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THE FAIM (07/06/22)

English version

Quelques heures avant de fouler la scène du Trabendo pour leur date parisienne, Josh Raven et Linden Marissen, respectivement chanteur et batteur de The Faim, ont accepté de répondre aux questions de RockUrLife. Ils nous disent tout sur leur nouvel album Talk Talk, leur processus créatif et leur tournée.

Salut à tous les deux et merci de prendre le temps de discuter avec nous. Mettons les choses au clair directement, qui est qui ?

Josh Raven (chanteur) : Je vais commencer. Salut, je suis Josh et je suis le chanteur principal de The Faim.

Linden Marissen (batterie) : Hey. Et je suis Linden et je joue de la batterie dans The Faim.

La première question est la même question que l’on pose à tout le monde en ce moment : comment se sont passés ces deux dernières années avec le COVID et le reste ?

Linden : Oui, évidemment c’était assez tumultueux, assez intéressant, comme la plupart des gens dans l’industrie musicale ont pu le voir. Pour The Faim, nous avons passé la plupart de notre temps en Australie à écrire notre second album. Cela nous a pris les deux dernières années et demie pour le finir et c’est principalement ce que nous avons fait ces deux ans vu que nous ne pouvions pas faire de tournée.

Maintenant que vous pouvez repartir en tournée à nouveau et que le nouvel album Talk Talk sort le mois prochain, comment vous sentez-vous ?

Josh : Je pense qu’on se sent incroyablement reconnaissants et je pense qu’on est très heureux d’être ici. Pendant longtemps nous n’étions pas sûrs de pouvoir nous retrouver dans cette position tellement c’était difficile de voyager et tellement ces deux dernières années ont été dures pour tout le monde et pour toutes les industries dans le monde entier. Mais je pense qu’on est juste vraiment très heureux d’être là, de jouer dans des festivals, de faire des concerts et tout simplement de voir la musique live renaître. C’est vraiment très excitant.

En tant que média français nous devons vous parler du nom du groupe. Vous le prononcez “the fame” ?

Josh : Oui.

Mais cela signifie aussi la faim en français.

Linden : Vous dites “la faim” ici, c’est cela ?

Oui. “La faim“, c’est prononcé comme la fin. Le jeu de mot est assez drôle. Comment vous en êtes venus à choisir ce nom ? Qu’est-ce qu’il vous inspire maintenant ?

Josh : On est un peu tombés dessus. On n’a pas décidé du nom de façon intentionnelle. Au début on aimait juste ce que cela donnait sur papier parce qu’on aime le mot “fame” mais nous n’aimions pas sa connotation en anglais. Après on a joué un peu avec différents mots et on a su que c’était un mot français que quelques temps après. Et quand on a appris ce que cela voulait dire, je pense que ça vraiment quelque part solidifié ce que nous voulions que le groupe représente. Et pour nous cela représente le voyage incessant dans la musique, la soif d’évolution constante et d’exploration et d’expérimenter différentes choses puis de les exprimer à travers notre musique. Je pense que cela veut toujours dire la même chose. C’est simplement l’évolution constante de ce qu’est la musique pour nous.

Cela vous plairait qu’on vous appelle The “Faim” tel que c’est prononcé en français ?

Josh : Les gens peuvent nous appeler ce qu’ils trouvent le plus aisé. Oui, franchement cela me va.

Linden : Cela m’aiderait à apprendre le français donc. (rires) Les gens peuvent faire ce qu’ils veulent !

© Jake Crawford


En tant que français cela peut être un peu étrange d’avoir à choisir entre prononcer “faim” en français ou en anglais. Mais changeons de sujet vers le nouvel album. Quelles étaient vos inspirations lorsque vous l’écriviez ? Livres, film, etc.

Linden : L’album a beaucoup été inspiré. La plupart de son écriture a été fait par le groupe lui-même. Dans le passé, nous avons beaucoup travaillé avec des co-compositeurs, et c’est ce que nous avons fait pour celui-là aussi, mais beaucoup de choses viennent de nous. C’était vraiment grisant de le faire à ce point cette fois-ci. Tout le monde dans le groupe a tellement d’influences différentes. Du coup Talk Talk est comme un mélange de nous quatre et aussi de quelques co-compositeurs mis tous ensemble. Et c’est ce qui a donné l’album à la fin.

