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ZEAL AND ARDOR (13/06/24)

© Noemi Ottilia Szabo
English version

Quelques mois avant la sortie de GREIF, Manuel Gagneux et Tiziano Volante de Zeal & Ardor se sont arrêtés dans Paris pour nous parler de ce nouvel album très attendu.

Bonjour à vous deux. Merci de prendre le temps de nous parler. Notre première question concerne justement le fait qu’habituellement, Manuel, c’est toi qui apparaît dans les interviews et pour ce nouvel album, GREIF, tu es maintenant avec Tiziano. Qu’est-ce qui a motivé ce changement ?

Manuel Gagneux (chant/guitare/composition) : Eh bien, parce que sur l’album, chaque musicien sur scène joue de son propre instrument. Avant, c’était juste moi. Donc, il est logique que tout le monde soit impliqué dans le circuit de presse. Nous sommes en quelque sorte en train de démocratiser un peu le groupe et de faire en sorte que les autres membres soient plus impliqués.

Tiziano Volante (guitare) : Je pense que c’était une progression naturelle. Je veux dire, ça a commencé comme un projet ou un groupe d’un seul homme et même lorsque le groupe a commencé, il a fallu du temps pour former une équipe soudée. Et ouais, c’est la première fois que nous essayons ça. Qui sait si nous continuerons de cette manière, peut-être que ça ne plaira pas aux gens et que nous ferons autrement.

Manuel : Ouais. On verra. (rires)

Tiziano : Je pense que ça a été plus ou moins une progression naturelle puisque ça implique beaucoup de temps dans la vie de chacun. Peut-être qu’au départ, l’intention était que ce soit plus comme un truc de session, donc les gens auraient pu être plus facilement interchangeables. Mais l’histoire a montré que nous sommes un groupe de personnes très spécifiques avec des idées et des besoins très spécifiques.

Manuel : Absolument.

Tiziano : Et nous sommes assez dépendants de l’équipe que nous sommes, je suppose.

À quoi attribuez-vous l’évolution d’un projet solo à cet nouvel album produit comme un groupe complet ?

Manuel : Le besoin. En fait, je n’ai jamais voulu être seul sur scène. Alors, je les ai recrutés. Et puis, je me suis dit : “oh merde, ils sont en fait vraiment compétents et de superbes personnes, ça aurait du sens de les impliquer davantage”. C’était, ouais comme tu l’as dit, une progression naturelle.

Et qu’est-ce que cela change ? Par exemple, lors des sessions d’enregistrement.

Tiziano : Ça a changé dans le sens où la traduction de l’album complet pour la scène a été anticipée dès la production de l’album. Jusqu’à présent, l’album était généralement terminé avec un master complet, puis nous devions réfléchir à comment nous allions réellement le jouer sur scène. Et maintenant, ça faisait déjà partie du processus d’enregistrement, même si nous avons encore pensé : “faisons-le à la comme en studio plutôt que comme une performance live“.

Une fois en studio, est-ce que vous, et le groupe en général, avez l’opportunité d’apporter vos propres contributions aux chansons ?

Tiziano : En fait la structure était déjà en place. Les idées générales étaient posées. C’était surtout une question d’interprétation, je dirais. Comme l’articulation, les sons, les configurations, le jeu sur nos instruments respectifs. Et je pense que ç’a donné à l’ensemble plus de profondeur et peut-être un peu plus de détail.

Manuel : En fait, il avait déjà enregistré ce qu’il avait en tête et c’était… mieux. (rires) Donc, il y a eu pas mal de changements.

Tiziano : Ouais, c’était vraiment ce que la progression naturelle telle que je l’aurais vue, personnellement. Je pense que c’est la même chose pour Mark [Obrist] à la batterie, qui est généralement le premier à enregistrer quoi que ce soit. Et la même chose pour Lukas [Kurmann] à la basse et nos deux chanteurs également. C’est intéressant de voir que la partie traduction faisait partie de l’enregistrement. Habituellement, c’est quelque chose qu’on pense après coup, donc c’était cool de réellement connaître les chansons quand nous les avons jouées.

Et avant, pour les albums précédents, vous écoutiez les chansons seulement lors des répétitions pour les concerts ?

Tiziano : Ouais. A peu près.

Manuel : En gros.

