Après une date annulée en novembre dernier pour cause de maladie, RockUrLife a eu la chance de rencontrer le guitariste de Twin Atlantic, Barry McKenna juste avant leur date de la réconciliation afin de discuter du dernier disque, “Great Divide”.
Bonjour à vous les Twin Atlantic ! Comment allez-vous quelques mois après la sortie de votre nouvel album “Great Divide” ?
Barry McKenna (guitare) : Ça va super bien ! Ça fait du bien d’être de retour ici parce que cela fait vraiment longtemps qu’on n’était pas venus ! On passe toujours de bons moments ici.
Pour commencer, saviez-vous que votre album est sorti en France trois mois après la sortie officielle en août dernier ?
B : Oh, je ne le savais pas ! (rires) A vrai dire, nous avons surtout été focalisés sur le fait que tout sonne bien comme il le faut. Après, en fonction des pays, il y a toujours des délais et des règles de distribution différentes donc c’est compliqué. Parfois même, les soucis persistent. Mais au final, je suis simplement content et fier que tout le monde ait accès à notre nouveau disque, que les gens l’écoutent et qu’il plaise.
Aujourd’hui est aussi synonyme de nouvelle tête d’affiche en France ! Quel plaisir de vous voir de retour en France avec votre propre public. Malgré le petit souci de Sam, nous espérons que vous êtes en forme pour ce soir.
B : Bien sûr que nous le sommes ! Sam a malheureusement eu la dernière fois une infection aux cordes vocales. Sa gorge était touchée et si il forçait ne serait-ce qu’un peu, il aurait pu complètement perdre sa voix. Donc nous avons été obligés d’annuler la date parisienne et quelques dates en Amérique. Ceci-dit, entre la dernière fois et aujourd’hui, il y a eu Noël, le jour de l’An et du temps chez nous donc nous sommes vraiment d’attaque pour nous rattraper !
Penses-tu qu’il est tombé malade suite au rythme effréné des tournées ?
B : Je pense que quand tu fais notre travail, ton système immunitaire devient vulnérable. Ce rythme te laisse plus susceptible face aux maladies. Il me semble qu’au début, Sam avait une petite infection de rien du tout et que, suite à un système de défense fatigué, tout ceci s’est transformé en maladie plus importante. Donc oui, je pense vraiment que la tournée a eu un impact sur tout cela parce qu’il est vrai que, quand tu es sur la route et que tu fais des concerts, tu oublies de prendre soin de toi, de faire attention. Tout cela parce que tu veux faire les meilleurs concerts possibles. La musique occupe toutes tes pensées. Tout ce qui est plus personnel passe au second plan. Mais c’est quand des choses du genre arrivent que tu te dis “ah oui, c’est vrai. Nous sommes tous humains et il faut qu’on fasse attention à nous même”. C’est fou.
Avez-vous reçu des messages négatifs, voire agressifs, suite à ces annulations ?
B : Pour être honnête, aucun. Nous avons une magnifique relation avec notre fanbase française. Elle est composée de fans vraiment dévoués et encourageants. Grâce à eux, nous nous sentons chez nous ici même si la France est avant tout un pays étranger. La plupart des personnes qui nous ont contacté étaient du genre “Reposez-vous bien. Bien sûr que nous sommes tristes que vous ne soyez pas en mesure de jouer mais on se reverra vite”. Quel plaisir de ne voir en ces actions aucune once de méchanceté.
Parlons maintenant de votre nouveau disque “Great Divide”. Tout d’abord, quel message se cache derrière ce titre ?
B : Ce titre veut dire beaucoup de choses. C’est d’abord une sorte de transition entre le fait d’être un enfant et le fait de devenir un adulte responsable, un homme. C’est aussi l’idée de regarder différemment le monde qu’à l’accoutumé. Twin Atlantic représente une partie importante dans ma vie car cela fait longtemps que j’en fais partie donc c’est un peu un regard introspectif et rétrospectif sur notre vie à travers les années. Mais dans le terme “Great Divide”, on retrouve aussi nous quatre. Chaque drapeau sur la pochette représente un membre de notre groupe et le fait que nous soyons tous différents. Sans oublier que lorsque nous sommes tous réunis, nous sommes la meilleure formation que nous pouvons être. Nous sommes unis pour le meilleur et pour le pire.
Avez-vous participé à la fabrication des drapeaux ?
