Le festival des Nuits De Fourvière a, une fois de plus, frappé fort en programmant le retour très attendu du duo charismatique, Alex Turner et Miles Kane aka The Last Shadow Puppets. Récit de cette soirée so British !
Dès l’ouverture des portes, une file d’attente déjà longue se précipite aux premiers rangs de la fosse du Théâtre Antique pour être au plus près de nos Anglais préférés. C’est le trio garage/psyché londonien YAK, l’un des groupes les plus étonnants du moment, qui assure la première partie. Réputés pour leurs performances live énergiques et viscérales, ils nous offrent quelques titres de leur palpitant premier album “Alas Salvation” qui les a inscrits dans la lignée de certains Rolling Stones ou Strokes. La basse se fait lourde, la batterie est saisissante, la voix est rauque et les paroles minimalistes. Oli Burslem, avec sa moue boudeuse à la Mick Jagger, gronde dans le micro avec férocité et gratte frénétiquement sa guitare. La foule est immédiatement conquise par cette explosion de son qui remplit le théâtre d’une énergie électrisante.
L’audience est bouillonnante. A 22h, un quatuor à cordes introduit l’entrée de THE LAST SHADOW PUPPETS avec une mélodie mystique. Miles Kane, vêtu de sa fameuse chemise léopard, chevalières et collier en or, comme sortant d’un film de Scorsese, est rapidement suivi de son acolyte qu’on ne présente plus, dans une veste de costume rose. Le premier morceau, une épatante reprise des “Cactus” de Jacques Dutronc, est une surprise exclusive. Alex Turner et ses “Cactous” déclenchent l’euphorie des fans qui dégainent leurs appareils photos à de (trop ?) nombreuses reprises. Dès les premiers morceaux, l’alchimie entre les deux British est manifeste; ce n’est pas pour rien que cette “bromance” est souvent comparée à celle de Lennon et McCartney. Ils enchaînent les titres, alternant entre le premier album, “The Age Of The Understatement” (2008) et le tout frais “Everything You’ve Come To Expect” et ses refrains “James Bond-esques”. Les morceaux sont toujours aussi poétiques voire romanesques, envoûtants en live, en témoignent les ballades pop “Aviation” et son riff hypnotique ou l’entêtante “Miracle Aligner”.
Alex Turner, qui entretient le mythe de la rockstar, se voit parfois voler la vedette par l’énergie passionnée de Miles Kane, derrière sa Gibson qu’il manie vigoureusement, notamment sur le frénétique “Bad Habits” ou pendant sa reprise déchaînée du “Totally Wired” de The Fall. L’assemblée accompagne la formation pendant les classiques et mélancoliques “The Meeting Place” et “The Age Of The Understatement”. Le combo nous offre une présence scénique toute en nonchalance avec une pointe d’humour : Turner accompagne les morceaux par des gestes et postures dramatiques et risibles, il n’est pas avare de déhanchés et risque à se trouver dans la caricature de son personnage. Mais sa voix trahit son talent indéniable.
“My Mistakes Were Made For You”, dernier morceau avant la sortie du groupe, renforce les applaudissements et les cris extatiques. A leur retour sur scène, après la traditionnelle jetée de coussins que Turner et Kane s’amusent à esquiver, ils sortent le grand jeu avec un rappel qui s’ouvre par le mémorable “Sweet Dreams, TN” : un orchestre de cordes nous fait décoller pendant que Turner se roule dans les coussins, comme possédé par la chanson. Dès les premières notes des cultissimes “Standing Next To Me” et “In My Room”, tout le monde se lève immédiatement de son siège, charmé par ces deux Anglais et leur romantisme pop.
The Last Shadow Puppets nous ont présentés un set joliment orchestré. Ce retour tant attendu témoigne surtout de la puissance d’une amitié talentueuse qui semble inébranlable.
Setlist :
Les Cactus
Aviation
Used To Be My Girl
Miracle Aligner
Only The Truth
The Dream Synopsis
Dracula Teeth
Pattern
Totally Wired
The Age Of The Understatement
The Bourne Identity
Everything You’ve Come To Expect
Meeting Place
Bad Habits
My Mistakes Were Made For You
—-
Sweet Dreams, TN
Standing Next To Me
In My Room