Tiziano : C’est aussi en quelque sorte une question de gestion du temps. Une fois que ce projet a commencé à se dérouler, il y avait, ouais, des délais à respecter et des albums à réaliser.

Justement, aimeriez-vous être encore plus impliqué dans le projet ?

Tiziano : Ouais et non. En fait… Peut-être. Peut-être plus avant cet album, mais maintenant je pense que je suis assez satisfait de la situation actuelle. Peut-être en ce qui concerne les riffs ou autre, quelques soient mes points forts, probablement les riffs, ce serait ça. Mais en ce qui concerne les idées conceptuelles, la vision d’ensemble des choses, c’est absolument un point fort. Ouais, ouais.

© Noemi Ottilia Szabo


Et en parlant des idées conceptuelles, les thèmes, le titre et la couverture de ce nouvel album sont basés sur une tradition de votre ville natale, Bâle [Suisse], appelée Vogel Gryff.

Tiziano : Ouais. C’est la meilleure prononciation que nous avons entendue jusque-là. (rires)

Oh, alors tant mieux ! (rires) Pouvez-vous nous en dire plus sur cette tradition ?

Manuel : En fait, chaque année, un gars dans un grand costume d’oiseau, en gros.

Un griffon ?

Manuel : Un griffon. Ça sonne mieux. (rires) Il y a deux parties de la ville, et elles sont séparées par une rivière. Une moitié est plus ouvrière et l’autre est plus bourgeoise. Et nous venons de la partie cool, celle des ouvriers. (rires) Et c’est une très vieille tradition où cet oiseau, le griffon, tourne le dos au côté bourgeois. En fait, il leur montre son derrière. Si vous êtes nés à Bâle, vous auriez été voir ça avec votre classe à l’école et c’est très marquant pour quiconque y vit.

Et à chaque fois tout le monde en ville y va ?

Manuel : Eh bien, au moins une fois. C’est une vieille tradition, mais au moins chaque enfant l’a vue.

Tiziano : Ouais. C’est vraiment quelque chose avec lequel nous avons grandi. C’est cette idée d’utiliser tous les moyens à sa disposition pour, en quelque sorte, se rebeller contre une oppression ou un oppresseur. Ouais, c’est une façon assez créative et non-violente de le faire.

Et alors, comment ce thème, cette tradition, se traduit-elle dans l’album ?

Tiziano : (inspire comme s’il allait prendre la parole) Non. (rires)

Manuel : Nous nous sommes toujours associés à la rébellion d’une manière ou d’une autre. Eh bien, l’intro est en gros un hommage à ça, et aussi musicalement, ça tend un peu vers ce qu’il y passe. C’est comme un cadre pour tout l’album, ouais.

Tiziano : De plus, la créature mythique elle-même est une combinaison de différents animaux, ce qui est également assez représentatif de ce que Zeal & Ardor fait et représente. Il s’agit juste de rassembler différentes choses et de créer une nouvelle créature à partir de ça.

C’est aussi une très belle couverture pour l’album.

Manuel : Ouais. Merci. Heureusement. (rires) T’imagine si elle était nulle ?

Tiziano : Ce qui est assez drôle c’est que l’ancienne version a l’air assez ridicule. Elle a l’air un peu (hésite) je ne veux pas dire débile, mais un peu loufoque. Ouais, c’est assez drôle. Et les versions plus récentes sont un peu plus sombres ou percutantes.

Oui, il a un côté un peu royal, presque méprisant.

Tiziano : Ouais, ouais.

Manuel : Ouais, c’est imposant.


Pour revenir au titre de l’album, il pourrait être confondu avec le mot “grief” en anglais [chagrin, peine en français]. Ce genre de jeu de mots a-t-il joué un rôle dans la décision du titre ?

Manuel : Peut-être inconsciemment. Je pense qu’avant tout, je voulais simplement mettre en avant notre tradition. Mais ça a du sens. Et rétrospectivement, pendant le développement, nous nous sommes dit : “Oh attends, ça pourrait aussi signifier grief“. Et oui, nous avons un peu joué là-dessus aussi, mais je pense que c’était plus une heureuse coïncidence. Enfin, malheureuse, parce que c’est le chagrin.

Est-ce que GREIF parle de cela à un moment donné ? Parce que les paroles sont, pas mystiques, mais chacun a sa propre interprétation de toute façon, donc nous étions curieux d’avoir votre point de vue sur cet aspect.

