De retour avec son quatorzième album studio, “Spirit”, c’est dans l’enceinte d’un Stade De France presque complet que Depeche Mode amène au public parisien son “Global Spirit Tour” le temps d’une soirée. Retour sur un concert convaincant, néanmoins affaibli par une ambiance plate.
19h45. Le nom ALGIERS s’affiche sur grands écrans, annonçant l’arrivée imminente du groupe de première partie. Après une intro musicale laissant la formation s’introduire sur scène sur les encouragements de l’audience, place à la musique, qui se voudra très plaisante. La combinaison post-punk/gospel expérimentale des Américains se veut très efficace et maîtrisée, portée par la voix intense et groovy du frontman Franklin James Fisher. Les premiers rangs remuent les bras, le reste du Stade applaudit chaudement entre les titres. Mission remplie pour Algiers.
21h. Place à la tête d’affiche ayant rassemblée près de 60 000 personnes ce soir. “Revolution” des Beatles résonne, suivie d’une version instrumentale de “Cover Me” illustrée de dessins figuratifs de pieds avançant en rythme sur grand écran, rappelant la nouvelle imagerie de la formation britannique. Après cette introduction musicale et visuelle, les tant attendus DEPECHE MODE font leur entrée sur scène, devant une audience d’apparence en ébullition. La formation se montre motivée, dynamique, et débute son set sur deux nouvelles chansons, “Going Backwards” et “So Much Love”. Dave Gahan fait vibrer le bâtiment de sa voix gutturale, toujours aussi emblématique et maîtrisée. Mais côté ambiance, la locomotive semble prendre du temps à se mettre en marche. Pour cause : les premiers sons sont plutôt lents, et la large assemblée ne semble pas être très familière avec le travail récent de la bande, tout en restant sur la réserve pour les morceaux à succès moyen, à l’exception de la fosse or. Les dit-titres, bien qu’efficaces en live, ne sonnent que comme une deuxième introduction aux titres suivants quelque peu plus connus, tels que “World In My Eyes”.
Quoiqu’il en soit, la prestation délivrée par le trio est de qualité, presque happante par moments; son énergie, alors qu’elle pourrait perdre de son envergure dans la grandeur du Stade De France, demeure une entité définitivement palpable. Autre point fort : la mise en avant du guitariste Martin L. Gore, gratifiant le Stade de sa superbe voix sur “Judas”, “Home” ou encore “Somebody”, interprétées en solo. Ce dernier volerait presque la vedette à Dave Gahan, qui restera néanmoins le pilier du concert, ponctuant ses prestations vocales de ses déhanchés décomplexés et sensuels, faisant partie intégrante de sa persona sur scène.
Niveau setlist, exit les tubes du premier album “Speak & Spell” ou les succès des années 80, à l’exception de “Everything Counts” qui enflammera le Stade et fera un bien fou aux fans nostalgiques. La liste de chansons repose majoritairement sur les efforts “Spirit“, “Songs Of Faith And Devotion” (1993) et “Violator” (1990), et sera parfois ponctuée de compositions issues de quelques autres disques. Difficile de satisfaire tout le monde lorsque l’on possède une discographie s’étendant sur pas moins d’une trentaine d’années.
Quoiqu’il en soit, le son de Depeche Mode n’a pas pris une seule ride, et fait tout autant vibrer les adultes que les plus jeunes présents ce soir. Le public reste cependant encore très timide, et ne s’autorisera à se lever des sièges qu’à l’entente des hits de DM, type “Stripped”, la plus que célèbre “Enjoy The Silence”, ou encore “Never Let Me Down Again”, durant laquelle le frontman investira l’extension de scène afin de lancer des cadeaux aux fans, avant que la formation ne s’éclipse.
Quelques minutes d’acclamations plus tard, les Britanniques font leur retour pour un rappel de cinq morceaux. Le spectacle se voulant aussi visuel bien que sobre, les grands écrans diffusent diverses images (toiles abstraites, clips etc), dont une vidéo puissante pour “Walking In My Shoes”, mettant en scène le quotidien d’une personne transgenre. Nouveau moment marquant : un hommage à David Bowie, prenant vie grâce à une reprise de “Heroes”, apparemment à peine reconnue par l’auditoire. Le set touche à sa fin, et de la meilleure des manières. L’intemporelle “Personal Jesus” résonne et s’étend sur huit minutes, venant clôturer 2h15 de show.
Soirée aux retours mitigés à la sortie du Stade De France. “Trop mou”, “pas assez de classiques servis”. Depeche Mode s’est néanmoins montré musicalement irréprochable, et toujours aussi magnétique. Direction l’AccorHotels Arena le 3 décembre 2017 pour une nouvelle date parisienne !
Setlist :
Going Backwards
So Much Love
Barrel Of A Gun
A Pain That I’m Used To
Corrupt
In Your Room
World in My Eyes
Cover Me
Judas
Home
Poison Heart
Where’s The Revolution
Wrong
Everything Counts
Stripped
Enjoy The Silence
Never Let Me Down Again
—-
Somebody
Walking In My Shoes
Heroes
I Feel You
Personal Jesus