Place à la troisième et dernière journée après deux journées éreintantes, notamment à cause d’une foule énorme. Journée qui verra les adieux des pères du heavy metal Black Sabbath, après ceux de Twisted Sister la veille.
NIGHTMARE (MainStage 02)
MUNICIPAL WASTE (MainStage 01) – Prêt pour une fiesta 100% crossover avec requins et tout autre objet gonflables ? Les Américains de Municipal Waste ne vont certainement pas perdre leur temps et le pit sera extrêmement agité. Le groupe va interpréter pas moins de dix-huit titres dont un qui n’ira pas au bout. Tony Foresta (chant) et Ryan Waste (guitare) vont se permettre un dépassement de dix minutes mais le son leur sera ensuite, et logiquement, coupé. Quoiqu’il en soit, ce début de journée est lancé sur les chapeaux de roues avec ce set énergique et un public en furie. Notons également l’addition du guitariste Nick “Nikropolis” Poulos au line up et un magnifique en “l’honneur” de Donald Trump.
ORPHANED LAND (MainStage 02) – Malgré un début retardé en raison de Municipal Waste, Kobi Farhi (chant) et les siens vont rapidement s’approprier la scène et adoucir l’ambiance, à l’orientale, avec quelques mets musicaux de premier choix. Pour son troisième passage au Hellfest, et bien que remanié depuis, Orphaned Land va comme à son habitude proposer une musique originale, prenante et dynamique. Yossi Sassi ayant quitté le groupe afin de se consacrer à sa carrière solo, ‘’est désormais le duo Chen Balbus/Idan Amsalem qui tient les guitares, Uri et Matan étant toujours en place respectivement à la basse et à la batterie.
Cela va maintenant faire trois ans depuis le dernier opus “All Is One” (2013) ainsi le set sera, sans réelle surprise, quasi identique aux dernières prestations sur le sol français. Il ne faut pour autant pas être déçu, bien au contraire et la foule ne s’y trompe pas. L’excellent frontman qu’est Kobi met sans cesse le public à contribution, clapant des mains, chantant, dansant et sautant ! L’énergique “Norra El Norra (Entering The Ark)” ainsi que l’outro de “Ornaments Of Gold” vont, comme toujours, mettre fin à une belle prestation, légèrement entachée par un son inégal. Côté actu, la formation sera de retour en France pour deux dates au mois de novembre, afin de fêter ses vingt-cinq ans de carrière ! Côté musique, le groupe a collaboré avec Amaseffer, une autre formation israélienne, sous l’identité de KNA’AN; un album est prévu pour la fin août.
FALLUJAH (Altar)
VINTAGE TROUBLE (MainStage 01) – La programmation de Vintage Trouble au Hellfest peut en étonner certains tant la musique que l’imagerie du groupe n’est pas ce qu’il y a de plus satanique ! Et pourtant, la programmation du festival n’en est pas à son premier écart, toujours dans l’idée de proposer certaines expériences qui valent le détour (souvenez-vous du merveilleux concert de Triggerfinger l’an dernier). Et c’est encore une réussite avec les Américains de Vintage Trouble.
Versant dans un rhythm ‘n’ blues très… vintage, le quatuor dégage une classe monstre sur scène, emmené par un Ty Taylor survolté. Le frontman excelle non seulement dans son chant mais aussi dans l’énergie et les messages qu’il passe. Véritable déclaration d’amour permanente, le groupe nous rappelle que la musique c’est avant tout une fête et un moment de communion. L’assemblée devant la MainStage 01 grossira à mesure que le set de Vintage Trouble avancera, pour finir par une vraie foule. Foule que Ty n’hésitera pas à traverser de toute sa largeur en slammant, montrant la solidarité et l’amour régnant dans l’assemblée durant ce set.
