Ce soir, Beach Slang ne fera pas que défendre son excellent deuxième effort, “A Loud Bash Of Teenage Feelings“, mais prendra aussi sa revanche sur le concert du 23 novembre dernier, qui avait été annulé en même temps que la tournée entière.
Déplacé de La Maroquinerie aux Etoiles, les Américains n’ont pas vraiment gagné au change : la salle est plus petite et la communication n’a semble-t-elle pas été faite au mieux pour promouvoir cette nouvelle date. En témoigne la vingtaine de personnes qui assisteront timidement à la performance de LYS, groupe de rock alternatif français qui, le temps d’une soirée, passe d’un quatuor à une performance solo de son leader. L’assurance du musicien, la clarté de sa voix suave et puissante, l’efficacité avec laquelle il enchaine les titres ne trompent pas et se retrouvent sur un CV déjà impressionnant. Le premier album avait été mixé par Paul Corkett (The Cure, Björk, Nick Cave) et depuis, la formation a joué plus de trois-cent dates.
Repéré par l’ancien batteur de Placebo, on se surprend parfois à entendre quelques réminiscences de la voix de Brian Molko, ce qui n’est évidemment pas pour déplaire. Si l’on regrette par moment la formule simple de l’acoustique, le morceau “The Mistake”, co-écrit par Craig Walker (ex-Archive), nous plonge dans une bulle de coton agréable. Malgré une audience minuscule, Lys solo joue le jeu et propose un set accrocheur de bout en bout, avec en dernier titre une magnifique reprise de “Nightcall” (Kavinsky).
De trente personnes, on passe à une soixantaine lorsque le quatuor de Pennsylvanie foule les planches. Pas décontenancé pour un sou de se retrouver face à aussi peu de gens, ce BEACH SLANG 2.0 entame son set avec la très indé “Noisy Heaven” issu du premier album, “The Things We Do To Find People Who Feel Like Us” (2015). La scission entre les titres rock indé (“Spin The Dial”) et les titres plus punk énervés (“Ride The Wild Haze”) se ressent d’autant plus en concert que le groupe est énergique et le chanteur très en voix. Tous les yeux sont rivés vers James Alex, véritable phénomène de foire qui sait amuser son public, racontant avec amusement : “J’ai troqué la bière pour de la vodka orange sur cette tournée, du coup c’est plus saint et en plus je suis tout le temps bourré !”.
Ce show marque aussi l’introduction du nouveau line up avec Cully Symington (batterie) et, surprise, la très en beauté Aurore Ounjian (guitare) ! Outre le fait que l’on apprécie toujours de voir une femme dans un groupe de rock, ce line up marche à merveille et la bonne humeur de Beach Slang est vraiment contagieuse, même lorsque James casse une corde et qu’on lui ramène une guitare de rechange sur laquelle il improvise du Johnny Cash. Puis les Américains lancent une superbe reprise du “Boys Don’t Cry” de The Cure. La communion avec l’assemblée se renforce au fil du set et des verres de vodka orange que son leader s’enfilera, nous racontant des anecdotes amusantes entre deux rasades. Les morceaux les plus rythmés (“Atom Bomb” en première place) fédèrent l’audience qui, au fil du set, fait vraiment symbiose avec les Américains.
Après une heure de jeu, le groupe s’en va pour un court rappel à l’issu duquel James revient seul pour interpréter “Wonderwall” (Oasis), entonné également par l’auditoire. Puis les autres membres le rejoignent pour la classique reprise de “Where Is My Mind?” avant de clôturer le set par “Young & Alive”, véritable ode qui, à elle seule, résume la soirée. James s’écorche la voix sur la fin, avant de remercier copieusement le public pour cette fabuleuse soirée où une orgie de rock, de punk et d’humour ont parfaitement communié ensemble.
Le plus beau dans tout ça ? Se retrouver face à une petite audience, ce qui aurait pu être un véritable handicap pour le quatuor, s’est avéré être l’un des points forts de la soirée. La musique a parfois ce curieux pouvoir d’aspirer l’espace et c’est exactement le tour de force que nous a offert ce Beach Slang 2.0 avec cette performance plus longue mais surtout plus intense que celle donnée à Rock En Seine l’été dernier.
Setlist :
Noisy Heaven
Filthy Luck
Spin The Dial
Hard Luck Kid
Porno Love
Ride The Wild Haze
Hot Tramps
Punks In A Disco Bar
Dirty Cigarettes
Future Mixtape For The Art Kids
Throwaways
American Girls And French Kisses
Boys Don’t Cry
Bad Art & Weirdo Ideas
Wasted Daze Of Youth
Atom Bomb
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Wonderwall
Punk Or Lust
Where Is My Mind?
Young & Alive