En amont de la sortie française du nouvel album “Weekend Man”, nous avons rencontré Royal Republic de passage dans la capitale. Entretien dans la joie et la bonne humeur avec Adam Grahn et Hannes Irengård, respectivement chanteur et guitariste du groupe suédois.
Adam Grahn (chant) : Sound check, un, deux, trois, quatre.
il est temps pour vous de conquérir définitivement la France, qu’est-ce que vous pouvez nous dire en français ?
Hannes Irengård (guitare) : On a essayé d’apprendre quelque chose en arrivant jusq’’ici, on était coincé dans les bouchons, on a essayé de retenir quelques mots mais je n’arrive pas à m’en souvenir.
Adam : Je pense que le plus important est “de rien”, c’est quelque chose que l’on peut dire après chaque chanson, au lieu de “merci”.
Hannes : C’est un peu comme “vous êtes bienvenus” n’est-ce pas ?
Adam : Oui, c’est un peu ça. Ce n’est pas comme “merci” mais “bienvenue”. (rires) Mais tous les groupes disent “merci” donc on a commencé à dire “de rien”, ça sera notre marque à nous en France.
Pas mal ! Le groupe existe depuis bientôt dix ans, quel est le souvenir le plus important dont vous vous rappelez ?
Adam : J’en ai tellement. Mais ça fait vraiment dix ans ?
Hannes : On dirait que oui.
Adam : Officiellement, on a joué notre premier concert en 2008. Donc ça veut dire que ça fait huit ans. S’il te plaît, dis huit ans parce que ça sonne vraiment vieux sinon. (rires) Je pense que l’un de mes souvenirs les plus forts sera toujours la première fois qu’on a joué à guichets fermés. Pendant un moment, au début, les choses arrivaient tellement vite, beaucoup de rêves se réalisaient les uns après les autres. Il était difficile de réaliser ce qu’il se passait réellement. Il y a aussi la première fois qu’on a été diffusé à la radio en Suède, ensuite la première fois qu’on a été numéro un à la radio suédoise, puis on a été diffusé sur MTV, et on a eu notre premier clip. Toutes ces choses ! Mais je pense que mon souvenir le plus fort était lorsque toi et moi nous sommes enlacés après notre premier concert sold out à Cologne en Allemagne qui était, à ce jour, notre plus gros concert. Il y avait quelque chose comme quatre-cent personnes, c’était notre première tournée en tête d’affiche en dehors de la Suède. C’était en 2010, et lorsque nous sommes revenus, on s’est fait un MacDo, tu vois le truc, un repas luxueux. Et on était en train de marcher, et on aperçoit des kilomètres de gens à l’extérieur, et nous on était là “ça ne peut pas être pour nous, il doit y avoir quelque chose d’autre”. Quand on a commencé à traverser, les gens criaient “Hey regardez, c’est le groupe !”. C’était une sensation très étrange, mais je pense qu’à partir de ce moment je me suis vraiment dit “OK, c’est pour la vie maintenant”.
Hannes : C’est également l’un de mes meilleurs souvenirs. Mais je pense que rien que le fait de jouer du rock n’roll en dehors de la Suède, c’était comme de la drogue. Et des choses plus simples comme rester à l’hôtel, le fait de faire un concert et de ne pas rentrer à la maison, c’est super pour moi. Même si cela ne paraît pas si extraordinaire que ça.
Adam : Pour nous, il y a eu beaucoup de choses, comme Hannes l’a dit, dont on a pris l’habitude rapidement et donc les premières fois. C’est comme un premier rapport sexuel, tu te dis “ouais OK c’est cool” et puis tu prends l’habitude. (rires) Mais toutes nos premières fois ont été très spéciales pour nous.
Parlons de ce nouvel album : d’où vient ce titre “Weekend Man” ?
Adam : On ne pouvait pas appeler cet album “When I See You Dance With Another”. En fait, on avait tous ces titres de chansons, et on se disait “OK bébé, ce n’est pas un titre d’album. “High Times”, non !”. On a fait ça pour toutes les chansons et ce titre marchait bien. Ensuite, on a commencé à créer l’esprit, l’ambiance de l’ensemble de l’album. C’est un album de fête, et le Weekend Man est une créature mystique non vivante ou peut-être vivante, comme le démon sur ton épaule. En fait, peu importe où va le Weekend Man, c’est un weekend, qu’il soit mercredi ou jeudi. C’est celui qui te fait faire tout ce que tu ne devrais pas faire. Par exemple, si tu dois travailler ou étudier, tu ne le fais pas car le Weekend Man t’incites à aller boire une bière. Et donc c’est parti de là : Le “Weekend Man” cool ! Imagine-toi ce mec en train de crier dans ta tête.
Hannes : Un mec génial avec une superbe moustache. (rires)
Adam : Oui, celui qui est sur l’artwork, c’est génial.
Comment s’est passé l’enregistrement ?
Hannes : On a enregistré l’album à Berlin, donc l’ambiance était évidemment top car c’est juste un endroit génial, très créatif.
Pourquoi pas en Suède ?
Adam : Parce que c’est bien de mettre de la distance avec ta vie de tous les jours. Quand tu fais quelque chose comme ça, tu as besoin d’être concentré à 100% et je pense que c’est plus facile d’être dans un endroit où tu n’as pas à rentrer à 17h à la maison. Il y a aussi le fait qu’il y ait beaucoup de possibilités à Berlin, beaucoup de très bons studios et une super atmosphère en général.
Hannes : On avait aussi besoin d’aller là où sont les producteurs avec qui on veut bosser. Mais après un certain moment, un studio n’est qu’un studio. La première fois qu’on a bossé dedans, on était là “Wow, on a tout ce matériel pour nous. C’est monstrueux !”, mais après plusieurs jours, ça devient juste un studio dans lequel tu travailles, donc même si l’atmosphère est cool, il y avait des moments difficiles : des pleurs, de la joie, des embrouilles.
Parlons de la vidéo de “Baby”, qui est plutôt très drôle. Comment avez-vous eu cette idée ?
Adam : Léo, notre réalisateur qui a signé plusieurs de nos vidéos, et moi étions en train de prendre un café et on a commencé à écrire quelques idées : l’une d’entre elles était de conduire une voiture, une autre de mettre des déguisements de sumo et de sauter partout, et puis l’une d’entre elles était de danser en roller. On a trouvé que cette idée était géniale car c’était la plus dangereuse. (rires). Parce qu’aucun de nous ne savait comment faire du roller et on ne sait pas danser non plus.
Hannes : La combinaison parfaite ! (rires)
Adam : Oui, mais on était pratiquement sûr que “Baby” allait être notre prochain single. Il y a beaucoup de groupes qui veulent paraître beaux dans leurs clips. (rires) Et nous, si on peut choisir, on essaye de faire l’opposé de ça. Mais Léo était convaincu par cette idée, on en a parlé, on a accepté, et le label n’avait aucune idée de ce dans quoi il mettait de l’argent. (rires)
Hannes : Aujourd’hui, on trouve que c’était une super idée. On a juste eu quelques jours pour apprendre.
Adam : Une semaine ! Une semaine pour apprendre comment tenir sur des rollers, et puis faire une chorégraphie et l’apprendre. C’était en décembre 2015 : on s’entrainait dehors sur un parking avec de la neige, et il y avait des ouvriers qui construisaient une maison à côté, et qui étaient sur le toit en train de nous regarder et de rigoler, et nous on gelait en chantant “bababe, baby” dans le froid. Et Jonas s’était bousillé le genou : on a joué dans un festival d’hiver une semaine avant, on était parti skier après le concert et il s’est déchiré les ligaments. Il avait besoin de se faire opérer mais il ne pouvait pas le faire avant le tournage donc il y a beaucoup de souffrance dans cette vidéo. (rires) Mais je suis content que les gens aient rigolé.
De quoi vous moquez-vous dans cette chanson ?
Adam : On a mis nos coeurs dans ces paroles. En fait, c’est une sorte de blague, je ne sais pas vraiment, la question est de savoir si c’est “cheese nacho babe baby” ou “elle n’est pas ton bébé”. Ca peut être les deux, donc à toi de décider laquelle tu aimes le plus, ça sonne de la même manière. Mais c’est une chanson pour les gens qui ont besoin de quitter leur partenaire, ceux qui sont dans une relation malsaine et qui doivent passer à autre chose.
Est-ce qu’il y a des problèmes sociaux qui vous concernent particulièrement et donc vous aimeriez parler dans vos chansons ?
Adam : En ce moment, nous avons décidé délibérément de ne pas parler de politique dans nos chansons.
Pour quelle raison ?
Adam : Parce que, personnellement, je pense que c’est bien que des artistes ou des gens célèbres, qui ont un large public, communiquent des choses positives comme se battre contre le racisme, contre l’homophobie, pour l’égalité. Je pense que ce sont de bonnes choses, que tout le monde soutient ça, et je pense que les stars peuvent atteindre les gens. Mais parfois, je me dis que je suis fan d’un groupe parce que c’est un groupe et que j’aime leur musique, je veux les écouter car la musique est bonne mais les paroles sont racistes donc je ne peux pas écouter ça, peu importe à quel point la musique est bonne, je ne veux pas écouter ça. Ou parfois je vais regarder du U2 par exemple, c’est l’un de mes groupes favoris, mais parfois j’ai envie de dire, arrête de parler et chante juste tes chansons. On s’est aussi donné pour mission de ne pas être trop sérieux. Beaucoup de groupes le font et très bien, mais nous, nous voulons juste aider les gens à oublier leurs problèmes : pour quatre-vingt-dix minutes, oublie ta vie, prend des vacances vis-à-vis de tes problèmes et vient nous voir en concert. On veut que tu te sentes bien. C’est un peu notre mission.
Prochain concert en France ?
Adam : Rock En Seine, comment prononces-tu ça ?
Oui Rock En Seine, c’est correct.
Adam : Oui, on a hâte. Je pense que la dernière fois qu’on est venu à Paris c’était en 2014 à La Maroquinerie. Laisse-moi juste regarder à nouveau notre emploi du temps car certaines dates ne sont pas encore officielles, mais je ne sais pas quand je pourrais l’annoncer. On sera de retour en France, je pense qu’on reviendra cet automne. On te le fera savoir dès que ce sera officiel.
Qu’est-ce que vous écoutez en ce moment ?
Adam : Tom Petty !
Hannes : Moi j’écoute des artistes suédois comme Håkan Hellström.
Dernière question : notre média s’appelle “RockUrLife”, donc qu’est-ce qui rock votre life ?
Adam : Qu’est-ce qui rock ma life ? Hannes rock ma life ! (rires) Je ne sais pas trop. Là, maintenant, le Coca rock ma life. (rires)
Hannes : Tout de suite, je me sens bien en pensant au fait que nous allons bientôt jouer, j’ai passé un super moment durant ces trente minutes mais je suis super excité de jouer à nouveau.
Adam : On dirait qu’on vient juste de sortir de prison ! (rires)
Hannes : Oui j’ai un peu ce sentiment ! (rires) Plus sérieusement, ça a été une route longue et difficile, il était temps !
Site web : royalrepublic.net