Interviews

PROPHETS OF RAGE (26/06/17)

English version

“Make the world rage again!” Telle est la devise de Prophets Of Rage. Supergroupe mêlant la base instrumentale de Rage Against The Machine (Brad Wilk, Tim Commerford, Tom Morello) avec Chuck D et DJ Lord de Public Enemy ainsi que B-Real de Cypress Hill, l’idée est d’éveiller les consciences et de faire jumper les foules avec un album illustrant parfaitement l’idée de fusion. L’occasion pour RockUrLife de s’entretenir avec Tim Commerford, bassiste de Rage Against The Machine, Audioslave et Prophets Of Rage.

Salut Tim ! Avec Prophets Of Rage, vous avez joué vos deux premiers concerts en France lors du Download Festival France et du Hellfest. Qu’en as-tu pensé ?

Tim Commerford (basse) : Oh, honnêtement c’étaient les deux meilleurs shows depuis le début du groupe. Je n’avais jamais vu des publics comme ceux-là de toute ma vie, c’était vraiment génial !

Nous avons été agréablement surpris par vos shows.

Tim : Ce furent des moments géniaux pour le groupe et pour le public je pense. Pour tous les fans, qu’ils soient fans de Rage Against The Machine ou de Prophets Of Rage, nous nous devions de jouer les chansons correctement. Mais ce ne sont que 50% de ce qui compose un concert. Le reste appartient au public. Je suis un membre de RATM depuis le début et j’ai vu des choses incroyables dans le public, comme des centaines des milliers de personnes faire un moshpit. Et sur cette tournée, spécialement en France, nous avions la parfaite illustration de cette folie. J’ai vu tellement de réactions différentes devant des concerts de Rage ou de Prophets et c’est toujours magnifique.

Est-ce que tu penses que les gens viennent vous voir pour entendre des chansons de Rage Against The Machine ou parce que les gens veulent “rage again” ?

Tim : Je pense qu’il y a des gens qui, par exemple, adorent une chanson comme “Killing In The Name”. A chaque fois que nous jouons cette chanson, le public devient fou et beaucoup d’entre eux ne sont venus que pour ça. Mais je pense qu’il y a pas mal de gens qui aimeraient rager encore. La musique les excite et les pousse à ressentir ce genre de chose. Depuis que je suis dans Rage Against The Machine, j’ai rencontré tellement de gens différents. Les gens nous disent que notre musique, que les lyrics de Zach (De La Rocha) les ont aidé à ouvrir les yeux sur notre monde. Mais il y a également des gens qui viennent me voir pour me dire qu’ils ADORENT faire leur sport sur notre musique ! Tu n’imagines pas combien viennent me dire ça ! J’imagine que c’est parce que notre musique est puissante.

Comment expliques-tu votre complicité avec Brad et Tom ?

Tim : Nous jouons ensemble depuis de nombreuses années donc j’imagine que ça y contribue. Mais pour être tout à fait honnête, il y a avait déjà cette alchimie dès nos débuts. Brad a l’habitude de jouer au fond du temps quand Tom joue plutôt devant. Quant à moi, j’essaie de jouer sur le temps. J’imagine que c’est comme ça que nous réussissons à couvrir tout cet espace ! Nous n’utilisons pas un mur de guitare donc, il faut penser autrement. En tant que bassiste, je me demande toujours comment je pourrais prendre encore plus de place dans le son. Mais avec Brad et Tom nous avons cette sensibilité. Nous l’avons aussi avec Zach et nous avons appris à l’avoir avec Chris Cornell et avec tous les autres musiciens avec lesquels nous avons pu jouer. Avec Prophets Of Rage nous jouons de vieilles chansons mais nous sommes de meilleurs musiciens donc elles sonnent mieux qu’auparavant !

Tu as un lien avec la France avec ton autre groupe, Wakrat. Vous étiez annoncés pour au Hellfest et au Download Festival mais au final ça ne s’est pas fait. Pourquoi ?

Tim : Oui c’est dommage mais nous sommes un groupe de punk rock et parfois les choses ne se déroulent pas comme on l’aimerait. J’ai vraiment adoré participer à Wakrat et j’espère que nous serons amenés à faire à nouveau des choses ensemble dans le futur.

Comment expliques-tu le fait que, durant toutes ces années, tu finis toujours par jouer avec Brad et Tom ?

Tim : C’est très simple mec. Quand tu es dans un groupe, même si tu n’es pas le meilleur musicien au monde, si tu es avec des mecs qui sont aussi excités que toi par la musique que vous jouez, c’est le meilleur sentiment du monde. Et c’est ce qui arrive tous les jours avec Tom et Brad, et c’est pourquoi nous sommes toujours à jouer ensemble.

Est-ce que tu penses que Prophets Of Rage puisse avoir le même impact que Rage Against The Machine a pu avoir auparavant ?

Tim : Nous vivons désormais dans un monde différent désormais donc je ne crois pas que ce soit possible d’avoir le même impact. Cependant, nous faisons avec Prophets la même chose que nous faisions avec Rage : jouer de la musique ! On ne s’assoit pas en rond pour décider que telle chanson va parler de tel problème dans le monde. On joue juste de la musique et on voit ce qu’il se passe ! Et ce qui est beau avec Prophets Of Rage, c’est qu’il y a trente-cinq ans d’histoire de la musique dans ce groupe !

Seras-tu un jour capable de jouer dans un groupe qui ne se bat pour quelque chose en particulier, ou qui ne parle que de filles et de fêtes ?

Tim : Non ! Je ne serai jamais capable de jouer dans ce genre de groupe tout simplement parce que ces choses ne m’ont jamais vraiment intéressées. Je suis marié, j’ai des enfants, j’aime ma femme et j’aime mes enfants, et j’aime aussi ma basse ! Tout le temps que je ne passe pas avec ma famille est consacré à mon instrument ! (rires)

Pour finir, qu’est ce qui te vient en tête si on te dit que la colère est un cadeau ?

Tim : La colère est un véritable cadeau mec. Les premières choses qui me viennent en tête quand je pense à cette phrase c’est mon père qui me dit que je ne devrais pas jouer de basse car on ne gagne pas d’argent en jouant de la basse. Ca m’a rendu fou mec ! Et j’ai toujours cette colère en moi. J’ai grandi avec Zach De La Rocha que je connais depuis que j’ai huit ans. Je sais dans quel monde nous vivons et j’ai appris à connaître d’autres modes de vies. Et nous avons grandi dans un monde de blancs ou des gens comme Zach ou d’autres gens que je connaissais à l’époque n’étaient pas aimés. Donc j’ai grandi avec cette colère et je l’ai transformé en une forme d’héritage, de contribution. La colère est un merveilleux cadeau si tu la laisses s’exprimer correctement.

Site web : prophetsofrage.com

Nathan Le Solliec
LE MONDE OU RIEN