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DOWNLOAD FESTIVAL FRANCE 2016 – Jour 1 (10/06/16)

Pour la première fois depuis sa création en 2003, le festival anglais s’exporte de l’autre côté de la Manche pour s’installer à l’Hippodrome de Longchamp le temps d’un week-end, du 10 au 12 juin, aux mêmes dates que l’événement originel. Retour sur cette première édition parisienne placée sous le signe du metal.

C’est sous un ciel bleu et une chaleur de plomb que nous arrivons sur le site du festival via la navette depuis Porte Maillot, non sans mal. Qui dit première édition dit forcément divers problèmes. Tout d’abord, suite à une ouverture des portes des plus chaotiques, nombreux sont les festivaliers à louper les premiers groupes, qui, eux, doivent débuter leurs sets à l’heure. Mais ce qui ne sera pas le cas pour We Came As Romans, qui doit donc commencer devant une pelouse vide, en ayant pourtant commencé avec du retard.

Ce n’est pas tout, afin de pouvoir payer sa nourriture, sa boisson et/ou son merch’, il faut d’abord recharger son bracelet en cashless, l’unique moyen de paiement du festival, les espèces et la carte bleue n’étant pas acceptés. Sauf qu’au lieu d’être un gain de temps considérable comme prévu, les festivaliers doivent patienter un long moment avant d’avoir accès aux bornes cashless. Il manquerait plus que les festivaliers meurent de faim et surtout de soif (la bière étant vitale pour le metalleux, inutile de le préciser !). Pour pouvoir voir les concerts au Download Festival France, il faut donc doublement le mériter, un vrai parcours du combattant !

WE CAME AS ROMANS (Main Stage) – Cette première édition française du Download Festival commence directement sur la Main Stage baignée d’un agréable soleil, le temps idéal pour en profiter pleinement. On entame ces trois jours de concerts avec les metalcoreux américains de We Came As Romans qui étaient déjà passés par notre capitale en décembre dernier avec One OK Rock (également présent le samedi).

 

 

A 15h15, heure de passage annoncée de WCAR, il n’y a quasiment personne, comme annoncé plus haut. Le show ne commencera que vers 15h30 devant une petite foule encore timide. Mais ceci ne découragera pas le quintette qui commencera avec le premier titre du dernier album éponyme “Regenerate” et enchaînera avec des chansons tout aussi énergiques telles que “Tear It Down” ou “Ghosts”. Les deux frontmen, Dave (scream) et Kyle (chant clair), se partagent parfaitement la scène et nous invitent à bouger, chanter et applaudir. Le groupe ne manque pas d’interagir avec son public (‘Vous êtes prêts pour Iron Maiden ce soir ?”, “allez voir Beartooth qui seront sur la Stage 2 après nous !”) et nous prépare à un festival dont on risque de se souvenir très longtemps ! Les musiciens se retirent -trop tôt- sur leur titre phare “Hope”.

 

 

BEARTOOTH (Stage 2) – De l’autre côté de Longchamp, sur la Stage 2, qui fait face à la Main Stage, la formation menée par Caleb Shomo, qui vient de sortir son second album “Aggressive“, se prépare à monter sur scène avec une dizaine de minutes de retard. On aperçoit déjà plusieurs habitués vêtus de leur merch aux barrières. Comme à son habitude et comme lors de ses deux derniers concerts parisiens, Beartooth commence son set avec “The Lines”, et nous présente ensuite de nouveaux morceaux tels que “Aggressive”, “Loser” ou encore “Always Dead”. Les anciennes comme les nouvelles chansons sont parfaitement maîtrisées par le quatuor américain. On lui reprochera juste de ne pas être très bavard (mais il n’oubliera pas de demander aux fans s’ils ont vu leurs potes de We Came As Romans). Sans rappel ni avertissement, Beartooth quitte l’estrade afin de laisser place à Avatar.