KING DUDE (Valley) – Sans parler d’ovni car King Dude a sa place dans la programmation grâce à la noirceur de son oeuvre, nous pouvons tout de même parler de surprise niveau genre. Qualifié de dark folk, la musique de l’artiste est en effet surprenante, mais va finalement s’avérer très en phase avec l’esprit global du festival. Faisons fi d’une tente encore une fois clairsemée, et laissons-nous hypnotiser par la voix grave et l’univers sombre de Thomas Jefferson Cowgill.
Peu importe la violence ou non de la musique, le tableau peint par le musicien de Seattle est extrême. On pourrait même aller jusqu’à résumer King Dude en le qualifiant de “Johnny Cash de l’extrême et de l’horreur”. Quoiqu’il en soit, il nous emporte avec lui dans les profondeurs de ses tourments, avec un show statique mais relevant presque de l’incantation. Une prestation qui sort du lot, fait du bien en ce début d’après-midi et donne envie de se pencher plus sérieusement sur l’oeuvre du monsieur.
THE SKULL (Altar)
NO ONE IS INNOCENT (MainStage 01) – Il est encore tôt mais la foule est déjà nombreuse devant la plus grande scène pour accueillir un groupe de rock français engagé. Les fameux No One Is Innocent, emmenés par un Kémar tout sourire, sont visiblement très heureux de fouler les planches du Hellfest. Et le soleil, qui est de la partie, ne fera qu’ajouter à l’enthousiasme ambiant. Il est marrant de voir que les musiciens restent très proches au centre de cette énorme scène. Cela ne nuit en rien à l’énergie du show mais nous montre à quel point le combo est soudé et nous fait ressentir une espèce de proximité difficile à atteindre dans un festival de cette taille.
Si la musique doit rester un art et un divertissement, il n’en est pas moins un moyen d’expression sans pareil. Et les No One font clairement partie de ceux qui font de la musique pour délivrer un message engagé qui fait plaisir par les temps sombres qui courent. Souvent mélange de politique et d’humain, les paroles raisonnent de manière forte sur le site de Clisson. Et quand Kémar lance un énorme “fils de pute” à Daesh avant d’entamer “Charlie”, la foule exulte comme pour se rappeler qu’il ne faudra jamais oublier. Si le quintette ne peut pas être qualifié de metal, une setlist savamment choisie pour l’occasion et un dernier très bon album auront su montrer, si besoin était, que No One Is Innocent avait toute sa place au Hellfest.
THE VISION BLEAK (Temple) – The Vision Bleak propose un metal gothique sombre et tout en nuance. Tout un programme comparé aux autres groupes programmés sur la scène Temple (plutôt orientée black metal). Les Allemands débarquent donc et vont nous jouer un set dense, qui va nous envelopper petit à petit de son ambiance noire mais sans être poisseuse pour autant. Ici, Lovecraft côtoie sans peine le Chevalier Sans Tête mais tout est poétiquement orchestré. Le groupe pioche dans l’ensemble de sa discographie pour proposer des morceaux qui peuvent mettre du temps à nous emmener mais qui se terminent quasiment tout le temps par des passages si épiques que l’on est transportés par de telles émotions.
La voix si profonde de Tobias Schönemann est le seul fil auquel l’auditeur se tient pour ne pas disparaitre sous l’épaisseur du brouillard qui nous envahit devant ce set. Si la foule n’est pas aussi enthousiaste que pour d’autres formations, nul doute que les gens ayant la chance de pouvoir rentrer dans l’univers de The Vision Bleak ressortent avec des étoiles dans les yeux.
TARJA (MainStage 02) – Va t’on vraiment s’infliger ça ? Déjà présente lors du set de Within Temptation la veille (qui n’avait pas besoin de ça pour donner un show d’une excellente facture), l’ancienne chanteuse de Nightwish est programmée pour son projet solo au Hellfest, juste avant Gojira. Est-ce que l’audience, pourtant fournie, est vraiment là pour elle, on ne le saura jamais. Toujours est-il que le spectacle proposé par la chanteuse finlandaise a de quoi nous faire perdre espoir en la musique. Arrangements ringards, costumes kitsch et postures tout aussi dépassées, le set de Tarja est un magnifique best of de tout ce que l’on peut trouver de grotesque dans le monde de la musique.
La prestation de la chanteuse semble tellement anachronique que l’on se demande quelles sont ses véritables motivations. Mettre un groupe de metal lambda et projeter l’hologramme d’une chanteuse d’opéra aurait à peu près le même effet, si ce n’est que la chanteuse aurait eu la décence de ne pas haranguer les festivaliers avec une gestuelle caricaturale au possible. Un immense merci au Hellfest de programmer Tarja juste avant Gojira, ce qui nous permet de jouir plus pleinement de la prestation des Français, tant la proposition de Tarja est affligeante.
UNSANE (Valley)
GOJIRA (MainStage 01) – Retour sur la MainStage 01 qui accueille maintenant le plus grand groupe de metal français. Et quelle “surprise” de voir une foule aussi dense en ce milieu d’après-midi, qui plus est pour une formation nationale ! Preuve en est que Gojira a encore franchi un cap et qu’il touche désormais un auditoire bien plus large. Tout en restant fidèle à ses valeurs, le quatuor a en effet adouci le propos sur l’excellent “Magma” sorti tout juste deux jours avant cette nouvelle prestation au Hellfest, après celles de 2006, 2009, et 2013. La bande des frères Duplantier semble sincèrement touchée par cette foule massive venue l’accueillir et va, comme à son habitude, donner tout ce qu’elle a, sans retenue.
Et c’est à une prestation puissante et maîtrisée que l’audience assiste, avec une nouveauté dans l’apparition d’effets pyrotechniques ! Deux nouveaux titres, les déjà connus “Silvera” et “Stranded”, sont joués et se révèlent être aussi bons en live que sur CD. Le classique “Flying Whales” donne toujours lieu à un spectacle fou que ce soit sur scène ou dans la fosse. Et quand vient le temps de “Backbone”, Mario Duplantier, qui fête aujourd’hui même ses trente-cinq ans, aura droit à un énorme “Joyeux Anniversaire” de la part de tout le public massé devant lui, ce qui, visiblement, l’émouvra. Le discours pourrait encore être long et on se demande bien où va s’arrêter le succès mérité des Landais. Mais nous prenons les paris (peu risqués) que Gojira va continuer son ascension, et qu’il finira par devenir l’un de ces groupes cultes qui trustent les têtes d’affiches des plus grands festivals.
BLIND GUARDIAN (MainStage 02) – Ils ont beau être l’une des références de la scène power/speed metal, ce n’est que la seconde fois que les Allemands de Blind Guardian viennent se produire au Hellfest ! Autant dire que l’assemblée est plus qu’impatiente. Tiré du dernier album “Beyond The Red Mirror” (2015), “The Ninth Wave” démarre le set de très belle manière. Le très en voix Hansi Kürsch fait des siennes et mène le show avec brio. “The Script For My Requiem” ou bien “Time Stands Still (At The Iron Hill)”, l’entrée en matière est réussie. Le trio final est quant à lui d’une efficacité sans nom. “Valhalla” et ses “encore” à répétition de la part du public, l’acoustique “The Bard’s Song – In The Forest” qui donnera lui aussi lieu à un échange entre Hansi et le public. “Mirror Mirror” mettra un poil final à une superbe prestation qui ne fut en rien entachée par des soucis techniques; de quoi décupler notre plaisir ! Espérons qu’il ne faille pas attendre aussi longtemps (neuf ans) pour revoir Blind Guardian à Clisson.
KADAVAR (Valley)
SLAYER (MainStage 01)
RIVAL SONS (Valley)
KATATONIA (Altar)
AMON AMARTH (MainStage 02) – La dernière phase du festival est en approche et le marathon des MainStages bat son plein. Les drakkars fraîchement appareillés au parking, il est venu l’heure d’en découdre avec les porte-paroles d’Asgard. Passé le week-end précédent du côté de l’Hippodrome De Longchamp, Amon Amarth propose quasiment le même set. Sur les onze titres, un changement intervient avec l’apparition de “Cry Of The Black Birds” en lieu et place de “Destroyer Of The Universe”. Quant aux conditions sonores et à l’ambiance, ces dernières sont clairement meilleures en ce dimanche. Un set animé dans le pit et efficace sur scène, l’escale des Vikings est totalement réussie !
MEGADETH (MainStage 01) – Le programme suit son cours et la foule amassée devant les scènes principales s’apprête maintenant à accueillir Megadeth. Avec un dernier effort studio fort réussi, “Dystopia”, les nouveautés étaient attendues de pied ferme. Lancé sur “Hangar 18”, c’est donc “The Threat Is Real” qui lance le bal du dernier opus. Les deux tiers du set sont un best of, comme à l’accoutumé, à l’image de “Trust”, “Sweeting Bullets”, “She-Wolf”. Kiko Loureiro (guitare) déverse son talent en toute tranquillité tandis que Dirk Verbeuren (Soilwork) imprime le rythme derrière son kit. Ellefson est également actif et épaule Mustaine à de nombreuses reprises lors de chœurs.
Cela fait déjà quelques temps que notre cher Dave a du mal à chanter. Non pas qu’il soit faux, bien au contraire, il n’arrive juste plus à envoyer et pousser lorsqu’il le faut. Musicalement, Megadeth tient encore la route mais la faiblesse affichée par Dave est quelque peu inquiétante car le plaisir d’assister aux concerts des Américains est moindre. “Symphony Of Destruction”, “Peace Sells” et “Holy Wars… The Punishment Due” concluent de très belle manière ces soixante-quinze minutes de live. À noter également que dès le début du set, avant d’interpréter “Tornado Of Souls”, Dave a tenu à dédier ce morceau à Nick Menza, décédé récemment, et qui fut bien évidemment une pièce centrale du groupe avec notamment l’album “Rust In Peace” (1990).
JANE’S ADDICTION (Valley)
GHOST (MainStage 02) – Le bal des MainStages bat son plein et les Suédois masqués de Ghost sont très attendus. Annoncé comme un show spécial Hellfest, les espérances sont grandes, notamment pour ceux ayant eu l’occasion de les voir plusieurs fois lors des deux grandes tournées françaises du groupe fin 2015 / début 2016. Une petite incertitude quant à la voix de Papa Emeritus III suite à sa laryngite de la semaine passée se confirme malheureusement rapidement.
Sans que cela n’entache complètement le set, l’antipape est clairement moins en voix qu’à son habitude, ce qui ne l’empêche pas d’interagir avec l’audience et de lui sortir ses répliques favorites. Les musiciens, quant à eux, assurent toujours le travail avec une présence et un jeu de scène incroyables. La petite heure de jeu commence à être bien entamée, et à part un excellent jeu de lumières, et des “Sisters Of Sin” en nombre qui sont descendues abreuver les premiers rangs, on se demande ce que va pouvoir donner ce show si spécial.
Et à part une distribution de billets de 666$ à son effigie et de préservatifs estampillés Ghost par Papa Emeritus III en personne, rien de plus. Jusqu’au final sur “Monstrance Clock” qui verra des enfants de Clisson faire les chœurs sur ce refrain si tendancieux, et un petit feu d’artifice se déclencher sur les dernières notes de la chanson. Encore une belle et solide prestation de Ghost, mais qui nous laisse malheureusement déçus tant on attendait beaucoup de ce show spécial connaissant la capacité scénique des Suédois.
ENSLAVED (Temple)
BLACK SABBATH (MainStage 01) – Grand moment pour le dernier concert de cette édition 2016 sur la MainStage 01 puisqu’il s’agit tout simplement du dernier concert français de Black Sabbath. Les mythiques Anglais, pères fondateurs du heavy metal, font actuellement leurs adieux sur une dernière tournée qui les emmène aux quatre coins du monde. Et quel meilleur endroit que le Hellfest pour dire au revoir aux Français qui ont répondu présent en nombre, toutes générations confondues, sous une pleine lune légèrement voilée de circonstance pour l’évènement. Si la prestation délivrée en 2014 avait légèrement déçu, la faute à un Ozzy un peu à côté de ses pompes, celle de 2016 compte bien tenir toutes ses promesses.
