Interviews

THE WOMBATS (13/03/15)

Quatre ans après leur dernière date dans une salle française, les Wombats reviennent à Paris avec un tout nouvel album sous le bras, “Glitterbug”, leur troisième. Rencontre avec les trois Anglais qui sont restés les mêmes depuis leurs débuts, il y a près de dix ans maintenant.  

Salut les gars, heureux de revenir à Paris ?

Dan Haggis (batterie) : Oui c’est toujours cool quand on revient à Paris. Pour moi, c’est particulier car j’y viens souvent. J’ai beaucoup d’amis ici et même de la famille. Toujours cool de venir à Paris.

Matthew Murphy (chant/guitare/claviers) : On a un lien particulier avec la France. Je crois que Paris c’était l’un de nos tout premier show en dehors de la Grand Bretagne, à La Flèche d’Or. On est devenu potes avec des promoteurs ici qui nous ont donc programmé à Paris.

La tournée commence donc ce soir, ressentez-vous du stress à l’idée de revenir sur scène ?

D : Pas encore non ! On sort tout juste du soundcheck qui nous a permis de régler deux-trois petits problèmes et de se rassurer sur les nouvelles chansons notamment.

Tord Øverland-Knudsen (basse) : Voilà, avec cette nouvelle tournée, nous avons un nouvel album et donc ce soir je crois que nous jouons quatre chansons que nous n’avons jamais joué auparavant. Je pense que nous devons encore régler quelques détails, mais on préfère avoir des soucis pendant le soundcheck plutôt que sur scène.

M : Oui, je suis d’accord avec ça. Je ne me sens pas bien lorsqu’un soundcheck se déroule parfaitement. On préfère avoir un soundcheck très court, voir pas de soundcheck du tout. A coup sûr, ce sera un concert mortel !  

Justement, l’album parlons-en. Il verra le jour dans un mois à ce jour (ndlr : interview réalisée le 13 mars). Vers quoi vouliez-vous vous tourner pour cet album ?

M : Faire quelque chose d’un peu différent. Selon moi, il se situe entre l’aspect très sérieux de notre deuxième album et en même temps, il retrouve l’énergie et le fun du premier album. Je le vois comme une rébellion plus mûre. On a vraiment eu envie de pousser les choses jusqu’au bout. Se prendre la tête sur quelle bonne fréquence ferait le meilleur son.

D : Sur le deuxième album, on a travaillé avec quatre producteurs différents à Los Angeles. Après le succès du premier album, notre label a commencé à vouloir faire de nous un gros truc donc, ils nous ont envoyé en Californie avec l’idée de faire un truc énorme. Pour cet album, ils nous ont laissé le temps de faire ce qu’on avait vraiment envie de faire. Et c’est pour ça qu’on est vraiment content du résultat. On trouve cet album bien meilleur que le deuxième voir même que le premier.

En effet, vous prenez toujours trois ou quatre ans entre les sorties de chaque album. Est-ce parce que vous favorisez les tournées ou parce que vous voulez prendre votre temps ?

T : Les deux ! On adore les tournées. D’ailleurs, on ne sépare pas vraiment les deux phases. On est toujours en train d’écrire et d’enregistrer des trucs pendant qu’on est en tournée. Mais en même temps, lorsque nous entrons en phase de composition, il nous faut toujours un peu de temps pour trouver le bon état d’esprit, le bon tempo. Tout simplement parce qu’on ne réfléchit pas à l’avance sur quel genre d’album nous allons faire. On n’aime pas entrer en studio avec une idée fixe de l’album que nous allons réaliser. On attend toujours d’avoir écrit cinq ou six bonnes chansons pour déterminer la direction que prendra l’album.

M : Il y a aussi les circonstances qui font que ça prend un peu plus de temps qu’à l’accoutumée. On oscille tous les trois entre plusieurs projets et quand, on se retrouve, c’est pour une tournée de trois semaines donc, si on ne se concentrait que sur l’enregistrement, ça irait bien plus vite. Mais on préfère faire comme bon nous semble.

En même temps, bien que vous ne suiviez pas la mode qui est de sortir un album tous les deux ans, à chaque fois que vous revenez, c’est un succès. Pouvez-vous l’expliquer ?

T : On est toujours surpris et très bluffé que les gens soient toujours là à nous suivre. Et… C’était quoi la question déjà ? (rires)

D : On ne peut pas l’expliquer. Comme on ne peut pas expliquer le fait qu’il y a dix ans, on allait faire des concerts devant personne dans un van tout pourri mais qu’on adorait ça ! Heureusement pour nous, pas besoin d’être rationnel pour aimer quelque chose. Après, je pense que l’on a trouvé un bon rythme de croisière aussi. Si nous sortions un album tous les deux ans, je ne pense pas que les chansons seraient aussi bonnes et abouties qu’elles le sont en travaillant durant quatre ans dessus.

