Comme chaque année, le Domaine National de Saint-Cloud (92), situé aux portes de Paris, accueille l’un des plus grands festivals français. Depuis 2003, Rock En Seine s’est imposé comme LE grand rendez-vous musical incontournable avant la rentrée. Pour marquer sa dixième édition, les organisateurs ont rappelé des groupes déjà à l’affiche lors des précédentes éditions mais aussi le meilleur du rock et de l’électro actuel. Retour sur trois jours de festivités du dernier week-end d’août avec en tête d’affiche : Placebo, The Black Keys et Green Day !
Vendredi 24 août, 15h30. Direction la Grande Scène pour le concert de BILLY TALENT. Les canadiens reviennent trois ans après leur passage toujours sur cette même scène et c’est toujours “beaucoup d’amour” qu’ils reçoivent des parisiens. Le frontman Benjamin Kowalewicz fonce à toute vitesse sur scène dès le début du premier morceau, “Devil In a Midnight Mass”. Il n’y a pas encore beaucoup de monde mais comme nous le confiera le bassiste un peu plus tard, c’est bien de jouer tôt en festival car cela permet de toucher de nouveaux fans en plus des fidèles. “Bonjour ! Ca va ? Nous sommes Billy Talent de Toronto, Canada. Vous avez Billy Talent pour votre petit déjeuner aujourd’hui !” déclare le chanteur avant “This Suffering”. En plus d’être gonflé à bloc, la pile électrique qu’est Ben, qui ne tiendra jamais en place, communique et s’amuse avec la foule. De leur côté, Ian D’Sa (guitariste), Jon Gallant (basse) et Aaron Solowoniuk (batterie) se contenteront de faire le boulot de façon plus discrets. Niveau setlist, on a droit à un best of avec entre autres “Try Honesty”, “Rusted From The Rain” (marquée par l’arrivée de la pluie (“c’est marrant” trouve le frontman à la mèche) ou encore l’entêtant tube “Red Flag” en guise de final survolté. A noter également la présence du nouveau single “Viking Death March”, premier extrait de “Dead Silence” attendu pour septembre, très bien accueilli par l’audience. Quoi de mieux qu’un bon show punk rock énergique pour débuter la journée !
Au même moment sur la Scène Industrie, OWLLE, la timide jeune française à la frange flamboyante assure avec délicatesse un set qui fleure bon les 80’s. Vêtue d’une chemise graphique et d’un short chaps, elle pose sa voix sur des nappes de musique synthétique, aussi dancefloor qu’aérienne.
On se dirige ensuite vers la Scène Cascade à proximité de la Grande Scène pour CITIZENS! qui commence avec quelques minutes de retard. Les cinq jeunes dandys londoniens fraichement signés chez Kitsuné, petits protégés d’Alex Kapranos (Franz Ferdinand), y égrènent une pop plaisante aux sonorités 80’s avec une pointe électro apportée par le clavier. L’habillement est raffiné, la voix haute perchée, les morceaux comme “Reptile”, “Caroline” ou encore “Love You More” sont assez efficaces. Ils ont l’air heureux d’être là, la prestation est honnête.
C’est reparti pour la Grande Scène avec THE ASTEROIDS GALAXY TOUR, la troupe danoise pop psychédélique emmenée par la sublime Mette Lindberg au look rétro et à la voix enfantine. Connaissant déjà Rock En Seine en ayant joué il y a trois ans, le groupe n’aura pas de mal à convaincre le public en instaurant une ambiance peace and love avec ses compositions funk et pop technicolor tout droit sorties des années 70 dont les plus connus du grand public “Around The Bend” et “The Sun Ain’t Shinning No More”.
A peine terminé, c’est déjà l’heure de GET WELL SOON sur la Scène Cascade. Pour les dix ans du festival, l’allemand Konstantin Gropper et ses musiciens, vêtus de costumes, sont exceptionnellement accompagnés par l’Orchestre National D’Ile-de-France. Ils proposent une pop parée du spleen des violons des 50 concertistes dirigés par Christophe Mangou jouant avec eux. La voix du chanteur peut parfois faire penser à celle de Beirut, relayée par celle de sa soeur en robe de soirée, lyrique et mélancolique. Second hasard de la journée après Billy Talent, c’est à ce moment que se manifeste à nouveau la pluie ! Cette collaboration inédite qui s’est préparée en amont depuis deux à trois mois montre que l’amitié franco-allemande existe même en musique !