 

 

THE WILD LIES (Stage 3) – Sous la petite tente située à droite de la Main Stage, le jeune quintette anglais, formé il y a seulement deux ans, propose à l’assemblée présente un hard rock plutôt catchy et fédérateur. Par ailleurs, la voix haut perchée du frontman Matthew Polley, mêlée à des riffs et mélodies mythiques à la Aerosmith ou encore Guns N’ Roses, n’aura aucun mal à captiver la fosse le temps d’un set de trois quart d’heure, principalement composé des trois morceaux de l’EP auto-produit “The Animal”. Après Longchamp, bientôt les stades ?

 

 

GOJIRA (Main Stage) – Les enfants du pays, qui fêtent leurs vingt ans d’existence, sont de retour. Quelques jours avant la sortie officielle du sixième album “Magma“, le quatuor français, dorénavant basé à New York, se produit à cette première édition du Download Festival France. Alors que la pelouse de la scène principale semblait désespérément vide, en l’espace de quelques minutes, tous les festivaliers se donnent rendez-vous pour ce concert. Au cours du show, la formation en profite pour présenter deux nouveaux titres, “Silvera” et “Stranded”; ce dernier se révèle puissant et entraînant en live. Égaux à eux-mêmes, les quatre musiciens offrent un show sans faute, efficace et captivant, mis à part quelques problèmes de son (le volume étant un peu trop fort !).

 

 

AVATAR (Stage 2) – Retour à l’opposé du site pour le freakshow du quintette death metal mélodique qui s’installe sur la Stage 2. Sur scène, le backdrop, représentant des arbres tout droit sortis d’un horror movie ainsi que le nom du groupe en LED, met d’emblée dans l’ambiance. Mais ce qu’on remarque surtout, ce sont les cinq Suédois en costume de cirque, menés par le délirant Johannes Eckerström, sorte d’hybride entre Alice Cooper (maquillage), Gene Simmons (langue) et le Joker (sourire), qui fera le (freak) show à lui tout seul, capable de passer d’un chant growl death à des envolées plus mélodiques qui ne sont pas sans rappeler System Of A Down. Le tout, avec une incroyable aisance !

 

Le frontman harangue la foule, lui demandant notamment de scander le nom du groupe et de faire le signe des cornes sur quasiment tout le long du set, dont la moitié sera constituée des nouveaux titres du dernier album “Feathers & Flash“. Mais pendant ce temps, ses acolytes suédois ne sont pas en reste. Ces derniers ne cessent d’headbanguer, cheveux dans le vent, tout en jouant de leurs instruments, ce que le public, venu en masse, reproduira aussi tout en dansant ! Le temps d’une heure, Avatar offrira une performance tout en théâtralité, qui n’a rien à voir sur CD, nous invitant dans son univers si particulier, entre harmonies quasi pop et brutalité épique. LA surprise originale de cette première journée !

 

 

THE RAVEN AGE (Stage 3) – Pendant ce temps, sous la scène couverte, le groupe de George Harris, qui n’est autre que le fils de Steve Harris, bassiste de Iron Maiden, présente en live l’intégralité de son premier EP “The Raven Age”. Si les cinq morceaux dureront moins que les trois quart d’heure de set alloués, deux nouvelles compositions, “Promised Land” et “Salem’s Fate”, seront jouées, toujours dans un heavy metal mélodique à la Trivium. De quoi patienter jusqu’à la tête d’affiche de ce vendredi, même si les deux formations ne partagent aucun point commun musicalement, à l’exception du patronyme de George.

 

 

 

DEFTONES (Main Stage) – Après une série de trois concerts annulée suite aux attentats de Paris, inutile de préciser que le quintette américain originaire de Sacramento était très attendu ce vendredi. C’est donc un public largement au rendez-vous qui attend patiemment devant l’immense affiche dressée au fond de la scène, reprenant l’artwork de “Gore” et ses flamants roses. Après une entrée plutôt simple, un insupportable grésillement se fait entendre dès les premières chansons. Deftones jouera ses principaux tubes tels que “My Own Summer” et introduira seulement deux titres de son nouvel album, “Prayers/Triangles” et “Rubicon”. Finalement, ce concert est malheureusement assez décevant dans l’ensemble, dû à un mauvais chant pas tellement juste de Chino Moreno, des problèmes de son évidents et une setlist non adaptée et mal jouée. On appréciera tout de même les efforts du frontman, aux cheveux teintés en blond, qui sera le seul, sur la Main Stage, à être allé à la rencontre de son public.