Quand vous dites co-compositeurs, vous voulez parler des co-producteurs qui ont travaillé sur l’album ou bien c’est encore autre chose ?

Linden : Dans certains cas, le co-compositeur ou co-producteur a co-écrit la chanson. Je sais que Matt Pauling a écrit “The Alchemist” avec Steven [ndlr : Beerkens, bassiste and clavériste] mais, tu sais, les producteurs sont au final si cruciaux et précieux dans le processus d’écriture, car ils apportent tellement aux morceaux.

Vu que vous avez travaillé avec plusieurs producteurs, comment cela a-t-il aidé à créer cet album ? Vous pensez que cela le rend plus cohérent ou justement le contraire ?

Josh : Je pense qu’avoir des producteurs, et dans ce cas en avoir moins, nous a pour le coup vraiment aidé à nous approcher d’une sorte de son global. Tu sais, la façon dont on a procédé dans le passé, vu que nous faisions tellement de tournées, tout se passait très rapidement. On avait pas vraiment le temps de s’asseoir à un endroit et de faire tout cela. Et honnêtement, dans cette position, je pense que nous aurions aimé faire plus de choses avec un [producteur] si c’était possible. Mais on est suffisamment chanceux d’avoir pu faire une bonne partie de l’album avec quelqu’un que Linden vient de mentionner, Matt Pauling. On a fait six morceaux avec lui, ce qui a vraiment permis de définir le son de l’album. Et pour reprendre ce que disait Linden, je pense que les producteurs apportent tellement à un album. Faire venir quelqu’un qui peut comprendre notre vision et comprendre notre processus, comprendre la chanson et ensuite aider à l’élever et aussi aider à nous pousser et nous sortir de nos propres têtes pour approcher la chanson ou l’album d’une façon différente. Donc je pense que c’est quelque chose de crucial pour le processus créatif.

Oui parce que les producteurs peuvent aussi radicalement changer le son d’un album. C’est ce que vous vouliez ou bien ou préfériez rester le plus proche possible des idées initiales que vous aviez en écrivant les morceaux ?

Linden : En gros, on est arrivés à un stade où nous étions tous très contents des démos. Celles qui ont fini sur l’album étaient à différents stades de finition. Certaines étaient quasiment finies, comme “Flowers” et d’autres ne l’étaient qu’à moitié. Mais oui, on a l’habitude d’essayer de faire le plus possible de notre côté puis qu’un producteur vienne et change quelques trucs, construise le son et, au fond, rende la chanson un peu meilleure.

Justement, avez-vous écrit tout l’album avant d’aller en sessions d’enregistrement ou est-ce qu’il y a eu des morceaux qui sont arrivés sur le tard, un peu de façon impulsive ?

Josh : Oui il y a eu des morceaux qui ont arrivés plus tard. L’album en lui-même a essentiellement été écrit pendant les deux dernières années. Certaines au début, certaines au milieu et d’autres à la toute fin. Une de nos chansons, “ERA”, a littéralement été écrite le dernier jour d’écriture. C’est la dernière chanson qu’on a écrite et elle a été terminée à la toute fin. Donc oui, cela s’est vraiment étalé sur une longue période, mais encore une fois c’est super pour nous. Surtout lorsqu’on voit des morceaux comme “Flowers” and “Ease My Mind”, qu’on a écrits tous les quatre dans une pièce à Perth, finir sur l’album et briller de leurs propres façons. C’est intéressant de voir à quel point cela s’étale dans le temps.

© Jake Crawford


A propos de “ERA” justement. Dans le refrain vous dites “c’est la fin d’une ère et le début d’une autre“. Est-ce que c’est comme cela que vous décririez le morceau, l’album ? Est-ce que vous avez l’impression d’effectivement fermer un chapitre ?

Josh : Oui. Je pense qu’on a tous cette impression. Ce second album nous a définitivement ouvert la porte vers une façon d’approcher les choses différemment à l’avenir. Et la façon dont on aborde le processus créatif, la façon dont nous voulons faire ressortir le meilleur de chacun de nous à l’avenir également. Et aussi ce que nous voulons que le groupe représente et ce que nous voulons que les gens ressentent avec nous au fil du temps.

Est-ce qu’il y a une signification particulière au fait qu’elle ait été mise à la fin de l’album ?

Linden : On pensait que c’était la meilleure place pour la chanson, pour être honnête.

