Interviews

THE PINEAPPLE THIEF (26/05/16)

English version

Deux mois avant la sortie de leur onzième album “Your Wilderness”, RockUrLife a eu le privilège de rencontrer Bruce Soord, chanteur et guitariste du trio anglais, The Pineapple Thief. L’occasion de discuter de ce nouvel opus, disponible le 19 août prochain, et de la nouvelle composition du groupe.

Combien de fois êtes-vous venus ici avec le groupe ?

Bruce Soord (chant/guitare) : On a joué ici quatre fois si je ne me trompe pas. Il y a toujours une foule d’enfer à Paris, un très bon public.

Votre nouvel album sera disponible le 19 août en France, que signifie “Your Wilderness” ?

Bruce : Oui, en France il arrive un peu plus tard, quatre jours après je crois. “Your Wilderness” (ndlr : “ton désert” en français) pour moi, ça sonne un peu prétentieux mais ça représente le voyage que tu empruntes dans la vie, le désert représente vraiment la vie. C’est pourquoi on voit sur l’artwork une mère et un enfant. C’est un peu mélancolique.

Il y a plusieurs invités sur cet album. Pourquoi les avoir choisis et qu’ont-ils apporté de nouveau ?

Bruce : Oui, on a quelques invités. Celui qui en a fait le plus est Gavin Harrison, le batteur, car le notre a quitté le groupe, il n’avait plus de temps, donc on n’avait plus de batteur.

Pourquoi ?

Bruce : Je pense que c’est difficile de gagner sa vie grâce à la musique. Quand tu commences à faire ça, ça te prend beaucoup de temps et il devait gagner sa vie. On s’est retrouvé que tous les trois et notre label nous a suggéré Gavin Harrison. Je connaissais Gavin de réputation mais je ne l’avais jamais rencontré. Gavin a joué avec Porcupine Tree donc on a été mis en contact. Et quand il a écouté la musique, il nous a dit “oui, je vais le faire”. Je pense qu’on a sous-estimé l’énorme impact qu’il produirait sur nous car son jeu de batterie était super. Il a amené les chansons sur des terrains différents. Quand on a entendu sa façon de jouer, cela nous a poussés à modifier les chansons, on a joué quelques petits trucs de notre côté, donc il a été d’une grande influence. Et c’est le onzième album du groupe, donc il était temps de faire quelque chose de différent. Et il y a aussi eu John Helliwell, de Supertramp, qui a joué de la clarinette sur quelques chansons. C’était génial pour nous d’avoir tous ces musiciens géniaux.

Êtes-vous en train de recruter un nouveau batteur ?

Bruce : On ne sait toujours pas. J’espère secrètement que Gavin voudra jouer avec nous mais nous ne savons pas. C’est un si bon batteur ! Ça va être très dur de trouver quelqu’un d’autre. Donc on croise les doigts. (rires)

Comment s’est déroulé l’enregistrement ?

Bruce : Ça s’est très bien passé. C’était très cool à faire car Gavin Harrison, le batteur, a enregistré toutes ses parties de batterie dans son studio à Londres et il me les a toutes envoyées après. Steve, qui joue du clavier, a aussi un petit studio. On vit un peu loin les uns des autres donc j’ai écrit les chansons et tout le monde m’a envoyé ses parties.

N’est-ce pas une façon assez particulière d’enregistrer ?

Bruce : Oui en effet, c’est un peu moins romantique. On n’était pas tous en studio à boire des bières. Mais cela a rendu l’exercice très relaxant parce qu’on n’avait pas de deadline, on ne se disait pas “il faut rendre le studio au plus vite ou on va perdre de l’argent”, rien de tout ça. Donc, ça a pris le temps qu’il fallait pour le faire mais c’est venu assez rapidement, c’était super.

En parlant de l’album, tu as précédemment déclaré : “J’ai aussi redécouvert mes racines progressives en termes d’écriture de chansons et d’arrangement”.

Bruce : Dans le dernier album, “Magnolia”, les chansons étaient très traditionnelles dans le sens où elles avaient un couplet et un refrain sur lesquels les gens pouvaient chanter. Quand je dis progressif, je veux surtout dire que je n’avais pas à faire ça, je ne me suis pas inquiété de ça. Dans le fond, je me fiche qu’il y ait un gros refrain. J’étais plus dans l’optique d’écrire des chansons et de voir comment ça irait. Il y a aussi des chansons sur l’album, telle que “No Man’s Land”, qui commencent très calmement et tout d’un coup il n’y a pas d’alternance couplet, refrain, couplet, refrain. C’est juste différent, pour moi c’est du progressif.