Manuel : La chanson “Solace” parle presque uniquement de chagrin. Mais il y a aussi d’autres choses, donc… Wow. (rires)

Vous y avez fait allusion plus tôt, mais il y a un certain aspect politique dans votre groupe, depuis le début. On pense notamment à l’EP Wake Of A Nation d’il y a quelques années. Donc vous êtes vraiment politisés et, outre cette opposition entre les côtés riches et pauvres, quels thèmes politiques avez-vous insufflé à cet album ?

Manuel : Ils ne sont pas aussi apparents. Ils ne sont pas aussi “directs” que les autres. Il y a certains aspects… L’aspect de la diaspora et, en gros, la lutte des classes, je pense, serait un thème central dans celui-ci.

Tiziano : Et aussi, notre ville a joué un certain rôle dans un conflit actuel qui est assez important. Donc vous pourriez vouloir enquêter là-dessus.

De quoi s’agit-il ?

Manuel : C’est ça le truc. Nous aimons vraiment quand les gens peuvent creuser et découvrir par eux-mêmes. Et puis, je ne pense pas que nous voulons être trop ouvertement associés à cela. (rires)

Tiziano : Faites vos propres recherches et vous comprendrez.

Vous avez donné une interview avec Kerrang! ces derniers mois où vous avez dit que même si tout le groupe a participé à l’enregistrement, vous avez tout de même tout écrit seul. Vous vous êtes même qualifié de “control freak” et avez dit que si un album où tout le groupe avait eu son mot à dire échouait, vous pourriez inconsciemment blâmer le groupe et dire que cela ne serait pas arrivé si vous aviez tout écrit seul. Est-ce que cela ferme la porte à l’intégration du reste du groupe dans la composition dans le futur ?

Manuel : Non, je ne pense pas. Je pense que je dois aussi accepter le fait que souvent, avoir de l’aide est une bonne chose. Et oui, être un control freak n’est pas une grande qualité. Et tu vois, je m’améliore aussi à cet égard.

Tiziano : En fait c’est pareil pour le reste de l’équipe. Je suppose que tout le monde est aussi un control freak à sa manière, probablement dans différents domaines, dans différents aspects. Donc je pense que c’est un processus pour tout le monde d’apprendre à se faire confiance, à faire confiance au processus. Et maintenant, nous l’avons fait plusieurs fois et je pense que nous avons déjà sorti des trucs bizarres qui ont peut-être surpris certaines personnes. Jusqu’à présent, nous ne nous en sortons pas trop mal avec ça. Donc oui, nous allons essayer d’aller aussi loin que possible.

Parlons de la musique maintenant. En écoutant l’album, il semble beaucoup moins agressif que le précédent. Était-ce une vraie décision ou cela s’est manifesté naturellement pendant l’écriture ?

Manuel : Je pense que ce n’était pas conscient. Ce qui était conscient, c’est que je voulais inclure plus de couleurs ou de styles. Parce que si vous voulez écouter exactement cette musique, nous avons déjà fait cet album et je préfère essayer de nouvelles choses. Cela ne signifie pas que nous devons devenir de plus en plus doux, mais juste essayer de nouvelles choses.

Tiziano : Juste essayer de se diriger vers de nouveaux domaines, où qu’ils soient. Donc pour cet album, on pourrait dire qu’ils sont un peu plus doux. Mais même si je pense que si tu regardes de plus près, ce n’est probablement pas le cas. En fait, c’est aux auditeurs de vraiment décider. Encore une fois, je pense que c’est juste la façon dont Manuel produit et recueille ses idées et sa musique et nous sommes tous là pour faire en sorte que cela devienne la meilleure expérience de vie que possible.

Vous venez de parler des différentes couleurs pour cet album, quelles sont les couleurs principales de GREIF ?

Manuel : Je pense que c’est comme un kaléidoscope en fait. Parce que ce n’est pas une seule couleur, c’est comme un bouquet de fleurs ou (prend une voix grave caricaturale) un bouquet de cadavres. (rires) Je ne dirais pas que c’est une seule couleur. Et je pense que c’est aussi comme le griffon, qui est un amalgame de différents animaux et c’est pourquoi nous l’avons choisi, parce que c’est comme un buffet.