Josh : Oui. J’aime la signification qu’ont les paroles. C’est pour cela que j’aime la fin, mais c’était aussi une très bonne conclusion de par la façon dont la chanson se termine. Et c’était aussi raccord avec la sorte de concept de la destination de l’album. Cela a du sens, tout simplement.


Bien sûr, et c’est justement l’une de nos questions. Y a-t-il un thème, un concept autour de cet album ?

Josh : Je pense que le concept général pour l’album. C’est difficile de tout mesurer d’un coup mais l’aspect le plus important était les expériences que nous avons vécues ces deux dernières années. Même s’il a été écrit pendant la pandémie, ce n’est pas un album sur la pandémie. Le côté positif est bien plus mis en valeur que ce que nous avons fait par le passé. Le premier album était plutôt sombre et avait également différents contrastes dans le son et le concept, mais celui-ci est bien plus concentré. Et nous voulions mettre en valeur différents attributs. C’est pareil pour nous tous. Sam et Steve sont devenus de très bons producteurs et Linden est un incroyable batteur, nous voulions vraiment commencer à montrer ces choses-là plus souvent vu que nous en avions le temps, plus que jamais.

En ce qui concerne le concept global, je pense que nous voulions que les auditeurs voient cet album tel que nous sommes plus qu’une liste de noms et de gens avec lesquels nous avons travaillé. Nous voulions utiliser nos propres atouts. Et même si l’album est globalement assez positif, il y a quand même beaucoup d’éléments sombres dedans, parce que les deux dernières années ont été incroyablement difficiles. En particulier pour nous personnellement et en tant que groupe. Même si nous avons écrit deux albums, c’était le processus le plus difficile que nous ayons eu à suivre jusqu’à maintenant. Et oui, c’est amusant parce qu’on peut jamais vraiment prévoir comment ces choses-là vont se faire. Je pense que, globalement, nous voulons que les gens ressentent de la positivité en écoutant cet album et qu’ils comprennent ce qu’on été ces deux dernières années pour nous.

Oui et si on se souvient bien, vous étiez tous séparés quand vous avez enregistré l’album pendant la pandémie.

Linden : Oui. Enfin, tous les morceaux ont été enregistrés dans différentes circonstances. “Ease My Mind” et “Flowers” par exemple ont été enregistrées à Perth quand nous y étions tous les quatre. Mais pour d’autres comme “You (And My Addiction)” et “madly, badly, fixed”, Josh et Stephen étaient à Los Angeles, Sam à Melbourne et moi à Perth. Donc on a dû faire en sorte que cela fonctionne, avec Zoom et des notes vocales qu’on s’échangeait. C’était plutôt intense. Donc non, aucune chanson sur l’album n’a été enregistrée de la même façon. Elles sont toutes différentes, avec différentes circonstances. Et c’est à la fois une bonne et une mauvaise chose, selon le point de vue.

Pensez-vous que cela vous a aidé à évoluer en tant que musiciens et producteurs ?

Linden : Cela te fait évidemment évoluer, tu te retrouves dans de nouvelles situations auxquelles il faut que tu t’adaptes. Et une fois que tu l’as fait, tu peux en apprendre et prendre les choses que tu as apprises pour les appliquer à d’autres choses que tu feras dans le futur, ce qui est vraiment pratique.

© Jake Crawford


Talk Talk est votre second album. On entend souvent parler du soi-disant deuxième album, de la pression qu’il y a à livrer quelque chose d’aussi solide que le premier. Vous avez ressenti cette pression en enregistrant celui-ci ?

Linden : Honnêtement, ce que nous ressentons principalement est de l’excitation. Avec toutes les incertitudes qu’il y a dans le monde et dans l’industrie musicale depuis ces deux dernières années et demi, on a presque eu l’impression que cet album ne se ferait jamais. Il y avait tellement de conversations, de projets qui ont été faits et qui ont dû être annulés. Et puis, voilà. Donc on est juste très contents qu’il soit enfin là. Il sort dans à peu près un mois maintenant.

Un mois presque jour pour jour.

Linden : C’est quasiment un mois !

Josh : Un mois et douze heures ! (rires)

Linden : On va te donner le bénéfice du doute. (rires) Mais oui, on est juste vraiment excités et on espère que les gens vont l’aimer.

En tout cas on l’a bien aimé.

Linden : Oh, merci.