Vous avez dévoilé une nouvelle vidéo pour “No Man’s Land”, deuxième chanson de l’album. Elle sonne vraiment très nostalgique. Qu’évoque cette chanson ?

Bruce : C’est l’histoire d’un parent et de son enfant, et de ce qu’il se passe quand l’enfant part, peu importe que ce soit dans de bonnes circonstances ou pas. La chanson parle vraiment de séparation et de solitude, et quand je chante “look at me, look at me now in no man’s land”, je veux dire “regarde comme je suis seul”, c’est assez triste. J’ai l’habitude d’écrire des chansons tristes malheureusement mais voila d’où vient la chanson, d’où l’expression vient : le fait d’exister, de perdre tous les gens que tu aimes et de te retrouver tout seul. 

Pourquoi une vidéo paroles avec ces photos ? Est-ce que ce sont les tiennes ?

Bruce : Non ce ne sont pas les miennes. Carl Glover me les a envoyées après que je lui ai raconté de quoi parlait l’album. Ce sont des photos qu’il a collectées. En Angleterre, on a des marchés aux puces : il a trouvé ces photos, et a acheté le set complet. Donc ce sont d’anciennes photos des années 1950 d’une famille qu’il n’a jamais rencontrée.

Imagine qu’un membre de la famille vienne à tomber sur les photos et se dise “Eh mais je crois que c’est grand-mère”, ce serait assez drôle. (rires)

Bruce : Oui ! (imitant) : “Mais qu’est-ce que c’est que ça ?” (rires)

Y a t-il une autre chanson qui te tient à coeur sur cet album ?

Bruce : Oui, il y a une chanson assez longue intitulée “The Final Thing On My Mind” qui est l’une de mes préférés. J’ai adoré la faire car c’était comme un voyage, quand tu te perds dans la musique. C’est pourquoi la chanson est longue, ça peut paraître ennuyant mais elle est comme ça, elle permet de voyager parmi différentes sections. J’ai commencé par utiliser ma voix d’une manière différente, donc il y a beaucoup de sortes de chorales, au lieu de chanter réellement des paroles. C’est quelque chose que j’ai beaucoup aimé faire.

Qu’est-ce que tu écoutes en ce moment pour t’inspirer ?

Bruce : Vivre de sa musique est très difficile, donc je fais beaucoup de mix et de production pour d’autres groupes. Donc j’écoute tout le temps des groupes que je mixe. Il y a ce groupe suédois en ce moment qui s’appelle Katatonia.

Oui, on a écouté le dernier album !

Bruce : Ah oui, c’est vrai ? J’ai mixé une chanson sur l’édition spéciale. C’est vraiment un bon album et je connais très bien Jon car on a fait un album tous les deux. J’ai mixé sur l’édition spéciale et j’ai beaucoup écouté cet album, il est resté dans ma tête. Et quel est le dernier album que j’ai écouté… Le dernier Radiohead ! Je me souviens de ne pas avoir vraiment accroché, ce n’est pas ma tasse de thé. Mais oui, la plupart du temps, j’écoute les groupes que je mixe ou que je produis.

Quand nous verrons-vous pour un concert en France ?

Bruce : Il y a une possibilité mais nous ne savons pas qui sera à la batterie. Il est probable qu’on parte en tournée en janvier prochain et nous voulons vraiment venir à Paris. Pour le moment, aucun show n’est programmé. C’est dommage parce que Gavin Harisson, qui a fait la batterie sur cet album, est en tournée mondiale avec son groupe jusqu’en décembre donc nous ne savons pas s’il fera les lives avec nous, mais nous croisons les doigts.

A quoi les fans doivent-il s’attendre en 2016 ?

Bruce : Le nouvel album qui sort en août. Et notre album “Abducting The Unicorn” qui sera distribué à nouveau car il n’est pas disponible en ce moment. Ça viendra après je pense, mais le label veut le sortir à nouveau. Je vais juste le remixer un peu pour qu’il sonne mieux.

Terminons avec une question relative à notre webzine : notre média s’appelle “RockUrLife”, donc qu’est-ce qui rock ta life ?

Bruce : Qu’est-ce qui rock ma life ? C’est une bonne question : est-ce que tu parles de musique ou en général ?

Tout ce qui te passe par la tête.

Bruce : Je pense qu’en ce moment même, Paris rock ma life; venir ici est vraiment, vraiment sympa. Mais, sinon je pense juste au fait d’apprécier d’être musicien et à me détendre quand je serai vieux. Je pense que, plus je deviens vieux et plus je deviens heureux, et moins énervé. Dans ma jeunesse, j’étais “oooooooh, ahhh” et maintenant je me détends comme un vieil homme. C’est ce qui rock ma life. (rires)

Site web : pineapplethief.com