Voici donc plus de deux ans que nous attendions cette nouvelle messe noire d’Amenra. Envy (énorme groupe de post rock/screamo japonais) qui devait initialement ouvrir la soirée, a quitté le navire pour laisser sa place à non pas un, mais bien deux groupes : Jo Quail et GGGOLDDD. Une soirée tout en finesse.
Une délicate entrée en matière
C’est à 19h pile et devant un public éparse que la compositrice anglaise JO QUAIL arrive sur scène. Son seul instrument : un violoncelle électrique. Trente minutes environ de beauté et de douceur tout en subtilités. Une technicienne hors pair, qui pourrait être un orchestre à elle toute seule. Looper, distorsion, réverbération l’accompagnent pour créer des ambiances sonores transcendantes. Quelques blagues et sourires plus tard, le public (qui a grandi de minutes en minutes) semble conquis par la simplicité de cette grande artiste. Et cela fait du bien.
À 20h, c’est au tour du sextette néerlandais GGGOLDDD de nous enivrer de son dark rock/ death rock. Avec un album fraîchement sorti de la veille (This Shame Should Not Be Mine), les musiciens commencent à faire gentiment bouger la foule qui s’est encore bien densifiée. Trente minutes également d’un show mystique et prenant. Seul petit bémol : le son de l’ensemble faisait légèrement brouillon. Les guitares sont loin, très loin. Quel dommage ! Pour autant, cela n’empêche pas l’auditoire de bouger comme il se doit et de manifestement adorer le show.
Un diamant brut
A 21h, les lumières s’éteignent pour laisser place au tant attendu AMENRA. Comme d’habitude, la scène est sombre mais quelques touches de lumières blanches et vives viennent l’éclairer de-ci de-là, du moins quand les stroboscopes ne viennent pas éblouir l’assistance. Un sample retentit. Les musiciens prennent place et commencent ce concert avec le mythique “Boden”.
Le son est absolument incroyable ! Amenra fait parti de ces groupes-là, ou chaque instrument résonne avec pureté et force. Jamais d’effet pâteux, rien ne se noie. Au contraire, tout nous submerge et nous plonge dans une transe indescriptible.
Les Belges enchaînent merveilleusement bien avec “Razoreator”, et nous roulent littéralement dessus. La puissante frappe de Bjorn nous pète au visage, les guitares de Mathieu et Lennart sont absolument dantesques. Et que dire de la basse de Tim De Gieter (Doodseskader, Every Stranger Looks Like You) qui a rejoint le groupe il y a peu. Celui-ci s’est réapproprié merveilleusement bien les lignes comme les screams de son prédécesseur.
Une vague massive
Le chant de Colin est toujours aussi impeccable. Aussi doux lors des passages de voix claire qu’énergique et torturé lors des parties screamées. L’ensemble prend aux tripes et plonge l’assemblée dans une bulle indéfinissable. La foule headbang fort, très fort. Ferme les yeux et se laisse porter par cette vague de violence intense.
La setlist est encore une fois impeccable et mélange à la perfection les différents albums de la formation. De Mass VI (2017) avec “Plus Près De Toi” ou encore “A Solitary Reign” (qui mettront tout le monde en transe), en passant par Mass IIII (2008) avec “.TerZiele.Tottedood.” ou encore Mass III (2005) avec “Am Kreuz”.
Amenra n’en oubliera pas de jouer deux morceaux issus de son dernier album De Doorn, à savoir “Het Gloren” et “De Evenmens”, qui, en version live, sont impressionnantes et prennent une toute autre dimension.
Après environ une heure de show, Amenra sort de scène et nous laisse complètement déroutés et en extase totale. Le son massif du groupe aura, encore une fois, conquis un auditoire hyper attentif à cette nouvelle messe. Au fond de la scène, sur l’écran qui y est disposé est inscrit cette phrase : “Peu à peu ces fleurs tomberont il ne restera que les épines“. Poétique, tourmenté, prenant, Amenra est, comme à l’accoutumé, un groupe live absolument fabuleux.