Josh : Merci. Il y en aura d’autres, j’espère. (rires)

Vous avez eu un énorme succès avec le titre “Summer Is A Curse”. Avez-vous ressenti une sorte de pression à l’idée d’écrire quelque chose du même niveau ?

Josh : Non. Enfin, on avait des idées en tête. Une fois qu’on atteint ce niveau de succès, on veut évidemment essayer de le recréer, ou alors on se fait certaines réflexions. Et il y a toujours cette pression de vouloir atteindre ce genre de succès. Mais je pense qu’au final on a atteint un point où on en avait fini avec cela. On était un peu : “OK, on va juste écrire de la musique et voir ce qui va se passer“. Parce que dès que tu poses des paramètres sur les choses, à mettre des mots dessus, à vouloir que cela devienne quelque chose, la chanson ne sera au final jamais aussi bonne et n’aura jamais ce statut. La raison pour laquelle “Summer Is A Curse”, je trouve, a atteint le niveau de succès qu’elle a atteint. Personne ne l’avait prédit, personne ne s’est dit : ““Summer Is A Curse” est LE tube de l’album“. Et je pense que le morceau s’est fait d’une façon tellement naturelle pendant son écriture. C’est sûrement la chanson la plus courte qu’on ait écrite en termes de temps qu’on a passé à la finir.

Et je pense que c’est une raison majeure aussi. Je pense que la façon dont on appréhende l’écriture d’une chanson maintenant est que si une chanson atteint ce niveau de succès, super. Mais dès que tu essayes d’écrire une chanson dans ce but -ce qu’on a fait pour être totalement honnête, on a essayé de faire cela en se disant : “allez on essaye cela et cela” – cela ne fonctionne juste pas. Et en plus le morceau en lui-même n’est juste pas bon. Je pense que la meilleure chose à faire est de servir le morceau et de servir ce que tout le monde [le groupe] en pense sur le moment.


Pensez-vous qu’il y a une chanson qui pourrait être LE tube de l’album ?

Josh : Toutes. Non, non, je rigole. (rires)

Linden : Je trouve que “The Hills” est un morceau assez spécial. De par sa place dans l’album. Mais en fait j’aime toutes les chansons pour des raisons différentes, mais je ne sais pas. C’est très subjectif au final, personne ne peut vraiment prédire ce que les gens vont aimer.

Josh : Exactement.

Linden : Personnellement je pense que “The Hills” est l’une de mes préférées. Elle fait ressentir le même genre d’émotions que “Summer” [Is A Curse].

Josh : Et on dirait qu’elle a le même écho en live, aussi. A chaque fois qu’on la joue, le public a l’air de vraiment l’aimer, ainsi que des chansons comme “Flowers” qui n’intéressait personne. A part nous. (rires) Jusqu’à ce qu’on commence à la jouer. Ce morceau est en train de monter parce que c’est un morceau très spécial pour nous en tant que groupe parce que, encore une fois, nous l’avons écrit tous ensemble à la maison à Perth. Tous ensemble dans une même pièce. On a de très bons souvenirs sur cette chanson.


C’est intéressant parce qu’en écoutant l’album on a la sensation que le morceau “The Alchemist” est un peu le cœur de l’album. Il est presque au milieu et a ces sons très doux, avec de très bonnes paroles. Qu’est-ce que vous évoque cette chanson ?

Linden : Alchemist ? Oui, personnellement j’aime beaucoup “The Alchemist” également. Comme tu as dis, c’est une couleur différente sur l’album, quelque chose que nous avions pas encore fait au niveau du son. Stevie et Matt Pauling ont écrit cette chansons ensemble donc je n’en connais pas tous les détails mais je l’aime bien sur l’album. Je n’en voudrais pas sur tout un album. (rires) Mais c’est cool de l’avoir, une texture sonique différente.

Josh : C’est comme un rince-bouche.


L’album contient un peu le panel complet de ce qu’on peut attendre de la pop music. “Faith In Me” et “The Alchemist” ont ces sons doux dont on parlait plus tôt mais il y a aussi les sonorités plus rock, plus crasses, plus dures. Est-ce que c’était votre souhait ? Que tout le monde y trouve son compte ?