La setlist, principalement axée sur les deux premiers albums et grands classiques du groupe, est tout bonnement jouissive, et le Madman est cette fois plutôt en voix et bien dans sa prestation. Est-il nécessaire d’évoquer les énormes Tony Iommi et Geezer Butler tant par leur talent que par leur classe ? Ces riffs, ce groove. Tous les classiques, figurant parmi les plus grands morceaux de l’histoire du heavy metal ou presque, sont de la partie : “Black Sabbath”, “War Pigs”, “Iron Man”, et “Paranoid” en unique rappel et conclusion émouvante qui voit les deux mots “THE END” s’afficher sobrement sur l’écran géant. C’est avec un indéniable pincement au cœur que le public dit au revoir à cette formation légendaire sans qui rien ne serait pareil aujourd’hui. MERCI pour tout Messieurs.
PUSCIFER (Valley) – Le nombre de festivaliers qui rêveraient de voir débarquer Tool à Clisson est nombreux. Et vu que le groupe a toujours su se mettre là où on ne l’attend pas, leur chanteur troll ses fans de la plus parfaite des manières en venant au “Hellfestival” avec son projet parallèle, Puscifer. Ne sachant pas trop à quoi s’attendre, nous nous rendons sous la Valley et nous regardons ébahis l’ouverture de ce concert sur “Telling Ghosts”. Maynard James Keenan et Carina Round prennent place de part et d’autre de la scène, laissant deux couples de catcheurs (oui, oui) se battre et s’ébattre sur une sorte de ring centre surélevé. Le set est hypnotique au possible, les voix sont mises en avant avec suffisamment de justesse pour emmener toute l’assemblée dans l’univers sombre et psychédélique de Puscifer.
Les chansons sont puissantes et profondes. La voix de Maynard est décidément l’une des plus belles qui puissent être entendue dans la musique actuelle et ce n’est pas son masque de catcheur qui gâchera au public le plaisir de le voir à Clisson. L’enchainement “The Remedy” / “Grand Canyon” nous transcende et nous conduit doucement vers la fin d’un set qui se révèle toujours plus épique. Lorsque les lumières se rallument, le sentiment est de s’être réveillé après un rêve si troublant que l’on se demande s’il a vraiment eu lieu. Et peu importe la réponse à cette question, tout ce qu’on a pu ressentir durant ce concert de Puscifer était bien palpable et ne sera jamais oublié. L’un des plus grands moments de ce Hellfest.
KING DIAMOND (MainStage 02) – Le périple musical va bientôt prendre fin. Passé Black Sabbath, et alors que beaucoup quittent les lieux, d’autres se dirigent vers la MainStage 2 pour voir le King. King Diamond signe son retour au Hellfest, quatre années après un concert mémorable et tout aussi tardif que celui-ci. Cependant son show du soir est un événement en soi car l’intégralité de son second opus “Abigail”, paru en 1987, est, entre autre, au programme. Théâtral, majestueux, ce set tiendra toutes ses promesses auditives mais également visuelles. Les aiguës du roi sont eux aussi parfaits. Malgré la fatigue, la foule prend son pied, qu’elle soit debout ou assise au loin. Le plaisir est d’autant plus accentué par un son remarquablement bien équilibré et sans accroc; dans de telles conditions, comment ne pas succomber ! Deux heures du matin approchant, “Black Horsemen” sera quant à lui l’ultime titre du festival, mettant fin à cet exceptionnel cru 2016.
