Lancé en 1991, le festival de Perry Farrell (Jane’s Addiction) s’installe pour la première fois de son histoire à Paris en 2017. Plus précisément à l’Hippodrome De Longchamp, le temps de l’avant-dernier week-end du mois de juillet. Annoncé sur le papier depuis fin 2016, la programmation promettait de mixer les musiques, les générations, rassembler les experts musicaux et les néophytes. Que vaut vraiment ce nouvel évènement estampilllé Live Nation ?
BEAR’S DEN (Main Stage 2) – Le set du duo londonien folk, composé d’Andrew Davie et Joey Haynes, est déjà presque terminé alors qu’on pénètre enfin sur le site du Lollapalooza Paris après un périple de deux heures pour récupérer nos accréditations et faire doublement le tour de Longchamp suite à une mauvaise signalisation (très vite rectifiée). Un premier concert sous un temps couvert, parsemé de quelques crachins, entre timides rayons de soleil et nuages menaçants. Il y a déjà de nombreux festivaliers pour écouter les ballades à la Mumford & Sons en pleine heure de digestion. Sans surprise, le dernier album “Red Earth & Pouring Rain” paru il y a pile un an occupera plus de la moitié de l’heure de jeu. De quoi débuter agréablement le festival tout en douceur !
CRYSTAL FIGHTERS (Alternative Stage) – Changement d’ambiance un peu plus loin, place désormais à la fête en compagnie de la troupe anglo-espagnole, toute de blanc vêtue, avec son chanteur portant une coiffe indienne. Quel look ! Tout aussi WTF que la musique dansante, sorte de mélange entre folk, électro et pop. Le trio, accompagné de trois musiciens sur scène, offrira un set fédérateur, placé sous le signe du Peace & Love !
MILKY CHANCE (Main Stage 2) – Que serait un festival sans pluie ? C’est donc devant la voix particulière du chanteur Clemens Rehbein et sous les cris de ses administratrices que se déploient les parapluies. Malgré l’averse, il y a masse de festivaliers venus chercher un peu de chaleur auprès des compositions solaires de Clemens Rehbein, Philipp Dausch et Antonio Greger. Un set chargé en énergie positive qui verra l’apparition des premiers rayons de soleil, juste à temps pour le dernier titre, qui n’est autre que “Stolen Dance” le hit attendu par tous, forcément repris à l’unisson. Il faut avouer qu’en studio, tous les morceaux de Milky Chance sonnent à l’identique, mais qu’au contraire, la dimension live en fait un moment feel good qui sent bon l’évasion ! A noter le guest de la chanteuse Paulina Eisenberg sur le morceau a capella “Mercedes Benz”, qui avait déjà fait un featuring sur “Unknown Song” en 2005.
THE HIVES (Main Stage 2) – Même si le quintette suédois ne propose rien de nouveau depuis “Lex Hives” (2012), le public est toujours au rendez-vous pour ce qui sera l’un des sets les plus rock n’roll de ce Lollapalooza Paris. Il y aura ceux qui découvrent The Hives en live pour la première fois et il y a les autres. Ceux de la seconde catégorie observeront cependant quelques nouveautés comme le backdrop différent que par le passé : au lieu d’avoir le marionnettiste en guise de fond de scène, The Hives opte pour la sobriété. Seul le nom du groupe en lettre capitale mi-noir mi-blanc trône sur la seconde grande scène du festival. Un backdrop qui sera assorti aux costumes désormais bicolores de chacun des cinq dandys musiciens.
C’est ainsi que les membres débarquent sur la B.O du film “Les Dents De La Mer” en guise d’intro avant de démarrer en trombe avec “C’mon” comme à l’accoutumée. Dès lors, The Hives propose une déferlante garage punk de de ses plus grands tubes tels que “Hate To Say I Told You So” ou encore “Walk Idiot Walk” piochant dans toute sa discographie à l’exception de “Barely Legal” (1997). Entre deux chansons, le charismatique frontman Pelle Almqvist ne cessera de bavarder avec les festivaliers (en français s’il vous plait !) et à s’approcher au plus près de ce dernier. Les morceaux s’enchainent à une vitesse effrénée qu’il est déjà l’heure du dernier titre, “Tick Tick Boom” alors que The Hives avoue qu’il serait capable de jouer sans jamais s’arrêter ! Sur ce dernier titre, le groupe mettra littéralement la foule à terre avant de la faire sauter, terminant ainsi ce concert bien trop court en apothéose !
Comme le répétera si bien le chanteur pendant toute l’heure de show, ce concert était “magnifique, fantastique, Les Hives !” The Hives fait donc du The Hives, il est juste dommage de devoir se contenter des classiques sans aucun inédit à se mettre sous la dent depuis cinq ans. Vivement le nouvel album !
