TRANK, groupe français de rock alternatif sort son premier album “The Ropes”. Repéré avec ses premiers singles sortis en 2016, le quatuor a assuré les premières parties de groupes prestigieux comme Deep Purple, Papa Roach ou Anthrax.
Comment te sens-tu à la veille de la sortie de ton premier album ?
Johann Evanno (batterie) : Excité. Ça fait longtemps que l’on bosse dessus. On a tout fait pour que le produit final ressemble à ce qu’on avait en tête. L’envoyer à tout le monde comme cela, permet d’avoir des retours. Jusqu’à présent les retours sont bons. On aimerait dire qu’il y a une tournée dans la foulée, mais ce n’est pas prévu pour l’instant.
Le fait d’avoir joué dans des stades aux côtés de grands noms de la musique comme Deep Purple, Papa Roach ou Disturbed a fait évoluer votre musique ? Avez-vous repensé des morceaux ou composé de manière différente à la suite de ces expériences ?
Johann : Oui. C’était génial à plusieurs niveaux. Le premier c’est qu’on a pris une claque à jouer avec des groupes comme cela. On a compris pourquoi ils sont là où ils sont. Au niveau du professionnalisme, de la présence sur scène, du niveau de jeu cela ne rigole pas.
En entendant notre musique jouée dans des systèmes audios très costauds on s’est dit que c’était le son que nous voulions avoir sur l’album. Cela nous a permis de prendre des décisions sur les personnes avec lesquelles on voulait bosser pour mixer.
Le troisième truc c’est que si on voulait avoir ce son là, il fallait composer en fonction. On est revenu de tous ces concerts. On a remis à plat toutes les compos que nous avions déjà pour voir ce qu’il fallait faire pour sonner comme on le voulait. C’est un bon exercice.
Tu dis que tu as été impressionné par ces groupes. Est-ce que tu aurais une anecdote à partager sur un moment qui t’aurait vraiment marqué ?
Johann : Je vais te raconter les deux trucs qui m’ont le plus marqué, l’un se passe en dehors de la scène, l’autre sur scène. Quand on a ouvert pour Papa Roach, je me suis pris la plus grosse claque de ma vie en live. Ils sortent de scène explosés car ils donnent tout. Ils ne prennent pas de substance c’est juste qu’ils donnent toute leur énergie sur scène et le public le leur rend bien. On les a vu le lendemain lors du check in à l’aéroport. D’ailleurs ils sont très gentiment venus nous voir pour nous féliciter. Ils étaient complètement éclatés, et ils recommençaient le lendemain, puis le lendemain, etc. C’était fort pour moi car je me suis dit qu’il allait falloir bosser la condition physique pour pouvoir tenir une tournée.
Quand on a ouvert pour Deep Purple. On a fait les balances dans l’Arena de 15 000 personnes vide. Un mec arrive avec un appareil photo et je me dis que sa tête ne m’est pas inconnue. Il ressemble pas mal au clavier de Deep Purple et c’était bien lui. Pendant leur concert on était sur le côté de la scène. A un moment le clavier fait un solo, les autres musiciens partent sur les côtés. Le guitariste, Steve Morse demande alors à son guitar tech si les jeunes qui avaient fait la première partie étaient là. Il vient nous voir en se présentant, et nous dit qu’il a adoré notre set. Le fait qu’il prenne du temps pour discuter cinq minutes avec nous alors que son groupe était sur scène. Après le concert, le clavier est venu nous voir pour discuter quelques minutes. De voir des artistes de ce niveau faire cela, je crois que c’est une sacrée leçon d’humilité et une leçon humaine.
De beaux souvenirs à garder précieusement ! Si on en revient à l’album, on trouve sur quelques morceaux comme “Shining” des sonorités électroniques qui peuvent faire penser à Depeche Mode. Comment est-ce que vous avez travaillé pour intégrer ces sons ?
Johann : Nous avons tous des influences différentes qui fonctionnent ensemble. On compose ce que l’on a envie d’entendre et on a l’impression de ne pas entendre ailleurs ce que l’on compose. Michel est très fan de coldwave, Depeche Mode et toute la mouvance. On a essayé d’avoir un son puissant et riche avec un maximum de texture. Les séquences nous aident à amener de l’épaisseur, des dynamiques et de la richesse. C’est un bon exercice rythmique d’ailleurs. Cela nous permet d’ajouter des touches, des couleurs que l’on n’aurait pas avec nos instruments de base.
On a trouvé qu’un morceau se distinguait particulièrement dans l’album, c’est “Again”. Il a une énergie différente, un côté très dansant et entrainant. Quelque chose qui pourrait se retrouver chez Rammstein par exemple. Est-tu d’accord avec cela ?
