Rich Robinson est de retour avec The Magpie Salute et la première partie d’un double album. Qu’attendre de cette réalisation ? Comment pense-t-il la musique et sa création ? C’est à lire sans attendre.
L’album démarre avec “Mary The Gypsy” et la fin de ce morceau est plutôt surprenante avec le piano. Pour un premier titre, c’est très curieux. Quelle était l’idée, le souhait avec une telle fin ?
Rich Robinson : C’est une manière de marquer le coup. Mais au sein du titre en lui-même, c’est une charge envers tout ce que l’on peut écouter de nos jours, toute cette merde, que l’on soit musicien, citoyen, humain. Tout le monde évoque le “faire moins” et la musicalité a perdu de sa superbe alors que le rock n’roll peut toujours te faire vibrer. Il reste intemporel et vibrant, toujours car la musique vit. C’est ce dont parle “Mary The Gypsy”, cette rage qui s’anime et qui souhaite reprendre les choses en main.
Vous n’aviez jamais vraiment sorti de nouveautés d’un point de vu créatif. Dans quel état d’esprit étiez-vous ?
Rich : Je compose toujours, donc j’ai toujours de quoi sous la main. Avec les [The Black] Crowes, c’était mon frère et moi. Je composais la musique, lui gérait les paroles. Dans ce groupe, je voulais davantage impliquer John et Mark, se réunir, composer, échanger les idées et… Si un titre ne demandait aucune retouche, alors personne ne repassait dessus et vice versa. On était davantage au service des titres et du groupe qu’envers nos personnes.
Quel est votre processus de création ?
Rich : Nous avions beaucoup d’idées. J’amenais par exemple une idée et nous travaillions dessus, en explorant diverses pistes.
C’est davantage une construction donc.
Rich : On peut dire ça oui. D’insister sur quelque chose, ce n’est pas toujours une bonne idée, il faut que ce soit plaisant tout de même. Il faut avoir un cadre mais tant que tu n’es pas en studio, que tout le monde joue, tu ne sais jamais vraiment ce qu’il peut se passer. Il nous est également arrivé d’enregistrer des titres et d’y revenir trois jours plus tard car ce n’était pas si bien. Il y a donc parfois un travail à faire pour corriger ce qui ne plait pas etc. Il faut y prêter du temps et de l’attention car dans 80% des cas, ce que tu fais est bien mais il arrive aussi de créer des trucs peu convaincants.
“J’espère que les fans pourront se soulager vis à vis de leurs tracas quotidiens en écoutant ces histoires, en y prenant plaisir et en les partageant”. La musique serait toujours une manière d’échapper à des sentiments/situations négatives ? Est-ce la raison pour laquelle on cherche à en écouter ?
Rich : Je pense qu’il y a l’aspect “relation” et “validation”. Peu importe ce qui arrive, ce que l’on traverse. Suite à une perte, tu vas écouter ce titre un peu triste, il va valider tes sentiments. “Oh wow, je sais ce que ça fait. Je peux m’y identifier”. Et si tu tombes amoureux, c’est exactement pareil. C’est donc une quasi validation de tes sentiments mais cette relation, quel que soit ton expérience, ta vie, tu pourras toujours créer ces liens envers un titre et t’y retrouver. La musique est ainsi, ou devrais être ainsi, au travers d’un mécanisme pareil.
Que recherches-tu lorsque tu composes un titre ? Quel est l’aspect le plus important à tes yeux ?
