Alors que Zakk vient de finir sa tournée américaine dans le cadre de la sortie de “Book Of Shadows II”, retour sur une entrevue pleine de simplicité et d’humour en compagnie de cette icône du rock n’roll.
Comment se passe ce début de tournée ?
Zakk Wylde (chant/guitare) : Super. Bien évidemment sur ces premiers concerts il y a toujours quelques petits détails à régler mais c’est cool. Autrement aucun animal n’a été maltraité et personne n’a été blesse. Tout va donc très bien.
Tu as enfin sorti “Book Of Shadows II” quid des échos autour de cette sortie ?
Zakk : Tout le monde n’arrête pas de me demander lorsque je vais arrêter de faire de la musique et prendre ma retraite. (rires) Je leur ai répondu “ce n’est pas très sympa”. (rires) A vrai dire le titre de l’album en dit beaucoup car c’est dans le même esprit; les retours sont bons.
Dans “Bringing Metal To The Children” (ndlr : livre signé Zakk Wylde) tu déclares : un album est comme une photo figurant dans ton yearbook, un instantané d’où tu étais et de ce que tu faisais à cette époque de ta vie. En se référant à cela, que se passait-il dans ta vie te menant, vingt ans après, à composer et sortir le successeur de “Book Of Shadows” ?
Zakk : On voulait battre le record des quinze ans du “Chinese Democracy”; donc au départ on voulait simplement les battre puis on s’est dit qu’attendre vingt ne serait pas si mal que ça au final. Arrivé à seize années, le record était déjà entre notre possession mais on a préféré attendre quatre ans de plus car de cette manière, l’unique manière de battre ce nouveau record était d’être aussi indépendant financièrement que Richard Branson, pour être à ce point sans activité. (rires) Arrivé à vingt ans, il fallait donc se mettre au travail comme prévu.
Je n’y ai jamais vraiment pensé car depuis la création de Black Label Society, nous n’avons pas arrêté de bosser depuis 1998. De plus, ces albums-là contenaient déjà certaines de mes chansons type “Book Of Shadows”. On y a aussi eu “Hangover Music” mais c’était un album plus mélo encore.
Au sein de la Black Label Family, et ce à travers le monde, les gens n’arrêtaient pas demander quand un nouveau “Book Of Shadows” sera à l’ordre du jour, avec toute cette facette mélo. Je n’arrêtais pas de leur dire “oui il faut qu’on y réfléchisse” tout en changeant les couches, gérer les chiens, faire la vaisselle, donc je n’ai jamais vraiment eu le temps d’y penser. Vint alors le vingtième anniversaire du premier album et je me suis alors dit “tu sais quoi ? Et si on faisait un album comme ceux-là” bien que je compose tout de même ce type de musique depuis vingt ans.
Ma façon de procéder est assez simple. Admettons que tu sois mon manager ou associé, on prévoit toujours les coups à l’avance comme “combien de temps me reste-il avant que les autres arrivent au Black Vatican” “tu as cinq semaines” j’ai donc cinq semaine pour composer l’album.
Voici mon approche : tu es un explorateur et tu sais qu’il y a des os de dinosaures enfouis dans cette zone. Tu commences à creuser ici aujourd’hui. Si tu les trouves, tu les trouves autrement ce n’est pas grave. Tu sors t’acheter à manger, du café et demain tu continues tes recherches car tu sais qu’ils se trouvent ici.
Avec les chansons, c’est pareil. Si tu ne trouves rien de convaincant un jour, peut-être que le lendemain tu auras deux bonnes idées, qui sait ?
Tu as fait la tournée “Unblackened” puis le cycle album/tournée de “Catacombs Of The Black Vatican” où c’était un peu plus mesuré qu’avec “Order Of The Black” (2010). “BOS II” était-il quasi inévitable ? En étant plus calme et posé.
Zakk : Je ne pense pas. Comme tu dis c’est un instantané qui dépend de ton humeur. Puis tu cherches avant tout à faire quelque chose de différent.
Quel est ton process ? Es-tu parti d’une feuille blanche ou as-tu utilisé des idées collectées au fil du temps ?
Zakk : Nous ne faisons jamais de démo avec Black Label. Les seules choses que nous ayons faites ainsi était “Mama I’m Coming Home” et quelques autres trucs; le problème des démos c’est que tu es sans cesse à sa poursuite. Tu cherches à sonner comme sur la démo et c’est pour ça que je n’aime pas travailler de cette manière. Il suffit d’être bon lors de la première prise car c’est là où réside la magie; là où cela est vivant. Pourquoi reprendre un enregistrement qui sur le moment n’avait pas été convaincant ?
Combien de temps avez-vous passé à écrire et enregistrer l’album ?
Zakk : Cette fois-ci les sessions étaient beaucoup plus espacées car nous avons pas mal tourné. Jeff a enregistré la batterie en cinq jours et on avait grosso modo une quarantaine de titres. Ensuite nous avons fait un tri et sommes descendus à quatorze. J’ai ensuite pu me focaliser sur les textes destinés à ces chansons.
Quels sujets abordes-tu au travers de ces nouveaux titres ?