LP (Alternative Stage) – L’averse s’invite à nouveau pour le set de l’auteure-compositrice-interprète originaire de Long Island, accompagnée pour l’occasion d’un guitariste, d’un bassiste et d’un batteur. Si bien que LP alias Laura Pergolizzi, à l’état civil, s’excusera même de la pluie. Ce n’est pas ça qui va arrêter les festivaliers venus en nombre assister au set de cet artiste qui cartonne dans les charts, particulièrement depuis le dernier album “Lost On You” joué en intégralité dont son single éponyme sur lequel se finira le concert. Il y a tellement de monde qu’il est difficile de voir quoi que ce soit ou même de circuler.
IMAGINE DRAGONS (Main Stage 2) : Après les rockeurs suédois, on demande les rockeurs américains aka l’une des têtes d’affiche de ce premier jour. Qui dit headliner, dit forcément grosse affluence devant la deuxième Main Stage du Lolla Paris. Alors que le nouvel album “Evolve” est sorti depuis un mois, c’est tout naturellement que ce troisième effort studio est mis en avant dans le set, sans oublier les hits mais aussi une reprise du “Song 2” de Blur qui verra le chanteur piquer une tête dans le public.
Le concert s’ouvre d’ailleurs avec “Thunder”. Suite auquel le frontman Dan Reynolds fera un discours sur l’état actuel du monde et sur l’importance de l’unité de la musique contre tout, avant “It’s Time”.
Moment émotion avant “Demons” lorsque le chanteur dédiera le quatrième single tiré de “Night Visions” (2012) au regretté Chester Bennington, décédé deux jours auparavant, qui a été une grande source d’inspiration pour Imagine Dragons.
Mais le moment que tout le Lollapalooza Paris retiendra sera assurément lorsque Dan, en raison de son hyperactivité, craquera son pantalon et se retrouvera en boxer sur “I Don’t Know Why” au grand bonheur de la gente féminine. Il tentera même de demander à son guitariste Wayne Sermon d’enlever son bas en guise de solidarité. Ce dernier refusera cependant, laissant le frontman dans son moment de solitude. Heureusement, l’un des roadies viendra à son secours en lui apportant un pantalon provisoire pour assurer le set jusqu’à la fin sur “Radioactive”.
Seul point noir : l’un des deux écrans géants qui ne fonctionne pas, affichant du noir sur un quart de sa surface. Shit happens, ce n’est pas Dan Reynolds qui dira le contraire.
LONDON GRAMMAR (Alternative Stage) – C’est sur une longue intro instrumentale que Hannah Reid, Dominic “Dot” Major et Dan Rothman arrivent sur scène, entamant le set avec “Hey Now” alors que le soleil n’est pas encore couché. Un peu dommage pour profiter pleinement de l’ambiance intimiste des compositions du trio. La setlist est par ailleurs parfaitement équilibrée, il y a autant de morceaux issus du nouvel album “Truth Is A Beautiful Thing” que ceux du premier “If You Wait” (2014), sans oublier la fameuse reprise du “Nightcall” de Kavinsky.
Sur l’Alternative Stage, la scénographie est sobre, les trois membres sont seulement éclairés d’une barre de lumières, de quelques spots, sans aucun backdrop. Toute l’attention sera portée sur la voix puissante et empreinte d’émotions d’Hannah Reid qui donne clairement la chair de poule de la première jusqu’à la dernière note de “Metal & Dust”. Cette dernière est tout aussi parfaite en live qu’en studio, sans aucune fausse note. Mention spéciale à l’introduction a capella de “Rooting For You” saluée par l’ensemble des spectateurs.
Un sublime moment de grâce à l’Hippodrome De Longchamp dans un silence quasi religieux à l’exception de quelques festivaliers un peu trop bavards.
Alors que la principale tête d’affiche de ce samedi, THE WEEKND, termine son concert par son tube “I Feel It Coming”, pas de Daft Punk en guest à l’horizon, mais à la place, les festivaliers se contenteront d’un feu d’artifices en guise de bouquet final.
Si le début de la journée était plutôt chaotique au niveau logistique, l’organisation a su réagir très vite en réglant les quelques problèmes comme le manque de WC en raison de l’affluence (50 000 personnes dont la moitié venant de l’étranger) alors que ce samedi n’affichait pas sold out pour autant. Dès lors, le temps n’aura jamais passé aussi vite. Vivement la deuxième et dernière journée du Lollapalooza Paris qui promet d’être, de loin, la plus intéressante !