Caspian est une formation américaine de post rock qui a bien évolué depuis son premier passage en France, dans la minuscule salle du Klub, en 2008. Malgré le fait qu’elle ne renouvelle pas son Bataclan de 2013, c’est devant un Divan Du Monde sold out que le quintette s’apprête à défendre son quatrième album, “Dust And Disquiet”.
C’est d’abord le one woman band JO QUAIL qui va avoir la lourde tâche de chauffer un public parisien qui n’a d’yeux que pour Caspian. Les Américains sont formels : ils ne veulent pas un énième groupe de post rock en ouverture. Et ça tombe bien, puisque la Londonienne propose de la musique au violoncelle ! Outre l’originalité des compositions, oscillant entre ambiance voluptueuse et passages plus agressifs, Jo Quail a la particularité de looper ses mélodies, seul point commun qu’elle partage avec le post rock. Ceci est plutôt avantageux pour l’Anglaise qui peut à elle seule proposer des ambiances assez variées, entre un hommage à sa vie en Australie sur “South West Night” et “Gold” qui, du haut de ses dix minutes, prend le temps de se dévoiler et de gagner en intensité. Timide mais souriante et loin d’être dénuée de charme, la Londonienne fait même de l’humour entre ses chansons. “Adder Stone”, tiré de son deuxième album “Caldera” (2014), ponctuera un set de quarante minutes qui aura visiblement partagé la foule, entre les plus ouverts, réceptifs, et ceux qui désirent sans plus attendre voir la formation pour laquelle ils ont fait le déplacement ce soir.
Un petit quart d’heure s’écoule et c’est peu avant 21h que les cinq musiciens de CASPIAN s’emparent d’un Divan Du Monde plein à craquer ! L’intro crescendo de “Darkfiled”, issu du nouvel album, est parfaite pour se mettre dans le bain. Le son est propre, les musiciens sont en place et les lights bleues promettent une soirée tout en poésie sonore. Avoir trois guitaristes sur scène est un avantage de taille pour le groupe qui propose des ambiances variées et efficaces, dans un spectre de tempo allant du lent contemplatif et aérien au très rapide et ultra rythmé. Si les nouvelles chansons passent aisément l’épreuve du live (mention spéciale à “Echo and Abyss” et ses parties chantées, sublimes !), le public est là aussi pour bouger sur les tubes qui ont fait la renommée de Caspian : les nombreux changements de rythmes et d’ambiances de “Of Foam And Wave” sur “Tertia” (2009), la contemplative “Gone In Blood And Bough” sur “Waking Season” (2010) ou encore “ASA” sur “The Four Trees” (2007) se succèdent avec maîtrise et succès. Sur “Arcs Of Command”, Caspian atteint une intensité rare, avec des passages groovy qui déclenchent l’hystérie dans la fosse. La présence scénique des musiciens est réellement impressionnante : les guitaristes se balancent dans tous les sens et matérialisent à merveille l’intensité qui se dégage de leurs murs sonores, toujours accompagnés par des lights blanches/jaunes qui donnent une saveur particulière à l’ensemble. L’assemblée se complait à bouger, à hocher la tête en rythme et même à fermer les yeux pour se plonger dans l’introspection sonore offerte par les Américains.
Après une heure de set, Caspian se retire le temps d’un court rappel. L’un des guitaristes avoue que Paris est sa ville préférée et que Caspian a toujours reçu un accueil spécial dans la capitale. Ce mois-ci, le groupe fête les dix ans de son premier EP “You Are The Conductor” (2005). C’est tout naturellement que l’introduction immédiatement reconnaissable de “The Loft” résonne alors dans un Divan Du Monde sous le charme de la formation. Et le bleu de l’océan laissera sa place aux couleurs rouges pour une clôture sur une version longue et sublimée de “Sycamore”. Les musiciens, comme l’audience, ne semblent jamais vouloir que ce moment se termine.
Et pourtant, après 1h45 d’un show d’une intensité rare, Caspian accepte de rendre à la salle sa respiration, mais pas son talent, qu’il entretient et développe depuis maintenant dix ans. Les applaudissements généreux du public démontrent qu’il n’a qu’une hâte : que le quintette annonce déjà son prochain passage annuel dans la capitale.
Setlist :
Darkfield
Echo And Abyss
Of Foam And Wave
Ríoseco
The Dove
ASA
Halls Of The Summer
Gone In Bloom And Bough
Arcs Of Command
—-
Loft
Fire Made Flesh
Sycamore