Dernièrement passé au Sonisphere, à Amnéville, la tournée européenne était vivement attendue. L’invasion nordique fait étape à Paris, dans la charmante enceinte de l’Olympia.
Les formations metal n’ont pas vraiment l’habitude de jouer à l’Olympia, encore moins dans le registre extrême, pourtant les portes de la mythique salle accueille depuis 18h30 une importante foule de vikings. Le parterre est bien compact et rempli tandis que les gradins voient les spectateurs arrivés sur un rythme moins élevé. La mezzanine est quasi complète, ce qui ne sera pas le cas des gradins supérieurs. Quoi qu’il en soit, le premier groupe de la soirée déboule à 20h ! HELL, formation anglaise présente un parcours assez compliqué. Ayant débuté en 1982, le suicide du chanteur Dave Halliday aura freiné les projets du groupe. Ainsi, ce n’est qu’en 2008 que le groupe renait de ses cendres, avec David Bower au chant et Andy Sneap, célèbre producteur dans la sphère metal, à la guitare. Durant une belle demi-heure, le groupe proposera un heavy metal très classique, agrémenté de quelques orchestrations au clavier. Une petite mise en scène qui marche plutôt bien et qui est intéressante. Le son est, globalement, peu élevé, ce qui est fort dommageable. David présente le groupe, disant que “nous sommes des rosebeefs”, se mettant au passage le public dans la poche. Officiellement, le groupe n’a sorti que deux albums, en 2011 “Humain Remains” et cette année “Curse And Chapter”, via Nuclear Blast et le set sera naturellement tourné vers ces deux opus. Cinq petits titres et s’en vont, sous les applaudissements fournis de la salle.
Un changement de set qui se fait rapidement, et pour cause, le couvre-feu est fixé à 23h, il n’est donc pas question de perdre davantage de temps. Le backdrop de Hell tombe et laisse place à celui de CARCASS ! Reprenant l’illustration de leur dernier opus “Surgical Steel” (2013), le ton est donné, la boucherie va pouvoir démarrer. C’est alors que “1985” retentit, en guise d’introduction, comme c’est le cas sur le nouvel album, le combo arrivant sur scène avant de démarrer avec “Buried Dreams” de l’excellent “Heartwork” (1993). La foule retient son souffle mais le pit est déjà bien actif lors de ces premiers accords. Un début quelque peu poussif sur scène, en raison du chant, sous mixé en début de set. Jeff Walker, Bill Steer, Daniel Wilding et Ben Ash (qui remplace maintenant Michael Amott) poursuivent avec le puissant “Incarnated Solvent Abuse” qui ne tardera pas d’enflammer à nouveau le pit et à voir les cheveux voler dans tous les sens. Mais n’ayez crainte, la tuerie du dernier opus se concrétisera également en live à l’Olympia. “Unfit For Human Consumption”, “Captive Bolt Pistol” et le surpuissant “Cadaver Pouch Conveyor System” vont justifier toute la qualité du dernier essai. Néanmoins, le son ne sera pas au rendez-vous, est-ce l’acoustique de l’Olympia ou les réglages faits par l’ingé son ? Etrange, et assez rare pour être souligné. Steer et Ash se revoient la balle, sans fioritures, tandis que la section rythmique assure au millimètre près. A noter que malgré le côté extrême de la musique de Carcass, les différents soli sont plein de groove et le pantalon pattes d’eph de Steer déclenchera quelques sourires, tant le décalage est prononcé. Jeff ne sera pas bien bavard mais tiendra à remercier le public d’être venu et le plaisir de rejouer à Paris. “Ruptured Of Purulence” et “Heartwork” s’enchaineront en fin de set, histoire de retourner, à nouveau, les nombreux fans présents. En revanche, les fans ne seront pas les seuls à être retourné car nos estomacs subiront le même sort, en raison des illustrations putrides durant “Genital Grinder”. Un set convainquant qui mettra le feu au Hellfest, en juin prochain, à ne pas rater !
