Il fallait bien du courage pour se rendre à La Maroquinerie sous la pluie fine et glaciale de ce dimanche soir. Au bout du chemin heureusement, nous allions retrouver Adrianne Lenker venue défendre son deuxième album solo, “Abysskiss”, véritable pépite folk de 2018.
SQUIRREL FLOWER est le nom de scène d’Ella Williams, jeune Américaine qui a tout juste dépassé l’âge de la majorité de son pays. Elle ne fait pas la première partie de Lenker par hasard : ses compositions et sa belle voix invitent à l’introspection et au calme, le tout avec réserve et assurance. La musicienne se risque même à reprendre “Hold On” de Tom Waits sans la connaître par coeur, exercice réussi haut la main tant elle se réapproprie l’originale. Jolie découverte pour entamer la soirée.
Un pied de micro autour duquel est enroulée une guirlande lumineuse, un stand de guitare et un tabouret accueillent simplement ADRIANNE LENKER sur la petite scène de La Maroquinerie. La voix et la guitare de l’Américaine vont faire le reste. Elle se lance après un hello timide avec “Terminal Paradise”, premier titre de “Abysskiss” qu’elle va interpréter dans sa quasi totalité. D’abord peu loquace et entièrement concentrée sur le minutieux accordage à l’oreille de sa guitare entre deux morceaux, la musicienne va vite se dérider et échanger avec le public avec spontanéité et une bonne humeur contagieuse, entre anecdotes sur la tournée actuelle et son envie apparemment très sérieuse de passer du temps à Paris pour apprendre le français.
En une poignée de morceaux, Lenker a déjà transformé la salle en un véritable cocon où plane une atmosphère douce et réconfortante. Au gré de ses envies et répondant parfois à celles des spectateurs, elle interprète aussi quelques nouveaux morceaux et des inédits comme “Cut My Hair”, sans oublier des extraits de son premier album avec les sublimes “Indiana” et “Hours Were The Birds”. Elle revisite également une bonne partie du répertoire de Big Thief en acoustique avec “Pretty Things”, “Orange”, “Velvet Ring”, “Humans”, ou encore “Masterpiece”, que les spectateurs bien évidemment fans du groupe reprennent en choeur avec la chanteuse guitariste.
On aurait aimé l’écouter pour encore dix-sept morceaux, comme elle l’annonce avec humour avant de quitter la scène. Couvre-feu oblige, on se contentera donc des deux rappels qui vont largement nous gâter. Perle issue de “Capacity”, deuxième album de Big Thief, “Mary” est toujours autant à couper le souffle avec son refrain étourdissant. Le concert aurait dû s’achever avec la mélodie hypnotisante de “Womb”, mais les acclamations intarissables de l’assemblée font revenir la musicienne qui avait pourtant déjà sorti le bonnet et l’écharpe.
Encore deux ultimes morceaux, et l’Américaine quitte la scène pour de bon, nous laissant prendre le chemin du retour avec le sentiment solide d’avoir passé une soirée en compagnie d’une artiste décidément précieuse.