“Still Standing”, tel est le slogan de cette 19ème édition du festival organisé par Solidarité Sida. Non seulement cet événement solidaire marque le début de la saison des festivals, mais c’est aussi l’occasion pour l’association de rappeler que le sida est, malheureusement, encore une réalité et qu’il faut donc toujours continuer le combat, plus que jamais. Si cette édition n’a pas atteint le record de l’an passé en terme de fréquentation comme l’avait annoncé le fondateur-directeur Luc Barruet à la conférence de presse de présentation, à qui la faute ? S’agit t-il de la programmation musicale de ces 23, 24 et 25 juin ? Retour sur ces trois jours de concerts contre le sida, entre confirmations et découvertes musicales.
THE NOFACE (Bagatelle) – Alors que la chaleur est moins écrasante que le reste de cette semaine caniculaire, direction la scène Bagatelle pour le set du premier groupe de cette 19ème édition de Solidays, The NoFace, constitué des ex-musiciens de Skip The Use, Yan, Max, Lio et Jay, rassemblés autour d’Oma, ex-candidate du télé-crochet “The Voice” promo 2016. Le résultat de cet nouvelle entité, à mi-chemin entre rock brut et sonorités afro-urbaines, c’est d’abord une identité visuelle forte : dès l’intro instrumentale (on reconnait d’emblée la patte musicale de feu Skip The Use), les quatre membres arrivent sur scène en costume (chapeau, surtout sous cette chaleur !), avec chacun un masque noir barré d’une croix blanche, avant que ne débarque la bête de scène qu’est la frontwoman, qui, elle, se montre à visage découvert.
On comprend vite que le quatuor assume le fait d’être effacé et rassemblé autour d’Oma, et préfère que sa musique soit avant tout mise en avant. Ce concept séduit aisément les festivaliers, massés en nombre sur la pelouse de Bagatelle, arborant tous les mêmes masques des membres distribués avant le set. Non seulement il s’agit d’un bon outil de com’ mais ce dernier crée un certain lien avec le public, comme lorsque la charismatique chanteuse demandera à tous de mettre son masque et de reprendre à l’unisson les morceaux, tantôt en anglais tantôt en français, du premier album “Chapter One” à paraître le 29 septembre prochain.
En une heure, The NoFace, à travers la fougueuse guerrière camerounaise qu’est Oma, électrise la foule et est heureux de jouer sur scène et ça se voit. Le tout sous un soleil radieux, on ne pouvait mieux commencer ces trois jours de Solidays. Assurément notre premier coup de coeur de la journée !
THE DIZZY BRAINS (César Circus) – Après le rock, le punk. C’est la première fois qu’on entend des gros riffs et des hurlements provenant du chapiteau aux rayures rouges et blanches. Et pour cause, ce sont les quatre Malgaches survoltés, qu’on avait découvert lors du MaMA 2016, qui sont les responsables. Ces derniers proposeront un set engagé et sexuel, composé de morceaux assez courts, en anglais et en malgach, portant sur la politique et surtout le sexe, entrecoupés de messages de prévention. Punk oui mais en mode Solidays ! Eddy, le frontman, sorte d’Iggy Pop psychopathe, que ce soit pour ses mimiques scéniques ou son énergie raw, est totalement possédé tout au long du set !
LA FEMME (Paris) – Place à l’une des têtes d’affiches de ce vendredi avec La Femme qui va “donner du plaisir” à la foule de hipsters rassemblée devant la plus grande scène de l’Hippodrome De Longchamp. Il y a ceux qui aiment et il y en a d’autres qui détestent ce surf rock minimaliste aka “l’avenir du rock français” (sic) depuis le succès hexagonale du premier album “Psycho Tropical Berlin” (2013).
On a beau tergiverser sur le contenu tant au niveau paroles (“Mycose”) que musical, mais il faut dire que visuellement parlant, le groupe, accompagné de toute une troupe de choristes et de danseurs, aura le mérite d’offrir, l’un, si ce n’est la meilleure mise en scène de tous les trois jours du festival, illustrant l’univers farfelu de La Femme. Une vraie troupe de cirque pour combler le néant musical ?
THE PRODIGY (Paris) – Mais LE headliner de ce premier jour restera sans conteste le trio anglais qui lancera les festivités à minuit pétante sur la scène Paris. Liam Howlett, Keith Flint et Maxim, soutenus par des musiciens live et un lightshow stromboscopique digne des plus grands festivals électro transformeront Solidays en une rave party géante outdoor, faisant entrechoquer tous les corps ensemble !
Malgré que ce soit de la musique électronique, on a l’impression d’assister à un concert rock de part la performance, la configuration live, l’énergie sur scène et bien évidemment les pogos, slams et autres mouvements de la fosse. Avec vingt sept ans de carrière au compteur, les Britanniques prouvent ce soir qu’ils sont toujours les patrons du genre. De “Breathe”, à “Omen”, en passant par “Firestarter” ou encore “Voodoo People”, le set est un véritable best of des meilleurs morceaux du répertoire de The Prodigy mais comprendra aussi quelques titres issus du dernier album “The Day Is My Enemy” (2015), le tout agrémenté de quelques remix.
Ainsi, les Britanniques n’auront aucun mal à mettre littéralement la foule à ses pieds sur le pont de la cultissime “Smack My Bitch Up”, assurément le point d’orgue de ce set bien trop court !
Les festivaliers les plus motivés, les couches tard et les adeptes de l’électro pur et dur feront la fête jusqu’à l’aube avec VITALIC et DJ PONE. Les autres, prennent la direction des navettes pour Porte Maillot ou la Gare Saint-Lazare, sans aucun mal (il faut le préciser) pour se retrouver au chaud car mine de rien, il fait frisquet sur Longchamp à la nuit tombée !
Même le beau temps n’aura pas permis à cette courte première journée d’afficher sold out. La raison ? Sans doute la présence de groupes déjà vus et revus sur d’autres festivals (La Femme, The Prodigy), à l’exception de quelques bonnes surprises que sont The NoFace et The Dizzy Brains. Et encore, ce n’est que le début de Solidays !