Soirée découverte en cette nuit d’hiver pas si froide. Si La Cigale voisine chantait “Justice” pour Adama Traoré avec la crème du rap français, La Boule Noire s’apprêtait à danser au son d’une soirée rock parisienne de qualité. Trois groupes pour nous faire traverser la bise hivernale : BLVL, The Random Monsters ainsi que 9MW (Nine Million Witches). Trois formations, trois ambiances, trois manières de subsister jusqu’à la saison nouvelle.
La soirée débute dans le XIXème arrondissement de Paris, du côté de Belleville plus précisément, d’où est originaire la formation BLVL (ah, on tient quelque chose là). A l’aube de la sortie du premier EP “Empire Of Nights”, le quatuor déménage le temps d’une soirée dans l’arrondissement voisin afin de nous gratifier de mélodies entêtantes et d’ambiances nacrées. Le son est précis, bien que noyant trop la voix de Francis Caste, frontman et guitariste de la formation, tout en sobriété. Si le groupe n’a pas une présence scénique transcendante, le set proposé a l’avantage d’être carré et pro. Peut-être un peu trop d’ailleurs, une impression de linéarité un peu monotone se dégage de la prestation de la formation. Une affaire de goût sûrement tant la posture semble assumée par l’ensemble de la formation. Le groupe présente une demie-douzaine de chansons sans vraiment s’adresser au public et quitte la scène sous de chauds applaudissements.
THE RANDOM MONSTERS écument les scènes parisiennes depuis quelques années déjà. Après son premier album sorti en 2012, le groupe s’apprête à dégainer son petit frère le 3 mars prochain (et notre petit doigt nous dit que les lecteurs de RockUrLife seront privilégiés quant à cette sortie). Quatre chansons seront jouées ce soir, ce qui est peu, sauf quand les chansons durent une dizaine de minutes en moyenne. Il faut enlever de l’inconscient collectif que le post rock est forcément contemplatif et monotone car, la prestation de The Random Monsters sera tout ce qu’il y a de plus sauvage ce soir. Jouant avec les nuances de nos émotions, le quatuor est sans cesse sur le fil du rasoir. En découle un set moins maitrisé que celui de BLVL certes, mais passionnant au plus haut point. Le chant ne sera de la partie que lorsque Alex Diaz, frontman de The Prestige de métier, viendra prêter main forte pour la délicieuse “Because Looking Back Doesn’t Mean I Can Feel Safer”. Alternant murmures et hurlements déchirants, la prestation des musiciens s’intègre parfaitement à un set déjà haut en couleurs. Froid et brulant à la fois. On ne redescend que très peu pour la fin d’un set toujours aussi intense. The Random Monsters aura conquis la salle ce soir. Les membres semblent particulièrement émus et heureux de leur prestation. Ils se précipitent pour récupérer leurs instruments et les leurs tripes qui gisent encore dans les yeux d’un public qui en redemande et quittent la scène, sous l’ovation amplement méritée.
La fin de la soirée auprès de 9MW sera plus d’une chaleur bien plus réconfortante. Son rock teinté de blues est dansant et La Boule Noire ne s’y trompe pas. Si l’alliance des formations peut surprendre dans un premier temps, il faut saluer l’ouverture d’esprit d’une assemblée qui aura su apprécier chaque groupe à sa juste valeur et y savourer ce qu’il y avait à prendre. Les Parisiens enchaînent les chansons toutes plus tubesques les unes que les autres, notamment issues du dernier album en date “The Rapture”. La formation est heureuse de jouer ce soir et le communique avec un auditoire qui finira la soirée heureux. Et aveugle par les lumières blanches imposantes du set de 9MW.
La scène parisienne nous offre une belle soirée et un bel échantillon de ce qu’elle a à proposer de plus qualitatif. Il y en a pour tous les goûts et ceux le niant se retrouveront fort dépourvus quand la bise sera venue.