Tiziano : C’est aussi très amusant d’avoir un peu plus d’options et de directions dans lesquelles nous pouvons aller quand il faut concevoir une setlist. Il y a un peu plus de pinceaux et de couleurs pour peindre. Et pour nous sur scène, c’est cool d’avoir de nouveaux morceaux à jouer aux gens et de voir comment ils réagissent.

Les versions live des chansons changeront-elles par rapport aux versions de l’album ?

Tiziano : Un peu.

Manuel : Un peu. Je ne dirais pas qu’il y aura des versions acoustiques ou quelque chose comme ça. (rires) Tout d’abord, il y a les limitations du fait d’être sur scène, mais il y a aussi l’expérience d’avoir joué ces chansons tant de fois que tu te dis : “Oh, et si on faisait ça ? Ça sonne bien.” Et ensuite, on s’y tient.

Tiziano : Ouais, c’est vraiment une grande partie de la musique qui est un peu oubliée de nos jours, surtout avec les réseaux sociaux, à savoir que la musique n’est, au final, pas un produit. C’est une pratique culturelle. Et aussi, même si nous avons enregistré ces morceaux avec nos meilleures intentions et la volonté d’atteindre la meilleure qualité possible avec les options que nous avons, cela reste quelque chose qui fait partie d’un processus de découverte. Se dire : “Oh, faisons-le de cette manière“, parce que, je ne sais pas, c’est plus amusant ou ça a plus d’impact ou c’est plus facile à jouer de cette manière. Donc oui, c’est un processus en cours, même avec de vieilles, vieilles chansons, je pense.

Ressentez-vous parfois le besoin de remanier ces vieilles chansons ?

Manuel : Nous ne le faisons jamais, mais je pense que nous avons tous à un moment donné ressenti que nous avions suffisamment écouté cette chanson, et peut-être que nous devrions y ajouter un nouvel aspect.

Tiziano : Oui. En fait, c’est parfois un peu dur pour le public parce que beaucoup de gens n’ont pas entendu parler de nous et c’est toujours agréable de les toucher. Et je pense que c’est bien de leur donner une vue d’ensemble plus classique de ce que nous faisons. Mais en même temps, il y a des gens qui nous ont déjà vus. Nous avons joué certaines chansons des centaines, des milliers de fois. Donc vous devez trouver un bon équilibre entre les nouveaux morceaux et les anciens pour que les gens aient toujours l’expérience complète que vous pourriez attendre du groupe en 2024.

Pensez-vous que vos fans accueilleront l’album de manière positive ?

Manuel : On ne sait pas. Je pense que si j’ai des attentes, je vais être déçu, ou avoir tort dans les deux sens. Je suis juste curieux de voir comment ils vont réagir. On verra bien.

Qu’est-ce qui vous rend le plus curieux ?

Tiziano : Rien en particulier à vrai dire. Vraiment l’album dans son ensemble. D’un côté, je suis nerveux à propos des gens qui sont très attachés à une image spécifique qu’ils ont du groupe. Mais d’un autre côté, j’ai vraiment confiance en notre public pour qu’ils comprennent. En plus, je pense que beaucoup savent ce que Manuel fait en dehors de Zeal & Ardor [ndlr : Birdmask, un projet de pop de chambre]. Et je pense que pour eux, ce n’est pas un si grand changement ou une surprise. Je pense que c’est une progression très naturelle.

 La chanson “to my ilk” a été choisie comme premier single. C’est probablement la chanson la plus douce que vous ayez jamais écrite. Que représente-t-elle pour vous ? En particulier sachant qu’elle conclut l’album ?

Manuel : Je pense qu’elle parle, à de multiples égards, de nous en tant que groupe. Je pense que c’est… je ne sais pas, une ode au groupe. Mais bien sûr, les paroles sont très spécifiques et je pense que c’est à chacun qui écoute de décider. Mais de bien des façons, pour moi, ça signifie que nous sommes passés à la radio. (rires)

Quelle a été la motivation pour la sortir en tant que premier single ?

Manuel : En fait, ce que nous voulions faire, c’était juste créer le plus grand contraste. Nous aimons surprendre les gens. Donc, d’abord, nous avons sorti ça un peu en mode : “Oh, merde, ça va être uniquement des chansons acoustiques et lentes“. Et puis le deuxième single était “Clawing Out”, qui est, à bien des égards, la chanson la plus lourde que nous ayons écrite jusqu’à présent. Et c’est un peu comme leur donner quelque chose de doux pour ensuite les frapper. (rires)

Tiziano : Et tout ce qu’il y a entre les deux.