 

 

ANTHRAX (Stage 2) – Direction la Stage 2 avec les légendaires thrasheurs d’Anthrax. Plus besoin de présenter ces vétérans de la scène metal qui sont une référence même s’ils ne sont pas les plus connus du Big Four du thrash metal. D’emblée, le combo new yorkais met la foule sous pression avec “You Gotta Believe”, tiré du dernier album “For All Kings”, et le mythique “Caught In A Mosh”. Le show déborde d’énergie avec un Scott Ian au sommet de sa forme, enchaînant les riffs assassins pour le plus grand plaisir des spectateurs. Le frontman Joey Belladonna n’est pas en reste non plus. Son charisme, sa joie et ses innombrables allers-retours sur la scène installent une excellente ambiance entre le groupe et le public. Les titres s’enchaînent avec brio et, comme toute date française qui se respecte, Anthrax distille sa reprise de “Antisocial” qui aura le don de mettre la fosse en ébullition avant que “Indians” et sa “war dance” ne clôturent la prestation des Américains, en apothéose. Avec un son et un show carré, Anthrax est venu rappeler à Paris qu’il est toujours là, prêt à distribuer des riffs en rafales.

 

 

BLACKRAIN (Stage 3) – Pendant que les musiciens Anthrax se produisent sur la Stage 2, nous avons droit à une ambiance totalement différente sur la plus petite scène du festival avec les Français de BlackRain, venus présenter leur dernier essai, “Released“, paru en mars. Avec leur look aux influences hard rock/glam, BlackRain se démarque pas mal des autres groupes du festival mais les musiciens ont tout de même une communauté de fans qui chantera sur leurs morceaux (plus particulièrement sur les anciens). On notera que la voix du chanteur Swan rend très bien en live, et une assez bonne cohésion générale ressort de cette performance.

 

 

IRON MAIDEN – (Main Stage) – Pour leur unique date française de l’année, les Anglais étaient attendus de pied ferme à Longchamp. Fort de leur dernier double album “The Book Of Souls” (2015), c’est au Download Festival France que le public français a l’occasion de voir ces mastodontes du heavy metal. Les festivaliers sont bien évidemment regroupés devant la Main Stage, et une fois le fameux “Doctor Doctor” lancé, l’arrivée sur scène des Britishs ne tient qu’à une poignée de minutes. Le morceau terminé, c’est une vidéo introductrice qui plonge l’audience dans ce nouvel univers, avec l’apparition d’Eddie, Ed Force One jusqu’au top départ avec “If Eternity Should Fail”.

Dans le cadre du “The Book Of Souls World Tour”, de nombreuses nouveautés seront jouées. Iron Maiden est l’un des rares grands groupes à mettre autant en avant son nouvel opus du moment. Il n’y aura non pas trois morceaux comme il peut parfois être de coutume chez les autres, mais six titres ! Ainsi “Speed Of Light”, “Tears Of A Clown” dédiée à Robin Williams ou encore “Death Or Glory” et sa gimmick du singe grimpant seront magnifiquement interprétés. Ces nouveaux morceaux se prêtent bien au live même si “The Red And The Black” est un poil longuet. Quant au morceau éponyme “The Book Of Souls”, sa seconde phase épique est tout simplement époustouflante en live.

Côté voix et après tout ce qu’a vécu Bruce Dickinson ces derniers mois, il faut bien le dire, il assure toujours aussi bien. Quelques petites faiblesses sur quelques aiguës sont à noter mais rien de plus particulier. Le groupe est, comme à son habitude, plutôt remuant sur scène, notamment avec Steve Harris et Janick Gers, mais Dave Murray et Adrian Smith ne se cachent pas non plus.

