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LOLLAPALOOZA PARIS 2017 – Jour 2 (23/07/17)

Ce second et dernier jour du Lollapalooza Paris, de loin le plus rock, sera la journée spéciale Main Stage à l’exception d’Alt-J !

 

 

DON BROCO (Main Stage 2) – Heure de déjeuner oblige, c’est sûrement pour cette raison qu’il n’y a pas encore foule devant la première grande scène pour l’une des dernières dates des Anglais du cycle “Automatic” (2015) avant un petit moment. Contrairement à la veille, la fosse est séparée en deux, sans doute pour éviter que la foule ne soit trop compressée. Afin de réveiller l’assemblée, Rob Damiani, en T-shirt, casquette et lunettes noires, fera tout son possible, notamment en faisant asseoir le public avant de la faire sauter et même lancer le premier wall of death de ce Lollapalooza Paris à la fin du set, voyant également le retour du soleil. Don Broco promet de revenir vite avec un troisième album qu’il enregistrera durant son break et avant de partir, le quatuor britannique offrira un aperçu de ce dernier avec la nouvelle chanson “Pretty”. Paris aura une nouvelle occasion de jumper aux côtés de Don Broco puisque le groupe annonce déjà son retour dans la capitale pour le mois d’octobre !

 

 

CHARLI XCX (Main Stage 1) – Changement total d’ambiance sur l’autre scène, à gauche de la Main Stage 2. Niveau scénographie, le nom de Charli XCX trône en backdrop couleur rose bonbon ainsi que des roses géantes envahissent la structure située au centre de la Main Stage 1. Dès les premiers morceaux, la popstar anglaise balancera deux de ses plus grands succès, à savoir “I Love It” tube d’Icona Pop sur lequel elle chante en featuring et “Break The Rules”, single qui l’a révélé au grand public pendant que deux mannequins géants gonflables dansent à ses côtés. Il règne une grosse ambiance de discothèque en pleine air sur la pelouse de la grande scène principale. Forcément, ce n’est pas musicalement notre tasse de thé, mais il faut avouer que Charli XCX fait bien son job et nous fait passer un bon moment !

 

 

SEASICK STEVE (Main Stage 2) – Nouveau changement musical radical avec le rock n’roll bluesy de Steven Gene Wold, plus connu sous son nom de scène, Seasick Steve. En live, le papy barbu à casquette et salopette, est seulement accompagné de son batteur Dan Magnusson, tous deux ayant des looks de fermiers tout droit sorti du fin fond de la cambrousse. C’est tout… ou presque. A l’aide de plusieurs instruments atypiques qu’il a fabriqué lui-même à partir de carcasses de voitures, de boites de conserve ou encore de capsules de soda, Seasick Steve raconte sa vie à travers dix compositions, pendant lesquelles il changera systématiquement d’instruments. Comme à son habitude, Seasick Steve fera monter une demoiselle sur scène, qui s’installera en face de lui, pour lui chanter sa sérénade “Walking Man” droit dans les yeux. Le public est à la fois scotché et fasciné par le septuagénaire qui dégage une incroyable énergie authentiquement roots.

 

 

WALK OFF THE EARTH (Main Stage 1) – Place au moment Comité Des Reprises ou moment Glee. Le quintette canadien, rendu célèbre grâce à ses reprises publiées sur YouTube, n’aura aucune difficulté à séduire les festivaliers et ce dès le premier morceau, qui sera d’ores et déjà une cover du “Shape Of You” d’Ed Sheeran.

Ce ne sera bien évidemment pas la seule reprise que le Lolla Paris pourra entendre puisque “Happy” de Pharrell Williams, “Hello” d’Adele, “Closer” de The Chainsmokers seront également de la partie, y compris le fameux medley “5 Peeps One Guitar” (ndlr : les cinq membres du groupe se partageant une guitare) composé du “Somebody That I Used To Know” de Gotye qui a fait connaitre WOTE dans le monde entier en 2012 ainsi que d’autres tubes pop revisités. Inutile de dire qu’une grande partie de l’Hippodrome De Longchamp répondra à l’appel fédérateur, le site se transforme ainsi en chorale géante menée par le chef d’orchestre qu’est Walk Off The Earth. La communion est totale.

 

 

Tout comme Seasick Steve, Walk Off The Earth utilisera également des instruments peu communs pour interpréter ses chansons : ukulélé, thérémine, kazoo, beatbox, samples et bien plus encore. A noter que le set alternera entre reprises et compositions originales de la troupe de Burlington (“Rule The World”, “Home We’ll Go”), mais ce seront évidemment les covers qui récolteront le plus de suffrages.

