C’est en 1991 que Perry Farrell (Jane’s Addiction) crée le Lollapalooza, un festival underground qui se déplace, entre 1991 et 1997, à travers les Etats-Unis et le Canada. Accueillant successivement Red Hot Chilli Peppers, Rage Against The Machine, Beastie Boys, Metallica, The Ramones, The Prodigy ou encore Snoop Dog, pratiquement tous les styles de musique y passent. Après un déclin de popularité, l’édition 1998 est annulée. Mais le festival revient en 2003, et depuis 2005, s’installe chaque année à Chicago et s’étend à l’Amérique du Sud à partir de 2011. En septembre 2015, pour la première fois en Europe, le Lollapalooza a posé ses valises pour deux jours sur le tarmac du Tempelhof, un aéroport désaffecté dans le sud de Berlin. Récit de ce premier jour.
Tandis que les Berlinois profitent du soleil pour faire virevolter leurs cerfs-volants sur la piste d’atterrissage, les basses résonnent déjà au loin, près du terminal. Il est 12h30 et la foule se presse aux portes du festival, laissant présager une attente d’au moins trois-quarts d’heure. Mais surprise, avec divers files et portes d’entrée, l’organisation est au poil et il nous faut à peine vingt minutes pour passer contrôle des billets et sécurité.
Une fois entrés, nous nous dirigeons, bracelets vissés au poignet, vers les bornes “Cashless”. En effet, chacun doit charger son bracelet en argent aux bornes prévues à cet effet. Et cela facilite et accélère grandement les choses ! Il est alors temps pour nous de découvrir le site, moins grand qu’on aurait pu le croire. La scène la plus proche de l’entrée est la Perry’s Stage, située à l’abri du terminal, vient ensuite la scène Alternative, la Main Stage 2 et enfin, au fond, la Main Stage 1. Il nous faut à peine cinq minutes pour rejoindre les deux plus éloignées, ce qui est bien pratique pour faire plusieurs concerts programmés à la même heure. Les quatre scènes, presque toutes pourvues de gradins, forment une sorte de faucille au milieu de laquelle s’organisent, en cubes ou en cercles, divers stands de nourriture. La Perry’s Stage est entourée de deux Cocktail Bar brésiliens et pas moins d’une dizaine de bars à bière et à soda sont dispersés sur le reste du site. Un vieil avion grandeur nature, des porte-étendards avec drapeaux flottants au vent et un Kidpalooza viennent compléter ce joyeux tableau coloré.
JOYWAVE (Main Stage 1) – À 13h30, c’est Joywave qui inaugure la Main Stage. Armé de son micro doré, il ouvre avec douceur cette première édition. Très bavard, il interrompt à plusieurs reprises son joyeux set comme pour nous raconter cette anecdote : la veille, les cinq compères n’ont pu entrer dans l’une des meilleures boites de nuit d’Europe, le Barghain. Touchant et visiblement très heureux d’être là, il se présente plusieurs fois durant le concert et enchaîne chansons anciennes et morceaux du dernier album “How Do You Feel Now?” dont l’excellente et entraînante “Somebody New”. Et c’est avec une foule enthousiaste qu’il termine son set par la très attendue “Tongues”.
EVERYTHING EVERYTHING (Main Stage 2) – Notre œil est ensuite irrésistiblement attiré par les vestes rouges et orange du quatuor anglais qui se profilent au loin sur la scène de la Main Stage 2. Faute d’écrans géants opérationnels, il nous faut nous approcher au plus près pour profiter au maximum du concert. Entre tubes (“Kemosabe”) et chansons du nouvel album “Get To Heaven”, le set est à vrai dire impeccable. Un peu trop millimétré même. Si l’on avait aimé cette perfection lors de l’écoute des albums, on aurait préféré un set plus spontané. Everything Everything fait le job, mais on regrette un manque de communication entre les membres du groupe et leur public.
JAMES BAY (Main Stage 1) – A 15h, il est temps de retourner sur la scène principale pour admirer l’élégant set du plus doué des dandys modernes, on a nommé James Bay. La foule est compacte, l’air est chaud et la douce “Hold Back The River” s’avère être la parfaite chanson pour ce milieu d’après-midi ensoleillé.
MS MR (Alternative Stage) – On passe rapidement par le set du duo new-yorkais au cours duquel la chanteuse Lizzy Plapinger met le feu sur la scène. D’une énergie redoutable, elle sait attirer les regards et les oreilles des plus avertis comme des curieux qui lui rendent bien en l’acclamant à plusieurs reprises.
THE PAROV STELAR BAND (Main Stage 1) – On enchaîne avec le DJ autrichien Parov Stelar accompagné de ses musiciens en costumes noir et blanc, s’il vous plait, et de sa chanteuse Cleo Panther. Après une arrivée théâtrale, la bande d’électro swing nous livre un show aussi élégant que sexy enchaînant les “Catgroove” et autres “All Night” devant un public fasciné et enthousiaste qui n’hésite pas à se mouvoir au gré des vents.
BASTILLE (Main Stage 1) – Il est 19h et on entame la soirée avec le trio anglais qui démarre fort avec une de leur chanson phare, “Things We Lost In The Fire”. La foule est compacte et réceptive à l’énergie communicative de Dan Smith et de son batteur. On apprécie le travail des ingénieurs du son qui nous permet de profiter pleinement de ce concert au son parfaitement réglé et pas trop fort (cf. les problèmes de son de Rock En Seine). On peut compter sur les fans pour accompagner le chanteur sur pratiquement tous les morceaux. Comme pour les remercier, c’est sur “Badblood” que le frontman choisit de prendre un bain de foule, traversant tout l’assemblée dans sa largeur tout en continuant de chanter.
DEICHKIND (Main Stage 2) – La soirée tire presque à sa fin et c’est par hasard au détour d’un vendeur de currywurst que nous découvrons une autre spécialité allemande : Deichkind. Groupe d’électro/hip hop/rap très connu chez nos voisins d’outre-Rhin, ce quatuor nous rappelle scéniquement Die Antwoord. Sous nos yeux ébahis, les membres enchaînent des costumes plus improbables les uns que les autres (Sherlock Holmes, chapeaux triangulaires à ampoules LED, masques en tout genre…). Ces champions de la transformation s’avèrent de plus excellents et bourrés d’humour.
THE LIBERTINES (Alternative Stage) – La Main Stage, étant occupée par Macklemore & Ryan Lewis, les Libertines se retrouvent relégués à la plus petite Alternative Stage, dépourvue d’écrans géants, sur laquelle Chvrches les a précédés. Si l’on doutait de leur apparition à Berlin après l’annulation de leurs deux précédents concerts au Royaume-Uni, la foule répond quant à elle présente à l’appel des Londoniens. Soulagement lorsqu’ils entrent sur scène pour une heure et demi d’un show comme on les aime, imparfait, spontané, parfois maladroit mais toujours juste. La performance, plus vivante, est meilleure que celle tout à fait honorable de Rock En Seine. “Gunga Din”, tiré du récent troisième album “Anthems For Doomed Youth“, est reprise par un public emballé. Et Carl Barât et Pete Doherty semblent même plus complices et plus heureux d’être là qu’ils ne l’avaient été à Paris.
Ainsi s’achève cette première journée au Lollapalooza. Entre surprises et grands moments, nous avons vécu une journée presque sans turbulences grâce notamment à une très bonne organisation et à une programmation éclectique. Rendez-vous demain, terminal 3 pour un embarquement vers de nouvelles aventures berlinoises !