Avec une programmation très critiquée et une concurrence omniprésente, c’est un véritable défi qui attendait Rock En Seine cette année. Pour sa seizième édition, le festival a misé sur des artistes venant de tous les horizons : de PNL à Thirty Seconds To Mars, en passant par Justice ou Macklemore, cette année, l’accent était mis sur la diversité. De quoi ravir les fans de musique plus mainstream mais également les amateurs de rock, bien que ce dernier n’ait pas été le style le plus représenté dans la programmation (à notre plus grand désespoir !). Il est maintenant temps de revenir sur trois jours ponctués de jolies découvertes et de petites déceptions !
NOS PETITS PREFERES :
MIKE SHINODA (Grande Scène) – C’est probablement l’artiste que nous attendons le plus impatiemment. Après la sortie du très bon “Post-Traumatic“, l’arrivée de son nom dans la programmation avait été plus qu’apprécié par les fans de Linkin Park mais aussi par ceux qui appréciaient déjà certains de ses morceaux solo. Il n’est donc pas surprenant de voir une audience vêtue de T-shirts à l’effigie de LP rassemblée devant la scène dès le début de l’après-midi. Sa scénographie, très simple, nous permet de nous sentir proche de l’artiste, qui semble être très heureux de retrouver son public français. Tout sourire, il nous propose une setlist composée d’anciens morceaux, de titres de Linkin Park (dont les parties initialement chantées par Chester Bennington sont reprises par l’auditoire) mais aussi d’extraits de son nouvel album. L’un des temps forts de son set ? Le discours très émouvant qu’il a dédié à Chester avant “In The End” mais aussi à son public, continuant ainsi de faire vivre le mouvement #MakeChesterProud qui a été lancé sur les réseaux sociaux après le décès de l’artiste. Un show alliant simplicité, émotion mais qui nous a fait ressortir le cœur gonflé de nostalgie. C’est, sans la moindre hésitation, LE temps fort du premier jour du festival et sa programmation très moyenne.
THIRTY SECONDS TO MARS (Grande Scène) – Le désormais duo avec son nouvel album “America” très critiqué lors de sa sortie, est la tête d’affiche de la seconde journée du festival. Après leur passage à Paris plus tôt dans l’année, les frères Leto ont décidé de repasser par la capitale et d’enflammer le Domaine National De Saint Cloud avec leur “Monolith Tour”. Au programme ? Une setlist assez similaire à celle du dernier show, des chansons du nouvel album en plus, et une excellente ambiance sur la pelouse de la Grande Scène. Entre petites interactions de Jared -Jesus- Leto avec des membres privilégiés de l’assemblée (qui finissent par s’éterniser au final) et scénographie simple mais efficace, les Américains ont réussi à convaincre leur public. Le petit plus ? Le Youtubeur Waxx et son apparition surprise sur “Rescue Me”.
CARPENTER BRUT (Scène De l’Industrie) – Son univers bien à lui, oscillant entre le darksynth et l’électro, a fait de Franck Huesco un artiste incontournable. C’est donc tout naturellement que RockUrLife a rejoint la foule tout de même assez conséquente rassemblée autour de la scène. Plongé dans la pénombre, le musicien entame un set qui est définitivement l’un des plus marquants de cette seizième édition de Rock En Seine. L’écran derrière lui montre des vidéos très rétro, tout droit sorties des 80’s, qui accompagnent à la perfection l’instrumental minutieusement travaillé et tellement particulier du Français. Comme d’habitude, les festivaliers ont droit à la reprise du “Maniac” de Michael Sembello en guise de bouquet final, de quoi replonger un peu dans la nostalgie ! Mention spéciale à l’outro du concert qui n’est autre que le remix du “Dance Macabre” de Ghost par Carpenter Brut paru quelques heures plus tôt. Un véritable succès !
