Dans le cadre d’une tournée européenne intensive et après un passage à Toulouse et au Festival du Hellfest, le quatuor américain punk était de retour dans la capitale mardi dernier afin de défendre son nouvel album “Transgender Dysphoria Blues”, étape importante dans la vie de la leadeuse Laura Jane Grace, anciennement Tom Gabel.
Ouverture des portes à 19h30 sous une forte chaleur, ne laissant place à aucun vent. Tandis que la plupart des participants de cette soirée déguste un petit apéro sur la terrasse au niveau supérieur, en salle, le spectacle débute avec MALADROIT, une formation française membre de la Guerilla Asso. Emmenée par Till, également membre du groupe emblématique Guerilla Poubelle, l’ambiance “do it yourself” et bon enfant s’installe pendant le set énergique et contrôlé. Avec une dextérité impressionnante et un esprit de déconnade avisé, une bonne quinzaine de titres aux allures punk est jouée, ne durant pour la plupart pas plus de deux minutes et sur des sujets plus qu’aléatoires. Un côté expéditif qui ne donne pas l’occasion à l’auditoire de s’ennuyer, mais juste le temps de se laisser prendre au jeu et de tomber dans l’ironie notable de la formation, qui aime se présenter de la sorte : “Bonsoir, nous sommes Maladroit”. Cette joie communicative attire la foule et aère par la même occasion cette salle dans laquelle le manque de ventilation est notoire. Maladroit, acteur d’une scène parfois difficile à capter, fait passer un bon moment aux personnes présentes, jusqu’à se lier à la fosse pour un dernier morceau. Une folle aventure en si peu de temps.
Juste le temps pour certains de sortir fumer une cigarette et boire un coup qu’intervient sur scène aux alentours de 21h la formation qui n’avait pas fait d’apparition complète à Paris depuis 2011. AGAINST ME! débarque sur les chapeaux de roues, acclamé, il faut le dire, par une populace qui a fait le déplacement, et se lance avec le premier single de son nouveau CD, “FUCKMYLIFE666”. Toute en forme et souriant, le quatuor commence alors un admirable et humble concert, sans tour de passe-passe, ni autre cache-misère, afin de donner le meilleur de ce qu’il possède. Laura Jane Grace, tout de noir vêtue, apparaît comme heureuse et comblée, d’autant plus que le public semble accepter ses choix et profiter de la musique autant qu’auparavant, si ce n’est plus. L’énergie produite par ses musiciens engendre des pits dans cette petite salle, entre euphorie et ovation. Durant cette soirée sont ramenés aux goûts du jour tous les albums de la formation à travers les morceaux “Cliché Guevara”, “New Wave”, “I Still Love You Julie”, qui n’ont pas pris une seule ride lorsque réalisés sur scène. Comme une vraie rockeuse, la frontwoman, au centre des attentions, se dandine et se lâche, les cheveux retombant devant le visage et le maquillage coulant, face à un public répondant et chanteur, de quoi rendre ce concert plus exceptionnel. Même si l’instrumental en soit finit par se mordre la queue, le plus important de cette soirée reste une certaine narration se dégageant des paroles repris en cœur par tous, comme lors de “I Was A Teenage Anarchist” au sens fort ou encore le plus récent “True Trans Blue Rebel”, qui ramène toujours aux problèmes de genre. La véritable cartharsis de la chanteuse qui a besoin de s’exprimer à travers des refrains parfaitement composés. Très complice avec le nouveau batteur de la formation arrivé depuis 2013, Atom Willard (ex-Angels and Airwaves et ex-The Offspring) et avec le nouveau bassiste Inge Johansson (ex-The (International) Noise Conspiracy), une coordination véridique s’extériorise, rendant certaines pistes un peu anciennes plus actuelles et contemporaines, comme le montre les prestations carrées de “Miami”, “Turn Those Clapping Hands Into Angry Balled Fists” ou encore “Don’t Loose Touch”, moment fort de cette nuit suite à des chœurs quasi révolutionnaires provenant d’un peu partout. Alors que la fin approche vite au niveau de la setlist, entre deux trois crowdsurfers qui attirent l’attention sur eux, “Thrash Unreal” est pratiqué avec une performance vocale plus basse qu’à l’habitude, sans que ceci ne perturbe le bon déroulement du concert vu que les fortes voix venues des aficionados voilent cette difficulté. “Black Me Out”, deuxième single de Transgender Dysphoria Blues et “The Ocean” clôt la majeure partie du set. Quelques minutes de calme règnent dans La Maroquinerie avant le retour en force du groupe pour un rappel de quatre morceaux, entre une reprise de Rowland S Howard, “Shivers”, l’hymne “Pints Of Guinness Make You Strong”, l’intense “Sink, Florida, Sink” et “We Laugh At Danger (And Break All the Rules)” qui met fin à cette soirée sous un fort refrain et des remerciements sincères.
Against Me! prouve que les problèmes d’ordre personnel n’influent en rien sur un show, ni sur la grandeur des morceaux joués. Avec ce concert, durant lequel a navigué un élan de tolérance, de reconnaissance et de cohésion entre humains, nombreux furent les personnes ressortant avec un sourire aux lèvres et des étoiles plein les yeux, signe d’accomplissement personnel. Le punk fait toujours ce qu’il sait faire le mieux : rassembler dans une cause commune et lier des personnes entre elles, dans une remarquable force et une belle harmonie. Bravo à Maladroit et à Against Me! de maintenir ce style si primordial dans un paysage musical qui donne du fil à retordre.
Setlist :
FuckMyLife666
Cliché Guevara
New Wave
Walking Is Still Honest
Unconditional Love
I Still Love You Julie
True Trans Soul Rebel
Don’t Lose Touch
I Was A Teenage Anarchist
Turn Those Clapping Hands Into Angry Balled Fists
Pretty Girls (The Mover)
Transgender Dysphoria Blues
Miami
Americans Abroad
Thrash Unreal
Black Me Out
The Ocean
—-
Shivers
Pints Of Guinness Make You Strong
Sink, Florida, Sink
We Laugh At Danger (And Break All The Rules)