Linden : The Faim a toujours couvert beaucoup de terrain en termes de sonorités. Il y a le côté plus pop, comme tu dis. Et plus récemment il y a eu ce côté rock qui est arrivé. Mais ce n’est pas une volonté de notre part d’essayer ces choses spécifiquement. La plupart du temps c’est ce qui arrive avec les chansons que nous écrivons tous les quatre. On tire chacun vers des directions tellement différentes. Nous n’écoutons pas tous seulement du rock. Nous en écoutons, mais nous écoutons beaucoup d’autres genres différents. Donc cela ne va pas ressembler à un seul genre. C’est le plus important. Nous aimons avoir un mélange de genres. Parce que quand tu as tout un album de chansons qui sonnent exactement pareil, on s’ennuie, tu t’ennuies et tout le monde s’ennuie. (rires) Cela n’a jamais vraiment fonctionné pour nous. Je ne pense pas. Cela n’est jamais arrivé avant.

Josh : Et puis on aime expérimenter, être créatifs, aussi. Je pense que c’est dans notre sang et dans notre tête. On a déjà écrit des chansons aux sonorités similaires mais je ne pense pas que nous pourrions faire tout un album d’un seul et même genre. Ce serait difficile parce qu’on a tous des influences différentes. Je pense que c’est du coup ce qu’il y a de plus spécial parmi nous quatre, parce que tu n’auras jamais la même chanson sur un album parce qu’on essaye toujours de s’écarter de ce chemin. Le processus créatif a toujours tendance à changer et nos conversations musicales ont toujours tendance à évoluer à mesure que nous évoluons en tant que musiciens et que nos propres perspectives évoluent.

Et vers quelle direction voudriez-vous expérimenter, en termes de genres, de styles ?

Linden : Je dirais qu’aller dans une direction plus “alternative” serait quelque chose que j’aimerais pousser. Que ce soit de la pop, du rock, un truc plus lourd, qu’importe, l’idée c’est de pousser les frontières de ce domaine.

Josh : Oui, je pense qu’on est tous dans le même bateau, le monde alternatif. Que ce soit le côté rock ou le côté pop. C’est ce vers quoi on penche le plus à mesure que le temps passe. D’autant plus que l’alternatif permet de faire un peu tout, en réalité. Cela pourrait être de la pop à l’ancienne, du rock à l’ancienne. Et je pense que notre set de concert a toujours tendance à avoir ce côté rock aussi. Je pense que le mieux à faire c’est de se déplacer un peu à gauche du centre. On a toujours fait des choses très directes et je pense qu’à l’avenir nous souhaitons utiliser les talents uniques que nous avons dans le groupe et leur permettre de briller.

© Jake Crawford


L’album s’intitule Talk Talk. Comment avez-vous trouvé le nom ? Est-ce que c’est une référence au groupe ?

Josh : (rires)

Linden : (rires) Non, pas de référence. Je ne savais même pas que c’était un groupe. C’est mon ignorance qui parle mais je ne savais pas qu’il y avait un groupe dans les années 80 qui s’appelait Talk Talk. Depuis j’ai écouté et c’est super. Mais oui, Talk Talk était un bout de paroles d’une de nos chansons qui n’est pas sur l’album. Pour être honnête, je ne sais même pas pourquoi c’est le nom de l’album. Je ne sais pas pourquoi c’est resté.

Josh : (rires)

Linden : On a cherché quelques définitions mais celane me parle pas. C’est juste un mot cool.

Josh : C’est la raison première de pourquoi on l’utilise en titre, honnêtement. Il faut être totalement honnête et transparent. La raison première c’est que cela avait l’air cool. J’aime bien quand les choses ont du sens. C’est qui je suis en tant que personne. Mais on a découvert le sens au fil du temps. C’est similaire à notre nom The Faim, en fait. On a découvert le sens après l’avoir choisi.

Cet album est vraiment un produit de conversations très profondes et honnêtes avec nous-mêmes, entre nous et avec d’autres artistes, d’autres musiciens. L’album a vraiment pris forme grâce à toutes ces conversations et expériences. Et j’aime aussi l’autre sens caché. On est dans un monde où on est entourés de grands discours, et c’est un peu comme une insinuation qu’on ne sait jamais ce qui est vrai ou faux. La seule chose à laquelle on peut se fier c’est sa propre boussole interne. C’est la chose la plus honnête que tu trouveras dans le monde d’aujourd’hui.

Du coup l’album est introspectif ? Avec un message similaire à “fais-toi confiance” ?