Le temps de se déshydrater au stand Vita Coco situé près de la scène Pression Live à l’autre extrémité du Domaine de Saint-Cloud (notre fournisseur officiel d’eau de coco durant les trois jours du festival), on nous prévient que notre interview de Billy Talent est avancé et qu’il faut immédiatement se présenter à l’Espace VIP. Grand rush d’environ un kilomètre pour traverser tout le site et on arrive essoufflé mais en avance pour l’interview de Ian et Aaron pendant que DIONYSOS et surtout son chanteur Mathias Malzieu enflamme la Grande Scène à la grande surprise du guitariste canadien.
De son côté, THE KNUX met une sacrée ambiance dans les premiers rangs de la Scène Cascade. On enchaine directement avec Mette, la belle frontwoman de The Asteroids Galaxy Tour pour un bref entretien.
Les concerts reprennent avec BLOC PARTY, l’un des groupes les plus attendus qui fait son grand retour cette année à Rock En Seine avec un nouvel opus “Four” après quatre ans d’absence. Le set débute avec une intro avant l’arrivée du quatuor pour le dernier single “Octopus” devant une foule assez dense devant la Grande Scène où il est difficile de s’y frayer un chemin. Comme il y a deux ans : c’est carré, efficace. Kele Okereke et ses acolytes balancent les tubes à foison dont LE tube de Bloc Party, “Banquet” et son fameux rift nivana-esque qui fait sauter toute la fosse.
Un petit tour dans l’Espace VIP pour casser la croûte et direction la Scène Cascade pour SIGUR ROS alors que la nuit tombe. Rare en France mais connus dans le monde entier pour leur performances accompagnées de vidéos d’ambiances mêlant images live et autres séquences abstraites, les islandais ne dérogeront pas à la règle. C’est encore plus exceptionnel dans un festival tel que Rock En Seine. Sur scène, des ampoules et en fond un écran interactif sur lequel sera diffusé les fameuses vidéos. Le groupe est l’un des plus attendus comme en témoigne le public de fans, varié, rassemblé devant la scène. Après quelques minutes de retard, la voix céleste et envoutante de Jónsi se fait entendre et nous transporte déjà dans de lointaines contrées alors que règne un silence quasi religieux. Pour pouvoir se mettre dans le bain, il faut aimer le post rock et les morceaux à rallonges avec peu de chant et beaucoup d’instrumentaux, ce qui n’est pas à la portée de tous. Il est impressionnant de voir que la musique de Sigur Ros rassemble autant alors que le chant est entièrement en islandais. C’est aussi ça la magie de la musique. Sans doute l’une des plus belles performances du festival !
22h, place à la grande tête d’affiche clôturant ce vendredi : PLACEBO se produit pour la première fois en trois ans… et sans album à défendre ! Du moins pour le moment. En effet, le trio anglais rock qui prépare son septième effort studio prévue pour début 2013, a interprété une nouvelle chanson “B3” qui sortira en single au mois de septembre. Malgré plus de quinze ans d’existence, Placebo compte toujours de nombreux fans, et autres nostalgiques des années 90 qui se sont déplacés en masse. De “Battle For The Sun” à “Every You Every Me” en passant par “Special Needs” ou “The Bitter End”, tous les classiques du répertoire y passent et sans faute ! Même si le frontman androgyne Brian Molko avoue qu’il a “une grenouille dans la gorge”, cela ne transparait aucunement sur la prestation de 90 minutes. D’ailleurs, l’imposant Steve Forrest, le remplaçant de Steve Hewitt depuis 2008, impressionne derrière ses fûts, de part ses nombreux tatouages mais surtout par son puissant jeu de batterie ! Ajouté à la voix unique du chanteur, et de la basse de Stefan Olsdal, ce véritable métronome donne ainsi une nouvelle jeunesse à la formation qui a perdu la fraicheur de ses débuts.
Après une première journée sous un ciel couvert et de petites averses de temps à autre, on quitte le Domaine National de Saint-Cloud en entendant au loin le DMC des nantais de C2C sur la Scène Cascade.
avec la participation de Mathilde Mime