Puisque nous parlions de couleurs, etc., le morceau “une ville vide” est vraiment intéressant au milieu de tout l’album. Il est entièrement instrumental, avec beaucoup d’arpèges et de synthés et, pour être honnête, vraiment magnifique. On dirait une sorte d’interlude mais a l’air d’être bien plus qu’une simple interlude, ces morceaux instrumentaux plus courts entre les “vraies” chansons, qui n’ont pas nécessairement le temps d’évoluer.

Manuel : Oui. En fait, ce n’est pas juste une émotion, tu vois, c’est comme un micro-voyage. Parce que ce morceau a en fait été écrit plus tôt et il était en fait beaucoup plus long. Et donc j’ai dû un peu couper la piste, mais je pense que ça fonctionne vraiment bien.

Tiziano : Pour moi, c’est l’un de mes morceaux vaguement interludes préférés que [Manuel] ait écrits jusqu’à présent. Je veux dire, au niveau de l’instrumentation, tu as fait des choses similaires mais je pense que c’est juste la ligne des mélodies, qui est putain de belle.

Manuel : Cool. C’est cool.

Vous avez mentionné avoir raccourci ce morceau qui était plus long à l’origine et sur l’album la plupart des morceaux durent moins de trois minutes. Il semble y avoir une volonté de condenser vraiment la musique, les idées, dans des formes plus immédiates.

Manuel : Ouais. Je ne suis pas un grand fan de trop de répétitions. Et tu sais, il n’y a pas vraiment de solo de guitare sur l’album.

Tiziano : Il y en a un. Et je l’adore. Il est absolument idiot et parfait comme ça. (rires)

Manuel : Mais oui, c’est comme si : On a cette idée, d’accord, encore une autre répétition et puis c’est bon. C’est fini.

Vous ne ressentez pas le besoin de faire durer la chanson huit minutes ou plus.

Manuel : Tu sais, il y a des groupes qui le font et c’est génial. Mais je pense honnêtement que ce n’est pas là-dedans que j’excelle et je ne devrais pas faire semblant de l’être.

Tiziano : En fait, sur cet album, il n’y a effectivement pas de chansons longues. Nous avons quelques chansons qui durent cinq minutes.

Manuel : Oui, mais pas comme le rock progressif où elles durent huit minutes et puis après il y a ce saxophone ou encore autre chose qui arrive.

Tiziano : Honnêtement, je ne veux pas parler à ta place mais je pense que nous, en tant que groupe ou musiciens, sommes tous vraiment intéressés par de bonnes chansons. Au moins pour mes oreilles. Et cela peut aussi être lié à mon TDAH. J’adore les refrains et les earworms et je ne les sors jamais de ma tête. J’adore ces chansons qui me captent de cette manière. Et généralement, ce sont celles qui sont un peu plus percutantes et concrètes. Donc, d’une certaine façon, tu te répètes simplement la chanson en boucle au lieu d’avoir dix minutes qui sont en fait comme… je ne sais pas. Et puis tu vas… Ouais, je sais pas. (rires) C’est aussi une excellente expérience. Il y a des groupes qui maîtrisent absolument ce genre de discipline. Je ne pense pas que ce soit notre domaine.

Manuel : Non, non. Pas encore. (rires)

Que pensez-vous être la partie la plus importante de l’identité de Zeal & Ardor ? Le côté metal ou le côté gospel ?

Manuel : Je pense que les deux sont présents, mais je ne dirais pas qu’il y a quelque chose de dominant. Bien sûr, le metal est présent dans la plupart des morceaux. Mais encore une fois, il y a aussi l’aspect soul. Mais, euh, oui, je suis très indécis et j’aime être indécis.

Parce que l’album, bien qu’encore un peu lourd par moments, semble avoir plus d’aspects soul que d’aspects metal.

Manuel : Oui, ce n’était pas quelque chose de voulu. Je pense que c’est juste comme ça que ça s’est passé. Et peut-être que le prochain album sera juste du grindcore. (rires)

Tiziano : Je pense que c’est généralement plus une question d’attitude envers la musique et la création en général.

Pourriez-vous développer cela ?

