Le 28 octobre dernier, Le Trianon avait la Grande Bretagne pour invité de marque et ses Editors.
Mais avant d’acclamer la bande de Birmingham, place à THE TWILIGHT SAD et son shoegaze/indie rock. La danse et le rythme sont donnés par le protagoniste James Graham. Tel un pantin, il envoûte le public par sa gestuelle saccadée et sa puissance vocale. Possédé par le son dégagé, le leader fascine la foule attentive : plus qu’un concert, il s’agit d’un spectacle captivant. Le shoegaze, ici, nous embarque sur une longue route, on s’y plonge pour enfin s’y perdre. Voilà la preuve qu’un chef d’orchestre allumé ça existe, il bat la mesure avec tout son corps, les transmissions lui sont épidermiques et l’on coule avec lui. Accompagné de ses stoïques acolytes, la prestation relève d’une qualité et d’une maturité quasi irréprochables. N’ayons pas peur des mots, leurs murs de son décollent les âmes sensibles du Trianon. Les veines sont contractées, les muscles tendus, Sir Graham ne prend rien à la légère, les Twilight Sad vivent la musique comme une religion. La formation opte pour des partitions de batterie langoureuses, une guitare électrique sans discontinuer et un clavier en guise d’oxygène. Quand The Twilight Sad interprète, on prie pour un long moment hors du temps, on oublie tout et on se connecte qu’à l’essentiel.
Changement d’artistes, changement de registre, quoiqu’une certaine familiarité se fera sentir. Il est 20h40, les projecteurs trépassent, ainsi les basses menacent nos coeurs de lâcher. Les EDITORS entament leur set. Dès lors, un voyage planant s’amoncèle et ce dès le premier titre, “No Harm”. Les fins adeptes du quintette se laissent ensevelir par la volupté de l’électro avec “Sugar”, ils réemprunteront néanmoins leur route du rock avec “Blood” ou encore “All Sparks”. Les musiciens captivent leur auditoire et créent une communion sans précédent. Cependant, leur tonalité et leur compositions restent malgré tout dans le domaine du rectiligne, les morceaux s’enchaînent et s’apparentent. L’univers d’Editors affiche un oscillogramme aux courbes similaires non loin de contrarier l’auditorium. C’est avec fascination que la foule du Trianon savoure le show. C’est dans un costume éphémère, que la Grande Bretagne se fait reine ce soir et chaque paroles sont cousues sur les lèvres des spectateurs. “The Racing Rats” calque une partie de batterie à la manière de George Harrison avec “Got My Mind Set On You”, les visages s’effacent devant le miroir et les corps se libèrent. Tom Smith offrira un moment acoustique et pur avec “Smokers Outside The Hospital Doors”, sa voix est salvatrice et délecte l’assemblée. Du balcon haut perché au devant de la scène, les spectateurs ne lâchent rien, concentrent toute l’énergie déversée par la formation. Leur devise : “Que chaque minute compte”.
La patte empruntée ce soir a comblé la majorité du public du Trianon, un sourire aux traits finement esquissés, des masques détendus et des réminiscences plein la tête.
Setlist :
No Harm
Sugar
Life Is A Fear
Blood
An End Has A Start
Forgiveness
All Sparks
Eat Raw Meat = Blood Drool
The Racing Rats
Formaldehyde
Salvation
Bullets
A Ton Of Love
Smokers Outside The Hospital Doors
Bricks And Mortar
All The Kings
Nothing
Munich
—-
Ocean Of Night
Papillon
Marching Orders