Outre les diverses scénographies, backdrops et le superbe lightshow, le frontman interviendra également à plusieurs reprises en français. Bien qu’il ait dans un premier temps confondu le Download et le Sonisphere (“SCREAM FOR ME SONISPHERE!”), le chanteur se rattrapera un peu plus tard, sans doute conscient de sa petite erreur, qui en aura fait réagir plus d’un.

 

De nombreux classiques seront également de sortie tels les incontournables “The Trooper”, “Fear Of The Dark”, “Iron Maiden”. Quant à “Hallowed Be Thy Name”, ce dernier fait enfin son grand retour après avoir été mis au placard quelques années !

La fin approchant, le chanteur interviendra une ultime fois, un drapeau français à la main. Sur ce drapeau figurent les initiales de notre confrère Guillaume B. Decherf, tombé au Bataclan en novembre dernier. En grand fan d’Iron Maiden, lui, ainsi que beaucoup d’autres, auraient dû être là, dans le pit, à chanter sur les innombrables hits de la Vierge De Fer. L’initiative, lancée par des amis proches, a trouvé réponse auprès du groupe via son crew. Suite à un petit discours sur la situation actuelle, Bruce dédie à Guillaume et à toutes les victimes le morceau suivant qui n’est autre que “Blood Brothers”, dans une forte émotion côté spectateurs.

“Wasted Years” mettra fin à cette excellente prestation, entre nouveauté et nostalgie. Iron Maiden au top, la première soirée magique vient de se terminer. Vivement la prochaine !
 

GHOST (Stage 2) – Retour à la seconde grande scène avec Papa Emeritus III et ses Nameless Ghouls à un horaire parfait pour cette prestation plus qu’attendue. Malheureusement, dès le début du set, Papa annonce qu’il a attrapé un rhume, mais qu’il a tout de même tenu à maintenir la performance, car il adore la France. Ainsi, le chanteur, sans sa toque de pape habituelle, mais en tenue acoustique, demandera au public de l’aider à chanter. Effectivement, Papa Emeritus III n’est vraiment pas au top de sa forme, en sueur sous son maquillage, sans parler de sa voix légèrement cassée, comme s’il était en train de muer. Même si le set, seulement composé de huit morceaux (quatre de “Meliora” (2015) et deux de “Infestissumam” (2013) et “Opus Eponymous” (2010)) a été raccourci pour des raisons évidentes, Ghost assure le spectacle tant bien que mal et la magie opère quand même au vu de la réceptivité du public. S’il est dommage que le concert ait dû être écourté, les Français auront tout de même eu droit à la Messe pop/classic rock, contrairement aux Anglais. Le set au Download de Donington Park, prévu le lendemain, ayant été purement et simplement annulé pour cause de sévère laryngite de Papa.

 

 

TREMONTI (Stage 3) – Il n’est pas aisé de faire un choix pour terminer cette première journée. Avec Ghost sur la seconde scène, la crainte était de voir un parterre éparse devant Tremonti. La surprise est belle puisque la foule est au rendez-vous pour communier avec le guitariste d’Alter Bridge, dans le cadre de son groupe solo. Durant cette heure de jeu, une violente avalanche de riffs emportera tout sur son passage. Tremonti et ses comparses sont hyperactifs et transmettent une sacrée énergie au public. Les albums “Cauterize” et “Dust” seront bien évidemment de la partie, mais quelques compositions de son premier opus “All I Was” feront également leurs apparitions. Le set est très efficace et ultra rentre-dedans. Le seul petit bémol à noter est le son, qui est un poil trop fort et où les guitares ont parfois du mal à ressortir du lot, comparées à la batterie qui fait office de rouleau compresseur sonore.

 

 

Si le départ de ce Download Festival France a été plutôt catastrophique (ouverture des portes chaotique, plus ou moins de contrôle de la sécurité, mais surtout une file d’attente interminable particulièrement pour le cashless), les organisateurs semblent avoir retenu la leçon pour le lendemain qui s’annonce encore plus chargé en décibels !

 

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Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife