Au lendemain de leur concert au Point Ephémère, RockUrLife a eu la chance de rencontrer les français de The Dedicated Nothing dans les locaux de leur agence de promotion, histoire de discuter du premier album “Dawn To Dusk“, paru en octobre dernier.
Salut à vous les Dedicated Nothing et bienvenue dans la capitale ! Comment allez-vous au lendemain de votre concert avec Soma au Point Ephémère ?
Clément (guitare) : Bonjour, ça va super !
Matt (basse) : On est juste un peu fatigués ! (rires)
C : Notre concert hier s’est super bien passé, c’était vraiment cool ! On a été agréablement surpris par l’accueil que nous ont réservé les gens de la salle et le public. Parce que, bon, c’est vrai que quand on fait le support d’un groupe, les gens sont souvent moyennement là… Mais du coup, là c’était super ! Super feeling, on a bien joué, c’était bien rock et voilà.
Connaissiez-vous Soma avant ?
Franck (batterie) : En fait, on partage le même manager donc on ne les connait pas directement. Et musicalement, comme on a su qu’on allait jouer avec eux, on a un petit peu exploré leur univers… Leurs deux derniers albums surtout.
Et ces deux derniers vous correspondent musicalement ?
F : (réfléchit) Oui ça colle avec nous, parce que c’est différent justement ! Eux, c’est plus de la pop marquée alors que nous c’est plus rock indé.
S’agit-il également d’une de vos premières expériences avec le public parisien ? Il nous semble que vous êtes déjà passé aux studios de OUI FM en 2013.
F : Oui, on est allés à OÜI FM l’année dernière mais ce n’est pas la première fois qu’on vient sur Paris ! On est déjà venus quelques fois.
Greg (chant/guitare) : On a déjà joué à l’International, au Bus Palladium, à la Fête de la Musique, aux Palais des Sports avec Status Quo (ndlr : en mars dernier) et aussi au shop Quiksilver de Bercy où l’on rejoue vendredi soir.
Vous aviez donc déjà un avis sur le public parisien, sûrement très différent du public du sud de la France.
M : Mais ça s’est toujours bien passé ! (rires)
G : Les gens sont très ouverts. Ça ne s’est pas toujours bien passé ici, mais en tout cas on est toujours très bien accueillis. Hier soir, nous n’avions même pas de mauvaise pression.
Même pas à l’idée de jouer aux gens des titres de votre premier album ?
G : Même pas ! Le truc, c’est que cet album-là, on l’a sorti le 6 octobre dernier mais cela fait au moins…
F : Deux ans et demi…
G : Même pas ! Deux ans, peut-être, qu’on tourne avec ces morceaux. Hier, on a fait une petite surprise vu qu’on a joué un morceau inédit qui est plutôt sur la suite, pour un autre programme… On l’a testé, on a testé la réaction du public… Mais sinon, tous les morceaux, on les joue depuis un bon bout de temps.
Miki Dora, décédé en 2002. Pouvez-vous nous parler de cette étape importante qui définit clairement votre formation ?
F : Pour faire court, notre projet c’est une rencontre musicale avant tout. Greg et moi-même, on jouait déjà ensemble il y a une dizaine d’années. Et, en gros, quand est venue l’envie de faire un bœuf un jour tous les deux, on s’y est mis. Puis, connexion de connexion, pote de pote, on a proposé à Clément de venir et de façon assez spontanée, on avait cette envie de faire des compos et pas de reprises.
Aucune reprise au début de The Dedicated Nothing ?
F : Pas du tout. On en faisait quand on avait 15 ans et ça suffisait. Bon, cela nous arrive de faire quelques reprises, mais pas avec ce projet-là. L’idée principale c’était de composer et, de façon assez spontanée, on a commencé à sortir quelques gimmicks. La petite histoire, c’est qu’à la deuxième répète tous les trois (ndlr : il n’y avait pas de bassiste encore), on a pondu le titre “Running Away” qui a donné son titre à notre EP. Il figure également sur l’album “Dawn To Dusk” disponible sur iTunes et sur toutes les plateformes. (rires) Du coup, on s’est dit qu’on avait envie de composer d’autres morceaux. On a eu cinq, six ébauches en plein milieu du mois d’août et on s’est dit que c’était la bonne occasion de faire un concert dans le jardin en mode Summer Party. C’était l’occasion de faire découvrir à nos potes notre son, notre univers et au final, dans le public, il y avait deux personnes qui bossent chez Quik.
