La dernière fois que le sextette était de passage dans la capitale, ce fût un soir de novembre, en 2013, dans une Maroquinerie tristement vide. Une soirée qui restera dans les annales pour le groupe comme pour le peu de personnes présentes, laissant à l’époque croire que The Wonder Years ne viendrait plus en France. Pourtant, c’est bien ce même groupe que nous retrouvons au Backstage en ce début d’année, prêt à défendre son dernier disque “No Closer To Heaven” (2015).
Tandis qu’un open mic acoustique est sur le point de finir côté bar, c’est dans une toute autre ambiance que commence, côté Backstage By The Mill, le plateau alternatif avec, en première ligne, le trio TINY MOVING PARTS que certains ont déjà découvert en première partie de The Fall Of Troy. Toujours dynamique et souriante sur scène, la formation alt/math-rock propose un set musicalement complet et aux accents émo assumés, entre les tapings impressionnants de Dylan Mattheisen et les parties déstructurées du batteur William Chevalier. Dans l’ensemble, même si le lieu est bien loin d’afficher complet, l’harmonie et la cohésion sont de rigueur entre la fosse et la troupe, notamment lors de la réalisation du titre “Headache” issu de l’album “Celebrate” (2016), où les choeurs des fans prendront le dessus sur le reste. Une belle leçon de musique en à peine trente minutes.
Loin d’être inconnus par les fans français du genre, les Anglais de TRASH BOAT prennent la relève vers 20h45. Alors que la quasi totalité du groupe est sur scène, le frontman Tobi Duncan débarque sur l’estrade, capuche sur la tête, en provenance de la fosse éparpillée. Déjà venue plusieurs fois par chez nous avec ROAM et plus récemment en ouverture de Beartooth à La Boule Noire, le quintette en développement vient une nouvelle fois jouer quelques mélodies de son disque “Nothing I Write You Can Change What You’ve Been Through” (2016), en plus de chansons de ses EP précédents, “Look Alive” (2014) et “Brainwork” (2015). Un set pop punk contemporain pro et bien plus carré qu’auparavant. Malheureusement pour eux, la salle, loin d’être remplie de façon globale, le sera encore moins durant leur performance. Malgré tout, mentions spéciales pour les versions live de “Perspective” et de “Strangers”, cette dernière magnifiée par la venue sur scène de Dan Campbell, frontman de The Wonder Years, tout comme la version studio du morceau.
Un peu moins de quatre ans après l’apocalyptique épisode de La Maroquinerie, c’est sans rancoeur que le sextette THE WONDER YEARS débute l’étape la plus attendue des personnes dans la salle. Visiblement un peu serrée sur scène (cinq en première ligne, devant le batteur Mike Kennedy), la formation n’en demeure pas moins remontée à bloc, bien que le monde espéré ne soit pas objectivement au rendez-vous. Nous sommes certes loin de la dernière date en headline, mais nous sommes également loin du sold out et de l’euphorie du côté de la fosse. Quoi qu’il en soit, Soupy et sa bande n’en démordent pas et passent outre afin de divertir au mieux l’audience. La conquête des coeurs commence avec le désormais classique “Local Man Ruins Everything”, issu de “Suburbia I’ve Given You All And Now I’m Nothing” (2011). La phrase “I’m not a self-help book, I’m just a fucked up kid” raisonne dans le Backstage telle une confession de la part de tout le monde. Très vite, The Wonder Years introduit son dernier essai “No Closer To Heaven” (2015) par l’intermédiaire de “I Don’t Like Who I Was Then”.
Même si les anciennes mélodies dégagent en live un certain dynamisme communicatif, celles-ci se mélangent parfaitement avec les nouvelles chansons des Américains, aux apparences et rythmes moins brutaux dans l’ensemble. Un best of des différentes périodes de TWY qui permet de faire découvrir quelques nouveautés (“Brother &”, “Cardinals”, “Palm Reader”), ponctuées par des valeurs sûres et quelques interludes instrumentales (“Dismantling Summer”, “There, There”, “Don’t Let Me Cave In”). Le tout, joué à une allure effrénée, pop punk oblige. Le chanteur prendra même le rôle de guitariste le temps de “Cigarettes & Saints”, Matt Brasch étant relégué au second plan, à la batterie.
Tout comme à La Maroquinerie, le frontman donne en fin de concert un discours de remerciements, promettant de revenir à condition que chaque personne présente ce soir ramène l’un de ses amis au prochain show. Finalement, après un “Passing Through A Screen Door” intense, la troupe revient le temps d’un “Came Out Swinging”, sur lequel le chanteur de Trash Boat viendra placer quelques vocalises, qui se trouve validées par quelques crowdsurfings timides.
Peut-on dire que The Wonder Years et la France sont de nouveau amis ? Très certainement. Peut-on considérer cette soirée comme une réussite ? Musicalement, oui. Irons-nous revoir The Wonder Years si l’occasion se présentait ? Assurément ! (et on l’espère, avec plus de monde à nos côtés… comme Soupy l’a demandé !)
Setlist :
Local Man Ruins Everything
I Don’t Like Who I Was Then
Washington Square Park
Dismantling Summer
Cigarettes & Saints
Brothers &
Cardinals
A Song For Patsy Cline
There, There
Thanks For The Ride
Don’t Let Me Cave In
The Devil in My Bloodstream
Palm Reader
Passing Through A Screen Door
—-
Came Out Swinging