A l’exception de l’entêtant “Sing It All Away”, l’éponyme du dernier album paru en 2015, qui sera assurément le fil conducteur du concert. Entre deux titres, le groupe incitera l’audience à reprendre le refrain a capella à plusieurs reprises avant de jouer le morceau en entier à la fin de ce spectacle ô combien divertissant. Bien que n’ayant qu’une heure de show et avec en plus une Sarah Blackwood enceinte, Walk Off The Earth, se donnera à fond en occupant son temps de jeu jusqu’à la dernière seconde, reprenant même un couplet du “Champs Elysées” de Joe Dassin dans la langue de Molière en compagnie de la foule, à défaut de l’avoir intégralement. “Paris est une fête” Une fête joyeuse et colorée. Les festivaliers repartent émerveillés tout en ayant en tête “Sing It All Away”, un peu comme quand on ressort de l’attraction “It’s A Small World” de Disneyland. Merci Walk Off The Earth !

 

 

RIVAL SONS (Main Stage 2) – Contrairement à The Hives la veille qui n’a sorti aucun nouvel album depuis 2012 et qui essaye cependant d’innover quelque peu, ce ne sera pas le cas du tout pour les Américains, qui ont sorti “Hollow Bones” l’an dernier. Ce cinquième effort studio sera seulement défendu via la piste éponyme divisée en deux parties. Etrangement, ce sera l’avant dernier album “Great Western Walkyrie” (2014) qui occupera une place de choix dans le set. Ceux qui ont déjà assisté à un concert de Rival Sons, notamment au Download Festival France 2016, verront quasiment la même chose : même intro sur la B.O de “Le Bon, La Brute Et Le Truand”, même fond de scène, mêmes morceaux hormis deux chansons (“Baby Boy”, “Get What’s Coming”). Seule la coupe de cheveux du toujours aussi charismatique frontman Jay Buchanan est différente. Musicalement, rien à redire sur le revival blues rock vintage 70’s de Rival Sons qui est toujours aussi bon que captivant, mais on déplore juste un certain manque d’innovation.

 

 

EDITORS (Main Stage 1) – Retour sur la gauche à la première scène principale pour la prestation de la bande de Tom Smith. En guise de décorum, une rangée de ventilateurs est placée devant le backdrop représentant un ventilateur géant. Plutôt froide comme scénographie. Il en sera de même pour le temps gris et pluvieux. Tous ces éléments collent finalement à l’image du rock/new wave proposé par le quintette tout de noir vêtu. N’ayant rien sorti depuis le dernier album “In Dreams” en 2015, les Britanniques auront, eux, le mérite de proposer du neuf par le biais de deux nouvelles compositions (“Cold” ouvrant le set et “Magazine”) entrecoupés des classiques comme “Munich” ou encore “Papillon” concluant l’heure de concert.

 

 

LIAM GALLAGHER (Main Stage 2) : Ca s’annonce mal pour l’un des headliners les plus attendus de cette première édition puisque la pluie tombe au dessus de la Main Stage 2. Cette dernière s’arrêtera juste à temps pour le début de la performance du chanteur d’Oasis, désormais en solo. Et Liam, toujours avec sa nonchalance désinvolte, est conscient que si la pelouse de la seconde scène principale est blindée, c’est parce que l’assemblée est là pour entendre quelques classiques d’Oasis. Le set commence d’ailleurs par “Rock ‘N’ Roll Star”, faisant écho au “ROCK ‘N’ ROLL” inscrit au milieu de la scène. Mais le petit frère de Noel, dont l’un de ses musiciens lui ressemble étrangement, se produit surtout pour promouvoir son premier album “As You Were” prévu pour le 6 octobre prochain. Par conséquent, la setlist sera équitablement partagée entre compositions originales (“Wall Of Glass”, “Chinatown”) et reprises d’Oasis (“Morning Glory”, “Slide Away” dédié aux victimes du Bataclan). Alors que ce retour de l’enfant terrible de Manchester était redouté, force est de constater que Liam Gallagher a bel et bien retrouve sa voix. LE moment que les festivaliers retiendront sera naturellement le final et fédérateur “Wonderwall” chanté par tout Longchamp !

 

 

PIXIES (Main Stage 1) –  Moment “ouhouuuuh” aka le set où tous les festivaliers patientent jusqu’à l’avant dernier morceau par dépit pour vivre une seule chanson en live, le cultissime hymne rock “Where Is My Mind?”. Car à part cet hymne sur lequel la foule s’époumone, tous les autres morceaux se ressemblent quasiment tous, si bien qu’on aura entendu à maintes reprises : “C’est celle là ?”, en référence à l’un des seuls titres de la bande de Black Francis que le grand public (hors connaisseurs) connait par coeur.

