Tagada Jones a sorti le 1er mars dernier TRNT – Best-of 1993-2023. Rapide rencontre avec Niko sur ce projet, mais pas seulement.
Un best of n’est pas une mince affaire et le choix des morceaux encore moins.
Niko : En fait comme c’est un best of et qu’on a tout réenregistré, c’est vrai que ce n’était pas très compliqué. On s’est concentré sur ce que les gens écoutent beaucoup, parce qu’il est assez facile de voir ce que les gens aiment maintenant du groupe. Et puis sur ce que nous aussi on avait envie de défendre sur scène, c’est-à-dire que comme on a remis des vieux titres au goût du jour. On voulait absolument pouvoir défendre à 100% ces morceaux-là.
Il y en a peut-être pour qui certains morceaux auraient eu plus sur leur sauf que ce sont des morceaux sur lesquels on se voyait pas trop comment donner un nouveau virage, comment réinterpréter, comment réorchestrer le morceau. Donc ceux-là nous les ont mis de côté et puis on a choisi cette liste qui, quand même, reste assez évidente car tu as au moins les deux tiers qui étaient incontournables du fait que ce sont des morceaux attendus pour ceux ont envie d’entendre Tagada.
Du coup, trene ans de carrière, comment on se sent ?
Niko : Écoute… On est content ! Je trouve que c’est bien de se dire qu’on fait ça depuis trente ans maintenant. On est un groupe qui à l’origine faisait des tournées de squats, réseaux associatifs, cafés concerts. Il est vrai que c’est beau de se dire qu’aujourd’hui on continue à jouer. On approche de nos deux-mille concerts, quarante-deux pays, jamais on aura pensé ça ! Par exemple faire un concert à l’Olympia, on a fait des concerts dans les plus grandes salles, on a joué devant beaucoup plus de gens. Mais il y a un côté très emblématique dans ce type de salle. C’est une salle mythique et tu es relativement content et fier d’en arriver là. Et j’espère que, bon on en fera sans doute pas trente ans encore, mais si ça peut durer encore dix/quinze/vingt ans, ce serait déjà bien cool.
Comment on appréhende L’Olympia ?
Niko : On n’est pas si stressé que ça. Il y a tellement de choses différentes prévues dans l’année. On a voulu faire une année très complète avec des concerts très différents. On souhaite que les gens puissent venir nous voir trois quatre fois, et pas voir le même concert. Donc on prend tout étape par étape parce qu’il va y avoir plein de choses différentes. L’Olympia c’est de pas mal de projets qu’on aura fait avant.
On veut que ce soit vraiment un concert typique Tagada, donc c’est vrai que dans le lot par exemple sur notre festival, on va faire quelque chose d’assez incroyable le troisième jour où on jouera avec un orchestre philharmonique. L’Olympia on souhaite davantage que ce soit un vrai concert typique Tagada, donc on risque d’inviter le quatuor avec qui on a fait pas mal de concerts à faire deux-trois morceaux mais sinon dans l’ensemble ça va être un événement plus traditionnel.
Comment juges-tu l’évolution du punk rock de vos débuts à aujourd’hui ?
Niko : Je considère qu’on a plutôt l’ADN du rock alternatif français plutôt que du punk rock. On a été classé dans le punk pourquoi, parce qu’on avait des paroles très engagées et on nous a tout de suite collé cette étiquette-là. Après on a toujours été très loin de tout cela. Que ce soit du punk américain NOFX ou Bad Religion, ou du punk anglais à la The Exploited ou GBH, on nous a toujours rangés dans cette petite case, mais je crois quand même que l’ADN du groupe reste le côté rock français. Comme je dis souvent, on prend le squelette d’un titre, on prend une guitare sèche et la voix, un morceau de Tagada ça fonctionne.
On a toujours fait ce qu’on a voulu, je pense le vrai côté punk du groupe c’est justement de s’être fichu complètement de tous ces carcans, toutes les idées préconçues. Si on a envie de mettre une guitare metal dans un son un peu plus punk, on le fait avec grand plaisir et on a aucune barrière. C’est avec cette approche que nous avons voler pas mal de choses en éclats. On a même mis de l’électronique dans notre musique, ça ne se faisait pas trop non plus, enfin voilà. C’est plutôt ça qui fait notre identité punk, c’est qu’on fait ce qu’on a toujours eu envie de faire. Peu importe ce que les gens en pensent et peu importe que ce soit la mode ou non.
Quelques mots sur “Le Poignard”, qui est une compo originale.
Niko : Quand tu écris depuis trente ans, il y a beaucoup de sujets que tu as déjà abordés et puis il y en a qui restent dans les cartons. Soit tu n’as pas encore abordé, soit tu n’as pas trouvé l’angle. C’est un nouveau morceau et j’avais envie d’écrire sur la trahison de manière générale. On a tous été confrontés à cela dans nos vies, cela nous a marqués. Donc c’est vraiment quelque chose que j’avais envie d’aborder. On avait commencé à l’écrire pour un futur album. Et on a eu un moment d’hésitation vu qu’on travaillait sur le best of. Finalement j’ai gravé ces paroles à cet instant-là.
Rapidement sur PLAY’EM ALL – A METALLICA CELEBRATION de mai 2023.
Niko : C’était génial ! Justement de par notre côté très punk rock français, on est tout de même assez loin de l’univers Metallica, donc déjà on est touché d’avoir été contacté pour participer à cet événement-là. Ça s’est fait un petit peu en dernière minute, mais c’est aussi ce qui donne le côté fragile et le côté touchant de ce que tous les groupes ont donné sur scène. Tu arrives, tu as plein de groupes qui ont des centaines de concerts dans les pattes, avec un gros show et des choses bien orchestrées, sauf que là on s’est tous retrouvés un peu fragiles mais je pense que c’est ça aussi qui a touché les gens.
Tout le monde était extrêmement content. Et c’est vrai que Metallica fait l’honneur à tous les groupes français de mettre ça sur leur page. Et quand tu regardes tous les commentaires, tous sont extrêmement positifs et ça fait vraiment plaisir. C’était un exercice intéressant car justement ce n’était pas forcément dans l’ADN du groupe. Et c’est toujours hyper sympa d’aller se frotter à des choses, c’est un vrai challenge et on est vraiment content de l’avoir relevé.
Quid de l’avenir du Gros 4 ?
Niko : Le Gros 4 on refera des concerts. C’est Mass Hysteria qui avait eu cette idée il y a très longtemps. Ça faisait sept huit ans qu’on en discutait avant que ça se concrétise. Et c’est le COVID qui a permis de faire en sorte que les agendas des groupes soient enfin en phase. Autrement on aurait jamais eu les mêmes disponibilités. On a vraiment été hyper content du rendu, c’est pareil.
C’était très touchant parce que c’était la sortie du COVID. En fait c’était à quinze jours de faire le premier concert du Gros 4, on savait toujours pas si on avait le droit de le faire. En raison des jauges etc. Au final ça s’est décanté quinze jours avant et on est arrivé là juste après le COVID. On a tous pris une gifle monumentale. Et on est sorti de là en se disant qu’on va le refaire, juste de définir quand. Mais de la même manière, c’est une question d’agenda.
Et le dernier mot.
Niko : Eh bien pour ceux qui nous connaissent pas, allez jeter une oreille sur ce best of TRNT ! Et je vous invite à venir nous voir en concert tout au long de l’année, parce que là on va vraiment écumer toutes les salles de France. On essaie de jouer partout, on fait à peu près quatre-vingt/quatre-vingt-dix dates. On va venir vous voir !
Site web : tagadajones.com