Dimanche dernier avait lieu la dernière date de One Heartbeat Productions, réunissant When Reasons Collapse, Aversions Crown, I Declare War et Within The Ruins.
Alors que les premiers spectateurs entrent par vagues dans le bateau du Batofar, ces derniers sont accueillis non pas par le chant des sirènes émis par les screams de la chanteuse Cristina du groupe français WHEN REASONS COLLAPSE. Et pourtant, les nouveaux résidents du navire semblent attirés par des accents magique de compositions énergiques. La séduction va même jusqu’à proposer le nouvel album à prix libre pendant la prestation. Cependant, cela ne suffira pas à se faire fracasser les marins les uns contre les autres, puisque contrairement au nom du groupe, leurs raisons ne s’évanouiront pas. Fort heureusement, personne n’ira jusqu’à perdre totalement la tête au point de devoir se faire attacher aux poteaux centraux de la salle, comme l’avait conté le récit de “l’Odyssée”. Malgré tout, la formation laissera derrière elle un public relativement enchanté, et surtout prêt à continuer son épopée.
Le voyage se poursuit en Australie avec AVERSIONS CROWN. Si la mer avait été calme jusque là, il n’en est plus rien. L’océan se déchaine au rythme de la quadruple pédale de Jayden, une tempête s’abat sur le Batofar qui abrite maintenant des projectiles humains. Adieu le confort primaire, bonjour le changement de régime. La révolution contre la couronne s’inscrit ironiquement dans un circle pit auquel se prêtera une bonne partie de l’assemblée, venue pour retourner la salle dans laquelle ils viennent d’amarrer, et faire tomber la tyrannie du calme. En terminant leur set sur leur chanson la plus connue, “Hollow Planet” (littéralement “la planète vide”), ils expriment ce pourquoi la révolution est née : ce soir, il faut l’emplir de bruit et de fracas.
Puisqu’une révolution entraine souvent le combat, voilà qu’arrive déjà I DECLARE WAR. La guerre est donc déclarée par la Troie-sième bande de la soirée. Mais aujourd’hui, pas de cheval, si ce n’est métaphoriquement : quelques dos seront utilisé comme chevaux pour ensuite slammer. Ainsi, par ce stratagème, les combattants arrivèrent à s’approcher de l’endroit où se trouvait la belle Cristina, mais également, aidés par le frontman Jamie à monter sur scène, ils parvinrent à faire alliance, et prendre ensemble le contrôle de la salle : musiciens et public, ensemble, pour donner du sens à cette soirée. Nul doute qu’au vu de l’ambiance qui régnait, la guerre est gagnée, non sans dégâts collatéraux cependant. La nouvelle équipe se tape les poings, avant de se séparer pour chacun regagner ses terres.
Ce combat aura fait beaucoup de dégâts. Des corps gisent le long des murs, appuyés contre le bar afin de récupérer des formes, ou encore à l’extérieur de la salle. Sur les ruines du champ de bataille débarque WITHIN THE RUINS, tête d’affiche de la soirée. Tim Goergen (chant), agissant en véritable chef de troupe motive ces soldats en morceaux à coup de “levez vos poings”, “où sont vos majeurs ? Je veux les voir !”, et autres injonctions aux accents combattifs. Les yeux plein de rage, et la voix pleine de conviction, sur une musique quasi-poétique, il guide et reconstruit une ville sur les piliers de la salle, lesquels servent d’appuis aux quelques mosheurs de la salle pour se propulser toujours plus loin. Les ruines n’en sont plus. Tout le monde est de nouveau sur pieds, et de nouvelles têtes se sont même ajoutées à la bataille. Le Batofar a des airs de Spartiates, les trois cent poings levés ne sont pas sans nous rappeler une certaine page de l’Histoire, qui ne nous éloigne pas tant des sirènes, ni de la tombée de la couronne, ou encore des batailles.
Ce soir-là, nous pouvons donc dire que la salle du Batofar aura ressemblé à une réécriture de l’Histoire Antique et de ses épopées les plus connues… pour notre plus grand plaisir.