Il existe de nombreux groupes venus d’Outre-Manche qui, au fur et à mesure des années, s’installent progressivement dans le coeur des Français, à force de concerts, de concessions, de promotion et de succès. Des artistes que l’on appelle “en développement”, définissant avec précision les nombreuses heures de travail investies dans un projet afin d’en tirer le meilleur résultat possible. Aujourd’hui, notre regard se pose sur les Anglais de Nothing But Thieves, que certaines personnes ont déjà eu l’occasion de découvrir en première partie de Gerard Way au Trabendo. Tout juste armé d’un album, le quintette a posé bagages mardi dernier au Pop Up Du Label, pour une soirée annoncée complète et en compagnie des Français de Cachemire.
Après l’ouverture tardive des portes (20h30) ayant créé un rassemblement important devant la porte du lieu, le public court et s’installe directement aux premiers rangs. Il est vrai que l’ex-Les Combustibles, de par son agencement et sa scène basse, nécessite une connaissance accrue de la salle afin d’obtenir le meilleur point de vue possible. Mais pas le temps de réfléchir pleinement sur la question puisque vient déjà l’heure d’accueillir l’unique première partie de la soirée, à savoir CACHEMIRE. Provenant de Nantes, le quatuor se lance dans une demi heure de set synonyme de rock n’roll français. Divertissante et non moins convaincante, la formation fait exploser les riffs et les powerchords, se dandinant avec aisance et humour. Sûrement intimidée dans un premier temps, la fosse finit par répondre présente et des sourires apparaissent lors de “Lettre Du 02/04”, adaptation rock de la lettre d’excuse de Jérôme Cahuzac. Au final, Cachemire nous aura fait passer un bon moment et aura pleinement rempli son rôle.
21h50, les lumières cessent une nouvelle fois d’illuminer la pièce, et ce pour une bonne raison : l’arrivée sur l’estrade de NOTHING BUT THIEVES. A peine positionnée et déjà adulée, la troupe de Conor Mason, visiblement émue, se lance sans à priori. “Excuse Me” raisonne alors dans l’enceinte sombre et humide du Pop Up Du Label, emporté par des vocalises envoûtantes alternant entre voix de tête voluptueuse et chant clair maîtrisé. Une pureté et un professionnalisme qui n’abattent pas les fans, reprenant chaque parole avec conviction et joie d’interagir. Cette harmonie se ressent même de par la proximité entre les deux groupes distincts, mais aussi par l’entrelacement des voix de tout le monde. Les lumières, peu en avant, interviennent également dans cette globalité homogène, tissant une ambiance visuelle aérienne et complémentaire. Un démarrage digne de ce nom qui perdurera quasiment pendant tout le set.
Comme expliqué précédemment, le quintette anglais vient tout juste de sortir en format digital son disque éponyme, et s’empresse donc de le présenter en live, sous une étiquette narguant les nouveaux groupes de pop : chant, batterie et basse aguicheuse en avant. Le Pop Up tremble sous le rythme de “Honey Whiskey”, “Painkiller” et autre “Wake Up Call”, titres forts et révélateurs d’un indie rock contemporain. Malgré quelques maladresses scéniques sûrement dues au trac et à la jeunesse de la formation qui commence à voir sa notoriété évoluer, celle-ci ne se démonte pas, adressant quelques regards complices à certaines têtes de la masse en guise de satisfaction. “Nous avons bu un peu de votre super vin”, lancera même Mason, sous les rires de ses camarades, tous aussi fautifs. Mais le moment fort de cette première tête d’affiche des Britanniques reste la réalisation parfaite de “Painkiller”, entre justesse et simplicité, largement au dessus des autres mélodies. Enfin, sans rappel, Nothing But Thieves finit avec le trio gagnant “If I Get High” / “Hanging” / “Ban All The Music”, avec la promesse de revenir conquérir une nouvelle fois le public français début 2016.
L’Angleterre nous a prouvé une énième fois à travers Nothing But Thieves que sa puissance culturelle s’exporte au delà de son territoire. Plutôt bon sur le CD, le groupe prend une toute autre forme dans les conditions du direct, laissant entrevoir à la fois de la vulnérabilité, de l’honnêteté et même de la sympathie. Il va être maintenant curieux de voir l’évolution de la formation, après le rodage de leur set et la possible explosion de leur succès dans le monde. Du moins, on l’espère car les cinq amis le méritent.
Setlist :
Excuse Me
Itch
Honey Whiskey
Graveyard Whistling
Drawing Pins
Last Orders
Painkiller
Trip Switch
Wake Up Call
If I Get High
Hanging
Ban All The Music