La soirée ayant commencée tardivement, les techniciens s’affairent à installer les derniers éléments avant l’invasion, tant attendue par les gaulois. AMON AMARTH passe dans le cadre de sa tournée européenne afin de promouvoir leur nouvel et neuvième album “Deceiver Of The Gods”, paru chez Metal Blades Records et produit par Andy Sneap, qui est présent sur la tournée, un détail assez rare pour être souligné. Une courte introduction et l’aventure mélodique death débute avec “Father Of The Wolf”. Johan Hegg (chant), Johan Söderberg (guitare), Olavi Mikkonen (guitare), Ted Lundström (basse) et Fredrik Andersson (batterie) font immédiatement forte impression et le pit se déchaine intensément. Le titre éponyme du nouvel opus suivra sans attendre avec un Olympia qui fait les chœurs sur la courte introduction du dit morceau avant que les riffs ne pleuvent et que les circle pits ne naissent. Il faut dire que “Deceiver Of The Gods” ne déçoit pas, bien au contraire, et Johan nous en avait parlé plus en détail au printemps dernier. Ses interventions seront courtes mais efficaces, le temps passe à une folle vitesse alors les beaux discours seront mis de côté. Comme à son habitude, son impressionnante voix va scotcher l’audience; il dégage une telle simplicité de par sa dégaine de viking que cela parait tout à fait normal de chanter de la sorte, sans montrer le moindre signe de fatigue, sacré suédois ! Côté son, le rendu n’est clairement pas au rendez-vous, vu des gradins. La puissance n’est clairement pas remise en question mais les réglages ne semblent, une fois de plus, pas être bons. En effet, les guitares nagent, la basse s’entend à peine et l’accent est mis sur la batterie et la voix de Johan. Amon Amarth possède un son bien à lui, avec des guitares très très lourdes et des distorsions spéciales, mais comparé au Bataclan de la dernière fois, il n’y a pas photo. “Free Will Sacrifice”, “Runes To My Memory” et “Cry Of The Black Birds” complètent une courte setlist, où les hits jouent des coudes. Le show monte crescendo, “Varyags Of Miklagaard” met à néant les espoirs de repos, imprimant une aventure musicale bien connue et appréciée chez les fans tandis que la lourdeur de “Guardians Of Asgaard” et ses riffs saccadés, vont imprimer une toute autre dynamique. Scéniquement, mis à part le backdrop et l’installation classique (les marches entourant la batterie), rien de bien folichon. Le drakkar est malheureusement resté à quai tandis que la pyrotechnique est interdite à l’Olympia… Seul deux panneaux, en forme de gros rochers incrustés de runes feront brièvement leur apparition, rien de plus; dommage. Johan, marteau en main lancera les dernières hostilités. Que ce soit avec “Destroyer Of The Univers” ou “War Of The Gods”, ce n’est pas autour d’un bon thé que les affaires vont s’arranger dans l’au-delà. Laissant son marteau à terre, un technicien va venir le récupérer mais n’arrivera pas à le soulever, la force de Johan est donc digne des plus grands ! Une courte pause et voici le rappel qui débute. “Twilight Of The Thunder God” et le ô combien attendu “The Pursuit Of Vikings” feront trembler une dernière fois les murs et le plancher de la salle parisienne.
Seulement trois morceaux du nouvel opus dont le magnifique “As Loke Falls” cependant Paris restera sur sa faim suite à ces treize petits titres. Une heure et dix minutes se sont donc écoulées… Pourquoi avoir débuté les concerts à vingt heures ? N’aurait-il pas été possible de démarrer un peu plus tôt afin de permettre des temps de jeu plus long pour l’ensemble des groupes ? Néanmoins, et ce malgré les soucis sonores, Amon Amarth aura mis à feux et à sang le pit, pas une seconde de répit. Toi qui n’a pas voulu assister à ce concert sache bien que tu as eu Thor de ne pas venir !
Setlist :
Father Of The Wolf
Deceiver Of The Gods
Death In Fire
Free Will Sacrifice
As Loke Falls
Runes To My Memory
Varyags Of Miklagaard
Cry Of The Black Birds
Guardians Of Asgaard
Destroyer Of The Universe
War Of The Gods
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Twilight Of The Thunder God
The Pursuit Of Vikings