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LES EUROCKEENNES DE BELFORT 2016 – Jour 3 (03/07/16)

Et c’est parti pour un troisième jour des Eurockéennes ! Les deux premières furent riches en émotions, mais aussi fatigantes à cause d’une foule insatiable. Ce dernier jour est à mettre sous le signe du rock n’roll, avec la venue très attendue de deux vieux barbus : ZZ Top !

COURTNEY BARNETT (La Plage) – Un soleil de plomb s’abat sur la presqu’île du Malsaucy, ce qui n’empêche pas certains festivaliers de se promener en Pokémon dans la foule. Cela n’empêchera pas non plus Courtney Barnett de venir planter un set mémorable sur La Plage comme on plante un drapeau sur la lune : c’est flanquée d’un T-shirt et de jean noir que Courtney Barnett déroule langoureusement son pit. Des mélodies tantôt rock, tantôt country nous entrainent jusque dans le fin fond du Colorado, ou nous font emprunter la route 66 vers des cieux plus cléments. Tout est si bien qu’on dépasse légèrement la durée autorisée. Pas grave, nous sommes en début de journée, et la demoiselle a de beaux yeux. Joan Jett n’a qu’à bien se tenir. La relève est assurée.

 

 

KURT VILE AND THE VIOLATORS (Club Loggia) – Début de set légèrement retardé. Mais cela ne semble avoir aucune espèce d’importance pour Kurt Vile And The Violators, qui s’installe tranquillement sur scène pour entonner ses premières notes. Sourire aux lèvres, le jeune homme aux cheveux longs distille de riches mélodies psyché à la guitare que les spectateurs prennent plaisir à écouter, assis en tailleur, en sirotant une bière ou en mangeant des churros – voir couchés pour les plus mélomanes. Si Kurt Vile peut sembler timide, ses compositions font état d’un foisonnement de notes savamment orchestrées. Un vrai plaisir des sens.

 

 

THE KILLS (Greenroom) – Direction la Greenroom pour retrouver The Kills. Et ça joue déjà des coudes pour se frayer un chemin parmi la foule. Cela fait un moment que les deux partenaires ont le vent en poupe. Il faut dire que le duo cartonne avec “Ash & Ice“, un dernier album pour lequel ils ont mis le paquet – clips, expression de l’intime, tournée -. Les premières acclamations retentissent et Alison Mosshart entre la première, suivie comme son ombre par Jamie Hince. Comme toujours, les deux n’ont rien laissé au hasard côté esthétique : la retransmission de la prestation sur les écrans se fait en noir et blanc. On a la classe ou on ne l’a pas. Le groupe déroule la setlist de son fameux nouvel album tout en prenant soin de jouer ses tubes “Future Starts Slow” et autres “Tape Song”. Alison projette ses cheveux blond platine en avant et donne tout, tandis que Jamie fait pleurer sa guitare. Le public, gourmand, en redemande.

 

 

TAME IMPALA (Grande Scène) – Après cette bonne dose de garage rock, on court se jeter dans les nappes électro multicolores de Tame Impala – formation psyché made in Austalia -. Et on se laisse bercer par la voix lancinante du chanteur, Kevin Parker, encore plus tendre en live qu’en studio. Une nouvelle manière d’aborder la musique psyché. Planant. Plus un bruit, plus une place devant la grande scène. Tout le monde écoute le groupe et se laisse enivrer l’instant du set. Durant le concert, à trois reprises, une flopée de confettis s’abat sur le public, rajoutant au son, la couleur. Soudain, “Let It Happen” retentit sur la presqu’île du Malsaucy et c’est tout l’auditoire qui manifeste sa joie en une voix. L’assemblée joue le jeu en chantant en même temps que le combo. La symbiose est parfaite. Le parti pris de Tame Impala est respecté : foule en transe, complétement hypnotisée.

 

 

SLEEP (Club Loggia) – On se tourne d’un quart à gauche pour accueillir comme il se doit Sleep. Composé de Al Cisneros, Matt Pike et Jason Roeder, la formation est venu donner son moment metal au festival. C’est en effet une déferlante de batterie et de guitare qui s’abat sur un public encore un peu groggy. De quoi réveiller l’assistance tout en douceur. Bienvenue aux amateurs de gros sons. Mais pas de violence, puisqu’ici le but n’est pas d’aller vite, mais bien. On nous avait parlé de stoner doom et on comprend pourquoi : les cheveux balancent, les rythmes sont fats, les gimmicks appuyés à la façon de Neurosis.

 

 

M83 (Greenroom) – Au même moment, sur la scène de la Greenroom, intervient M83. Originaire d’Antibes, Anthony Gonzales est venu accompagné de deux magnifiques choristes qui ondulent au rythme des titres électro pop que distille le jeune homme. L’audience est comblée par la dose de vitamines envoyée. C’est sans compter l’arrivée du tubesque “Midnight City”, tiré de l’album “Hurry Up, We’re Dreaming”.

 

 

ZZ TOP (Grande Scène) – Arrivée, à l’heure, des trois vieux barbus qui viennent clôturer ce festival. Billy Gibbons, Dusty Hill et Frank Beard sont enfin là. Une grande figure du blues rock américain à Belfort. Les Texans n’ont pas loin de soixante-dix ans mais savent agiter les foules avec un rythme constant qu’ils tiennent sans sourciller. C’est de cette manière qu’ils déroulent un set composé de leurs plus grands morceaux parmi lesquels “Gimme All Your Lovin'” et “La Grange“ qui enchantent un public hétéroclite. En effet, pour ce dernier concert, les jeunes et les moins jeunes se sont donnés rendez-vous devant la grande scène pour profiter d’une complicité intergénérationnelle rendue possible par la musique. Un grand moment !

 

 

Bref, une journée à graver dans les annales des Eurockéennes De Belfort comme celle qui aura su jongler entre la magie colorée de Tame Impala, les textes ténébreux et profonds de The Kills et les riffs sudistes de ZZ Top. Un troisième jour clôturé, comme à l’accoutumée, par un feu d’artifice, projeté en bord de plage pour plus de fun.

On peut résumer ces Eurockéennes comme cela : tout d’abord, une 28ème édition sold out avec une fréquentation qui a atteint les 104 000 spectateurs : un record historique ! Une météo parfaite – ou presque si l’on ne tient pas compte de l’orage de samedi soir -. 14 000 campeurs et plus de 100 heures de musique live, rien que ça ! Une Silent Party sur la plage avec le retour, notamment, des turbulents DJ de Salut C’est Cool. La 58ème année de collaboration heureuse Inrocks/Eurocks avec la Venue de Yak ou encore The Inspector Cluzo. Et, petite nouveauté cette année, la diffusion du match de quart de final de l’Euro 2016, France-Islande. Le retour de Beck, vingt ans après. Celui des Insus qui n’ont pas pris une ride. Louise Attaque au rendez-vous. The Kills à son apogée. ZZ Top toujours aussi fringant. Et encore une fois, une belle place laissée à l’électro avec Tame Impala, M83, ou encore Air. En somme, une bien belle édition !

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