Rich : Une bonne chanson. Dans les années 80, la recette c’était de jouer vite : joue une note sur la basse, joue tes barrés le plus vite possible et voila. Dès cet instant, la créativité a disparu. Lorsque nous avons débuté, ou comme les groupes tels que Soundgarden, la musique fut de nouveau explorée, au centre des débats mais le mouvement s’est rapidement perdu par la suite, elle s’est perdue dans cette zone, sans doute à cause de la pop. Mais une bonne chanson, en ce qui me concerne, doit associer une musique intéressante, avec des paroles et une voix qui correspond à la musique. Il n’est pas question de : “voilà le chant et tout ce qu’il y autour”. Tous mes titres préférés sont ainsi faits. De plus, j’estime qu’une chanson doit délivrer un message, elle doit dire quelque chose, informer, traiter de sujet qui puisse toucher l’humanité ou traiter d’aspects créatifs. “Qu’est-ce ? Quelle est la portée ?”. Tu écris pour de l’argent ? Pour devenir célèbre ? Ou est-ce l’envie de t’exprimer et de partager ta vision du monde. Car au final, si cela plait, alors la musique sera partagée dans le monde. De là, cela peut toucher et concerner les gens, les rendre plus tolérant par exemple, mais pas que.
Avec toute votre expérience, toi et tes comparses, craigniez-vous parfois de vous répéter au travers de vos réalisations ?
Rich : Non. Composer, c’est comme une langue. Tu as des lettres et des mots et les écrivains parcourent les mots et les utilisent tels des outils et ils ont sans doute un tempo avec lequel ils écrivent un paragraphe. Côté musicien, tu as douze notes. Certaines sont primordiales et d’autres vont sonner différemment selon qui tu es et ton ressenti. Créer c’est juste créer. Je compose un morceau, point. Si le morceau est bon, alors c’est satisfaisant évidemment.
Comparé à la première partie de l’album, l’ambiance devient plus douce en fin d’écoute. Pourquoi ? Est-ce une manière de tendre vers la deuxième partie de cette réalisation ?
Rich : Nous avons enregistré deux albums, donc plutôt oui. Ce premier album a une histoire et une aventure musicale à suivre. Et le second aura également son propre concept, mais je vois l’ensemble telle une unique réalisation.
Pourquoi avoir enregistré deux albums ? Etait-ce un double album à la base ?
Rich : C’était censé être un double album avec vingt-huit titres mais ça aurait fait beaucoup trop. Autant en faire deux parties, cela laissera donc le temps aux fans d’écouter, de saisir ce qu’il se passe ici et de le digérer avant d’embarquer sur une nouvelle aventure. De plus cela créé une sorte d’attente dans l’histoire qui traverse l’ensemble de cette oeuvre, et c’est plutôt cool comme cela.
Si tu devais illustrer au mieux cet album avec trois titres, lesquels et pourquoi ?
Rich : “High Water” car elle est si profonde et intense. J’aime beaucoup l’imagerie qu’elle dégage. C’est rafraîchissant mais également distrayant. Elle est à la fois mystérieuse et intrigante à la fois musicalement. “Sister Moon” est une si belle chanson pop. Elle est simple et va droit au but mais dégage une atmosphère particulière. Et “Can You See”, j’y évoque l’humanité et que c’est d’être humain. Ces derniers temps, nous parlons de plus en plus de l’intelligence artificielle car elle peut/pourrait faire tant de choses. Mais quid de nous ? Les technologies avancent et peuvent faire tant de choses, mais cela reste digital et le digital n’est qu’une copie de la réalité. Ainsi, tout ceci n’est jamais vrai; où est-elle la réalité dans tout cela ? Puis cela mène à se questionner sur la réalité elle-même. Tous ces aspects sont parcourus au sein de ce titre et définisse l’objectif global comme l’a fait Bob Dylan. Telles les références bibliques autour desquelles les gens peuvent réfléchir. Il a, à l’aide de mots, illustré d’immenses tableaux au travers de sa musique et ceux-ci sont toujours d’actualité aujourd’hui.
Enfin, nous sommes “RockUrLife” donc qu’est-ce qui rock Rich Robinson ?
Rich : Avoir la possibilité de voyager dans le monde entier et de tout découvrir. Mais en fin de compte, c’est évidemment ma famille qui me rock le plus.
Site web : themagpiesalute.com