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RAMMSTEIN @ Bercy (06/03/12)

En ce début mars, les allemands font leur grand retour dans la capitale pour deux dates sold out au Palais Omnisport de Paris Bercy comme en 2009.

 

C’est Deathstars qui ouvre : des rythmes martiaux interrompus par des roulements de batterie efficaces, une voix caverneuse, du metal industriel aux accents black metal avec les chœurs de Gremlins du bassiste et des nappes de clavier. Ca se laisse écouter. La prestation scénique n’est pas époustouflante mais ils ont de bons looks : manteaux de cuir, cheveux sombres, des paillettes et casquette d’officier allemand. Mais pas le temps de dire au revoir que déjà les techniciens s’activent.

 

Les lumières s’éteignent sous les acclamations du public, une immense passerelle neo indus descend lentement du plafond dans un bruit de pistons, de sirènes, métaux qui s’entrechoquent… Un spot s’allume sur une porte à droite au milieu des gradins et les voilà : les Rammstein apparaissent un à un au milieu du public, au rythme d’un son de bottes et de musique de film futuriste. Très “Mad Max”. Entrés par une des portes latérales des tribunes de Bercy, ils descendent les marches puis avancent dans la fosse jusqu’à une scène centrale mobile, puis de la scène centrale à la passerelle jusqu’à la scène principale…  Ils portent des drapeaux, celui avec le logo du groupe, un bleu blanc rouge et des flambeaux. Le bassiste Oliver Riedel, encapuchonné, allume de sa torche deux brasiers de part et d’autre de la scène, probablement simulacre de la première flamme olympique de 1936 à Berlin. Les athlètes se placent en ligne, et Till Lindemann (chant) grogne les premières paroles de “Sonne”. Gros son, flammes et explosions dès le premier titre. La cérémonie d’ouverture laisse place aux hostilités. Des tribunes, la chaleur est intense alors n’imaginons même pas pour eux. Mais ce sont des guerriers oui ou non ?! Les morceaux s’enchaînent.  “Sehnsucht”, “Asche Zu Asche”, “Mutter”, “Du Riechst So Gut”… etc. La puissance sonore qu’ils dégagent est impressionnante, la scénographie ne l’est pas moins : des sexes géants (factices) qui crachent, une imagerie sado maso, du sang, des étincelles, du design post apocalyptique dans tous les coins, un sens du timing impressionnant, le tout saupoudré d’une bonne dose d’humour, et beaucoup, beaucoup de flammes ! Bercy se fait l’antre d’un cérémonial parfaitement orchestré. Tout au long du concert, des techniciens s’affairent, serviettes mouillées à la main à éteindre les dernières flammes rebelles, apportent et évacuent du matériel, Le spectacle n’est pas seulement sur scène mais aussi dans les tribunes avec un nombre impressionnant de caméras pour capter ce qui sera le prochain DVD live des teutons. Du reste, le public français doit être assez photogénique à leur goût puisqu’il avaient déjà choisi la France pour leur précédent live filmé “Völkerball”. Till en grande forme, martèle sa cuisse encore et encore. Et voilà qu’il affûte un couteau, ensanglanté en toque de cuistot, et que Christian “Flake” Lorenz le clavier en combinaison pailletée se fait cuire au lance-flammes sur “Mein Teil”. Arrive la séquence où le batteur Christoph “Doom” Schneider, grimé en maquerelle perruquée en référence au clip de “Mein Teil” justement, tient les quatre autres membres en laisse, à quatre pattes. Lentement, ils arpentent la scène, montent les marches de la passerelle sous les coups de cravache de la dame jusqu’à la scène centrale où ils joueront quelques morceaux. C’est très impressionnant. “Matrix” au pays des pervers. Ils saluent le public, sortent de scène mais reviennent rapidement pour pas moins de trois rappels en tout. À la fin du deuxième rappel, Till s’installe derrière un sexe géant (peint en rose !) qui crache de la mousse sur les premiers rangs pendant le subtile, poétique et romantique “Pussy” ! Il y a une trouvaille à chaque titre. Chaque séquence est orchestrée, chaque détail est pensé : le synthétiseur est accroché sur un déambulateur de grand-mère, il y a une vraie selle de cheval pour prendre place derrière le canon-sexe… Et c’est efficace. Pas de quartier ! Le public parisien headbang, lève le poing, beugle les paroles comme un seul homme. Face à une telle puissance de feu, tout Bercy est au taquet, parce que leur force est sacrément communicative. Comme il y a trois ans, ils partent en saluant à genoux comme des chevaliers. 2h10 de show passé comme l’éclair. “Vous voulez encore un morceau ?”. Le public est chauffé à blanc et ils réapparaissent pour un troisième et ultime rappel avec “Frühling in Paris”. C’était obligé.

 

Les déplacements sont beaux; il y a une trappe au milieu de la scène par laquelle ils entrent et sortent comme les mineurs du clip “Sonne”. Les positionnements sont précis, les attitudes aussi parfaites que les coupes de cheveux. Dans l’excès on frôle la caricature. Au royaume de Rammstein, on trouve du sexe cru et une surdose de testostérone : la virilité poussée à son paroxysme est devenue esthétisme.

 

Setlist :

 

Sonne
Wollt Ihr Das Bett In Flammen Sehen
Keine Lust
Sehnsucht
Asche Zu Asche
Feuer Frei!
Mutter
Mein Teil
Du Riechst So Gut
Links 2-3-4
Du Hast
Haifisch
Bück Dich
Mann Gegen Mann
Ohne Dich
—-
Mein Herz Brennt
Amerika
Ich Will
—-
Engel
Pussy
—-
Frühling In Paris