Josh : Je ne dirais pas nécessairement “fais-toi confiance“. Il est très introspectif en revanche, tout au long de l’album. Que ce soit à propos de relations ou bien nos réflexions, ce que nous ressentons en ce moment ou bien le regard sur le passé ou le futur. Je ne dirais pas non plus que c’est nécessairement positif ou triste, mais c’est très introspectif. Et je pense que c’est parce que ces deux dernières années ont été des expériences enrichissantes. En particulier après ne pas avoir pu tourner et ne pas avoir la distraction constante d’être occupé en permanence, on a dû regarder en nous, ce qui était difficile à faire pendant un moment. Mais c’est pour cela que l’album a cette sorte de sensation introspective.


Vous allez être occupés prochainement.

Linden : On est déjà très occupés. Très occupés. Pendant un à deux mois. Mais on ne changerait cela pour rien au monde.

Josh : Oui c’est super.

Vous avez entamé une tournée au Royaume-Uni et en Europe il y a quelques temps.

Linden : Et avant celanous faisions une tournée promotionnelle en Allemagne et en France. Donc cela fait presque deux mois qu’on a commencé maintenant.

Et vous jouez à Paris ce soir. On a un live report de prévu, d’ailleurs.

Linden : Super ! Tu es chaud ? Au top.

Josh : Donne-nous quelques remarques ! Dis-nous si tu as des remarques sur le show. (rires) On adorerait connaître tes chansons préférées.

“Ease My Mind”, “The Hills” sont vraiment cools.

A quel point vous êtes excités de jouer live à nouveau ?

Linden : C’est super. Tout le monde dans le groupe adore faire des concerts et surtout d’avoir certaines des nouvelles chansons dans le set. Cela plus le fait qu’on a passé deux ans et demi sans pouvoir tourner. Tout le monde est très très enthousiaste, vraiment excités de jouer. On apprécie simplement l’instant. Et Paris a toujours été sympa avec nous. Le public français est toujours incroyable. Très très excité. Paris est toujours top avec nous.

Vous devez être excités d’avoir un retour, une réaction du public aux nouvelles chansons, en plus.

Josh : Complètement.

Linden : On a mis quelques nouvelles dans le set et c’est vraiment super. C’est tellement cool de voir la réaction des gens qui n’ont pas encore entendu ces morceaux et avoir la première écoute de cette façon. Ouais c’est vraiment cool.

Josh : Oui cela l’est. Et je trouve que cela nous donne une sorte de baromètre aussi. Parce que parfois on peut un peu rester sur nos à prioris, surtout après avoir passé deux ans et demi à écrire un album, à savoir quelles chansons on aime, quelles chansons sont bien, tu oublies un peu ton instinct là-dessus. Maintenant qu’on joue ces morceaux en concerts, cela confirme l’instinct qu’on avait pour certains morceaux et en plus cela l’amplifie quand on voit la réaction du public. Ce qui est très spécial et très important. C’est ce qui nous manquait ces dernières années. Pouvoir ressentir cela à nouveau est tellement incroyable.

Vous avez l’opportunité d’un peu bousculer la setlist.

Josh : C’est le plus gros set qu’on ait jamais joué, je crois.

Linden : Oui. On y a passé du temps. On a eu des répétitions pendant quasiment deux semaines où on testait quelles nouvelles chansons nous voulions jouer, dans quel ordre les placer, etc. Et oui, on a passé beaucoup de temps à se concentrer sur la setlist, on est plutôt contents de ce que nous avons décidé. Mais oui, il y a beaucoup de nouvelles chansons, beaucoup d’anciennes.

Est-ce qu’elle change en fonction de la réaction du public ?

Josh : Elle n’a pas changé cette fois.

Linden : Pas vraiment. On a juste choisi une setlist que nous pensons vraiment bien et que nous pensons que le public va aimer. Et que nous aimons, principalement. (rires) Sinon qu’est-ce qu’on fout là ?

Josh : Si on ne s’amuse pas le public va le voir assez vite. (rires).

Linden : Mais oui, toutes ces choses entrent en jeu.

Josh : Cela a fonctionné jusque-là !

Linden : Oui. Jusqu’ici tout va bien.

Josh : On n’a pas été hué pour l’instant.

Linden : Oui, c’est toujours un bon signe. (rires)

Comment diriez-vous que vos concerts ont évolué ? A quoi peut s’attendre le public ?