Tiziano : Simplement s’amuser avec et essayer des choses et ne pas essayer de s’enfermer dans une boîte. Même si nous sommes connus pour être les enfants bizarres à l’école, je suppose. Cela peut aussi être limitant dans une certaine mesure parce que les gens s’attendent à ça. Et je suppose que nous essayons de proposer quelque chose de nouveau pour nous surprendre nous-mêmes et surprendre les auditeurs.

Vous avez dit dans une autre interview que vous souhaitiez que Zeal & Ardor soit connu comme “le groupe qui expérimente“. Quels paysages sonores aimeriez-vous explorer ensuite ?

Manuel : Il y en a tellement.

Tiziano : Du funk brésilien ! (rires)

Manuel : Tiziano est un grand fan de sections de cuivres, comme les trompettes et autres trucs de ce genre.

Tiziano : Ça, et les pad de synthés house. Ouais. C’est cool.

Manuel : David Guetta. Ce sera génial. Une super collaboration.

Alors, la prochaine étape pour Zeal & Ardor est la house music ?

Manuel : Ouais, nous allons nous rendre à Ed Bangers Records plus tard justement. (rires)

À quel point êtes-vous excités de rejoindre Heilung lors de sa tournée cet automne ?

Manuel : C’est génial. En fait, nous avons déjà joué avec eux. Évidemment, ça nous permet de jouer dans de plus grandes salles avec un plus grand public et je pense que ce sera très… Parce que Heilung est très spirituel et c’est comme un rituel qu’ils font. Et puis d’une certaine manière, nous avons aussi un rituel donc ce sera cool de les coller ensemble. Et peut-être que je vais porter le chapeau. C’est un chapeau ? Non. Des cornes ?

Une tournée en tête d’affiche est-elle prévue pour l’année prochaine ?

Manuel : Nous y tenons beaucoup, oui. Mais bien sûr, c’est toujours…

Tiziano : Ce n’est pas confirmé.

Manuel : Oui, ça serait bizarre de dire : “Oui, bien sûr !” et ensuite de ne pas le faire.

Tiziano : Nous faisons de notre mieux.

Est-ce que ça devient fatigant de tourner à un moment donné ? Avoir beaucoup de dates en peu de temps, etc. ?

Manuel : C’est épuisant, mais je ne dirais pas que c’est fatiguant, mais j’adore ce que nous faisons. J’aime aussi être à la maison et jouer aux jeux vidéo, mais je pense qu’il n’y a rien que je préfère faire, en fait, donc…

Tiziano : Je pense qu’il faut juste une certaine conscience de la façon dont la vie en tournée fonctionne. Dans ma tête, c’est essentiellement comme une sorte d’équipe SWAT mélangée à une ambiance de pirates.

Manuel : Et une famille dysfonctionnelle. (rires)

Tiziano : Tous entassés dans une voiture de clown. Et au fil des ans, ça a été un processus de découverte de comment rester heureux, en bonne santé, bien nourris, détendus autant que possible dans ces conditions où, en gros, tout va se passe à l’inverse de ces objectifs. (rires) Donc, oui, je pense que nous avons en quelque sorte trouvé comment faire les choses de manière plus détendue et nous apprenons encore comment le faire de manière plus détendue maintenant, avec une production plus grande que nous gérons. C’est la première fois que ça a vraiment donné l’impression d’être : “OK, il y a beaucoup plus de travail que nous devons gérer en équipe“, mais je pense qu’en fait ça va faire moins de travail et qu’on est capables de plus déléguer et on est mieux organisés en général.

Donc ça va être un spectacle impressionnant.

Tiziano : Il y a beaucoup de lumières. Beaucoup de bruit.

Manuel : Donc tout ce que vous voulez ! Que demander de plus ? (rires)

Il est temps de nous séparer, mais avant cela, une dernière question. Nous sommes RockUrLife, alors qu’est-ce qui rock votre life ?

Tiziano : Oh, mon conjoint.

Manuel : Ouais ?

Tiziano : Ouais.

Manuel : Trop cool. C’est sympa. En ce moment, ce qui rock ma life, c’est la salade de pastèque et feta.

Tiziano : Oh, oui.

Manuel : C’est incroyable.

Vraiment ?

Manuel : Ouais. Ça sonne bizarre, je pense que c’est ce que je vais manger pour les trois prochains mois. (rires)

Tiziano : Et puis plus jamais ! (rires)

Manuel : Et toi, qu’est-ce qui rock ta life ?

© Noemi Ottilia Szabo


Site web : zealandardor.com

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