Surfant sur le succès de leur précédent concert parisien à guichet fermé, les Américains d’Against The Current ont rajouté une seconde date au Trabendo, elle aussi complète. Une nouvelle occasion pour leurs fans de découvrir leur excellent EP fever, ainsi que quelques raretés.
Pour lancer sa dernière date de l’année, la formation a fait appel à CHARMING LIARS. Le quatuor n’en est pas à sa première ouverture, ayant déjà accompagné The Faim ou encore White Lies auparavant. Malgré tout, c’est incognito que le batteur prend place derrière ses fûts, tout sourire. La scénographie se résume à un simple néon au nom du groupe, qui lance les hostilités avec “The Haunting”. Bien qu’extrêmement charismatique, le chanteur s’inscrit dans cette simplicité, et dégage une bonne humeur contagieuse. A l’image de son homonyme, le bien nommé Kiliyan Maguire transformera ces quarante minutes en autant d’occasion de chauffer le public. Clappement de main, demande d’éclairage aux flash, concours de décibel, tout y passe. Côté musique, sa voix puissante et impressionnante de justesse se met au service de compositions pop rock agréables. Rappelant par instant la face la plus calme de Frank Carter (notamment sur la sympathique “Disco Elvis”), les Anglais nous auront fait passer un agréable moment, et s’éclipsent avec le sourire et le sentiment du devoir accompli. Une belle présence, un bon son, il ne manque que des compositions peut-être plus tranchées pour permettre aux Londoniens de franchir un palier.
La fièvre du lundi soir
Après un medley faisant la part belle aux groupes pop punk des années 2000, les lumières s’éteignent pour laisser place à l’un de leur digne successeur. Les stroboscopes du Trabendo font alors apparaître AGAINST THE CURRENT. Débutant sur le titre d’ouverture de leur superbe EP fever, sorti l’année dernière, on comprend très vite que la soirée sera mémorable. Le trio, complété d’un bassiste additionnel, constate avec plaisir que ce titre a rapidement trouvé sa place dans le cœur des fans, qui s’en donnent à cœur joie.
A peine le temps de s’en remettre que les “wouhou“ annoncent l’incisif “Running With The Wild Thing”. L’énergie de Chrissy Costanza est communicative, et se répand dans tout le public, qui réagit au quart de tour pour l’accompagner. Peu importe les albums, la salle chante sur “Young & Relentless”, saute comme un seul homme sur “Wildfire” ou communie à la lumière des portables sur l’hymne “Gravity”. Second représentant de fever, “again&again” déchaine son potentiel incendiaire entrevue sur disque, le bassiste et la chanteuse se chargeant du couplet de Guardin. Quelle entame !
Energie : hit, music, Chrissy
Si le guitariste Dan Gow et le batteur Will Ferri jouent leur partition de manière impeccable, ils ne peuvent rivaliser avec le magnétisme phénoménal de leur frontwoman. Même sur des titres présentant a priori moins de potentiel (“burn it down”), la chanteuse s’emploie avec brio pour ne jamais laisser retomber la tension. La jeune femme semble comme un poisson dans l’eau sur scène, plaisantant et s’adressant régulièrement au public. Elle s’improvise même chauffeuse de salle au moment de départager les deux moitiés de l’audience, montrant au timide Dan la marche à suivre. Il règne une atmosphère festive des deux côtés de la scène, au point qu’une bouteille de champagne passera de main en main au sein de l’équipe pour fêter cette dernière date de l’année.
Moment suspendu dans cette soirée survoltée, le groupe propose une facette acoustique sur la doublette “Almost Forgot” / “Chasing Ghosts”. L’occasion pour le batteur de montrer ses facultés à la six cordes (et dans l’escalade d’enceinte !). Ce dernier lancera d’ailleurs la reprise des hostilités sur le single “Jump”, dont la fosse se fera une joie de retranscrire le mot d’ordre. “Blood Like Gasoline”, “Wasteland”, les tubes s’enchainent dans un Trabendo donnant constamment de la voix. Cette implication sera saluée à de nombreuses reprises par Chrissy, qui laissera la salle conclure les dernières paroles de la très belle “Lullaby”. D’une manière générale, le dernier album semble déjà extrêmement populaire, et sera largement représenté avec pas moins de six morceaux joués ce soir. Mérité au vu de sa qualité.
Une soirée de tous les records
Voulant visiblement marquer le coup dans une ville qui leur est chère, cette dernière date est l’occasion de proposer la setlist la plus longue de l’histoire d’ATC. La formation va même piocher dans les tréfonds de sa discographie, pour nous offrir quelques raretés. Les Américains exhument ainsi “Roses” (plus jouée depuis 2018), et la B-Side “Zombie”, dont les prestations se comptent sur les doigts d’une main. L’occasion également d’entrevoir le tube en puissance que représente “blindfolded”, sorti ce mois-ci mais déjà largement adopté.
Alors qu’on se rapproche de la fin, les Américains proposent une ultime déflagration avec l’enchainement des survitaminés “Fireproof” / “Paralyzed”. Nous ramenant au tout début du groupe, ce final se révèle complétement dingue, et achève de transformer la salle en dancefloor géant.
Pas question de s’arrêter en si bon chemin ! Après un court rappel, le public montre qu’il en a encore sous le pied, en reprenant à plein poumon le hit made in League Of Legends “Legends Never Die”. La soirée se termine en apothéose avec “weapon”, marquée par une superbe initiative des fans, qui brandissent à l’unisson des pancartes “All we are is a weapon together in Paris“. Cette attention a visiblement surpris et touché la formation, et résume parfaitement l’esprit de générosité et de partage de la soirée.
En réponse à cet accueil triomphal, la chanteuse twittera quelques heures plus tard que ce concert fut son préféré jamais joué ! Aucun doute, cette soirée restera dans la mémoire des fans comme du groupe, qui a annoncé fièrement avoir battu le record de vente du Trabendo. L’histoire d’amour entre Against The Current et ses fans français connait désormais une nouvelle page, qui se poursuivra en 2023 avec l’arrivée annoncée de nouveaux morceaux. Vivement l’année prochaine !
