Sonata Arctica va sortir son dixième album début septembre. Qu’attendre de “Talviyö” ? C’est en compagnie d’Elias Viljanen qu’on en apprend davantage !
Bonjour Elias, comment vas tu ? “Talviyö” votre dixième album arrive en septembre. Tony fait toujours référence aux trois phases de Sonata. Le groupe est-il en constante évolution ? Vous fixez-vous des limites ? A quoi s’attendre cette fois-ci ?
Elias Viljanen (guitare) : Je vais bien. Eh bien je pense que ça résume parfaitement l’histoire de Sonata Artica, que ce soit les anciennes phases ou les nouvelles. Que ce soit du power metal au metal plus progressif, peut-être même expérimental. Ca donne une parfaite image de ce que nous sommes aujourd’hui, en tant que groupe, en tant que musicien et compositeurs. Je suis très satisfait du résultat final. En prenant de l’âge, en étant plus stable, plus calme et sensible (rires) je dirais que ça se sent au travers de la musique également. Bien évidemment tous les éléments du groupe y sont. Il y a quelques chansons rapides, d’autres plus lentes, quelques ballades, des éléments agressifs, heavy mais également des choses plutôt curieuses.
Le premier single est “A Little Less Understanding”. Pourquoi ce titre en particulier ? Résume-t-il, en quelque sorte, le contenu de l’album ?
Elias : Non pas du tout. C’est une belle introduction plutôt, un bon point d’entrée. Je trouve aussi que c’est le titre le plus simple à écouter, peut-être à jouer aussi. Ce titre était à deux doigts d’être un bonus sur l’édition japonaise. Un peu comme ce qui était arrivé avec “I Have A Right”, et c’était devenu notre premier single à l’époque. Il y d’ailleurs une sorte de continuité avec ces deux titres. Il évoque nos enfants. Ils arrivent au monde et on leur fixe tout un tas de limites et ce type de chose, le fait de grandir en tant qu’être humain également.
Comment travaillez-vous avec Tony ? Quel est le processus type ?
Elias : Tony arrive plein de démos et nous les fait écouter. Ensuite, on essaie de définir tout ce qui correspond à Sonata Arctica, ce qu’on peut garder ou non. Cependant, cette fois, la plupart des titres étaient quasi finis dès cette phase. Il y avait peu de retouches à apporter. On est ensuite allé en studio, on a un peu répété les morceaux et on a démarré les bases. Batterie, basse et quelques guitares. Pour la première fois, on a enregistré les guitares live, et je trouve que ça apporte quelque chose de fort et très naturel au son.
Peux-tu comprendre qu’il est parfois difficile d’apprécier un nouvel album surtout avec une musique qui évolue sans cesse ? Ressens-tu peut-être la même chose ?
Elias : Je pense oui. En tant que musicien, on s’y plonge plus rapidement évidemment. Mais lorsque tu écoutes seulement, ça peut effectivement prendre plus de temps. C’est d’ailleurs quelque chose à laquelle nous faisons attention, car on peut avoir tellement d’idées qui fusent, ce serait dommage de faire n’importe quoi. (rires)
En comparant avec les deux précédents albums, déjà qu’ils sont bien différents et arrivant à celui-ci, avec de nouvelles idées, de nouveaux éléments et de nouvelles dynamiques, bien que Sonata. Ce n’est pas toujours évident.
Elias : Evidemment. Il faut plusieurs écoutes pour découvrir tout ce qu’il s’y trouve. Il y a tellement de choses. Je trouve que c’est d’ailleurs une bonne chose, car il y a toujours quelque chose de nouveau à découvrir ou ressentir. Les fans pourront sans doute découvrir différentes choses et changer d’avis selon les moments. Mais pour nous, en tant que musicien, on ne cherche pas à faire tout cela intentionnellement lorsque l’on enregistre. (rires)
Es-tu parfois surpris lorsque tu ré-écoutes ces morceaux ?
Elias : C’est encore très frais, donc difficile à dire. Mais dans quelques années, sans doute oui. (rires)
Penses-tu que la voix de Tony joue également beaucoup ici ? C’est à dire qu’avec sa manière de chanter aujourd’hui, ce qui est normal au fil du temps, cela influence également son humeur et son approche lorsqu’il compose ?
Elias : C’est fort possible oui et je ressens ces quelques changements. Certains sont très appréciables. J’aime la voix de Tony, elle est un peu plus basse et je trouve qu’elle colle davantage avec l’ambiance de notre musique et des chansons aujourd’hui. Ca t’apaise, on redescend. Que ce soit ou non un titre rapide d’ailleurs.
(Après l’interview, nous avons croisé Tony et lui avons rapidement posé la même question)
Tony Kakko (chant) : Evidemment. Je préfère chanter à mon niveau naturel aujourd’hui. Je n’ai plus envie de crier comme auparavant. D’ailleurs j’en rajoutais pas mal, il faut le dire et cela a eu un impact sur mes cordes vocales. Ce n’était pas vraiment moi au fond. C’est mieux d’y aller de façon naturelle. J’ai beaucoup appris et développé depuis que je chante, depuis mon enfance. Aborder différentes directions, différentes couleurs et justement, de pouvoir chanter “normalement”, cela me permet de mieux jouer avec les émotions et les ressentis. En fait, il se passe quelque chose d’autre lorsque j’enregistre et je trouve ça bien mieux ainsi. De plus, si tu chantes et évoques l’amour ou quelque chose de triste, tout en criant, tu perds toute crédibilité, il n’y aurait aucune sincérité.
Il y a donc un titre instrumental avec “Ismo’s Got Good Reactors”. Un mot à ce sujet ? C’est plutôt folklorique, un peu oriental, plutôt épique aussi. Aviez-vous prévu ce titre tel ?
Elias : Oui c’était pensé et voulu de cette manière. Tony avait cette mélodie depuis qu’il avait treize ou quatorze ans en fait. En effet, ce titre nous emmène dans différentes directions, différents mondes et c’était très amusant de créer ça et de l’enregistrer également. L’album est si sensuel.
Et ce titre apporte un peu de piquant donc
Elias : Oui et tu peux simplement apprécier la musique et voyager au grès des atmosphères. Ce titre me fait plutôt sourire car il est franchement totalement barré.
Quels sont tes trois titres préférés ?
Elias : Je dirais “Storm The Armada”, “Cold” et “The Raven Still Flies With You”. Pourquoi ? En raison des atmosphères qu’elles dégagent et présentent et du voyage qu’elles procurent. Il faut les écouter jusqu’au bout pour tout intégrer. Les mélodies et le feeling qu’elles dégagent y jouent pour beaucoup.
Ces nouveaux sons, penses-tu que cela puisse aussi attirer de nouveaux fans ?
Elias : C’est quelque chose auquel nous avons pensé oui, mais on verra bien. Ce n’est pas quelque chose qu’on essaye consciemment, ce n’est pas voulu dès le départ, mais en effet, cela pourrait arriver. On verra.
Beaucoup de fans sont toujours là à comparer les premiers albums et les plus récents. Opposant le power metal et votre musique actuelle. Cette situation vous touche-t-elle toujours ? Bien qu’in fine, vous faites ce que vous voulez, on est bien d’accord.
Elias : On en parle beaucoup entre nous. Mais à force, on est tous d’accord, on ne souhaite pas revenir au power metal et ne souhaite pas faire que du power metal. On a évolué dans notre musique, dans notre manière de créer et jouer. Ceci dit, on aime toujours jouer ces vieux titres en live, ce n’est certainement pas quelque chose que nous haïssons, loin de là.
Vous avez fait une tournée acoustique il y a de ça quelques mois et les retours furent vraiment très bons. Pensez-vous à réitérer cette expérience ?
Elias : Oui on y pense. C’était quelque chose de très plaisant et de très différent. Un jour ou l’autre, ça arrivera de nouveau oui, reste à savoir quand.
Joues-tu sur un ampli digital ? En tout cas, c’est tout comme. Si oui, comment as-tu fait la transition vers le digital ?
Elias : Oui mais seulement en live. J’ai ce Mooer pre amp live mais en studio, j’ai toujours mes vrais amplis. Durant de nombreuses années, j’étais vraiment opposé à cette idée puis j’ai essayé ce Mooer et c’est plutôt pas mal. Le feeling est assez proche d’un vrai ampli au final. Je l’ai testé un mois chez moi puis j’ai réalisé que ça pouvait le faire. (rires) J’en suis plutôt satisfait.
As-tu essayé les Kemper et AxeFX également ?
Elias : Effectivement, j’ai essayé ceux là mais ils sont bien trop chers. Même si j’avais l’argent pour m’acheter un matos pareil, avec toute la casse qui arrive durant les transits et les voyages en avion, ce serait un gâchis. (rires)
A quoi peuvent s’attendre les fans avec ce nouvel album ? Sachant donc que le premier single n’est pas très représentatif du reste.
Elias : Des rires et des pleurs. (rires) Plus sérieusement, c’est une belle palette musicale, très diverse et il y a beaucoup de choses pour quiconque. Je comprendrais que tout le monde n’adhère pas à tous les morceaux.
Et notre dernière question, la spéciale. Nous sommes “RockUrLife” donc qu’est-ce qui rock la life de Tony et Elias de Sonata Arctica ?
Tony : Qu’est-ce qui rock ma life ? Mes gosses ! (rires) Il n’y a rien de plus précieux à mes yeux aujourd’hui.
Elias : La bière. (rires) J’ai récemment pris Netflix aussi (rires) et j’ai commencé à regarder tout un tas de choses. Mais faisons simple : être entouré, la bonne compagnie, de beaux étés, des bières fraîches et la famille.
Donc tu vas regarder “Strangers Things” prochainement ? (ndlr : au jour de l’interview)
Elias : Oui !
Site web : sonataarctica.info