L’année 2018 touche à sa fin et c’est sans doute en compagnie d’un des plateaux les plus relevés que la capitale va festoyer. Avant toute chose, il faut être amateur de death, autrement la soirée risque d’être compliquée.
Malgré les perturbations qui touchent les réseaux de transport dans la capitale, la foule est au rendez-vous dès l’ouverture des portes, histoire de ne rien manquer ! C’est donc devant une salle déjà quasi pleine que RIVERS OF NIHIL lance les festivités. La formation américaine, qui a sorti son troisième album “Where Owls Know My Name” en mars dernier, démarre fort. Le remuant Jake Dieffenbach (chant) anime les débats tandis que ses comparses délivrent une partition sans faute. La prestation est courte mais a le mérite de retourner d’emblée l’audience. A noter également que le son est parfait. Il est assez rare de noter cela, surtout pour une première partie et encore plus avec un plateau de quatre groupes, mais si le set a aussi bien fonctionné, c’est en partie grâce à la technique qui fut impeccable.
Seul groupe européen du plateau, les Suédois de SOREPTION s’invitent à leur tour sur scène. L’imposant Fredrik Söderberg (chant) prend place, entouré de Tony Westermark (batterie), Mikael Almgren (guitare) et Kim Lantto (basse). Autant dire que le quatuor ne fait pas dans la dentelle. Les futs sont martelés avec rigueur pendant que Mikael déverse riffs et soli à haute vitesse et intensité. Malheureusement, le son n’est pas au rendez-vous pour le show. La batterie prend le dessus, la basse devient inaudible et la guitare se perd. Même les soli de guitare manquent de soutien -pas de rythmique malheureusement comparé aux albums studio- et sonnent plats malgré la qualité indéniable de ceux-ci. Le public est lui aussi moins emballé, même si le pit s’anime un peu.
Le Petit Bain est maintenant rempli, le concert affiche complet, et l’enthousiasme s’empare de Paris pour accueillir ARCHSPIRE. Passé en février dernier du côté des Cuizines (Chelles), la frustration de beaucoup prend fin ce soir. Sept ans après leur dernier passage dans la capitale, les Canadiens ont depuis sorti deux albums, “The Lucid Collective” (2014) et le dernier en date “Relentless Mutation” (2017), qui leur a valu une nomination aux Juno Awards récemment. Oliver Rae Aleron (chant), Dean Lamb (guitare), Tobi Morelli (guitare), Jared Smith (basse) et Spencer Prewett (batterie) vont retourner le pit comme jamais. “Calamus Will Animate” démarre fort et le phrasé d’Oliver fait mouche. Les quatre autres, eux, récitent leurs partitions avec une déconcertante facilité. Alors que certains observent avec attention le batteur, d’autres restent subjugués face aux flots des guitares. Principalement axé sur leur dernier disque, “Lucid Collective Somnambulation” fait écho au précédent tandis que “Rapid Elemental Dissolve” est tiré de la première réalisation “All Shall Align” (2011). Le set est carré, des samples habillent l’attente d’un morceau à l’autre et le frontman se permet même quelques plaisanteries à l’égard de ses compères. “Involuntary Doppelgänger” passé, la formation se permet de calmer le jeu avec “Remote Tumour Seeker” en guise de point final. Que dire ? Maitrisé de bout en bout, Archspire aura conquis la foule. Prochaine étape, et non pas des moindres : le Hellfest en juin prochain !
Passé cette tempête canadienne, celle-ci va se renforcer du côté de Boston et former un phénomène complexe intitulé REVOCATION. La tête d’affiche de la tournée a mis les petits plats dans les grands avec un lightshow imposant, ce qui va grandement apporter au show. David Davidson (chant/guitare) et les siens ont tout juste sorti “The Outer Ones” en septembre dernier via Metal Blade Records, et l’immense backdrop lui fait honneur. “The Outer Ones” et “Of Unworldly Origin” mettent d’emblée la nouveauté au menu. Beaucoup moins brutal qu’Archspire, le quartette évolue dans un univers quasi unique. Entre death metal technique, thrash metal et jazz, qu’il a étudié au Berklee College Of Music (Boston), l’identité musicale du groupe est intense. Intense également avec “Communion” ou “Vanitas” avant d’enchaîner sur la perle “Ex Nihilo”, l’instrumental du dernier album.
“Deathless” (2014) occupe également une partie non négligeable du set avec notamment “The Blackest Reaches” et le final en beauté sur “Witch Trials”. A noter l’apparition de Jake Dieffenbach (Rivers Of Nihil) sur “Madness Opus” avant d’aller festoyer dans le pit quelques instants. Côté public, l’osmose avec les Américains est palpable. Pas un titre ne passe sans que la foule s’investisse physiquement ou vocalement. L’immersion musicale est réussie et il est difficile de rester stoïque face à des créations de haute volée, tant via l’intensité délivrée que par le génie et l’extravagance que dégage la musique de Revocation.
Cette tournée est sans doute l’un des meilleurs plateaux de l’année 2018 et difficile de contredire ce constat. Le public parisien a répondu présent pour cette première tournée en headliner de Revocation, en Europe, et il est fort à parier que, tout comme Archspire, on en entend parler prochainement !
Setlist :
The Outer Ones
Of Unworldly Origin
Madness Opus
Blood Atonement
Communion
Vanitas
Ex Nihilo
The Blackest Reaches
Existence Is Futile
Chaos Of Forms
Witch Trials