M : Quiksilver, hein ! Pas Quick. (rires) On mange des burgers aussi mais eux, ils n’étaient pas là !
F : (rires) et donc ils étaient détachés sur le nouveau projet de Quiksilver, un studio et un label musical qui s’appelle Drop In Music. Au final, ils ont plutôt kiffé ce qu’on a joué et ils nous ont proposé d’aller faire une maquette. Bien évidemment, comme des gamins on a directement répondu oui et on est parti enregistrer… Et comme il nous fallait un bassiste et qu’on s’entendait bien avec Grushko (ndlr : le surnom de Matthieu), j’ai proposé à Greg et Clément de le rencontrer vu qu’ils ne le connaissaient pas. Il est arrivé trois jours après, pour la session studio en gros, dans un drôle d’état vu qu’ils sortaient d’un mariage. (rires) Il ne connaissait quasiment rien de nous, mais il a tout de suite compris l’idée et, l’harmonie qui s’était déjà passée avec Greg et Clément, elle s’est reproduite avec Matt qui, de façon très spontanée, a posé toutes ses lignes de basse telles qu’elles le sont aujourd’hui. Au final, toute cette fusion est hyper marquante pour nous. Puis, suite à cette première maquette qui sonnait plutôt bien, on essaye de voir si ça peut aller un peu plus loin. C’est là que l’on a rencontré Nathalie Ridard (ndlr : directrice et fondatrice de l’agence Ephélide) qui trouvait cela cool et a envie de travailler avec nous. S’entama donc des discussions avec le label Drop In, avec des sujets comme un vrai contrat, un vrai EP et un nouvel enregistrement studio. La machine se met en route à ce moment-là… (regardant les autres) je vais peut-être m’arrêter là…
G : On est toujours trop long pour cette question ! (rires) Après ce rendez-vous, les choses commencent à se mettre en perspective et l’agence de presse confirme une possible collaboration. Tous les éléments du puzzle arrivent et commencent à s’imbriquer. Nos premiers shows se programment dans le sud-ouest et on prépare en studio histoire de peaufiner l’EP. Il voit le jour en février 2013 et on a plein de belles retombées de la part de OÜI FM, Le Monde, Les Inrocks, des diffusions sur Inter… Premiers grands moments pour nous, absolument inattendus. On était des inconnus, tout comme le label, et au final on s’en sort super bien. Derrière, tout ceci donne envie de poursuivre et on décide de se professionnaliser et d’améliorer nos performances sur scène. Et petit à petit nous vient l’envie de sortir un album avec la plupart des morceaux qu’on joue en live. On a du faire des choix mais on a trouvé les dix bons titres. Retour en studio pour quelques arrangements discrets… à la guitare ! Pas avec les claviers, rien d’électronique. Puis, enfin, l’album est sorti le 6 octobre et on a cinquante à soixante concerts dans les pattes… On a eu de la chance très vite même si on n’était pas forcément prêts.
Vous étiez, au commencement, tous fans de ce nom mythique du surf à la base et de cette facette de la culture californienne ?
G : En fait, ce n’est pas qu’on est fans de Miki Dora. On est d’abord surfeurs et on a grandi dans cet univers-là. Ce qui nous plait dans le surf c’est moins les “beach boys” qu’un côté plus “noir et blanc”, plus la contre-culture des années 50 qui a influencé tout ça. Et donc, l’une des icônes de cette période, c’est le gentleman bad boy, le sulfureux Miki Dora, qui était hors la loi dans plusieurs pays du monde, qui voyageait entre les pays sans autorisation donc voilà… un mec très décrié mais qui avait du style sur la planche et qui a fini ses jours à 150 mètres du studio où l’on a enregistré. Et donc, dans les mémoires de Miki Dora qu’un jour Franck a feuilleté, il s’amusait à classer ses congénères surfeurs en quatre groupes, dont un qu’il appelait “The Dedicated Nothing”. Et on a choisi celui-ci parce qu’on aimait bien l’opposition entre le fait d’être dédié à quelque chose et l’idée de néant. On le traduit par le fait de faire ce que l’on veut à fond et qu’on s’y dédie vraiment sans envisager d’enjeu ou de drame. On fait cela pour le plaisir.
