DAUGHTER @ La Gaîté Lyrique (30/01/16)

Le groupe Daughter a conquis La Gaité Lyrique samedi 30 janvier dernier, en compagnie de son émouvant et attachant John Joseph Brill en première partie, pour un concert complet.

La soirée commence avec les morceaux emprunts d’humour et de vie, de JOHN JOSEPH BRILL. A peine sur scène, et pourtant seul, son aura semble émaner jusqu’aux moindres recoins de la salle. Le musicien barbu se justifie alors : “Je suis seul ce soir. D’habitude, je suis accompagné d’un groupe complet qui joue très fort et couvre mes erreurs, mais ils n’ont pas pu venir comme vous pouvez le constater, car vous êtes très observateurs.”. Il continue : “Je dois vous avouer que j’ai récemment fait le tour de ma discographie, pour me rendre compte que les 3/4 de mes chansons parlent d’alcool”, déclare-t-il une bière à la main. “Cheers! La prochaine chanson parle… d’alcool, du coup”. Pour, continuer dans l’humour, il constate : “Vous êtes un public très silencieux et sympa. En Angleterre ce n’est pas comme ça, personne n’écoute, on est très mauvais pour ça. Pour vous récompensez, criez ! Ça fait du bien ! Je vous laisse donc choisir si la suivante sera une chanson heureuse ou triste… à propos…” “d’alcool !” crie l’audience. “Oui, mais pas seulement !”. Pour terminer, il remercie Daughter en affirmant que l’on va adorer et que l’on va bientôt oublier son existence parce que oui, ils sont bon à ce point.

DAUGHTER fait enfin son entrée, après quarante-cinq minutes d’attente. Le trio (ici quatuor) entonne les premières notes d’une délicatesse incroyable, mais cependant emplies d’une force dont on n’aurait pas idée à la vue de la petite et timide Elena. La formation possède une aura très forte, lumineuse. Les musiciens sont semblables à la toile de fond de leur concert : des traits légers de peinture dans des tons pastels, sur un fond noir. De la profondeur de leurs paroles, la formation fait ressortir une vitalité épatante. L’assemblée est figée, pétrifiée, subjuguée face à ce qu’ils offrent. L’on aurait presque l’impression que l’audience est envoûtée. Et c’est le mot : nous sommes réellement envoûtés par la prestation dont aucune note n’est en trop contrairement à ce que déclare Igor : “C’est étrange, dans cette salle nous nous entendons vraiment jouer, c’est très…clinique… On peut distinguer toutes nos erreurs”.

Mais les fans n’ont pas l’air du même avis, et les dix minutes d’applaudissements le prouveront. Daughter a vraiment quelque chose de différent par rapport à beaucoup d’autres groupes, dans la sorte de mystique qu’il apporte. Ce set aura semblé être un parachèvement, une perfection de ce qu’il fait en studio : une magie qui prend vie sous nos yeux. Et nos yeux en ont pris plein la vue. Et si les yeux sont le regard de l’âme, c’est clairement l’âme de Daughter que l’on a vu, à nue, sur ces planches. Car c’est comme cela que naît leur harmonie : les regards qu’échangent Elena et Igor, à leurs instruments respectifs, à eux-mêmes, ou à leur public sont intenses, et prenants. Il y a quelque chose d’incroyablement humain, organique, et l’on a l’impression d’être “Alone / With [Them]”.

Cette soirée aura donc été d’une richesse musicale sans égale, mais également humaine, dans deux styles différents. D’abord l’humour, ensuite le ressenti. D’abord la forme, ensuite le fond. Mais quoi qu’il en soit, ce fût un soir placé sous le signe du lyrisme, mais surtout, de la Gaîté.

Setlist :

How
Tomorrow
Numbers
Alone / With You
Amsterdam
Human
Doing The Right Thing
Shallows
Home
No Care
Winter
Smother
New Ways
Youth
Fossa
—-
Made Of Stone