B : A la base, c’était notre idée de faire des drapeaux mais il faut dire que nous ne sommes pas très doués. (rires) Nous n’avons pas le talent des designers donc nous avons légué notre tâche à des personnes plus qualifiées pour ça. Il y a un gars qui s’appelle Mark Farrow et qui habite à Londres. Il a participé à la conception d’artworks pour des albums iconiques alors nous l’avons choisi. On le trouve juste génial. On voulait quelque chose de simple et d’attirant à la fois et il a tout de suite capté notre esprit. L’histoire drôle, c’est que dans l’entreprise de Mark, il y a un homme nommé Fred qui est obsédé par les drapeaux. Dès qu’il nous a entendu parler, il nous a dit “je suis votre homme, je fais ça depuis des années” et il avait déjà des exemples en tête. Nous leur avons expliqué ce que nous voulions et ils sont revenus avec ces 4 drapeaux, un mélange de nos personnalités. C’était très intéressant à faire en tout cas !
Votre tournée avec Thirty Seconds To Mars vous a-t-elle influencé durant l’écriture de “Great Divide” ?
B : Et bien, vu que tu parles de cette tournée avec Thirty Seconds To Mars, celle-ci nous a permis de tester en live deux chansons qui sont désormais sur “Great Divide”. Le fait d’avoir pu les jouer devant des gens et de voir leurs réactions a été important et éducatif. Sur scène, nous ne sommes qu’un seul bloc et les gens semblent l’apprécier à en juger les différents sauts qu’ils ont fait pendant notre set. Ces deux chansons ont été un échantillon de notre nouveau son, de notre nouvelle direction. Après, nous avons adapté et revu les morceaux mais ces tests live nous ont donné l’opportunité d’avoir l’avis des gens sur tout cela.
L’atmosphère pop ne vous a pas donné envie d’écrire des chansons pop ?
B : Je pense que nous préférons penser au but même de la musique. Si tu parcours toute l’histoire de la musique, tu verras qu’elle n’existe pas à des fins de popularité. La musique est là pour rassembler des gens autour d’une même cause. Elle est aussi là pour provoquer des émotions, que celles-ci soient des bonnes ou des mauvaises émotions. Avec Twin Atlantic, nous voulons simplement écrire des chansons qui touchent beaucoup de personnes sans se soucier de qui tu es. Nous sommes à la recherche même de l’essence de la musique. Par exemple, “Brothers And Sisters” est une chanson écrite par Sam qui tente d’unifier la population sous un simple message.
D’un point de vue production, votre son a relativement changé. Fan de votre son rock classique, nous découvrons avec ce disque une facette contrôlée et moins agressif. Pouvez-vous en dire plus sur cette recherche de son de Twin Atlantic ?
B : “Contrôlée” est le terme exact. Au début du groupe, nous étions vraiment puissant et fort mais c’était parce que nous étions un petit groupe de Glasgow. Personne n’avait entendu parler de Twin Atlantic, de notre musique. C’était un peu une façon pour nous de montrer que nous existions, d’attirer les gens vers nous. Donc oui, avant, nous avions une puissance qui prenait en quelques sortes les gens par le cou pour leur dire “Salut. On existe. Apporter nous un peu d’attention”. Avec “Great Divide”, c’était la première fois que nous écrivions un disque avec une fanbase bien forgée qui avait des attentes et des anticipations. Donc suite à ça, nous ne cherchions plus à attirer l’attention de quelqu’un et nous pouvions finalement écrire des chansons avec chacune un message individuel. Maintenant que nous sommes plus âgés, nous sommes plus en confiance avec qui nous sommes et avec ce que nous pouvons montrer aux gens. On peut se permettre de dire “non, ça c’est trop pop. Non, ça c’est un peu too much” tant que les idées de base viennent de nous. Et vu que nous avons tous des goûts différents, que nous sommes éclectiques, il a vraiment différentes influences qui régissent Twin Atlantic. Une belle volonté de notre part !
RockUrLife a vraiment beaucoup aimé votre nouvelle galette et nous ne savons pas si vous en avez été averti mais votre single “Brothers And Sisters” occupe une place importante sur MTV Pulse.
B : Oh, je ne le savais pas ! C’est vraiment cool !
Mais est-ce que pour vous “Brothers And Sisters” est une bonne représentation de “Great Divide” ?
B : C’est vraiment quelque chose de difficile de choisir un single, mais je vais dire non parce que c’est dur de trouver une mélodie qui représente dans son intégralité un disque. Surtout quand l’album est éclectique. Il y a d’autres chansons dans “Great Divide” qui auraient pu avoir un plus gros impact dans le milieu rock. Par exemple “Cell Mate” que j’adore jouer en live et qui est un titre traditionnel et rock. Mais c’est vraiment une épreuve dure à passer. Le plus simple reste de donner l’album en entier à nos fans et de leur dire de l’écouter. Avec trois minutes, c’est mission impossible de plaire à tout le monde.