LIAM GALLAGHER (Grande Scène) – Il y a comme un petit goût de déjà-vu lorsque le Britannique monte sur scène, une paire de lunettes de soleil posée sur le bout du nez. Son éternelle nonchalance ne le quitte pas tout le long du concert; même lorsqu’il joue avec la caméra posée sur son micro ou qu’il accorde quelques mots à son public, qui est définitivement au rendez-vous. L’ex-chanteur d’Oasis proposera quinze morceaux majoritairement axés sur le répertoire d’Oasis et seulement six autres piochés dans sa propre discographie (cinq morceaux tiré de son premier album solo “As You Were” et un unique de Beady Eye). Le musicien n’hésite pas à faire allusion à la séparation du groupe qu’il formait avec son frère et qui a eu lieu dans les coulisses de Rock En Seine il y a presque dix ans déjà. Mieux encore, il dédie la fameuse “Champagne Supernova” à Noel Gallagher, ce qui lui vaut de nombreux applaudissements et quelques exclamations de surprise parmi la foule. Serait-ce un signe de réconciliation ? Ou juste un petit clin d’oeil anodin à l’auteur de ce morceau ? Quoiqu’il en soit, il est vite suivi par la foule compacte amassée devant la scène, qui s’en donne également à coeur joie sur la mythique “Wonderwall” adapté pour l’occasion : “there are many things I would like to say to you BUT I DON’T SPEAK FRENCH!”. Un show simple, efficace et mené à la baguette par le frontman.
JUSTICE (Grande Scène) – Le duo français a la lourde tâche de clôturer ces trois jours de festival… Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il était attendu avec impatience ! Un tout nouvel album live sous le coude (“Woman Worldwide”) et un public définitivement au rendez-vous, c’est un véritable show que nous offre la formation. La scénographie est spectaculaire, les jeux de lumières sont à couper le souffle et la foule vibre au son des nouveaux titres que Gaspard Augé et Xavier de Rosnay lui proposent. Une chose est sûre : le festival se termine en apothéose !
NOS BELLES DECOUVERTES :
THE REGRETTES (Scène Cascade) – C’est une formation majoritairement féminine qui attend le public dimanche en début d’après-midi. La foule autour de la scène est assez dense, notamment en raison de la forte affluence en ce dernier jour de festival. Mené par Lydia Night (chant), le quatuor punk rock propose des morceaux frais, sympas à écouter et surtout énergiques. De quoi se mettre directement dans le bain pour la journée qui nous attend ! La reprise du majestueux “Killing In The Name” de Rage Against The Machine est accueillie avec chaleur et c’est sans surprise que les Californiennes sont acclamées une fois leur set terminé.
IDLES (Scène Cascade) – Encore un groupe de punk rock qui rythme la Scène Cascade ! Les Anglais tout droits venus de Bristol n’ont aucun mal à entraîner le public dans leur univers, beaucoup plus heavy que le quatuor californien précédent. Il faut dire que les compositions jouées sont engagées, rythmées et que le frontman Joe Talbot sait comment mener son audience. Un beau succès à revoir le 3 décembre au Bataclan !
CIGARETTES AFTER SEX (Grande Scène) – Place à une ambiance beaucoup plus posée avec la formation américaine menée par Greg Gonzalez. Les artistes hauts en couleur qui les ont précédé sont remplacés par des nuances de gris et la voix pleine de mélancolie du frontman. Une grande partie de l’auditoire est allongée dans l’herbe et se laisse bercer par les mélodies calmes du quatuor. Une belle parenthèse en cette journée ensoleillée.
TAMINO (Scène Du Bosquet) – Véritable pont entre deux cultures et mélange parfait et équilibré, l’envoûtant Belge et sa voix parfaitement maîtrisée, au grain si particulier, ont su charmer la foule de fans aguerris ou de petits curieux passant par là. Sa sensibilité bouleversante est contagieuse et lui façonne un univers fait de douceur et de volupté. De quoi en redemander ! Et ça tombe bien, le premier album de Tamino, “Amir”, sera dans les bacs le 19 octobre !