D’ailleurs, pourquoi cette période du rock californien et pas celle d’après, plus représentée par des artistes de skate punk ou de pop punk ? Car, celles-ci englobent, elles-aussi, la culture du rock et du surf de manière plus globale et semble plus rapprochées de vous en terme d’âge. (ndlr: elles ont fait leur apparition vers la fin dans années 70)
G : En fait, on n’a pas été influencé par les années 50, on a juste choisi comme représentation de ce que l’on trouvait bien et cool ce personnage de cette époque. Mais les années 50 californiennes ne nous influencent pas du tout. Ni notre vie, ni notre musique, ni rien du tout. On avait juste envie de se trouver une identité propre pour nous répandre. On est plus influencé par le Royaume Uni et la côte Est des Etats Unis.
Donc ceci n’a absolument rien à voir avec la Californie.
G : Ouais, c’est ça. On ne fait pas de la surf music des Beach Boys. On aime plutôt Interpol, les Strokes, Arctic Monkeys ou ce genre de chose. Il n’y a que l’image du groupe qui provient de la Californie.
Pour en revenir sur votre présentation, comment se passe ce partenariat avec Quiksilver ? Il semble que c’est un lien qui, autre que le label, vous a aidé à avancer musicalement.
G : Mais grave ! Quiksilver fait partie des marques qui ont vraiment mis le pied à l’étrier afin de développer le côté musique de leurs événements surf. Du coup, en créant ce label, ils nous ont donné l’opportunité non seulement d’accéder à un studio qui fait partie du top 10 en France mais surtout de nous faire accéder à des scènes surprenantes, à l’image des Arènes de Bayonne.
M : Beaucoup de choses en rapport avec les Championnats du Monde de Surf surtout. Et je sais qu’avant, ils organisaient de très très gros plateaux…
Qu’en avez-vous conclu et après de cette première sortie ? Aucun moment de doute quant à la possibilité de faire mieux ou de faire moins bien avec un nouvel essai ?
F : En fait, le premier EP, on l’a composé dans l’urgence… Enfin, pas dans l’urgence dans l’idée de deadline, mais dans l’idée de rapidité et c’était ça l’idée. Surtout qu’après on comptait déjà sortir un premier essai donc cela nous a permis de mûrir nos sons, de les jouer en live et justement de les retravailler en studio. On voulait mûrir, mais on voulait garder ce fil rouge de spontanéité pour cet album, et ce fil rouge on l’a acquis grâce à notre EP. On a appris qu’il fallait faire vivre nos morceaux en live et les faire évoluer en fonction des feedbacks.
Il y a eu beaucoup de feedbacks de la part des médias et du public ?
M : Plutôt pas mal à notre échelle !
F : C’était énorme même si, entre guillemets, “ce n’est rien” comparé à d’autres groupes. Mais il ne faut pas oublier qu’on provient d’un label inconnu, que ce n’est que notre premier signature… C’est un bon point pour notre estime et ça fait du bien. Cela crédibilise notre démarche musicale et notre démarche professionnelle. Quand un mec du milieu te dit que ce que tu fais, c’est bien, tu as déjà des signaux qui t’aident à avancer et à aller plus loin. A la sortie d’un album ou d’un EP, on attend toujours de savoir comment ça va réagir et là, les médias nous confortent quant à notre musique.
Très bien. Après votre EP, voilà qu’en septembre 2014 voit le jour votre premier album “Dawn To Dusk” et c’est d’ailleurs ce pourquoi vous êtes ici ! Et déjà dans le titre de l’album, on ressent l’idée du surf avec l’image de l’aube et du crépuscule, moment à priori primordial pour tout bon sportif…
G : “Dawn To Dusk” signifie “de l’aube au crépuscule” donc, en effet, ceci se rapporte aux sessions de surf. C’est le matin que celles-ci sont les meilleures en réalité. Mais c’est surtout l’histoire d’un cycle avec l’idée du début et l’idée de la fin.
Passer à autre chose, de l’EP à l’album notamment.
G : Un peu oui. En fait, cette chanson est un peu représentative de comment nous avons créé ces morceaux. Elle est née en deux heures lors d’une résidence (ndlr : session durant laquelle le groupe travaille son aspect scénique) comme la plupart de nos compositions et la première fois qu’on l’a joué en live, ce fut très intense émotionnellement. Du coup, on trouvait que c’était une bonne image de ce que l’album allait donner. Et, en effet, l’idée de cycle c’est l’idée du début de l’album mais la fin de l’EP. Je ne sais pas si vous avez écouté l’album, mais ce côté crescendo avec de simples paroles, on l’a trouvé suffisant pour emmener le public vers une explosion.