REFUSED (Warzone) – Dernier show du week-end sur cette belle Warzone avec les punks suédois de Refused. Reformés en 2012, ils avaient déjà clos une journée du Hellfest la même année à l’époque où cette scène était encore une simple tente. Comme chaque année, les tous derniers concerts du dimanche sont un peu délaissés, certaines personnes reprenant notamment la route. La fatigue engendrée par le monde lors de cette édition n’aidant pas, c’est devant un parterre clairsemé que les musiciens emmenés par l’inégalable Dennis Lyxzén démarre leur set. Même s’il est triste de voir si peu de monde devant un groupe de la trempe de Refused, l’audience présente s’en donnera à cœur joie pour clôturer le festival en beauté.
Quant au quatuor, il n’a visiblement que faire de savoir s’il a cinq mille ou cinquante personnes devant lui, et il donne tout. Affublé d’un costume rouge, le leader charismatique fait le show et ne tient pas en place. Toujours aussi engagé, il ira de son discours sur la manière dont les hommes traitent les femmes aujourd’hui, nous rappelant qu’il est de notre devoir de faire de la société un meilleur endroit pour tous, et notamment pour les femmes. Une formation exemplaire qui aura délivré une prestation phénoménale. Et quoi de mieux pour clore son édition 2016 que “New Noise” sur la désormais célèbre nouvelle Warzone ?
Cette dernière journée met fin à une édition globalement maîtrisée, avec encore une fois de superbes prestations de la part des artistes, et des décors toujours plus fous. Mais cette onzième cuvée laisse un goût amer, celui d’avoir perdu ce festival qui nous était si cher, à l’ambiance si particulière et si bon enfant. L’organisation, qui a toujours écouté ses festivaliers et toujours procédé à de saines améliorations, semble aujourd’hui être partie dans une surenchère qui se faisait déjà sentir depuis deux ans.
Malheureusement, cela a impliqué cette année une augmentation conséquente du nombre de festivaliers (180 000 sur les trois jours), sur un site incapable d’absorber une telle densité. Cela a engendré des attentes interminables à la Cathédrale pour entrer sur le site, des files énormes aux banques Cashless (certains n’ayant jamais reçu leurs cartes précommandées), des problèmes de circulation entre les scènes, et des tensions qui se sont vite fait sentir chez certains festivaliers visiblement peu habitués à l’exercice. Avec la popularisation du festival, le public a clairement évolué et est plus attiré par les MainStages qui deviennent impraticables dès le milieu de l’après-midi.
A contrario, les tentes plus spécialisées semblaient tristement un peu désertées cette année. Ben Barbaud a depuis émis un communiqué dans lequel l’organisation assume pleinement l’ouverture du Hellfest à un public plus large, au grand désarroi des fans hardcore. Ces derniers qui ont toujours répondu présents, et ont participé au développement du festival et à l’amener là où il est aujourd’hui, semblent d’ailleurs décidés en nombre à ne pas revenir l’an prochain ou à donner sa dernière chance à leur (ancien ?) festival préféré en 2017 pour une édition dont le pass franchira certainement le cap fatidique des 200€ (les pass en prévente ont encore augmenté de 10€ pour atteindre 159€).
A l’équipe du Hellfest de voir si elle continue son évolution en connaissance de cause et à ses risques et périls, ou si elle revient à son adage favori : “Par des fans, pour les fans”.
A côté de ça, le tableau est bien évidemment loin d’être totalement noir, l’organisation étant globalement très bonne pour un festival d’une telle ampleur. Citons par exemple le superbe aménagement de la Warzone qui fut LA grande nouveauté de 2016 et qui a fait de cette scène le plus bel endroit du site. Et quelle chance chaque année de pouvoir assister à tant de belles prestations, et de voir autant de groupes que ce soient des légendes qui nous faisaient leurs adieux, ou des formations plus obscures dont il est possible de faire la découverte.
C’est bien simple, si la jauge était réduite, et la course aux activités de foire (pourquoi cette tyrolienne devant les MainStages ?) abandonnée, le Hellfest serait très très proche de la perfection. A toujours vouloir plus, finit-on par tout perdre ?