DIE ANTWOORD (Grande Scène) – Vendredi soir, c’est un show déjanté qui nous attend sur la Grande Scène. Ninja, Yolandi Vi$$er et God nous plongent dans leur univers constitué de nombreuses influences : du hip hop au zef en passant par la rave, c’est un sacré cocktail qu’ils nous proposent. Il est difficile de rester indifférent face à leur énergie et aux interactions qu’ils ont, autant entre eux qu’avec le public qui leur rend bien. Qu’on l’apprécie ou non, une chose est certaine : le trio n’a pas fini de faire parler de lui !
NOS PETITES DECEPTIONS :
JESSICA93 (Scène De l’Industrie) – Petit coup dur pour les adeptes des solos endiablés de Geoffroy Laporte. Programmé vendredi en même temps que le géant MACKLEMORE, il n’y a pas foule devant la Scène De l’Industrie. Les quelques curieux qui passent par là repartent vite en grimaçant, à cause du son beaucoup trop fort et des basses mal réglées qui nous empêchent d’apprécier le set à sa juste valeur.
PARCELS (Scène Cascade) – Le quintette australien, notamment connu pour “Overnight” sa collaboration avec Daft Punk, attire de nombreux curieux tout au long du set. Ses sonorités diverses et variées, finissent par devenir lassantes au fur et à mesure que les morceaux défilent. Difficile de les distinguer les uns des autres et impossible de ne pas avoir Daft Punk en tête en les écoutant, tant l’influence des Français se ressent dans leur musique. La formation reste malgré tout prometteuse et appréciée par son audience, qui l’applaudit chaleureusement pendant tout le concert. A revoir le 13 novembre en headliner à l’Olympia !
THE PSYCHOTIC MONKS (Scène De l’Industrie) – Rock En Seine n’est pas inconnu pour le quintette français; en effet, il y a deux ans, c’était sur la Scène Ile-De-France que nous les avions entendu pour la toute première fois. Cette année, nous les retrouvons sur la Scène De L’Industrie, toujours aussi décalés et particuliers. Le public est au rendez-vous bien qu’un peu perplexe face à ces “moines déjantés”; il faut admettre que le style sort de l’ordinaire et qu’il est compliqué de ne pas perdre le fil face aux nombreuses sonorités qui nous sont proposées, et qui perdent parfois en cohérence.
Pour son édition 2018, Rock En Seine fait face à un bilan assez mitigé. De 120 000 festivaliers il y a deux ans, cette année, ce sont 90 000 personnes qui se sont retrouvées sur la pelouse du Domaine National De Saint Cloud. Une baisse de fréquentation palpable notamment le vendredi et le samedi, où le public n’était pas nombreux et où la circulation dans les allées du festival était un peu trop aisée (seul le dimanche affichait sold out). Cela peut notamment s’expliquer par la présence d’un autre festival concurrent à la tête d’affiche fédératrice à quelques kilomètres de là le premier soir, mais aussi par la programmation un peu décevante de cette nouvelle édition.
Les habitués du festival sont restés perplexes face à la présence d’artistes comme PNL, loin d’avoir fait l’unanimité, mais aussi face aux nombreux noms inconnus composant la quasi-totalité du line up. Pourtant, l’ambiance était bonne et les animations nombreuses; le château gonflable aux couleurs de la série animée “Desenchantée” installé par Netflix, particulièrement, a amusé pas mal de festivaliers durant les trois jours. L’omniprésence des guêpes parfois un peu trop affectueuses est l’un des points négatifs de cette année.
Fort heureusement, des headliners influents comme Justice, Macklemore ou bien Thirty Seconds To Mars ont permis au festival de sortir la tête de l’eau et de satisfaire les goûts de tout le monde – ou presque. Reste à voir maintenant à quel public s’adressera le prochain Rock En Seine. Rendez-vous en 2019 (ou pas) !