Zakk : En ce qui concerne la chanson, les paroles accompagnent toujours la musique car tu as besoin d’un sujet sur lequel chanter. Ça peut être quelque chose qui m’arrive à moi ou à toi, quelque chose que j’ai lue comme par exemple l’autobiographie d’un personnage ou bien encore simplement en regardant la télé et trouver l’inspiration à partir d’une histoire. A vrai dire c’est simplement à partir de ce qui t’entoure. Personnellement j’ai toujours pensé que les paroles doivent avoir une certaine force et profondeur, tu vois ce que je veux dire. Utiliser des métaphores et des tournures. D’ailleurs je trouve que deux des meilleurs auteurs sont Chris Cornell et Jerry Cantrell. Ils écrivent de superbes paroles qui sont à la fois profondes et fortes; c’est donc ce que j’essaie de faire. J’aime tout autant écrire des paroles que de composer la musique et surtout les soli. A vrai dire c’est comme quand tu cuisines : tu fais un steak mais aussi les légumes qui l’accompagnent et enfin le dessert; la chose dans sa globalité tout simplement.
Il y a “BoS II” mais un autre sujet occupe ton actualité : Wylde Audio. Tu as lancé les guitares au NAMM, en janvier 2016, et elles sont d’ores et déjà en vente. A ce sujet tu déclarais que c’était quelque chose de naturel, que c’était le prochain palier à atteindre. Quand as-tu eu ce projet en tête ?
Zakk : On avait déjà travaillé sur cet aspect-là avec Gibson. Je leur suis d’ailleurs très reconnaissant et ils font toujours partie de ma famille. A vrai dire c’est comme si tu quittais tes parents. D’abord tu te prends un appartement, puis l’étape suivante est d’acheter une maison. C’est simplement une évolution, vers la prochaine étape. On peut également prendre l’exemple d’un sportif qui gagne des trophées avec son club puis qui devient entraîneur de l’équipe, puis manager et enfin propriétaire de l’équipe.
Tout le monde ne cherche pas forcément cela mais à titre personnel j’apprécie ça. Je trouve ça fun car tu es constamment dans un processus créatif. A l’image d’un magazine, tu dois t’occuper des photos, des interviews, les différents articles, la mise en page. Tu es en charge et c’est plaisant. Tous les jours tu te lèves et tu te dis “oh ça serait cool de faire ça” j’incarne l’intégralité du process. C’est comme faire de la musique. Mis à part l’écriture, j’aime travailler les mélodies, puis les paroles et enfin les soli.
De plus il faut aussi s’entourer des bonnes personnes car tu délègues certains aspects à des personnes talentueuses dans leurs domaines et qui s’avèrent aussi être tes amis.
Et quel serait l’étape suivante ? Il y a le groupe, Wylde Audio, ton café; envisagerais-tu de manager des groupes ou quelque chose de ce style-là ?
Zakk : Tout à fait, tu peux très bien t’orienter dans cette direction aussi. Mon pote et associé Blasko est justement dans ce business-là, à manager des groupes. Il adore ça. Il dit d’ailleurs “je peux aider ces jeunes”.
Je dis toujours aux jeunes que peu importe ce que tu fais, tu dois être passionné. Que ce soit le skateboard, la biologie; c’est dans cette direction là que tu dois t’orienter parce que c’est précisément dans ce domaine là où tu excelles et où tu seras épanoui. (Zakk se tourne vers la photographe) Tu aimes la photo et c’est pour cela que tu en fais, c’est une forme d’art et tu aimes ça.
Si ce que tu fais ne te passionnes pas, alors c’est des conneries, quel est l’intérêt de continuer ? C’est là où réside la clé de la vie réussie et épanouie. Trouve ce que tu aimes et fais-le. Et c’est bien pour cela que j’adore le porno; se poser tranquillement et ne jamais vouloir faire quoique ce soit. (rires)
Il y a de nombreuses vidéos où on peut te voir entrain de frapper JD ou Jeff et vice versa. Avez-vous des taux de testostérone supérieurs à la normale au sein du groupe ?
Zakk : Se faire tabasser ? (rires) On aime ça tout simplement. On adore se cogner les uns les autres. (rires) Ca fait office de petite sieste de temps à autre. (rires)
Qu’attendre du concert ce soir ?
Zakk : Je dois d’abord préparer toute la Black Label Lingerie que je vais mettre. Ensuite je vais devoir me raser les jambes, et ça me prendras pas mal de temps histoire que je ne ressemble pas à rien dans mes bas résilles. (rires) De plus, il me sera plus simple de faire un show de cette nature en talons hauts car il n’y a pas autant d’action que cela car il n’y a que du mélo. (rires)
Enfin, nous sommes “RockUrLife” donc qu’est-ce qui rock celle de Zakk Wylde ?
Zakk : Qu’est-ce qui rock ma life ? Tout ce que je fais. Le groupe, la musique et bien évidemment ma famille, ma femme et mes enfants, mes chiens. Je ne pourrais demander plus. Je suis véritablement béni et je remercie le Bon Dieu tous les jours lorsque je me réveille.
Site web : blacklabelsociety.com