RockUrLife a pu s’entretenir avec Matt Heafy en amont de la sortie du nouvel album de Trivium nommé “What The Dead Men Say” afin d’évoquer l’évolution du groupe et l’approche de cette nouvelle ère !
Pour commencer, comment ça va ?
Matt Heafy (chant/guitare) : Ça va très bien, merci. Je n’arrive pas à croire que nous ne sommes pas à Paris, j’étais si impatient à l’idée de retrouver la ville, la France, j’avais hâte de pouvoir boire et manger ! Malheureusement, suite à l’annulation de la tournée en Asie (ndlr : suite au COVID-19), c’était difficile pour nous de continuer notre programme.
Avant d’évoquer le nouvel album, revenons un peu en arrière. Notre dernier échange était avant la sortie de “The Sin And The Sentence” (2017) qui s’est avéré être un véritable succès pour le groupe !
Matt : C’était vraiment incroyable ! C’est fantastique de pouvoir regarder en arrière et ce dire que ça fait vingt-et-un ans maintenant que j’ai rejoins le groupe et les choses ne font que devenir meilleures. Que ça soit en tant que musiciens, compositeurs, performeurs, nous nous sommes améliorés sur tous les points. J’ai l’impression que tous les fans se sont mis d’accord avec cet album ! Tout ceux qui connaissent Trivium savent que nous avons des fans qui aiment un album et pas un autre. Nous avons des fans de “Ascendancy”, de “In Waves”, de “Shogun”. Ils disent tous : “cet album est le meilleur !” mais avec “The Sin And The Sentence” j’ai l’impression que tous le monde a pu se mettre d’accord et enfin dire : “OK, cet album est celui que nous pouvons tous apprécier” et c’était génial d’enfin voir ça arriver. Avoir plusieurs factions de fans a toujours été un peu déroutant mais maintenant nous sommes très heureux de voir que tous le monde s’est accordé.
L’album a récolté les louanges des fans mais aussi des critiques ce qui n’est pas toujours simple à réaliser.
Matt : Totalement. Avec Trivium, nous n’avons jamais été le groupe qui fait l’unanimité auprès de la presse et qui est sur toutes les couvertures. Nous n’avons jamais été les favoris de la presse ou le groupe préféré d’un autre groupe à part une fois dans notre carrière durant “Ascendancy”. La presse britannique nous a mis sur un piédestal en assurant que nous allions être la prochaine sensation du genre mais à la seconde où nous avons sorti “The Crusade” ils nous ont tourné le dos et nous étions le pire groupe au monde. C’était la première fois que notre groupe recevait autant d’attention de la part de la presse. Suite à ça, nous avons dû nous débrouiller seuls, nous faisons de la musique pour nous et nos fans sans trop nous soucier du reste. Avec “What The Dead Men Say” et “The Sin And The Sentence” nous avons suivi la même formule que mes albums de Trivium préférés. D’ailleurs, si je devais établir un classement, ça serait : “What The Dead Men Say”, “The Sin And The Sentence”, “Shogun”, “In Waves”, “Ascendancy”, “Ember To Inferno”. La différence entre ces albums et ceux que je n’ai pas mentionné est la suivante : nous ne nous sommes pas imposés de limites. Nous ne nous sommes pas dit : “il faut que l’on reste sur cette lignée” mais plutôt : “nous voulons faire la musique que nous avons envie d’entendre, il n’y a pas de limites, pas de règles, ce qui doit arriver arrivera”. Les albums que j’ai cité sont aussi ceux pour lesquels nous n’avons laissé personne donner d’avis sur ce que nous avons produit. Nous n’avons pas parlé à nos producteurs avant de tous être au point sur ce que nous voulions présenter. Nous avions donc déjà passé des heures dans notre salle de répétition à jouer et perfectionner les chansons. Lorsque nous avons travaillé sur “The Crusade”, c’était ma décision personnelle de vouloir composer un album en totale rébellion avec le précédent. J’ai dit au reste du groupe : “faisons tout l’inverse du dernier album, pas de scream, pas de breakdown, orientons nous vers quelque chose de purement trash et modern metal”. Pour “Vengeance Falls” et “Silence In The Snow” nous avons beaucoup écouté nos producteurs. Nous n’avions pas fini les chansons avant d’entrer en studio, ce qui est plutôt dans la norme pour beaucoup de groupes. Ce n’est pas le cas de Trivium, il est crucial pour nous d’avoir finalisé les chansons et qu’elles soient gravées dans notre mémoire musculaire. Pour “What The Dead Men Say”, nous maîtrisions tellement bien les nouveaux morceaux qu’ils ne nous a fallu que seize jours pour enregistrer l’album, ce qui est dingue ! Nous étions si préparés, j’avais répété pendant six à neuf mois et pendant tout ce temps personne ne savait que nous préparions un nouvel album. Nous avons gardé le secret jusqu’au bout, on adore faire ça. On aime que tout soit parfait pour le jour J, ça permet aux gens de créer une véritable anticipation autour de nos nouveaux projets.
