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BRING ME THE HORIZON @ Zénith (21/11/18)

Souvenez-vous : il y a deux ans et demi, en avril 2016, Bring Me The Horizon remplissait son premier Zénith à Paris. Une forme de consécration, qui couronnait le succès rencontré par le groupe avec, notamment, son dernier album en date “That’s The Spirit”. Ce soir-là, l’euphorie était de la partie tant grâce à la symbolique de cette date qu’au show généreux offert par le quintette anglais. Aujourd’hui, les cinq de Sheffield sont de retour dans la même salle, quelques mois avant la sortie du très attendu “Amo”, sixième album de Bring Me The Horizon.

On arrive, malheureusement, un peu tard pour profiter de l’intégralité de la prestation de YONAKA. Mais du peu que l’on voit, on apprécie l’énergie et l’identité d’un groupe qui réussit à nous montrer un enthousiasme très juvénile, mêlé à une assurance qui fait mouche aux yeux du public parisien. Le groupe joue une pop alternative avec de grosses guitares, un peu dans le même esprit que ce que nous offre BMTH depuis quelques temps, avec une super frontwoman au chant. A revoir !

 

La suite ouvre des hostilités bien plus incisives. C’est un mini-événement ce soir que de recevoir FEVER 333. Pour la petite histoire, ce trio n’est, ni plus ni moins, que la réunion de Jason Butler (ex-Letlive), Stevis Harrison (ex-The Chariot) et de Aric Improta (Night Verses). Autant dire que les gars ne sont pas là pour rigoler et lorsque la formation entre cagoulée sur scène, avec une plage musicale angoissante, the storm is coming! Le son est incisif et rend plutôt bien hommage aux brûlots que sont les chansons du groupe. Jason Butler est, comme à son habitude, complètement habité sur scène et il ne lui faut pas plus d’une chanson pour traverser la fosse du Zénith et se retrouver dans les gradins de la salle, juste sous notre nez. La prestation est dantesque, le message politique de Fever 333 est incendiaire mais extrêmement positif dans le même temps. Le set de Fever 333 passe en un éclair tant le groupe nous en mets plein les yeux. Vivement son retour en France, en tête d’affiche ! Le premier album de la formation est prévu pour le 18 janvier prochain et, nul doute que ce sera l’un des grands moments de l’année à venir.

 

Bien chauffé par la prestation de Fever 333, le public est paré pour attendre jusqu’à 21h20, heure à laquelle les lumières s’éteignent enfin. Une intro sombre et pop invite BRING ME THE HORIZON à entrer sur scène, ce que les musiciens font dans un tonnerre d’applaudissement. “Mantra” démarre le set et le public parisien connait déjà les paroles du premier single de ce prochain album par cœur. Le son est massif bien que particulièrement déséquilibré. En effet, les guitares et la batterie sont très en avant dans le mix, a contrario de la voix et du reste. Cette tendance ne bougera, malheureusement, pas pendant l’intégralité du set. Les Anglais jouent définitivement la carte de l’efficacité, et ce n’est pas une grande surprise.

La setlist se concentre presqu’uniquement sur “Sempiternal” et “That’s The Spirit“. On reconnait les arrangements déjà entendus sur les tournées précédentes (“Go To Hell For Heaven’s Sake”, “Avalanche”), alors que la scénographie se limite, dans un premier temps, à un simple rectangle lumineux qui monte et descend au-dessus des membres et de quelques jets de CO2. Classique. La guitare qui introduit “Wonderful Life” nous éclate les oreilles tant elle est sur-mixée. La voix d’Oli Sykes est imperceptible alors que le charismatique frontman semble avoir encore progressé sur son chant.

 

Suite à cette chanson, on se rend compte que le Zénith semble s’amuser bien plus que le groupe qui fournit un service minimal. Peu de communication et une attitude sur scène millimétrée, ne laissant pas de place à la folie. “Shadow Moses” confirme cette tendance. Ce qui restera l’une des meilleures chansons de BMTH est vécue comme un hymne par les (environ) cinq mille personnes présentes ce soir tandis que le groupe la joue avec un enthousiasme mesuré. Peu importe après tout, l’assemblée semble prendre du plaisir à écouter cette setlist best of.

 

C’est alors qu’Oli prend la parole pour nous dire que, la veille à Amsterdam, les Britanniques avaient joué un petit medley de vieilleries pour fêter le trente-deuxième anniversaire du chanteur et que, vu l’enthousiasme des réactions sur le net, la bande décide de remettre le couvert ce soir. Moment jouissif que d’entendre “The Comedown”, “Diamonds Aren’t Forever” ou “Medusa” résonner dans le Zénith. Le logo du groupe s’allume alors en fond de scène tandis que BMTH entame “Can You Feel My Heart”.

 

Bring Me The Horizon offre un concert des plus efficaces et, il est flagrant que le quintette ne s’adresse désormais plus à la base metal de son auditoire. Tout est fait pour ouvrir l’univers du groupe au plus grand nombre. En atteste cette version acoustique de “Drown” qui engendre une scène de communion vraiment agréable dans l’audience. Oli et Lee quittent la scène et la salle est plongée dans le noir avant un rappel attendu. L’incroyable “Doomed” est joué et, chanté si fort par le public parisien que les notes de Sykes se noient souvent dans la cacophonie du Zénith. Le tout avant que “Throne” ne clôture ce show dans une ambiance de fête générale.

 

On sort du Zénith enjoué par le concert mais, sans véritablement sentir que ce soit du fait de Bring Me The Horizon. Les chansons sont toujours aussi bonnes mais la prestation scénique de BMTH fut clairement fainéante. Une scénographie somme toute minimale et surtout, une communication inexistante vers la foule. Emballé c’est pesé, le groupe nous reviendra peut-être après la sortie de l’album dans une forme plus emballante. On est cependant conquis par ce que nous a proposé ce soir Fever 333 et curieux de ce que Yonaka nous apportera à l’avenir. La fin d’une ère ?

Nathan Le Solliec
LE MONDE OU RIEN