On peut distinguer dans ce disque deux atmosphères bien définies : d’un côté, on peut voir le nouvel esprit de Twin Atlantic avec “The Ones That I Love” et “Hold On”; de l’autre côté, on retrouve justement votre esprit puriste et rock avec “Cell Mate”. Est-ce pour vous la bonne stratégie pour capter de nouvelles personnes et de saluer votre fanbase ?
B: Quand nous composons de la musique, nous le faisons vraiment d’une façon très égoïste. Nous ne le faisons jamais dans l’intention de capter de nouvelles personnes. Nous le faisons simplement parce que nous aimons ça et que nous croyons que si tu fais uniquement les choses qui te passionnent, tu finis par rencontrer des personnes similaires, dans le même univers que toi. Alors nous restons les mêmes personnes qu’il y a quatre ans, qui se plaisent dans leur façon de faire. Les compromis finissent toujours par attirer la médiocrité.
De la médiocrité, vraiment.
B : De mon point de vue, si tu cherches à plaire à tout le monde, tu finis avec, dans tes mains, un produit corrompu alors qu’il faut surtout écrire des chansons qui signifient quelque chose pour toi. Et au final, il y aura des personnes à qui ça plaira et d’autres non. C’est important de garder son intégrité artistique : tu as une vision des choses alors maintiens là.
Mais les fans de la première peuvent être agacés par cette adoucissement…
B : Je n’ai pas vraiment reçu de messages de haine par rapport à cela mais il est vrai que je ne fouine pas vraiment sur le net. Occasionnellement, je vois des chroniques négatives mais c’est inévitable. Généralement, sauf si c’est directement adressé à moi, je suis un peu dépassé par tout cela. Je préfère les vraies interactions. Je préfère appeler les gens plutôt que de leur envoyer des sms. Je ne vais pas vraiment sur Facebook et Twitter tous les jours. C’est quelque chose de naturel de recevoir de mauvaises critiques. Même moi j’ai déjà critiqué des musiques de mon groupe préféré. Je n’ai pas aimé tous ses albums.
Ah tiens, quel est ton groupe préféré ?
B : Pearl Jam ! Pour la plupart de leurs albums, je suis du genre “bon, ça va, c’est passable” mais cela n’arrêtera pas mon amour pour eux et pour certains de leurs disques. Et puis, qui sait ? Peut-être que leur prochain disque deviendra mon nouveau préféré. Certains groupes restent les mêmes malgré les années qui passent et soudainement, c’est le public qui change et qui ne les aime plus. C’est quelque chose de vraiment compliqué et subjectif. Nous n’écrivons pas de musique avec l’intention d’attirer une personne. Nous restons honnêtes et si tu veux monter à bord de notre aventure, tu es la bienvenue.
Parlons maintenant de l’industrie de la musique. Quel est ton opinion sur les rééditions d’albums ?
B : Etant un fan qui allait avant acheter ses disques chez un disquaire, je ne sais pas. Maintenant, alors que la plupart des musiques deviennent digitales, les gens ne consomment plus le produit musical de la même façon. Ils vont sur iTunes, ils vont sur Spotify. Avec ces nouvelles opportunités, c’est facile de passer le disque original pour arriver directement au contenu bonus sans passer par la case achat. De ce point de vue, ça fonctionne bien. Mais dans un esprit plus traditionnel, si tu es un fan avide du produit physique, c’est quelque chose de difficile à avaler. Bien sûr, cela dépend du groupe mais ce n’est vraiment pas agréable. Quel est le but réel de ce recyclage.
Cela ressemble assez du forcing pour nous faire acheter une nouvelle fois les mêmes chansons en contrepartie de quelques nouveautés. Pourquoi ne pas valoriser le format EP ?
B : Je suis totalement d’accord avec toi. Personnellement je suis un grand fan des DVD live et il faut dire que j’en ai pas mal. Pour moi, voilà une bonne raison de rééditer un disque car si l’on ajoute un DVD avec, le fait que cela soit un autre format rajoute une vraie plus-value. Mais en réalité, je suis pour tout ce qui a une portée artistique.
Pour finir, notre webzine s’appelle “RockUrLife” donc qui rocks ta life ?
B : Mec, la musique ! Pouvoir jouer de la musique tous les jours et mon entourage !
Site web : twinatlantic.com