C’est d’autant plus significatif pour vous d’avoir été nominés pour un Grammy Award avec “Betrayer” en faisant la musique que vous aimez sans écouter les attentes de personnes extérieures au groupe.
Matt : Exactement, et pour moi c’est comme ça que ça doit se passer. J’ai eu une conversation téléphonique avec Ihsahn du groupe Emperor où j’évoquais ce que j’aime le plus avec son groupe : à chaque album tu ne sais pas ce qui t’attend. Il y a des groupes qui excellent dans un genre et c’est ce qu’ils apprécient faire comme AC/DC par exemple. Tu sais exactement ce qui t’attend quand tu écoutes leurs albums, c’est un album fantastique qui ressemble à du AC/DC. Quand tu penses à Trivium ou Ihsahn avec Emperor, tu ne sais jamais ce qui t’attend à la première écoute et je trouve aussi ça très cool. Je pense que ça fait partie de notre signature sonore. Nous avons discuté du fait qu’on aime juste faire le type de musique en lequel on croit et qu’on a envie d’entendre sans faire plaisir à qui que ce soit d’autre. C’est la meilleure manière de procéder !
Passons au nouvel album. Vous présentez en premier lieu “Catastrophist”, peux-tu nous éclairer sur l’histoire de cette chanson et sa conception ?
Matt : Ce qui est vraiment intéressant avec cette chanson c’est que nous pensions vraiment que “Catastrophist” serait le titre de l’album en plus du single. Tout comme nous avions cru que “The Revanchist”, qui vient du français “revanche”, serait le nom de l’album précédent. Nous étions sur cette idée que “Catastrophist” serait le thème de l’album car ça englobe beaucoup de sujets et semblait d’actualité. Nous rentrions d’un café local avec mes jumeaux et ma femme, qui s’occupe de la direction artistique de Trivium depuis les cinq derniers album, lorsqu’elle m’a proposé de changer le titre de l’album. “Je pense que “What The Dead Men Say” est plus percutant que “Catastrophist”. J’étais hésitant au début puis elle a rajouté : “Trivium n’a jamais présenté un titre d’album aussi simple”. Nous avons donc réalisé ensemble que “Catastrophist” était du pur Trivium, un mot singulier et imposant que certains vont comprendre directement ou que d’autres devront rechercher. “What The Dead Men Say” ouvre à plus d’interprétations un peu comme “In Waves”. Ce que j’apprécie tout particulièrement dans le choix de “Catastrophist” comme premier single c’est qu’il contient absolument tous les éléments qui font Trivium. C’est même trois ou quatre chansons en une, c’est une première impression percutante. Nous nous demandions si il n’était pas mieux de sortir une chanson plus heavy en premier, mais certainement pas quelque chose de simple. J’adore cette chanson car elle est longue. Ça va rappeler “Shogun” à certains, “Silence In The Snow”, mais aussi “The Sin And The Sentence à d’autres, c’est tout en un ! J’adore ces changements rapides au milieu, les changement de tempo, de hauteur mais aussi de sentiment. Dans cette même section du milieu, il y a une partie mélodique très suédoise dont les éléments rappellent “In Waves”. Je pense que c’est très important de rappeler que l’identité de Trivium réside dans le fait d’avoir tout ces composants réunis.
C’est exactement ce qui se ressent à la première écoute. C’est nouveau mais en même temps on peut clairement identifier chaque élément. Comment vous arrivez à un tel résultat ?
Matt : C’est purement la clé de notre groupe. Quand on écrit naturellement ce qu’on ressent et qu’on a envie de partager, alors ça doit tout rassembler. Tu as mentionné la nomination aux Grammy Awards plus tôt et je suis très heureux qu’une chanson telle que “Betrayer” ait été choisie. Comme “Catastrophist” elle possède absolument tout. Il y a des parties mélodiques et lentes mais d’autres qui ressemblent à du black metal, du melodic metal ou encore du punk. C’est une idée, une juxtaposition qui en théorie ne devrait pas fonctionner ensemble mais quand c’est nous qui la jouons ça fonctionne et c’est l’essence de notre son. Quand je réfléchis au nouvel album, je vois clairement des ingrédients de chacun des anciens albums et cette représentation est très importante pour moi. Pour être honnête, j’ai fait des notes dans lesquelles j’ai identifié chacun de ces ingrédients mais je préfère pas trop en dire pour laisser les gens découvrir !
“Catastrophist” débute avec une phrase assez percutante qui introduit le sujet de la chanson : “Who has the means to save us from ourselves?”. Quels sont les inspirations derrière ces paroles ?
Matt : Avec cet album, nous voulons que les auditeurs fassent leur propre interprétations de nos paroles. Nous voulons qu’ils voient ce qu’ils désirent y voir. Ce que j’encourage vivement de faire et de se permettre de ressentir une connexion avec, qu’elle soit personnelle ou universelle. C’est d’autant plus intéressant d’avoir sorti “Catastrophist” dans un contexte mondial où n’importe qui peut ressentir cette connexion. On peut facilement s’identifier en se disant : “OK, ça m’évoque ce qui se passe dans ma situation” et c’est ça qui est intéressant. Je suis certain que c’est pareil partout dans le monde mais ici aux USA, les groupes sont très fréquemment critiqués lorsqu’ils s’engagent. On nous dit de nous concentrer sur la musique et d’arrêter de donner notre opinion sur certaines choses, ce qui est ridicule pour moi. Le but même de l’art est de présenter ce que l’on ressent à travers différents médias. C’est si important, dans le metal ou la musique en général de dire des choses qui peuvent susciter l’agacement ou créer des désaccords car c’est ce qui ce passe de toute manière quand on crée des choses nous tenant à cœur. Donc, si les gens voient quelque chose dans ces paroles et se disent : “OK ça parle de ça” alors il n’y a pas de mauvaise réponse. Ça pourrait dire ce qu’ils pensent comprendre.
C’est un concept très intéressant de laisser les paroles libres d’interprétation, ça crée des connexions uniques à différents niveaux.
Matt : C’était d’ailleurs l’une des clés de cet album ! “In Waves” était le premier album avec lequel nous avons vu cette possibilité se profiler. Avant ça, avec “The Crusade”, les chansons portaient sur des sujets très spécifiques. Chaque morceau évoquait une histoire, un événement, une mythologie ou une histoire. “In Waves” était donc la première fois où j’ai commencé à vouloir que les fans fassent leurs propres interprétations de nos textes car avec l’art, il n’y pas de mauvaise interprétation ou sentiment.
Tu as mentionné plus tôt que tout le processus créatif s’est fait dans le secret. Comment avez-vous réussi cela et comment ça s’est passé ?
Matt : J’essaie de me rappeler à quel moment nous avons commencé à écrire des riffs pour cet album. C’est difficile de définir un moment exact mais habituellement dès qu’un album sort, nous (ndlr : les guitaristes) commençons à écrire de nouveaux riffs. La composition des chansons commence toujours par Paolo (basse), Corey (guitare) ou moi-même avec un riff, voire même une collection de riffs ou une chanson entière. Parfois on y ajoute des percussions ou des idées de mélodie pour le chant, mais ça commencer toujours par nous trois. Ensuite, l’idée est transmise au reste du groupe et chacun fait part de ses propres idées pour améliorer et finaliser la chanson. C’est comme ça que mes albums préférés de Trivium ont été écrits ! A partir du moment où nous entrons tous les quatre dans la salle de répétition, nous commençons avec le riff de la personne qui a composé en premier avant de faire les ajouts. Ce que j’aime avec ce groupe c’est qu’on a pas vraiment besoin de parler des changements qu’on a envie de faire. Nous, les guitaristes, faisons de la musique ensemble depuis si longtemps que nous communiquons directement par la musique. Corey arrive avec un riff et me le donne, je le joue de différentes manières afin de susciter d’autres idées de sa part mais aussi de Paolo et maintenant Alex (batterie) afin de créer quelque chose de nouveau. Avec “Amongst The Shadow And The Stone”, le pré-refrain était à la base un peu différent, plus trash metal traditionnel. J’ai proposé à Corey de ralentir le tempo et ça a complètement changé l’attitude de le chanson. Pour ce qui est des paroles, Corey m’a présenté l’idée de la chanson et les premières mélodies pour le chant ce qui a inspiré Paolo dans l’écriture des paroles. C’est un effort collaboratif et j’adore ça ! Il n’y a pas de leader unique ou compositeur principal, nous sommes tous égaux et nous avons le même droit de regard sur les compositions. Pour les deux derniers albums, Paolo a écrit environ 70 à 80% des paroles ce qui est génial pour moi car avant ça, j’écrivais 99% des paroles. Ça a été très intéressant d’avoir un nouveau set de paroles que je peux interpréter à mon tour. Quand Paolo nous a donné les paroles, je ne lui ai pas demandé de ce qu’elles voulaient dire. Je les ai lues et internalisées à ma propre façon.
Lors du dernier album, Alex Bent a rejoint le groupe en tant que batteur. Tu viens de mentionner son implication dans le processus créatif. Cela avait l’air très naturel de l’inclure même si le reste d’entre vous fait de la musique ensemble depuis longtemps.
Matt : Exactement, et j’espère qu’il ressent la même chose, du moins c’est ce qu’il m’a dit ! On adore l’avoir dans le groupe. Quand les gens l’ont enfin entendu jouer on ne nous a pas demandé pourquoi on avait changé de batteur mais plutôt : “Je vois pourquoi vous avez changé de batteur et je vois quel genre de musicien vous avez recherché tout ce temps”. On a eu de bons batteurs qui excellent dans leurs styles respectifs mais le problème résidait dans ce qu’on a évoqué dans les premières questions : Trivium évolue sur un spectre large. On a des chansons comme Catastrophist”, “Betrayer”, “What The Dead Men Say” qui vont de zéro à cent d’un moment à l’autre. Nous avons eu des batteurs qui étaient bons sur des chansons plus simples, ce que certains ne maîtrisent pas, mais qui n’arrivaient pas à tenir la cadence des morceaux plus complexes et vice-versa. Alex peut aller d’un extrême à l’autre tout en maîtrisant l’entre-deux également. Tous les quatre, nous répétons énormément et de manière compulsive. J’ai été dans un seul groupe toute ma vie, Trivium, c’était mon premier job. J’ai finalement commencé un second job il y a trois ans de cela, stream sur la plateforme Twitch et 90% du temps je joue des chansons de Trivium ! Au final, mes deux occupations consistent à jouer du Trivium et j’adore ça ! Je pense que c’est la même chose pour le reste du groupe, on mange, respire et dort avec nos instruments et c’est ce qui est le plus important. C’est pour cela que ça n’a pris que seize jours pour enregistrer l’album, on avait tellement répété et pratiqué en amont ! Cette méthodologie n’est pas valable pour tous les groupes ceci-dit, certains vont peut-être m’entendre et se dire que ça n’est pas très marrant comme manière de faire mais j’ai rencontré des groupes qui pratiquent les deux extrêmes. J’ai rencontré des musiciens et des chanteurs qui n’ont pas besoin de pratiquer et qui sont incroyables tout comme j’ai vu d’autres qui ne pratiquent pas et qui sont mauvais. Ce que nous les musiciens faisons, devrait être traité comme ce que font les athlètes, les artistes ou les musiciens symphoniques. Les musiciens se doivent de garder le principe suivant : le live doit être aussi bien, voire mieux que le CD. Tu dois être capable de jouer tes morceaux et pratiquer ce que tu prêches et j’ai pas toujours été capable de faire ça. J’ai dû arrêter le chant saturé deux ou trois fois dans ma carrière mais aujourd’hui je peux chanter ou scream avec aisance n’importe quel titre de notre discographie mieux que ce que j’ai pu le faire par le passé. Je suis vraiment heureux qu’Alex partage cette philosophie avec nous trois.
En parlant de chant, tu dois être particulièrement fier de tes progrès et d’avoir ainsi pu regagner tes capacités vocales pour exploser tout ton potentiel !
Matt : Je n’ai jamais su chanter comme je l’ai fait sur cet album. Le chant saturé est quelque chose que j’ai réussi à maîtriser depuis “Ascendancy”. Mon style a quand même évolué mais je n’ai jamais été très confiant lorsqu’il s’agissait du chant jusqu’au deux derniers albums. “The Sin And The Sentence” est le moment où j’ai réalisé que je savais chanter. Je n’avais plus cette manière intense et rêche de chanter comme sur “Shogun” ou “The Crusade. J’ai joué un peu avec cette façon de faire mais d’une manière douloureuse qui sonnait mal et qui n’étais pas viable en tournée. Je perdais ma voix assez rapidement, je devais rester silencieux la plupart de la journée et j’étais nerveux chaque jour. C’est grâce à une intense discipline que j’ai surpassé cela. Endommager ma voix en 2014 était l’une des meilleures choses qui me soit arrivées. C’était terrifiant et vraiment embêtant d’annuler des concerts. Quand je suis rentré chez moi, j’ai commencé à m’entraîner avec Ron Anderson qui a enseigné à Axl Rose, Chris Cornell, Kelly Clarkson et Adam Levine. Je crois même que le professeur de Ron Anderson était celui de Freddie Mercury. C’était très difficile de devoir tout désapprendre. J’ai chanté autant en voix claire que saturée de la mauvaise manière depuis mes treize ans jusqu’à 2014. J’ai du réapprendre à chanter et ce n’était pas du tout simple vu que j’étais en tournée. Quelques fans de Trivium ont été assez durs avec moi : “pourquoi tu chantes aussi bizarrement ?” “c’est mauvais ! Qu’est-ce qu’il se passe ?” “Encore des problèmes de voix ?” Mais les personnes qui sont restées avec moi ont pu voir ce vers quoi je travaillais. J’étais conscient de la charge de travail que cela impliquait. Le brazilian jiu jitsu fait partie des raisons pour lesquelles je suis devenu bon en chant. En rejoignant Trivium, je n’ai pas vraiment appris quoi que ce soit de “nouveau” comme une nouvelle aptitude ou compétence. En étant dans Trivium j’ai appris à jouer de la guitare, chanter et être un frontman. Je n’ai jamais pensé à apprendre un nouvel outil ou faire de nouvelles choses. Quand j’ai commencé le brazilian jiu jitsu, j’ai été mauvais pendant des années. J’ai voulu devenir bon et pour cela je n’avais