Les Anglais d’Alt-J ne se sont pas contentés de s’offrir un Bercy : c’est bel et bien un show quasi sold out qu’ils nous ont proposé jeudi dernier. Rien que ça. Si l’on ne s’attendait à voir autant de monde débarquer ce soir-là, on se doutait de la qualité de la prestation qui allait nous être présenté. C’est précédé de Marika Hackman que le trio est venu nous offrir un aperçu de son talent.
Ce n’est pas par hasard que MARIKA HACKMAN a décroché la sainte mission d’introduire Alt-J lors de sa tournée européenne. Cette jeune Anglaise de vingt-cinq ans s’est vu partager le micro sur l’un des morceaux du dernier album du trio, “Relaxer” (2017), “Last Year”. Cette dernière nous aura gratifié d’une prestation d’une pureté incroyable. Guitare folk au poing, voix cristalline bien maîtrisée, la musicienne nous offre une bouffée d’air frais, comme si elle avait prédit ce à quoi on allait assister très peu de temps après. Rafraîchissant.
On n’aurait pu rêver mieux qu’une telle ponctualité. C’est à la minute près que les trois petits gars d’ALT-J entrent sur scène sous les cris d’une foule bien décidée à prendre son pied. C’est qu’il a bien grandi le petit groupe originaire de Leeds ! C’est plein d’assurance carrément justifiée que la soirée commence.
C’est au son du tranchant “Deadcrush”, réalisé à la perfection, que l’on est très vite propulsé dans l’univers très spécial de la formation. Si ce titre oppressant était déjà l’un des meilleurs de “Relaxer” sorti en juin dernier, le live se révèle encore plus suffoquant. L’audience est déjà sous le charme. Alt-J ne semble pas vouloir ménager la horde de fans qui lui fait face puisque c’est l’intensité d’un “Fitzpleasure” (“An Awesome Wave”, 2012) qui prend le pas, bien loin de venir calmer notre frénésie.
S’il n’est sûrement pas aisé de combler les vides d’une salle de cette taille, c’est pourtant avec brio et magnificence que le trio réussit à satisfaire un public serré mais bienheureux d’assister à un show à l’image de l’apogée vécue par le groupe. Les volutes de fumée viennent refléter les nombreux faisceaux lumineux disposés sur scène, accompagnant brillamment la prestation musicale. Les Anglais passent en revue leurs plus beaux morceaux. On assiste à un somptueux “Nara”, à un classique “Left Hand Free” et au très efficace “Taro” : il n’en faut pas plus pour unir la voix de notre chanteur aux milliers d’autres qui lui fait face. Bien joué.
L’auditoire assiste à un aperçu de l’ensemble de la discographie de la formation. C’est un peu comme s’il n’y avait rien à jeter et que la totalité des morceaux s’offrait le privilège de faire carton plein. Avec seulement quatre morceaux issus de “Relaxer”, Alt-J vise tout de même juste en insufflant un peu de la fraîcheur nocturne et glauque du petit dernier. Réconfortant, fédérateur, flippant ou douillet : morceau après morceau, Alt-J nous prouve son aura et son talent avec une extrême facilité.
Newman et ses potes semblent vouloir nous conter chaque titre comme s’il s’agissait de les hisser au rang de légende mythique. Et ça marche. De la chaleur orangée d’un coucher de soleil, au bleu profond des nuits d’été, en passant par la blanc immaculé de la glace : Alt-J nous offre un Bercy haut en couleurs et en émotions.
Après une heure de set, les trois british s’en retournent à leurs loges pour mieux revenir quelques instants plus tard au son de l’introduction de leur premier album. La grâce revient très vite lorsque retentissent les premières notes de “3WW” qui ne manque pas de se faire l’ode d’un rite initiatique mystique. On ne pouvait rêver mieux. Comme pour sceller la pureté de ce qui vient juste de se passer, “Breezeblocks” vient conclure cette parenthèse enchantée. Une heure et quart après le début de la rêverie, le retour à la réalité est bien compliqué pour les fans qui auraient été enchantés de rester quelques minutes de plus en compagnie de ces prodiges.
Sobriété, élégance et mysticité se sont fait maîtres mots en cette fraîche soirée de janvier. Comme pour bien commencer 2018, Alt-J nous a offert un show dont on se souviendra bien longtemps. Une belle année en perspective.
Setlist :
Deadcrush
Fitzpleasure
Something Good
Nara
The Gospel Of John Hurt
In Cold Blood
Tessellate
Every Other Freckle
Hunger Of The Pine
Bloodflood
Matilda
Dissolve Me
Pleader
Left Hand Free
Taro
—-
Intro (An Awesome Wave)
3WW
Breezeblocks