M : Je pense que quatre ans c’est un peu trop long c’est vrai. On pourrait réduire à trois ans car je sais qu’il y a pas mal de gens que ça énerve d’attendre quatre ans avant d’entendre un nouvel album venant de nous. C’est également lié aux circonstances mais aussi, d’un autre côté, c’est peut-être ça un album des Wombats : quelque chose qui doit murir pendant trois-quatre ans tant au niveau de la musique que des textes. Et puis durant ces quatre ans, on passe au moins deux ans et demi sur la route. Donc forcément ça ralentit le processus, mais les gens sont heureux de nous voir sur scène aussi je crois.

D’ailleurs, est-ce que ce que vous vivez en tournée influence la composition ?

M : Pas vraiment non. Malheureusement, lorsque nous sommes en tournée, nous avons un peu la tête dans le guidon : on fait les trajets, on joue les concerts. Certes on rencontre plein de gens différents dans les salles dans lesquelles on joue, mais on ne peut pas dire que ce soit une véritable influence.

T : Après on est inspiré, surtout au niveau des paroles, par les endroits que l’on a la chance de visiter pendant que nous sommes en tournée. C’est peut-être dans ce sens que tu vois une influence ?

D : Oui voilà. Parfois nous sommes inspirés par quelque chose que l’on vit lorsque l’on a des jours off par exemple. Quand tu visites Las Vegas, forcément il te vient des idées. Après, la tournée nous impose un rythme très intense ce qui fait que lors de nos jours off, on n’a pas forcément la force de faire de grosses explorations des villes dans lesquelles nous sommes. Ce qui est intéressant par contre, et forcément influent, c’est la différence de vie que tu peux avoir avec tes proches. Lorsque tu es en tournée, tu ne vis pas du tout de la même manière que ta famille restée en Angleterre. Ca influence énormément notre appréhension de la vie sociale, des rapports avec nos proches et ça, forcément ça compte énormément dans notre musique.

M : Voilà pour résumer, les choses que l’on vit, ou pas, parce qu’on fait des tournées sont influentes, mais pas la tournée au sens propre du terme. Pas pour nous.

Et ne trouvez-vous pas ça un peu triste de ne pas avoir le temps de vraiment profiter des endroits que vous visitez ?

M : Dans un monde parfait j’aimerai avoir un rythme de deux concerts puis un jour off, tout le temps. Quand tu joues cinq concerts à la suite dans la semaine, puis que tu passes ton seul day off sur la route à travers un pays entier, tu n’as pas le temps de voir ce qu’il se passe dans le monde. Malheureusement, quand tu es dans ton tour bus, ou sur scène, tu ne te rends pas bien compte de ce qu’il se passe dehors. C’est comme si on ne voyageait pas vraiment.

Votre dernier clip “Give Me A Try” se moque de l’influence négative des réseaux sociaux et de la culture selfie mais on peut déceler beaucoup de tendresse dans ces moqueries. Quel était le message ?

D : Honnêtement, le clip n’a pas grand chose à voir avec la chanson. Nous avons complètement adhéré à l’idée du réalisateur qui nous a proposé ce concept, car c’est ce qui l’inspirait en écoutant la chanson. C’est cool de pouvoir faire confiance à quelqu’un qui a une idée bien précise de ce qu’il veut faire à partir de votre musique.

M : Et en même temps, cette mode des applications pour faire des rencontres est un peu dans l’esprit de la chanson. Les personnages du clip sont inspirés de profils que nous avons vraiment croisé sur ce genre d’applications. Voilà, le message pour moi c’était de montrer à quel point les gens peuvent se fourvoyer pour courir après un idéal de bonheur. On ne peut pas les blâmer de vouloir être heureux, voilà pourquoi la moquerie est gentille et tendre. Et que nous nous moquons de nous même en apparaissant dans le clip aussi !

 

 

Pour finir, notre site internet s’appelle “RockUrLife” du coup : qu’est ce qui rock vos lifes ?

T : Paris !

Pensez-vous vraiment que Paris soit une ville rock n’roll ?

T : Bien sûr mec ! Je me souviens des premières fois où nous sommes venus jouer, ou faire la fête tout simplement, à Paris. Nous allions dans ces bars, qui n’existent plus je crois aujourd’hui et qui étaient très au fait, à l’époque, des nouveautés rock et indie rock. Ces bars dans lesquels tout le monde chantait “Fuck Forever” des Libertines ou des chansons des Strokes alors qu’on ne pensait pas que ces groupes avaient du succès en France.  

M : C’est clair, on ne s’attendait pas à ce qu’il y ait autant de bars, de clubs, de restaurants même qui soient rock n’roll à Paris. On adore cette ville.

Site web : thewombats.co.uk

Nathan Le Solliec
LE MONDE OU RIEN