Josh : Je pense que ce qui a le plus évolué est le fait qu’on a eu le temps de vraiment se concentrer sur nos parties respectives et lisser les petites aspérités avec ce que nous voulons faire briller et ce que nous voulons faire. Sam [Samuel Tye, guitare] par exemple, passe tellement, tellement de temps sur les pistes . Le pauvre. Mon dieu. Mon dieu.

Linden : Les tonalités de guitare. Interminable.

Josh : Il est juste tout le temps là-dedans. Il est comme un petit scientifique fou, un inventeur, toujours à la recherche de ce genre de sonorités.

Linden : La tonalité parfaite.

Josh : Oui. Et je ne pourrais pas le faire. Je ne pourrais pas faire cela. Mais je rends à César ce qui est à César parce qu’il a vraiment donné vie au set, d’autant qu’on a tous beaucoup de pistes. Il travaille sans relâche. Tout le monde, à vrai dire. Tout le monde s’entraîne et affûte ses sections et il faut aussi garder l’énergie tout au long du set, parce que c’est le plus gros set qu’on ait joué. Seize morceaux.

Linden : [chuchote] Spoilers.

Josh : Oh, désolé, désolé tout le monde.

Ne vous inquiétez pas, l’article ne sortira pas avant un autre mois.

Linden : On aura fini d’ici-là. Oui. On aura genre dix-sept morceaux. (rires)

Josh : (rires) Oui, exactement. Mais je pense qu’on s’est vraiment mis au défi de faire ressortir le meilleur de nous-mêmes, en particulier après avoir été à l’écart pendant si longtemps. Nous voulons que le public voie le meilleur de nous.

Et qu’il se lâche, qu’il soit le meilleur public qu’un groupe puisse demander ?

Josh : S’ils viennent, avec un peu de chance. Je pense que le public donne le meilleur de soi quand les groupes et les artistes donnent le meilleur d’eux-mêmes aussi. Les gens veulent faire partie d’un moment. Et je pense que le plus important c’est de s’amuser et d’être présent avec le public.

Oui, surtout que les gens ne pouvaient pas assister à des concerts depuis deux ans.

Josh : Tout à fait oui. On a vu cette énergie, notamment lors de cette tournée en Europe. On a vu le public réagir très fort à la musique live. C’est incroyable.

Avez-vous quelques groupes australiens dont on n’entend pas forcément parler que vous aimeriez mettre en avant ?

Linden : Bien sûr. On peut parler de nos premières parties australiennes. On vient d’annoncer une tournée en Australie et on a de super groupes qui joueront avec nous. Le premier s’appelle TERRA et ils sont de Melbourne. Ils sont super, c’est un genre un peu plus lourd. Et l’autre s’appelle Bad Weather. Ils viennent de Perth comme nous. Ils ont un son un peu pop 80’s comme The 1975 mais ils sont incroyables et méritent beaucoup d’amour. On est vraiment excités de tourner avec eux. Donc dédicace à eux.

On y est, c’est déjà note dernière question. On s’appelle RockUrLife donc qu’est-ce qui rock votre life ?

Josh : Ouh, vas-y en premier.

Linden : Ce qui rock ma life. Wow, il m’a jeté sous le bus. Ce qui rock ma life…

Josh : J’en ai un si tu veux. (rires)

Linden : Vas-y en premier. Je réfléchis encore.

Josh : Il y a quelques choses qui rock ma life. Une qui est assez intéressante et que depuis récemment je suis un grand, grand fan de littérature et de méditation. Ce qui est drôle c’est que c’est l’opposé complet de ce qu’on attend de quelque chose qui rock ma life. Mais ces deux choses ont pris une grande place dans ma vie ces deux dernières années et demi et m’ont aidé à avoir un peu de perspective. Donc ces deux choses rock ma life.

A cause du COVID ?

Josh : Pas nécessairement à cause du COVID, mais je dirais que les obstacles et défis que le COVID a créés m’ont amené à découvrir ces choses et à les apprécier d’une façon différente.

Linden : Pour moi, j’en ai trouvé quelques uns ! J’adore la photographie. J’adore prendre des photos sur pellicule. J’en ai pris énormément pendant qu’on voyageait. J’adore la nourriture. La nourriture, vraiment, rock ma life. (rires) Ah mec, c’est le meilleur. C’est le meilleur. Et aussi j’adore voyager et j’ai vraiment apprécié mon séjour en France. Donc voilà. Trois choses.


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