 

 

LANA DEL REY (Main Stage 2) – Pour marquer cette première édition du Lollapalooza Paris, Live Nation s’est payé le luxe d’obtenir l’exclusivité française de la venue d’Elizabeth Woolridge Grant, de son vrai nom, en 2017. En tant que l’une des principales tête d’affiche, c’est donc tout naturellement que la chanteuse américaine rassemble les foules dont une grande partie de sa fanbase. Il n’y a qu’à voir le nombre de sosies et d’admirateurs venus juste pour Lana pour s’en assurer.

Sur la Main Stage 2, on peut voir une enseigne affichant “Del Rey” sur un fond illustrant un rideau de théâtre. 20h30 pétante, Blake Stranathan (guitare), Kevin McPherson (basse), Tom Marsh (batterie) et Byron Thomas (claviers) démarrent la partie instrumentale de “Cruel World” accompagnée de deux danseuses en robe de soirée noire prenant place sur des plateformes qui leur est dédiée à chaque extrémité de la scène. Lana Del Rey, vêtu d’une robe bleue et coiffée de son habituel chignon, arrive enfin sous les acclamations, radieuse : “Bonjour Paris ! Heureuse d’être de retour avec vous dans la ville la plus glamour du monde entier”, visiblement émue d’être à Paris depuis 2014.

C’est parti pour un un retour dans les années 50, soutenu par l’écran géant en fond de scène diffusant des images alternant entre ambiance onirique et extraits de clips pendant que les deux écrans situés de chaque côté de la scène retransmettent la performance en noir et blanc pour coller à l’ambiance de l’univers Del Rey.

 

 

Dès les premiers morceaux, Lana Del Rey, comme Charli XCX et Editors, expédie déjà ses tubes avec l’enchaînement “Blue Jeans” / “Born To Die” / “Summertime Sadness” / “Video Games”, qui comme tous les titres du set, seront systématiquement entonnés par tous les fans, éclipsant même parfois la voix de la pinup. Pour le moindre sourire, geste ou le moindre déhanché, ces derniers, vraiment à fond, l’acclament dans la seconde. L’Américaine sait qu’elle est là grâce à eux et comme il est de coutume chez elle, Lana descend de scène, ici sur le pont de “Born To Die” pour signer des autographes, faire des selfies et des bisous avec quelques chanceux des premiers rangs ou encore récupérer des cadeaux. Une belle attention, bien moins long qu’à Rock En Seine.

Niveau prestation, rien à signaler, il est clair que Lana Del Rey s’est grandement améliorée dans son chant que par le passé. On regrette cependant que le set, composé de quinze morceaux, ne comprenne que seulement trois chansons tirées du nouvel album “Lust For Life” paru deux jours plus tôt.

Mais le set, bien que maîtrisé, parait comme improvisé alors qu’il n’en est rien, comme lorsqu’elle entonnera des bouts de “Body Electric” et “Pretty When You Cry”. Mystérieuse, Lana Del Rey le restera jusqu’au bout de l’heure et demi de show et déchaînera toutes les passions au cours de ce concert placé sous le signe de l’amour.

 

 

ALT-J (Alternative Stage) – Alt-J ou le concert le plus beau de ce dimanche, visuellement parlant. Même si une bonne partie des festivaliers assisteront au show de Lana Del Rey sur la Main Stage 2 tandis que d’autres patientent déjà à la Main Stage 1 pour Red Hot Chili Peppers, quelques irréductibles en prendront plein les yeux avec une incroyable scénographie. Chacun des trois musiciens sont séparés par des barres de LED pendant que les écrans en fond et des côtés diffusent des images abstraites et colorées, rendant un effet optique comme si l’Alternative Stage était envahi d’ondulations pendant que Joe Newman, Gus Unger-Hamilton et Thom Sonny Green, peu communicatifs, sont concentrés sur les quinze morceaux interprétés. A noter que le nouvel album “Relaxer” s’intègre plutôt bien dans la setlist puisqu’il y aura quasiment le même nombre de titres pour ce troisième opus que ceux de “An Awesome Wave” (2012). Même s’il est dommage de voir l’un des headliners sur l’une des plus petites scènes (la dure loi des festivals), les fidèles d’Alt-J sont au rendez-vous. Les absents ont toujours tort !

 

 

RED HOT CHILI PEPPERS (Main Stage 1) – Pour clore cette première édition française du Lollapalooza, Live Nation France a fait appel à l’une des formations historiques du festival itinérant ayant participé à la seconde édition en 1992, qui aura donc la tâche de terminer ces deux jours de festivités en beauté. Et ce n’est pas la grosse averse qui empêchera RHCP de mener à bien sa mission. C’est donc devant un parterre de parapluies, de ponchos et de K-Way que débutera le set avec quelques minutes de retard par un solo de hautbois suivi d’un jam instrumental avant les premiers accords de “Can’t Stop”.