pas d’autre choix que de m’entraîner rigoureusement. Dans la musique, certains artistes pensent qu’ils sont tranquilles lorsqu’ils ont été signés et qu’ils ont sorti un album, qu’ils n’ont plus besoin de s’entraîner, mais ce n’est pas le cas. Si tu arrêtes de pratiquer le brazilian jiu jitsu, tu perds ton cardio et ton aptitude à vaincre tes adversaires. Pendant que toi tu ralentis, eux continuent de progresser. J’ai appliqué cette discipline au chant. Je m’entraîne chaque jour et le stream m’a grandement aidé ! Je dois chaque jour être en direct à la même heure si je veux que ma communauté soit au rendez-vous, il faut que je prépare un programme en amont, c’est à dire choisir quelles chansons de Trivium je vais jouer, car c’est ce qui attire les spectateurs sur ma chaîne. Ainsi, je divertis les gens tout en m’entraînant ce qui devient une épée à double tranchant mais dans le bon sens. Je pense que ces trois choses m’ont aidé à atteindre cette aisance vocale. Je pratique deux à quatre heures par jour, j’ai chanté une heure ce matin avant cette interview afin d’être échauffé. Cette discipline a permis à l’album d’être ce qu’il est aujourd’hui ! Peut-être que ça n’a pas l’air fun ou rock n’roll dit comme ça mais pour moi ça l’est ! Maintenant quand je monte sur scène, je n’ai pas besoin de penser à si je vais atteindre telle note ou si je vais oublier l’une de mes parties, je les connais si bien je n’ai pas à y penser. Je peux profiter du concert ! Durant “Silence In The Snow” chaque concert, chaque jour, j’étais inquiet à propos de ma voix. En y repensant, j’ai même été stressé à propos de ça la majeure partie de ma carrière, parfois c’est toujours un peu le cas mais ça va mieux !
Sur cet album le chant est impressionnant, tout particulièrement sur “The Defiant” !
Matt : C’est ma chanson préférée, je l’adore ! La personne avec qui j’apprécie tout particulièrement enregistrer est notre producteur Josh Wilbur. Je ne me rendais pas compte à quel point tout ce passait si bien pour notre groupe. Avec Trivium, on produit notre musique la plus intense et la plus énervée quand on est heureux. Ça a l’air bizarre dit comme ça mais plus on est de bonne humeur, plus on est énervés sur nos chansons ce qui ravi nos fans ! Je me rappelle du jour où on a enregistré le dernier refrain de “The Defiant”, Josh a appuyé sur stop et s’est mis à sauter dans la pièce en criant. Il était si heureux ! Josh est vraiment une boule de positivité et le genre de personne que j’aime côtoyer. On a eu plusieurs producteurs qui ont essayé de jouer les durs en étant négatifs, intimidants, il ont essayé d’être des connards et je suis pas réceptif à ça. Je réponds soit à l’entre deux, comme mon professeur de jiu jitsu, qui n’est pas trop négatif ni positif ou alors pas au dorlotage et aux compliments mais à la positivité, l’excitation et la volonté de bien faire tout en étant professionnel. C’est le genre d’environnement qui m’est bénéfique et je suis content d’avoir pu évoluer là-dedans. Je me rappelle clairement de Josh disant que le dernier refrain de “The Defiant” est son préféré de l’album.
Pour finir, notre site s’appelle “RockUrLife” alors qu’est-ce qui rock ta life ?
Matt : Mes enfants, mes jumeaux de seize mois. Ils rockent ma life, ils sont incroyables ! Devenir parent est à la fois la chose la plus incroyable mais aussi la plus éprouvante que vous pouvez vivre. J’ai toujours une sorte d’appréhension vis à vis de ça. Je n’étais pas sûr de ce que ça devait impliquer pour moi. Allais-je arrêter de partir en tournée car je ne voudrais plus quitter ma famille ? Mais c’était l’inverse, ils me motivent, me donnent envie de bosser encore plus hardiment et de devenir la meilleure version de moi-même. Ils sont le moteur de ma vie !
Site web : trivium.org.