Johann : C’est intéressant parce que 80% des morceaux sont composés par Julien le guitariste ou David le bassiste, mais “Again” est un morceau amené par Michel. Au départ c’était une ligne de synthé avec ce côté dansant. Cela nous a tout de suite plu car on pouvait imaginer les gens avoir envie de s’éclater dessus. On essaie d’avoir sur tous les morceaux un côté puissant et riche avec une mélodie accrocheuse. Sur “Again”, on a tout construit pour garder cet aspect dansant. En live on a vu que le public s’emballait vite !
Pour promouvoir votre musique vous avez développé un univers visuel assez marqué et sophistiqué. Là vous faîtes du teasing pour le clip du titre éponyme “The Ropes” qui sort le 15 septembre prochain. Vous avez travaillé avec des artistes shibari. Peux-tu nous en dire plus sur le morceau et le clip ?
Johann : “The Ropes” parle d’un manipulateur qui dit à une personne qu’elle est manipulée et lui propose de la libérer. Mais il ne la libère que pour mieux la manipuler lui-même. Ce côté manipulation, ficelles, cordes, a été discuté avec Alban qui a fait tous nos clips pour que l’on puisse visualiser ce concept. Il connaît très bien le monde du shibari et il nous a ramené des artistes. Sur le tournage on était bluffé. Il y a une dimension physique mais il y a aussi une dimension spirituelle. On était six à regarder trois personnes sur un fond blanc, tous hyper captivés. C’était impressionnant.
Il y avait déjà une recherche de ce type dans les précédents clips. Dans “Bend Or Break” on retrouve une danseuse dans un univers très élégant.
Johann : Virginie, la danseuse dans le clip, a tout fait en une prise. On a tourné trois clips en deux jours. On voulait faire ces trois clips et montrer une évolution de la même histoire. Il y a des éléments qui se retrouvent dans les clips pour montrer la continuité de l’histoire. On tournait ce clip dans le studio de Pietragalla. On devait quitter les lieux à 8h et on a commencé la partie de Virginie à 7h15. Elle a fait ça en une prise, c’était une grosse performance, très impressionnant.
Vous avez une manière de vous présenter en tant que groupe qui repose beaucoup sur de la communication en anglais. Est-ce que cela reflète des ambitions européennes ou internationales affirmées ?
Johann : On a fait des gros concerts en Europe de l’Est. On a pas mal de gens qui nous suivent là-bas, et le français pour eux ce n’est pas une langue facile. On s’est aussi aperçu en étudiant nos campagnes Facebook et autres qu’il y avait pas mal de gens qui accrochaient avec notre musique en Amérique du Sud. On ne cherche pas à gommer notre côté français mais plutôt à promouvoir notre musique à l’international. Maintenant tout est internationalisé.
Tout est internationalisé, mais également digitalisé, ce qui offre pas mal de possibilités. Dans un contexte où la scène n’est plus possible pour un groupe de musique est-ce que vous avez exploré de nouvelles manières de promouvoir votre musique pour toucher un nouveau public ?
Johann : L’un de mes principes dans la vie est qu’il y a des choses que l’on peut influencer et d’autres pas. Il faut faire avec la COVID et le confinement. Pendant le confinement on a continué à composer. On s’est dit qu’on allait produire du contenu pour les réseaux sociaux, pour travailler sur notre visibilité. On a pris beaucoup de temps pour travailler sur le mix de l’album. On a choisi de bosser avec des Américains et le confinement a rendu les choses plus difficiles.
Mais avez-vous pensé à des choses plus créatives ? De nombreux groupes se mettent à communiquer avec leur public d’une autre manière. Ils proposent des concerts live dans leur salon, des cours de cuisine, des clips animés.
Johann : On y pense, il y a la contrainte du temps. Là on se concentre sur la release party de l’album le 7 novembre à Villeurbanne. On essaie de créer plus de contenu de type “behind the scene”. On bosse sur des tutos et faire un contenu plus diversifié pour rendre les interactions plus intéressantes. On s’intéresse aussi à la partie live streaming mais ça demande plus de logistique. Tout le monde de la musique est en train de se réinventer et il y a du boulot.
Pour finir, notre média s’appelle “RockUrLife”, alors question traditionnelle : qu’est-ce qui rock ta life ?
Johann : J’adore. (rires) Le simple fait de me mettre derrière ma batterie. On a tous un home studio ce qui est une chance et ce qui nous a bien aidé pendant le confinement. J’aime jouer avec les trois loustics, mais jouer devant des gens c’est encore mieux. Après j’ai le cinquième membre du groupe, l’ingé son qui m’a demandé d’enregistrer des batteries pour un album qu’il produit dans un style qui n’a rien à voir. Ce sont des trucs qui sont intéressants car ce n’est pas le même type de jeu et cela me permet de continuer à réfléchir et créer des trucs.
Site web : trankmusic.com