Vous avez réalisé beaucoup de résidences ?
G : Nous avons la chance d’être en partenariat avec l’Atabal (ndlr : salle de répétition de Biarritz) et du coup, après une trentaine de répètes, on a vite eu l’opportunité de répéter en conditions réelles. Donc oui, plutôt pas mal de résidences. Et on a toujours l’opportunité d’en faire aujourd’hui vu qu’ils nous soutiennent localement.
C’est important les résidences pour les jeunes groupes en pleine préparation ?
C : C’est totalement différent que de répéter en studio, donc oui c’est important !
M : On est vraiment en condition live, sur une grande scène avec des retouches, du volume, du son, tous les éléments de batterie. C’est vraiment super agréable et on remercie encore tout ce beau monde qui nous a aidé et nous aide. D’ailleurs, dès la première résidence, nous avons rencontré Olivier Garcia qui nous a fait le son et depuis, c’est devenu un super pote à nous et notre ingé son. (rires)
Comment s’est passé l’enregistrement de “Dawn To Dusk” ? D’une façon totalement naturelle ?
F : Tout était quasiment achevé déjà à la sortie de l’EP, donc tout s’est relativement déroulé de façon naturelle. Le dernier morceau qu’on a écrit, c’est la dernière piste de l’album, “Stand With Me” donc c’est le plus loin où nous sommes allés en studio.
Et après quelques semaines, quel a été, en majorité, l’avis des médias quant à cette spontanéité ?
G : Le vôtre, d’abord ! (rires)
Ah, le nôtre ? On a beaucoup aimé l’album même si, à un certain moment, on se perd un peu dans votre univers sombre. Notre morceau préféré, c’est le titre d’ouverture “When We Were Kings”, qui est le morceau, à notre goût, le plus représentatif de votre univers. On a même préféré cette ouverture à celle de votre EP. D’ailleurs, quelle est, pour vous, la chanson qui définit le mieux l’album ?
M : “Hopes” !
F : Ouais, “Hopes”.
C : Moi je dirais “Mind Love”.
G : Pour moi ça serait “You Want To Know” avec son côté sautillant, dansant et hyper cool. J’adore la jouer surtout.
Ce disque marque, par ailleurs, la confirmation de votre son garage et progressif. Votre travail en studio vous a-t-il, malgré tout, aidé à remanier votre son ? Un bon son de guitare est primordial quant à la bonne tenue d’un morceau.
C : C’est vrai que ce côté dark, comme nos compositions, est venu assez instinctivement. Nous n’avions pas défini un créneau, un style ou je ne sais quoi.
F : On ne s’est pas dit “rajoutons un côté dark”, c’est le côté dark qui s’est plutôt extériorisé du titre.
C : Je pense qu’il y a aussi une partie de nos influences qui a joué un coup. Elles sont très larges. Et il y a aussi un socle commun dans lequel on se retrouve tous avec un son rock affirmé. On a voulu cet album sans artifice et autonome.
M : On était vraiment livrés à nous même.
En termes de technique, vous jouez beaucoup avec les deux oreilles avec votre disque. Lorsqu’on l’écoute, on a presque la sensation de vivre la musique et de vous avoir en face de nous, sur une scène proche de la plage. Une envie de votre part de rester dans une production particulière ?
M : En ce qui concerne la batterie, cela se fait en général très souvent. Par contre, c’est vrai que les guitares, on a voulu beaucoup les isoler et les exposer de manière séparée.
G : C’était surtout pour alléger nos morceaux et spatialiser le son. Moi je chante et je fais des riffs rythmiques à la guitare. Et du coup, avec l’autre guitare, il ne faut pas que tout se mange, il faut vraiment que tous les instruments et tous les sons vivent. On aime le power, mais on veut que tout soit bien clean et complémentaire. Par exemple, sur scène, Clément joue avec une Gibson demi-caisse et moi avec une Telecaster et on arrive désormais à trouver l’alchimie afin d’imbriquer nos deux instruments ensemble.
Pour finir, notre média s’appelle “RockUrLife” alors qu’est-ce qui rock votre life les gars ?
G : Moi je connaissais déjà “RockUrLife” !
C : Qu’est-ce qui rock notre vie…
M : La musique, tout simplement.
G : Moi je dirai que c’est notre groupe.
Merci à vous et à très vite !
Site web : thededicatednothing.com