Sur scène, on retrouve comme à l’AccorHotels Arena l’écran géant en forme de demi cercle en dessous de quatre autres petits écrans arrondis, le tout retransmettant au fil des chansons des images abstraites ou la performance en direct accompagné de quelques effets visuels et colorés. Configuration festival oblige, il n’y aura pas le plafond d’ampoules comme lors des trois dates à l’AccorHotels Arena en octobre dernier.

Anthony Kiedis, Josh Klinghoffer, Flea et Chad Smith sont en forme et ça se voit, tous occuperont tout l’espace qui leur est dédié. La setlist est un condensé des trois derniers concerts parisiens, véritable best of des Red Hot avec quelques inédits non joués l’an dernier comme “The Zephyr Song”, “Tell Me Baby” et autres “Higher Ground”, la reprise de Stevie Wonder. Des covers, il y en aura d’autres comme celle du “I Wanna Be Your Dog” d’Iggy Pop et du “Wicked Game” de Chris Isaak, interprété par le guitariste Josh Klinghoffer au lieu du “Je suis venu te dire que je m’en vais” de Serge Gainsbourg avant son habituel solo de guitare. On regrette de ne pas pouvoir entendre “Don’t Forget Me”, pourtant joué durant cette partie de la tournée “The Getaway World Tour”.

Mais on ne va pas s’en plaindre, RHCP fait définitivement l’unanimité malgré la pluie et on ne pouvait rêver mieux pour terminer ce week-end !

 

 

Pari plus ou moins réussi pour le Lollapalooza Paris qui aura réuni 110 000 personnes dont la moitié est venue de l’étranger sur les deux jours (contre 120 000 festivaliers attendus). En plus du mauvais temps samedi et dimanche, il faut avouer que les prix du pass jour au tarif de 79 euros et 150 euros le pass deux jours auront refroidi certains Français. Mais pour réussir à rassembler autant d’artistes divers et variés tels que Red Hot Chili Peppers, Lana Del Rey, The Weeknd, Imagine Dragons, London Grammar & Co et avoir quelques exclusivités dans un festival grand public, tout en veillant au confort et à la sécurité des festivaliers, il était sans doute important pour Live Nation France d’imposer des prix plus élevés que pour la plupart des autres festivals.

Quant à la question de savoir si le Lollapalooza Paris pourra s’installer dans le paysage, il faudra voir sur le long terme. Le Lolla Paris a tout pour posséder sa propre identité, avec un line up composé de grosses pointures du rock et de l’électro, mais ce que les festivaliers/touristes retiendront d’abord surtout, ce sera la réplique de cinq mètres de la Tour Eiffel en plein coeur de l’Hippodrome De Longchamp (même que le soir elle scintille de mille feux comme la vraie !). Autrement, la présence du Village Greenroom, ensemble de mini cabines aux différentes ambiances musicales est totalement inutile dans un festival. Autant rester chez soi, si c’est pour s’entasser comme des sardines. 

Avant tout cela, il y a encore des améliorations à faire :

– Du point de vu logistique : tout d’abord au niveau du réseau sur place qui devient très vite saturé quand il y a beaucoup de monde. Tout comme pour les navettes du dimanche soir vers Paris. Il est juste inadmissible de devoir attendre plus d’une heure pour pouvoir rejoindre Paris, alors qu’il n’y a pas de problème d’affluence à Solidays qui utilise pourtant le même parcours. Il faudrait donc que l’organisation puisse gérer les flux de festivaliers, pas seulement à l’intérieur de l’Hippodrome De Longchamp, mais aussi une fois à l’extérieur. On déplore également la queue pour recharger le cashless. Au moins une heure d’attente pour pouvoir mettre de l’argent dans les bracelets (à moins d’arriver très tôt sur l’Hippodrome De Longchamp dès l’ouverture des portes à 12h15).

– Du point de vu organisation : Si la disposition quasiment côte à côte des deux Main Stage est plus qu’appréciable (contrairement au Download Festival France), on ne peut pas en dire autant concernant les deux autres petites scènes, l’Alternative Stage et la Perry’s Stage, la première accueillant de la musique plus chill alors que la seconde est spécialisée EDM alors qu’elles ne sont séparées que de quelques dizaines de mètres. Autant dire que vu le running order et les nombreux clash entre les artistes, il n’est pas certain que ceux de l’Alternative Stage aient apprécié la cohabitation avec les DJ sets de la Perry’s Stage. L’agencement de l’Hippodrome De Longchamp est donc à revoir.

Reste maintenant à savoir si le Lollapalooza Paris prendra en compte toutes ces considérations pour sa deuxième édition. A l’année prochaine !

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Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife