain Pop Evil, afin de parler de leur nouvelle recrue Hayley Cramer. Un entretien riche en confession et en bonne humeur.
Vous êtes actuellement en tournée avec 3 Doors Down et Red Sun Rising. Vous avez commencé hier en Allemagne, à Hambourg précisément. Pourquoi ne passez-vous pas en France pour cette tournée ? Tout le monde était tellement déçu !
Leigh Kakaty (chant) : Oui je sais, c’est une question qu’il faut poser à 3 Doors Down, je ne sais pas pourquoi. Pour moi, quand nous sommes en tournée en Europe, je tiens à faire deux dates : bien sûr, Paris et Londres car ce sont mes deux villes préférées, donc nous espérons que nous allons revenir pour le Download France, nous travaillons actuellement dessus donc je pense qu’on va revenir ici, nous allons faire le Download UK, et pour le reste, je ne sais pas encore. Mais je vais te raconter tous les secrets car c’est ce que le chanteur est censé faire. Ils travaillent actuellement sur ça, et j’espère que nous allons peut-être faire quatre ou cinq dates l’été prochain et sortir un nouvel album. Nous espérons revenir ici avec une autre tournée mais à vrai dire, je ne sais vraiment pas pourquoi la France a été mise de côté.
N’est-ce pas dû au fait que les places s’écoulent mal en France ?
Leigh : Je ne sais pas. Je comprends le problème. Toujours est-il que, pour moi, nous avons joué un concert en tête d’affiche (ndlr : à La Maroquinerie le 8 novembre 2014) devant deux cent personnes. Pour Pop Evil, nous n’avons pas peur, nous jouons pour une centaine de personnes comme nous jouons pour un millier. Pour nous, ça n’a pas d’importance. Mais je comprends.
Vous avez dernièrement tourné avec Disturbed et Rob Zombie, des superstars. Comment étaient-ils ?
Leigh : Tourner avec Rob Zombie et Disturbed ? Irréel ! C’était l’une de mes deux tournées préférées et jouer au Van Andel Arena.
L’une des plus grandes salles du Michigan.
Leigh : Oui ! Notre ville natale, nous avons joué dans la plus grande salle et dans notre ville natale, c’est inimaginable. C’était un rêve, vraiment. Toute la famille était là, trop de familles pour être honnête, on n’a pu voir tout le monde. Avoir la chance de chanter avec Disturbed sur scène quelques fois, Rob Zombie, bien sûr. Incroyable. C’était également notre première tournée avec notre nouvelle batteuse Hayley. Elle a fait du bon boulot. Elle est incroyable.
Tu passes ta vie sans arrêt en tournée. Dans une dernière interview, tu te plaignais à ce sujet.
Leigh : Je ne sais pas si je me plaignais, j’aime mon travail, j’aime les tournées, c’est juste que… C’est très difficile. Ce n’est pas toujours facile de tourner autant. Quand tu es un nouveau groupe c’est obligatoire, techniquement nous n’en sommes pas un car nous tournons depuis dix ans, mais depuis dix ans, les gens ne savent toujours pas qui nous sommes, nous serons toujours un nouveau groupe pour quelqu’un. C’est difficile, mais tu dois le faire, tu dois jouer en live, tu dois rester sur la route, loin de tes proches et de ta famille. Fondamentalement, tu dois mettre ta famille à la seconde place et tes fans à la première. Mais si tu veux émerger, en particulier dans notre pays d’origine, tu dois beaucoup tourner et nous l’avons certainement fait ! Maintenant, nous arrivons au point où nous devons commencer à penser à faire connaître notre groupe dans d’autres pays afin de ne pas saturer le marché. Si on joue trop, les gens ne vont plus venir. Ainsi, le Canada a permis d’élargir notre cercle, je suis canadien et ça m’a toujours frustré de ne pas être aussi reconnu sur place. Mais finalement, ça commence à venir car nous sommes de plus en plus présents là-bas et nous comprenons que nous devons le faire également en Europe. Mais nous ne sommes pas dans un gros label, donc ce n’est pas toujours facile, nous devons trouver tout par nous-mêmes pour essayer de revenir. Même si nous ne pouvons pas faire tous les pays, nous essayons de nous concentrer sur l’Allemagne, le Royaume-Uni et bien sûr la France !
Parlons un peu de “Up”. C’est vraiment un grand succès, on a trouvé cet album plus positif, plus fun que “Onyx”, qui semblait plus romantique et mélancolique.
Leigh : Je n’ai pas vraiment d’inspiration, je n’ai rien écrit à l’avance. Je voulais vraiment explorer de nouveaux endroits. “Onyx” était très sombre, un peu déprimant d’une certaine façon, parce que j’étais en colère. J’ai perdu mon père en 2011, alors je ne savais pas comment y faire face, donc j’ai utilisé une manière que je connaissais, à travers la musique. Il y a beaucoup de colère dedans, beaucoup de tristesse. Quand j’ai commencé à écrire, je ne voulais plus être triste, je voulais aider les gens, je voulais arrêter d’être égoïste, ce disque ne me concerne pas seulement. C’est notre plus grand disque à ce jour, je pensais que c’était important. Je dois arrêter de penser à moi-même et de penser aux fans géniaux que nous avons et aux fans que nous commençons à avoir ici en Europe, penser à comment je peux les inspirer. Pour cela, je devais d’abord m’inspirer : je suis allé à Los Angeles. C’était le soleil, la route. Et ma vie a changé, j’ai commencé à réaliser que je voulais m’amuser à nouveau, et je l’ai transposé dans la musique pour avoir du plaisir à nouveau, je ne voulais plus être en colère. Le rock n’roll est amusant. Une fois “Footsteps” écrite, nous savions que cette chanson était spéciale et nous avons compris que le reste de cet album allait aller dans cette direction. Le seul nom qu’on pouvait lui donner était “Up” parce que c’est là que nous voulons aller. C’était une façon pour nous de voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Encore une fois, on peut lier cette expression au rock : aux States, tout le monde dit que le rock n’roll est mort. On entend beaucoup de choses déprimantes. Quand toute ta vie tourne autour du rock et du metal et que tu entends les gens dire ces choses, c’est déprimant. Nous n’avons jamais joué de la musique pour gagner de l’argent, on tourne, on fait des concerts deux cents fois par an, nous faisons ce que nous aimons : faire de la musique pour tout le monde. Je pense que cette mentalité positive nous permet d’être plus à l’aise avec qui nous sommes. Donc, c’est notre meilleur album encore et c’est certainement notre meilleur travail, même pour moi personnellement parce que je me sens mieux.
Votre dernier album “Up” est sorti il y a deux ans. Bientôt un nouvel album donc ?
Leigh : Oui, probablement à l’automne prochain. Nous allons commencer à l’écrire cet automne. Peut-être le sortir au début de l’hiver.
Composez-vous en tournée ?
Leigh : Honnêtement, je n’ai toujours rien écrit, mais les autres membres du groupe écrivent des trucs en ce moment. (rires) Il n’y a pas de règles, si des membres du groupe ont des riffs qu’ils peuvent mettre sur la table. Le meilleur va gagner, mais je vais commencer à écrire moi-même quand la tournée sera finie.
A propos de Hayley Cramer, comment a-t-elle été recrutée ?
Leigh : Notre dernier batteur Chachi voulait passer à autre chose. Nous comprenons, ce travail est dur, et c’est un grand sacrifice vis-à-vis de nos familles. Il voulait passer plus de temps avec sa femme et nous respectons cela. Il l’a fait de la meilleure façon qu’il soit : il nous a donné suffisamment de temps pour nous organiser. Nous avons toujours évoqué le fait que nous voulions une batteuse car nous avons un large public féminin. Elle vient d’Angleterre, elle jouait dans quelques groupes. Un proche nous a parlé d’elle et elle a fait une vidéo de démonstration. Elle a fait un excellent travail. Elle a joué cinq chansons différentes en un seul morceau donc ça nous a donné une idée de ce qu’elle pouvait faire. Mais le problème était que nous allions vivre avec une fille ! (rires)
En effet, comment avez-vous appréhendé cette situation ?
Leigh : Nous avons beaucoup de règles : pas de filles dans le bus, pas de petite amie. Rien de tout cela, que ce soit, pour les fêtes. Mais c’était intéressant, nous sommes différents maintenant, elle est arrivée au bon moment. Il n’y a plus de fêtes, ça ne nous intéresse pas, nous voulons être au meilleur de notre forme, nous voulons être en bonne santé. Nous jouons plus de shows qu’avant donc nous devons prendre soin de nous-mêmes. Alors elle est venue au bon moment, elle déchire. C’est une batteuse incroyable et on la considère comme une sœur.
Vous allez donc maintenant vivre avec une fille dans le bus de tournée. (rires)
Leigh : On ne voit même pas la différence ! Elle est géniale, elle est comme une petite sœur. Nous sommes heureux de l’avoir à nos côtés.
Et elle a beaucoup de succès avec vos fans ! Il suffit d’observer les réseaux sociaux.
Leigh: Oui, ils l’appellent The Queen. (rires) Elle est incroyable. Donc, nous sommes très heureux, nous sommes pressés de commencer notre prochain album avec elle, c’est frais pour elle, c’est frais pour nous. C’est l’air Hayley. (rires)
Elle vit en Angleterre en ce moment. Est-ce qu’elle pense déménager aux États-Unis ?
Leigh : Je ne sais pas. Mais elle vit déjà aux États-Unis, en quelque sorte car nous sommes beaucoup en tournée là-bas. Je ne pense pas qu’elle vienne y vivre, mais qui sait. Nous allons essayer de la corrompre : “tu devrais t’acheter une maison aux States, viens !”.
Cela fait déjà deux ans depuis votre dernier show à Paris. L’année dernière, vous étiez en première partie de Limp Bizkit à Lyon. Quand allez-vous revenir ?
Leigh : Nous allons essayer de revenir au début de l’été, nous espérons faire tous les festivals.
Il va donc falloir attendre six mois encore.
Leigh : Oui, je sais. Le truc c’est qu’on va encore tourner pour cet album. On va faire une grande tournée aux États-Unis en janvier/février donc en mars, ce sera terminé. Et puis ensuite, faire un autre album. Donc, on pourra revenir en Europe avec des nouveautés et mettre tout le monde sur la même longueur d’onde avec cette nouvelle musique.
Ça va être votre premier festival français. Est-ce confirmé pour le Download Festival France ?
Leigh : Pour autant que je sache, c’est encore en négociation. Encore une fois, les choses changent si vite dans ce métier. Mais c’est ce qui est prévu en tout cas. J’ai entendu dire par toi et par d’autres journalistes français combien les festivals sont géniaux ici ! Je dois vraiment en faire l’expérience donc j’espère que nous aurons la chance de le faire. Nous nous soucions beaucoup de nos fans français, en particulier nos nouveaux fans. On vous aime les gars. On vous apprécie tous. Nous allons essayer de venir pour que vous puissiez nous voir jouer.
C’était ton anniversaire il y a quelques mois, que pouvons-nous te souhaiter pour cette nouvelle décennie ?
Leigh : Oh mon dieu, je déteste les anniversaires, c’est embarrassant. (rires)
Pourquoi ?
Leigh : Je déteste les anniversaires, je vieillis ! C’est triste. Un an de plus sur la facture. Mais nous espérons nous développer encore plus, tourner plus ici en Europe, obtenir la possibilité de faire des festivals, continuer de grandir aux États-Unis. Dans ce métier, tu n’as pas vraiment le temps de t’inquiéter de l’avenir car ça n’a pas vraiment d’importance, donc je ne pense pas vraiment à l’avenir maintenant. Je m’inquiète seulement pour aujourd’hui, être sûr que nous serons de retour ici, je veux jouer à Paris, je l’espère, j’aimerais visiter tellement de choses ici. Je veux voir les choses avec un regard français parce que je suis toujours comme un touriste. J’ai envie de faire du shopping ici !
Pour terminer : notre média s’appelle “RockUrLife”, donc qu’est-ce qui rock ta life ?
Leigh : Oh mon dieu, tout rock ma life en ce moment ! C’est le petit déjeuner, le déjeuner et le dîner. (rires) C’est mon cœur et mon âme, c’est Pop, c’est Evil. C’est chanter. C’est ce qui me fait lever le matin. C’est également ce que le rock représente pour moi. Le rock est une sorte de rébellion, le rock symbolise tout. Être capable d’être indépendant : jouer mes chansons, jouer des chansons que j’ai écrite, c’est quelque chose de puissant, donc je ne pense pas que je peux dire une seule chose. Le rock représente tout pour moi.
Site web : popevil.com